Le rappeur nous parle carrière musicale et santé mentale.
Son dernier album "Monsieur Saudade" est dispo partout et il sera en concert le 30 avril prochain, au Trianon
Son dernier album "Monsieur Saudade" est dispo partout et il sera en concert le 30 avril prochain, au Trianon
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00:00 Dans la culture, on n'accepte pas la dépression, on n'accepte pas le psy.
00:03 Des fois tu peux faire de la musique, t'enfermer pendant deux ans au studio, tu donnes ton coeur.
00:07 Ça sort, on dit "c'est nul". Frère, ça gâte le coeur.
00:09 [Musique]
00:11 - Ça va ?
00:12 - Grâce à Dieu, ça va très bien.
00:14 En février 2014, j'étais en groupe, un groupe qui s'appelait Shinsekai, avec Daju.
00:17 [Musique]
00:22 Je faisais de la musique, j'étais jeune, j'avais pas de responsabilité.
00:24 Franchement, c'est incroyable parce qu'il faut savoir que j'étais au sein d'un label où il y avait de grandes, grandes, grandes stars.
00:29 Gims, Black M, la section d'assaut en général.
00:31 J'ai commencé le rap très jeune, à 12 ans.
00:34 J'ai grandi dans un quartier où il y avait pas mal de rappeurs et d'artistes, notamment la section d'assaut.
00:38 Du coup, ils m'ont formé, j'ai commencé à rapper très jeune, en groupe, puis en solo.
00:42 Tu sais, une carrière, ça fait de haut et ça fait de bas.
00:45 Quand j'étais en haut, je me disais que "ah vas-y, ça peut s'arrêter quand même à un moment".
00:49 Donc, quand ça redescend, t'es un peu moins mal, tu vois ce que je veux dire.
00:52 En fait, je me suis jamais enflammé parce que d'une certaine manière, je me disais "ah putain, vas-y, c'est relou pour mes parents,
00:56 c'est relou pour plein de choses, pour la religion et tout ça".
00:58 Quand j'ai commencé ma carrière, le producteur de Wattibé à l'époque, il m'a dit un truc très, très, très important
01:03 et que je redis à chaque fois aux jeunes artistes que je connais,
01:05 que quand tu montes dans ta carrière, il faut dire bonjour à chaque étage
01:09 parce que le jour où tu vas redescendre, tu vas recroiser les mêmes personnes.
01:11 La personne avec qui j'étais en groupe, on avait un entourage commun
01:15 et on avait un train de vie et un rythme d'activité qui était très important.
01:18 Ça veut dire que pendant 3-4 ans, je passais jamais mes week-ends à Paris.
01:21 J'étais toujours là, là, là, là, là, là.
01:23 Chaque semaine, je faisais des 2-3 concerts, tu vois.
01:25 Et du jour au lendemain, ça s'est arrêté, tu vois.
01:29 Du coup, plus de concerts, t'es toujours là à Paname, tu dois reprendre un projet solo.
01:33 Une grande partie de l'entourage avec lequel je travaillais,
01:36 il a continué à travailler avec Dajou, tu vois.
01:38 Il me restait un peu le label, c'est-à-dire Wattibé,
01:40 donc ils m'ont vraiment prêté main forte et tout ça.
01:42 Mais je me suis rendu compte que c'était pas forcément le label pour moi
01:45 parce que j'avais d'autres aspirations
01:47 et j'estimais à cette époque-là que c'était pas forcément le label qui aurait pu me développer.
01:50 Du coup, j'ai quitté le label Wattibé.
01:52 Donc, tout mon entourage que j'avais en groupe, il est parti.
01:54 Tout mon label, il est parti.
01:55 Boum, je me retrouve en indé.
01:57 Et en fait, tu passes vraiment de 100 à 0
01:59 parce que tu recommences réellement à 0.
02:02 Plus aucune date, rien.
02:03 T'es chez toi, chez tes parents.
02:05 C'était très difficile de repartir de ça.
02:06 Avec du recul, ça m'a quand même affecté, ouais, on va pas se mytho.
02:08 Mais je pense que je suis tombé un peu en dépression, je te mens pas, ouais ouais.
02:11 Mais en fait, c'est des choses qu'on n'accepte pas d'accepter.
02:14 Quand je suis dedans, parce qu'en fait, je suis un battant, tu vois.
02:16 Donc quoi qu'il arrive, t'as toujours l'ego, t'as toujours un peu d'orgueil
02:19 qui te dit "vas-y, vas-y, je vais me péter, je vais me péter, je vais me péter, je vais me péter, je vais me péter", tu vois.
02:22 Et ça, c'est un moteur, tu vois.
02:23 Tu es allé voir un psy ?
02:24 Non, non, non, non.
02:25 Mais ça, c'est des choses qu'on fait pas dans notre culture.
02:26 C'est des choses qu'on fait pas dans notre culture.
