Peut-on faire évoluer le mythe automobile ? Débat avec Léo Larivière, responsable transition automobile au sein du Think Tank Transport & Environnement, auteur de « Quand la publicité s’oppose à la transition écologique » (L’Aube), et Flavien Neuvy, économiste et directeur de l’observatoire CETELEM.
Retrouvez « Le débat du 7/10 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-du-7-10
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00:00Faut-il en finir avec la publicité automobile ?
00:03Ou en tout cas, pour le dire de manière un tout petit peu moins binaire,
00:06à l'heure de la lutte contre le réchauffement climatique,
00:09la publicité peut-elle faire évoluer le mythe de la voiture individuelle
00:14vers une voiture plus propre ?
00:16Pour en débattre, Léo Larivière, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Responsable de Transition Automobile au sein du think tank Transport et Environnement,
00:23vous avez écrit « Quand la publicité s'oppose à la transition écologique,
00:27immersion dans l'univers des marques automobiles » parue aux éditions de l'Aube.
00:32Et Flavien Nevy, bonjour.
00:33Bonjour.
00:34Vous êtes économiste et directeur de l'Observatoire CTLM
00:36qui étudie les habitudes de consommation, notamment en matière d'automobiles.
00:41Je précise, pour être tout à fait complet, que vous êtes aussi maire,
00:43maire UDI de Sébasa, c'est dans le Puy-de-Dôme, tout près de Clermont-Ferrand.
00:48Léo Larivière, je reprends le titre de votre livre,
00:51« La publicité automobile, aujourd'hui, s'oppose clairement à la transition écologique ? »
00:56Alors, ce que j'ai essayé de faire avec cet essai, finalement,
00:58c'est de regarder, d'analyser ce que nous propose en termes de vision du monde,
01:02en termes de vision de l'automobile, la publicité automobile contemporaine.
01:06Et en fait, on peut en tirer deux conclusions.
01:08Premièrement, effectivement, cette publicité automobile, aujourd'hui,
01:11nous vend une forme de mythe, mais qui est aujourd'hui un mythe dépassé,
01:15une sorte de recyclage éternel d'un mythe automobile basé sur l'héritage des Trenques Glorieuses,
01:21un mythe qui nous vend une illusion de liberté,
01:24alors que ce mythe, finalement, aujourd'hui, il est en décalage de plus en plus important
01:27avec la réalité de ce que vivent les automobilistes.
01:30Et deuxième élément, finalement, en rendant désirable,
01:34en tentant de prolonger, finalement, la désirabilité de ce mythe,
01:38on en vient, finalement, à cacher, masquer l'ensemble des solutions
01:42qui nous permettraient, finalement, d'apporter des réponses aux problématiques
01:45qui se posent aujourd'hui en termes de transition automobile,
01:47parce que nous sommes aujourd'hui dans un système qui nous pose énormément de problèmes,
01:52des problèmes urgents, et donc, il faut aussi y répondre.
01:55Flavianovi, comment vous expliquez qu'on en soit encore là en 2025 ?
02:00Je ne sais pas, moi, je ne suis pas un spécialiste de la publicité,
02:02et encore moins, enfin, de la publicité automobile.
02:04Ce que je sais, simplement, c'est que quand on regarde les chiffres du marché automobile en France,
02:08en fait, les Français n'achètent plus de voiture neuve, ou quasiment plus, en fait.
02:11Quand on regarde les chiffres sur 30 ans, dans le milieu des années 90,
02:14on vendait à peu près 1,4 million de voitures neuves chaque année aux ménages,
02:18aux gens qui nous écoutent.
02:19L'année dernière, c'est 800 000, donc il y a 600 000 voitures en moins vendues chaque année.
02:23La conséquence de ça, d'ailleurs, c'est que le parc automobile ne cesse de vieillir,
02:26c'est-à-dire que ce sont des voitures plus polluantes qui sont sur nos routes,
02:28ça, c'est le premier élément.
02:30Et quand on regarde la structure des ventes en France,
02:32en fait, les trois premiers véhicules qui sont vendus,
02:34ce sont plutôt des citadines, c'est la Clio, la 208,
02:37et puis la Sandero, donc des petits véhicules.
