Témoignage n°15, lu par Bruno Delahaye

  • il y a 9 ans
Attention ce témoignage parle de violences sexuelles, il peut heurter la sensibilité de certains spectateurs.

Lecteur :
Bruno Delahaye

Réalisation : Catherine Zavlav et Cécile Nicouleaud
Image : Vincent Tulli
Assistante mise en scène : Sandra Moreno
Montage : Louis Beaugé de La Roque
Musique : Malik Ati
Mixage : VTP
Maquillage Marine Girondeau
Photos : Jérôme Godgrand
Régie : Tanya Artioli
Infographie : Christine Bruneteau
Etalonnage Cécile Nicouleaud

texte du témoignage :
lu par Bruno Delahaye

« Premier viol d’une longue série, j’avais 12,5 ans. Lui, 35. Marié, père de deux enfants, respecté dans le monde sportif, professionnel, associatif, bref l'homme parfait! J'étais la baby-sitter de ses deux petites filles. Je l'idolâtrais. Son épouse et lui étaient ma seconde famille. C’était un ami de mes parents. A la maison, c'était l'enfer, un père alcoolique, au chômage, une mère déprimée depuis toujours, sous anxiolytiques ...

J’étais dans la salle de bain, avec la plus jeune des petites, quand il est entré, et a fermé la porte à clés. Il a mis sa fille dans le transat à côté, et très vite, je me suis retrouvée sur cette planche posée en travers de la baignoire, qui faisait office de table à langer.
Il a ôté mon pantalon, ma culotte, et m’a pénétré avec hargne, me bâillonnant avec un mouchoir dans la bouche, afin de ne pas réveiller ses enfants. Il me disait que c'était normal, que toutes les jeunes filles de mon âge faisaient la même chose. J'ai cru mourir, il avait du mal à me pénétrer, normal, j'étais encore vierge !
La douleur était telle, que j'ai failli perdre connaissance. Une fois terminé, il est sorti de la salle de bains.

Quand je suis rentrée chez moi, je ne comprenais toujours pas ce qui s'était passé. J’ai déposé mes sous-vêtements tachés de sang dans le coffre à linge. Maman triait, faisait les lessives, mais elle n’a rien remarqué! Le lendemain, mes cuisses étaient couvertes d'hématomes...
Ce fut le début d'une grande souffrance. Le samedi soir, quand je gardais ses filles, je dormais dans une chambre avec les petites au pied du lit. Il rentrait, et attendait que son épouse s’endorme dans le canapé du salon pour me rejoindre. Il faisait de moi, ce qu'il voulait. Je ne pouvais pas crier, seulement essayer d’oublier que j'existais.
Quelques mois plus tard, je suis devenue une "femme". Et un jour, plus de règles. Me rendant au planning Familial, j’ai appris que j'étais enceinte. Quelle incompréhension. Etre enceinte pour moi, c'était réservé aux mamans ! Je n'étais qu'une gamine ... J'ai avorté en janvier 1980.

Pendant 3 ans, j’ai été le jouet de ses fantasmes pervers, jusqu’au jour où j’ai trouvé la force nécessaire pour refuser de me rendre chez lui.
Mes parents sont restés dans le déni durant 35 ans. Maman a enfin ouvert les yeux, le 9 décembre 2013, lors de ma tentative de suicide. Depuis elle me soutient de son mieux.

Aujourd'hui je parle pour effacer ma honte. Cet homme a fait de moi une LOQUE. Je ne suis toujours pas en paix avec la jeune fille que j’étais à 12,5 ans. Bien que mon mari et mes trois enfants me soutiennent, c’est un combat de tous les jours, pour ne pas sombrer. »

Recommandations