Témoignage n° 1, lu par Michael Lonsdale

  • il y a 9 ans
Attention ce témoignage parle de violences sexuelles, il peut heurter la sensibilité de certains spectateurs.

Lecteur :
Michaël LONSDALE

Réalisation : Catherine Zavlav et Cécile Nicouleaud
Image : Vincent Tulli
Assistante mise en scène : Sandra Moreno
Montage : Louis Beaugé de La Roque
Musique : Malik Ati
Mixage : VTP
Maquillage Marine Girondeau
Photos : Jérôme Godgrand
Régie : Tanya Artioli
Infographie : Christine Bruneteau
Etalonnage Yann Tribolle

texte du témoignage :
Témoignage 1, lu par Michaël Lonsdale

« Femme et militaire…
Il ne fallait pas en parler. J'étais persuadée qu'il ne fallait rien dire à personne. Je ne pouvais pas en parler. J'étais à l'armée. Mais un jour je me suis réveillée, j’ai décidé de ne plus me taire. Ecouter mon vide… Encore un travail d'engagée volontaire de l'armée. Le gradé n'est jamais coupable, et la femme n'est jamais violée.

J'avais deux ans de service. J'avais 24 ans, et tout pour moi. Un métier, j'étais secrétaire militaire, je faisais du sport, j'avais la santé, j'avais l'air heureuse.

L'adjudant en mission m'a violée. Des dizaines de fois. J'avais peur, je ne comptais plus, je ne pouvais pas compter. Je pensais réussir à oublier, mais non. L'adjudant dans ma chambre, à la caserne, quand il sortait ses préservatifs…

J'avais peur, impossible de dormir dans mon lit. Il m’a fallu trouver un autre endroit. J'ai pris un appart loin des militaires. Il ne fallait pas en parler. J'étais persuadée que j'allais passer pour une folle auprès de mes chefs. Je me suis tue pendant longtemps, et souffert durant des années. Il n'y a pas de mots pour décrire ce crime.

Aujourd’hui, je continue à revoir la même scène. Le visage de l'adjudant quand il me violait. Il ne fallait pas en parler. Tout le monde à l'armée sait que les viols existent. Mais on les couvre. Les femmes doivent se taire, elles n'ont pas le droit de se plaindre.

Je me souviens de la tête de l'adjudant quand il me violait. J'étais hors de mon corps. Ecoutez mon vide. Aujourd'hui je vous le crie. Je n'ai plus de vie, je n'ai plus de métier, juste mon passé de femme militaire et mon passé tout court. Il ne fallait pas parler. J'étais persuadée que le médecin militaire allait me réformer. Je ne peux pas oublier ces viols. Je ne parviens pas à oublier mon agresseur. Je pense également à mes camarades encore en service.

Il ne fallait pas en parler ? Pourtant je vous le dis, je suis fière aujourd'hui de pouvoir en parler.
Et pourtant je vous le crie, je suis si triste aujourd'hui, que je ne pourrais pas l'écrire deux fois. »


Je suis Michaël Lonsdale, comédien, et je soutiens la campagne STOP AU DENI. (En regardant la caméra)

extrait de STOP AU DENI - LES SANS VOIX

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