02:40Et que c'est vrai qu'il y a une France à deux vitesses, en quelque sorte.
02:43Il y a une France des métropoles où se déplacer, la mobilité est possible autrement.
02:48D'ailleurs, les lignes sont en train de bouger, il faut le dire.
02:50Je veux dire, si on prend l'exemple de la part modale du vélo dans les grandes métropoles,
02:53elle augmente, il y a plus de déplacements à vélo, et tant mieux, c'est une bonne nouvelle.
02:57Pour le reste, il y a quand même 50% de la population française
02:59qui vit dans des villes de moins de 20 000 habitants,
03:01et dans les zones périurbaines et rurales,
03:03la voiture individuelle reste le seul moyen, ou quasiment le seul moyen,
03:07pour pouvoir aller à l'école, aller travailler, aller voir le médecin.
03:10Vous dites, Flavien Neuvi, les gens n'achètent plus beaucoup de voitures neuves aujourd'hui.
03:15Comment expliquer que les marques continuent de débourser,
03:18je crois, pour l'ensemble du secteur automobile ?
03:19C'est 3 à 5 milliards d'euros par an pour la publicité, Léolien Rivière.
03:24Exactement, c'est ce montant-là, effectivement.
03:26C'est à peu près comparable à ce qu'on a dépensé pour organiser les Jeux Olympiques de Paris.
03:28Donc, on imagine à quel point, derrière, ça a une influence sur la vision que l'on a de la mobilité,
03:34sur la façon dont on désire, finalement, la voiture.
03:38Et, effectivement, le marché automobile U9 est aujourd'hui restreint
03:41à une partie de la population qui est de plus en plus petite,
03:44les particuliers aisés et les entreprises.
03:46Mais la publicité automobile, elle, elle est vue par tout le monde.
03:49C'est-à-dire qu'on allume sa télé, qu'on écoute la radio,
03:52qu'on aille en ville, sur les panneaux publicitaires,
03:55ou aujourd'hui sur Internet, la publicité, on la voit partout.
03:57Et donc, ce mythe, finalement, il ne concerne pas seulement les clients finaux des constructeurs automobiles,
04:02c'est-à-dire les acheteurs de véhicules neufs.
04:04Il concerne tout à chacun, puisque nous sommes tous concernés,
04:07nous sommes tous exposés à cette publicité automobile.
04:09C'est une demande des consommateurs ?
04:12Cette publicité, elle, est mise en place par les fabricants
04:17parce qu'elle répond à une demande,
04:20ou c'est justement pour susciter l'envie ?
04:22Ça se passe dans quel sens ?
04:23Je ne sais pas si la publicité a pour objectif, effectivement, de vendre beaucoup de voitures.
04:27Quand on regarde les chiffres, je ne veux pas dire que ça ne marche pas bien,
04:30mais en tout cas, les chiffres montrent clairement qu'on a un marché automobile
04:33qui est très nettement en dessous de son régime de croisière,
04:35même si on prend les ventes aux entreprises.
04:37En 2019, on a vendu 2,2 millions de voitures en France.
04:40Là, on va finir à 1,6 millions cette année.
04:42Donc, le marché est très faible, en réalité.
04:44Parce que les voitures neufs sont trop chères aujourd'hui ?
04:46Alors, il y a ça.
04:47Les voitures neufs sont trop chères.
04:48D'ailleurs, une des portes de sortie, à mon avis, effectivement,
04:50c'est d'avoir des véhicules qui sont plus simples,
04:52peut-être avec un peu moins d'équipement électronique,
04:54des véhicules peut-être aussi un peu plus petits encore, si c'est possible,
04:56même s'il y a la contrainte de la sécurité routière
04:58qui oblige les constructeurs à mettre beaucoup d'équipement à bord.
05:01Après, pour le reste, je vous assure,
05:03dans la France périurbaine et rurale,
05:05les gens qui utilisent leur voiture au quotidien
05:07ne se disent pas
05:08« Ah, j'utilise ma voiture parce qu'il y a un imaginaire autour de la voiture individuelle,
05:11ça me fait rêver. »
05:12C'est juste que s'ils n'ont pas de voiture,
05:13ils ne peuvent pas aller voir le médecin
05:14parce qu'il y a des déserts médicaux,
05:16ils ne peuvent pas aller travailler
05:17parce qu'il n'y a pas de ligne de bus,
05:18il n'y a pas de ligne de tram.
