Témoignage n°8, lu par Claude Unger

  • il y a 9 ans
Attention ce témoignage parle de violences sexuelles, il peut heurter la sensibilité de certains spectateurs.

Lectrice :
Claude Unger

Réalisation : Catherine Zavlav et Cécile Nicouleaud
Image : Vincent Tulli
Assistante mise en scène : Sandra Moreno
Montage : Louis Beaugé de La Roque
Musique : Malik Ati
Mixage : VTP
Maquillage Marine Girondeau
Photos : Jérôme Godgrand
Régie : Tanya Artioli
Infographie : Christine Bruneteau
Etalonnage Cécile Nicouleaud

texte du témoignage :
lu par Claude Unger

« Bertrand, 24 ans, marche quelques pas en déambulateur, seul un bras a une certaine mobilité. Il vit dans un foyer avec d'autres adultes handicapés moteur. En 30 mois, il a été hospitalisé 3 fois en Service de Psychiatrie pour troubles du comportement. Pourtant son comportement observé est normal. Le psychiatre pense alors à une pathologie psychiatrique, et s’interroge quant à la méfiance anormale de la mère à l'égard du foyer. Il note que le patient supporte mal les médicaments psychotropes.

Bertrand est agité, inquiet, avec des troubles du sommeil. Sa mère remarque que son fils n'urine plus debout, qu’il a perdu le contrôle sphinctérien. Il ne s’intéresse plus aux filles.
2 ans plus tard, la mère de Bertrand constate chez son fils, à son arrivée en week-end chez elle, plusieurs hématomes et lésions, elle décide alors de reprendre son fils chez elle.

4 mois après son départ du Foyer, ayant l’assurance de ne pas y retourner, il révèle à sa mère avoir subi des attouchements sexuels, pénétrations buccales et anales, de la part d’un autre résident.

Sans réelle possibilité de se défendre en raison de son handicap physique, il a été exposé à des agressions sexuelles, la nuit alors qu’il était nu (constat fait par sa mère très surprise), sous neuroleptiques, dans une chambre ouverte.

Ce jeune adulte, qui s’exprime avec quelques mots, gestes, et un code de communication particulier, rapportera ces faits à un psychiatre et un avocat, de façon toujours identique, avec des détails, et citant l’auteur.

Il décrit l’attitude d'un veilleur ayant vu son agresseur dans sa chambre. Il évoque un professionnel administratif et un infirmier, témoins dans l’ascenseur de gestes déplacés. Il raconte l’attitude du directeur qui, lorsque Bertrand faisait tomber les plantes, le convoquait avec le résident agresseur chargé de l’arrosage, lui expliquant que ce dernier ne pouvait plus travailler. Bertrand précise que le directeur lui maintenait les mains dans le dos, et le tapait au niveau du ventre. A noter qu’il s'était mis à casser des pots de fleurs dans différents lieux, actes interprétés a posteriori comme moyen d'expression des faits dont il était victime.

Bertrand répétant qu’il faut aller « taper » ce résident, sa mère l’emmènera déposer plainte. La procédure judiciaire révélera que l’auteur des faits, avait des antécédents de même nature avec un suivi spécialisé en conséquence, et des aptitudes cognitives bien supérieures à celles des autres résidents. À noter qu’il a été exprimé à la mère de Bertrand que l’homosexualité était d’actualité au sein de l’établissement.

Un suivi spécialisé a été mis en place, permettant au jeune homme de s’apaiser progressivement, et la médication est diminuée. Un an plus tard, il peut aller en séjours temporaires dans un nouvel établissement informé de ses antécédents traumatiques, et 9 ans après les faits, en séjour permanent dans un autre établissement, non informé de ses antécédents traumatiques.

Force est de constater que si Bertrand a pu évoquer, malgré son handicap, l'agression sexuelle dont il a été victime, c’est parce que sa mère a tenu pour vrai ce qu’il disait, et a pris le temps nécessaire pour le laisser s’exprimer avec ses moyens.

Les professionnels du foyer, ont tenté de d’intimider le jeune homme, ils lui ont refusé le statut de victime, lui reprochant ses troubles du comportement, et n’ont proposé aucun accompagnement adapté à son vécu.
Tout cela allant à l’encontre d’un des premiers objectifs d’un Foyer de vie pour personnes dépendantes, être un lieu protecteur. »

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