02:28 Malheureusement, on n'accepte pas la dépression.
02:30 On n'accepte pas le psy, tu vois.
02:32 Je m'en souviens, depuis que je suis petit, moi,
02:33 mes professeurs, ils me disaient "oui, ils écrivaient des lettres à mes parents,
02:35 "ouais, tu devrais aller voir un psy, tout ça, parce que votre enfant..." Je prenais les lettres, je les ai jetées.
02:40 Mais, grâce à Dieu, déjà Dieu, ça aide beaucoup, tu vois.
02:44 Ça aide beaucoup le fait d'être croyant, de un, et de deux, d'avoir un bon entourage
02:48 et d'avoir des gens qui sont autour de toi et qui donnent de l'amour et de la force.
02:50 Dans mon parcours, ça fait peut-être une dizaine d'années que je fais de la musique,
02:53 des personnes à qui ça a laissé des séquelles, j'en connais au moins trois ou quatre.
02:57 Parce qu'on pense que c'est pas éprouvant mentalement, la musique.
03:00 Le fait d'en faire, le fait d'avoir des attentes,
03:02 des fois tu peux faire de la musique, t'enfermer pendant deux ans au studio,
03:05 tu donnes ton cœur, ça sort en dites "c'est nul".
03:08 Frère, ça, ça gâte le cœur.
03:09 Ça laisse des séquelles.
03:11 Et on n'en parle pas assez, on se protège pas assez.
03:13 Et je parlais de ça par exemple avec Barak Adama, il m'a dit "oui, moi dans mon label,
03:16 "j'ai envie de mettre une personne pour coacher mentalement mes artistes".
03:20 Et j'ai eu la chance, moi, d'être bien entouré et d'avoir un certain recul sur la situation,
03:24 ce qui ne m'a pas laissé de séquelles.
03:26 Même si ça m'en a laissé aussi d'une certaine manière,
03:28 parce qu'on est forgé par nos échecs et nos réussites,
03:30 mais il y a des gens qui sont forgés un peu plus durement.
03:32 Moi, à chaque fois que je croise des artistes ou des jeunes artistes,
03:36 j'essaie toujours de les conseiller, j'essaie toujours de dire,
03:39 le succès, c'est jamais promis, donc si tu ne vis que pour ça,
03:43 gros, tu vas avoir bobo.
03:45 Parce que même si ça vient, ça vient rarement tout de suite.
03:47 Il y a des gens pour qui ça vient tout de suite et c'est comme ça.
03:49 Mais pour la plupart des gens, ça vient pas tout de suite.
03:51 Donc si tu attends, tu attends, tu attends, tu attends,
03:53 ça se trouve déjà, tu n'auras jamais, mais en plus, ça va te faire mal.
03:56 Donc il faut encore une fois, réellement faire les choses par amour.
04:01 Le succès, c'est une anomalie.
04:02 Voir le succès de Dajou, il y a deux perspectives.
04:05 À titre personnel, j'étais content pour lui,
04:07 même si je ne m'attendais pas à ce que ça pète comme ça.
04:09 Mais après, il y a le regard des gens.
04:10 C'est que les gens, ils supposent beaucoup que toi, t'as le seum.
04:13 Ils te regardent un peu en mode échec parce que vu que c'est inévitable,
04:17 on vous compare, le résumé facile, c'est lui, il a pété, ça ne marche pas.
04:20 Donc le regard des gens est un peu difficile.
04:21 Tu sens un peu l'échec aux yeux des gens.
04:24 Et ça, c'est un peu difficile à apporter des fois.
04:26 Et c'est pas du tout dans ma nature d'être pas content
04:29 parce que quelqu'un a réussi quelque chose.
04:30 Moi, j'ai partagé des moments incroyables avec ce garçon
04:33 et c'est ma famille jusqu'à aujourd'hui.
04:35 Donc, non, je ne peux pas ne pas être content pour lui.
04:38 Comment ça ira dans deux semaines ?
04:40 Dans deux semaines, je pense que ça ira bien, ça ira mieux.
04:43 Parce que là, aujourd'hui, je te cache pas,
04:44 j'ai grave la pression par rapport à la sortie de mon album.
04:47 Parce que c'est un album qui est important pour moi.
04:48 Je pense qu'une fois que ce sera sorti,
04:55 c'est comme si j'aurais à coucher de mon enfant.
04:59 Donc, je pense qu'il n'y aura que de l'amour
05:00 et ce sera le plus beau moment de tout ce travail.
05:04 Et comment ça ira dans dix ans ?
05:05 Dans dix ans, je pense que ça ira encore mieux.
05:08 J'aurai des enfants qui sont grands
05:11 et en espérant que j'ai tous mes proches à côté de moi.
05:14 Si j'ai tous mes proches à côté de moi dans dix ans,
05:15 je suis très content, je serai très content.
05:17 *Bruit de machine*
05:18 COMMUNIS !