05:19Donc, c'est juste un besoin vital au quotidien
05:21pour énormément de gens.
05:23Et après, dans les grandes métropoles,
05:24on avait fait une étude qu'on avait appelée la fracture automobile.
05:26Il y a deux Frances, en fait, en termes de mobilité.
05:28Il y a les grandes métropoles,
05:30où là, vous avez du métro, vous avez du tram,
05:31vous avez plein de choses pour vous déplacer.
05:33Et là, la place de la voiture, elle recule au fil des ans
05:36et c'est le sens de l'histoire, pour le dire simplement.
05:39Et après, ailleurs, honnêtement,
05:40c'est vrai que sans voiture, vous ne faites pas grand-chose.
05:42Vous relativisez l'importance de la publicité,
05:45effectivement, parce qu'il y a très peu de gens
05:47qui sont capables de se payer les belles voitures
05:50qu'on voit, effectivement, sur ces routes,
05:53avec des paysages extraordinaires,
05:55ces voitures sur des grandes lignes droites.
05:57Voilà, pour caricaturer.
05:59Léo Larivière, est-ce que c'est si grave que ça,
06:01en fait, de transmettre cette image-là ?
06:04Alors, c'est à peine une caricature,
06:05puisque, effectivement, c'est ce qu'on voit
06:06dans la publicité automobile aujourd'hui.
06:08Personne ne dit, effectivement,
06:09que la voiture, aujourd'hui, n'est pas essentielle
06:11dans le quotidien de millions de ménages français.
06:1360% des trajets, aujourd'hui, sont réalisés en voiture.
06:16Effectivement, en dehors des grandes métropoles,
06:18la voiture, elle reste indispensable.
06:19Mais la question, ce n'est pas
06:20est-ce qu'on doit être pour ou contre la voiture dans l'absolu.
06:22La question, c'est de quel modèle de voiture avons-nous besoin
06:25et est-ce que le système de mobilité automobile actuel,
06:28il est désirable, est-ce qu'il est bénéfique pour les Français ?
06:31Et en fait, aujourd'hui, non.
06:32Ce système, il pose énormément de problèmes.
06:34Ce n'est pas la liberté absolue
06:36de devoir payer un SMIC chaque année dans le carburant.
06:40Ce n'est pas la liberté absolue
06:41de vivre à côté d'une route
06:43pour les enfants qui ont la malchance
06:45de vivre à ces endroits-là
06:46et de respirer des particules fines.
06:49Ce n'est pas la liberté de faire un chèque
06:50à Poutine et à Trump
06:52à chaque fois que l'on va faire le plein.
06:55Donc, finalement, cette illusion de liberté
06:57qui est vendue aujourd'hui
06:58vient prolonger la désirabilité d'un modèle
07:01qui doit être modifié.
07:03Et la question qu'on doit se poser aujourd'hui,
07:05c'est quelles sont finalement les solutions
07:08que l'on peut proposer
07:09et quelles sont les solutions
07:10que l'on peut rendre désirables
07:12pour pouvoir finalement répondre
07:14à cette problématique.
07:15Et ce que ne nous montre pas
07:17la publicité automobile aujourd'hui,
07:18c'est deux choses.
07:19C'est des véhicules électriques, d'une part,
07:23mais c'est aussi des véhicules
07:24qui sont plus sobres,
07:25qui sont moins suivifiés
07:26et qui vont répondre aux besoins
07:29de la majorité des Français.
07:30C'est un néologisme que vous employez.
07:32Exactement.
07:32C'est pardon, SUV.
07:34Exactement.
07:35Donc, ce sont ces véhicules
07:37qui ne sont pas vraiment des 4x4.
07:39Ce n'est pas ça,
07:40mais c'est des véhicules plus hauts,
07:41plus gros, plus lourds, plus polluants.
07:43Exactement.
07:44Vous parlez de SUVisation.
07:46Exactement.
07:46En fait, c'est la conséquence
07:47d'une stratégie commerciale
07:49et de production des constructeurs automobiles
07:50qui a été menée depuis maintenant 10 ans,
07:53qui les a amenés à proposer
07:55des véhicules de plus en plus lourds,
07:57de plus en plus chers
07:57pour soigner leurs marges.
07:59Et finalement, ces véhicules-là,
08:00aujourd'hui, ne répondent pas
08:01aux besoins des Français.
08:02Il faut absolument qu'on sorte
08:03de cette dynamique.
08:05Et cette dynamique se retrouve
08:06fortement dans la publicité
08:07puisque les deux tiers des publicités
08:09que j'ai analysées entre 2022 et 2024
08:11nous poussent des modèles
08:13qui sont des modèles SUV.
08:14Flavien Neuvi,
08:15pourquoi ne pas vous voir ?
08:16Pourquoi les constructeurs ne le font pas ?
08:18Effectivement, ou pas plus,
08:20ces véhicules plus petits,
08:22moins polluants,
08:23voire propres ?
08:25Oui, parce qu'en fait,
08:26sur le propre,
08:27les publicités sur les voitures électriques,
08:28elles arrivent
08:29parce que les gammes sont en train d'évoluer
08:31et on voit les constructeurs
08:32qui communiquent sur les voitures électriques.
08:33En plus, ils sont obligés d'en vendre
08:34parce qu'ils ont des objectifs
08:35à respecter en matière
08:36de réduction d'émissions de CO2.
08:37Après, pour le reste,
08:38finalement,
08:39ils ont plutôt intérêt à vendre
08:40un véhicule qui a un prix élevé
08:41parce que derrière un prix élevé,
08:43il y a une marge plus importante.
08:44C'est juste le commerce, en fait.
08:45Donc, c'est sûr que
08:46s'ils investissent dans la publicité
08:47qui a quand même pour objectif,
08:48effectivement,
08:49et sa personne plonier
08:50de faire vendre des véhicules,
08:52ils vont plutôt mettre l'accent dessus.
08:53Mais ça, j'ai envie de dire,
08:54c'est classique, en fait.
08:56C'est la loi du commerce.
08:58Par contre,
08:58ce qui est sûr,
08:59c'est que derrière les SUV,
09:00il y a quand même des gros SUV
09:01et il y a des petits SUV.
09:02Là aussi,
09:02si on regarde les chiffres en France
09:03très rapidement,
09:04les trois SUV qui sont les plus vendus
09:06sont des SUV compacts
09:08qui font 4,50 m.
09:09Vous avez le Renault Captur,
09:10vous avez le 2008 de chez Peugeot
09:12et pour citer une troisième marque,
09:13vous avez le Duster de chez Dacia.
09:16Ce sont des SUV compacts
09:17qui font 4,50 m.
09:18et après,
09:19il y a des très gros SUV.
09:20C'est plutôt petit ?
09:20Oui,
09:21en fait,
09:21c'est à peine plus grand.
09:22C'est comme une 308,
09:23c'est même plus petit
09:25qu'un C4 Picasso.
09:26À l'époque,
09:26il y avait des voitures familiales.
09:28Elles ont disparu,
09:29ces voitures.
09:29C'est plus petit
09:29que les monospaces de l'époque.
09:30Oui,
09:30voilà,
09:30c'est ça.
09:31Donc,
09:31dans l'espace public,
09:32ils ne prennent pas ces SUV compacts
09:34parce qu'attention,
09:35il y a des très,
09:35très gros SUV,
09:36pour le coup,
09:36effectivement,
09:37qui,
09:37en centre-ville,
09:39posent un certain nombre
09:40de problèmes d'encontrement.
09:41Mais pour le reste,
09:41ce sont des véhicules
09:42qui répondent aussi
09:43à des besoins de famille
09:43parce que si vous avez deux enfants,
09:45c'est difficile de mettre
09:46une poussette
09:47dans une mini-citaline.
09:48Léo Larivière ?
09:50Alors,
09:50pas diaboliser les SUV,
09:51en gros.
09:52Non,
09:52mais on vient de dire tout à l'heure
09:54que finalement,
09:54on avait aujourd'hui des voitures
09:55qui coûtaient de plus en plus cher
09:56et que le marché des véhicules neufs
09:58était en train de se restreindre
09:59aux entreprises,
09:59aux particuliers.
10:01Comment est-ce qu'on explique
10:01ce phénomène ?
10:02On l'explique justement
10:03parce que les constructeurs automobiles,
10:05depuis maintenant 10-15 ans,
10:06ont fait ce choix
10:07de concentrer
10:07leurs efforts de production
10:08et leurs efforts commerciaux
10:10sur ces modèles
10:11qui sont de plus en plus SUV,
10:13de plus en plus premium,
10:14qui coûtent de plus en plus cher.
10:15Et en fait,
10:16finalement,
10:16ça nous embarque tous collectivement
10:18dans un cercle vicieux
10:19de la dépendance
10:19à des automobiles
10:21qui vont nous coûter
10:22de plus en plus cher
10:22en carburant,
10:23qui vont nécessiter
10:24de plus en plus
10:24de matières premières
10:25et de ressources,
10:26qui vont générer
10:27de la dépendance géopolitique.
10:28Donc,
10:28c'est aussi pour ça
10:29qu'il faut qu'on en sorte.
10:30Et juste pour faire
10:31un petit point
10:31sur l'articulation
10:33entre le marché des véhicules neufs
10:34et le marché des véhicules d'occasion,
10:35ce qui est acheté
10:36sur le marché des véhicules neufs
10:37se retrouve ensuite
10:37quelques années plus tard
10:38sur le marché des véhicules d'occasion.
10:40Et donc,
10:40les familles
10:41dont on vient de parler
10:42se retrouvent conditionnées
10:43dans leur choix
10:44par ce qui a été acheté
10:45et ce qui a été produit
10:46sur le marché des véhicules neufs,
10:47donc par des véhicules
10:48de plus en plus SUV
10:49qui vont leur coûter plus cher
10:50et on rentre
10:51dans ce cercle vicieux.
10:52C'est pour ça que je dis
10:52aujourd'hui qu'il faut
10:53qu'on en sorte
10:53et qu'on arrive à faire en sorte
10:55d'aller sur un autre modèle.
10:56Il y a aussi
10:57des enjeux industriels derrière
10:58parce que qui dit
10:58moins de véhicules
10:59vendus plus cher
11:00dit aussi moins d'emplois
11:01dans nos usines.
11:02Flavien Devis.
11:03Oui, en fait,
11:03c'est vrai que les constructeurs
11:04ces dernières années
11:05ont eu tendance
11:06à beaucoup augmenter les prix,
11:07plein de raisons,
11:08je serai trop long,
11:09et que je pense
11:10qu'il y a un vrai potentiel
11:11pour les plus petits véhicules.
11:12D'ailleurs,
11:12quand on regarde un segment
11:13dont on ne parle pas beaucoup
11:14qui est la voiture sans permis,
11:16les ventes ont doublé
11:16ces dernières années.
11:17Ça répond à des besoins
11:18de mobilité.
11:19Alors, c'est limité
11:19à 50 km heure,
11:20c'est évidemment
11:21en milieu urbain,
11:22mais ça montre quand même
11:23qu'il y a une demande potentielle
11:24sur des mini-citadines.
11:26Et je pense que les constructeurs
11:27à l'avenir
11:27devraient s'intéresser
11:28à ce segment
11:28parce qu'il a du potentiel.
11:29Vous parliez tout à l'heure
11:30des objectifs,
11:32des obligations,
11:33même de décarbonation
11:34des constructeurs automobiles.
11:36En théorie,
11:37c'est interdiction
11:38des voitures
11:39à moteur thermique
11:40neuve à la vente
11:41en 2035
11:42dans toute l'Union européenne.
11:44Dans 10 ans.
11:45On en est où ?
11:46Léo Larivière.
11:47Alors, on en est où ?
11:48En fait,
11:49depuis 2019,
11:50donc sur les six dernières années,
11:52la part de marché
11:53de la voiture électrique
11:53sur le marché
11:54des voitures neuves
11:55a été multipliée par 7.
11:56On est aujourd'hui
11:57autour de 20%
11:58de parts de marché
11:59sur la voiture électrique
11:59en France et en Europe.
12:01Donc, on est en bon chemin.
12:03Il y a eu une problématique
12:04l'année dernière
12:04qui a été liée au fait
12:05qu'on avait
12:06une nouvelle marche
12:07d'objectifs
12:08qui s'applique
12:08à partir de 2025
12:09et donc les constructeurs automobiles
12:11ont préféré vendre
12:12plus de thermiques
12:12et plus d'hybrides
12:13de façon à ensuite
12:14avoir les stocks nécessaires
12:16pour pouvoir vendre
12:16les électriques aujourd'hui.
12:18Et donc, on voit
12:18que c'est en train de repartir.
12:19Donc, finalement,
12:20on est en bonne voie.
12:21Et juste un point intéressant
12:22peut-être sur 2035,
12:24c'est le plus grand plan
12:26de relance européen
12:27sur l'automobile
12:28puisque depuis 2021,
12:31nous avons eu
12:3170 milliards d'euros
12:32dépensés par an
12:33dans l'industrie automobile
12:34pour sa conversion.
12:36Donc, c'est vraiment
12:36une façon pour nous
12:37de rester dans la course,
12:38de ne pas,
12:39d'une certaine manière,
12:40se complaire
12:41dans la nostalgie
12:42d'un monde thermique passé
12:44qui aujourd'hui
12:45est en crise
12:46et essayer de se projeter
12:47dans des nouveaux emplois,
12:48dans des nouvelles activités
12:49sur notre territoire,
12:50dans les batteries,
12:51dans l'électromobilité.
12:52Et finalement,
12:53ça sert à ça, 2035.
12:55Ça sert aussi
12:55à générer ces investissements.
12:56Vous hachez la tête,
12:57Flavien Neuville.
12:58Les ventes de voitures électriques
12:59ont plafonné l'année dernière
13:00en Europe.
13:01Elles ont stagné,
13:01on va le dire comme ça.
13:02La Commission européenne
13:03a accordé aux constructeurs
13:04un délai.
13:05Trois ans pour pouvoir...
13:07Enfin, ils ont accordé
13:07un petit délai
13:08pour permettre aux constructeurs
13:09d'atteindre les objectifs.
13:10Les ventes plafonnent,
13:11donc on n'est pas tout à fait
13:12dans la trajectoire.
13:13Il y a une clause de revoyure
13:14qui était prévue en 2026
13:16qui va être avancée
13:17à fin 2025,
13:18justement sur cette interdiction
13:20des ventes de voitures thermiques.
13:21Il y a des parlementaires
13:22qui militent
13:23pour décaler la date.
13:24Tout ça,
13:25ça ajoute de l'incertitude.
13:26Il y a un point
13:26qui est très important,
13:27c'est qu'en matière
13:27de politique publique
13:28sur la mobilité,
13:29il faut de la stabilité
13:30pour les industriels
13:31et aussi pour les automobilistes
13:32qui sont perdus
13:33parce qu'ils ne savent plus
13:34ce qu'il faut faire.
13:35Il faut quand même rappeler
13:35qu'il y a 15 ans en France,
13:37le bonus écologique,
13:38donc on donnait
13:38de l'argent aux automobilistes
13:39lorsqu'ils achetaient
13:40un petit diesel.
13:41Donc il y a 15 ans,
13:42on disait,
13:43pour la planète,
13:43acheter du diesel.
13:44On a dit maintenant,
13:45non, le diesel s'est terminé,
13:46c'est horrible,
13:47acheter du 100% électrique.
13:48Donc les automobilistes
13:49sont perdus,
13:49les industriels ont besoin
13:50aussi de stabilité.
13:51Donc faisons attention à ça.
13:53Est-ce qu'on peut promouvoir aussi,
13:55et est-ce que peut-être
13:56les constructeurs
13:57peuvent aider à le faire,
13:59d'autres modèles
13:59qu'au voiturage,
14:01partage, etc.
14:02la rivière ?
14:04Alors juste peut-être
14:04un petit point
14:05sur la question de la stabilité
14:06parce que j'aimerais revenir là-dessus,
14:07c'est important.
14:08Justement,
14:08cette stabilité dont on a besoin,
14:10ce n'est pas de faire du zigzag
14:11et de revenir sur les objectifs
14:13qui ont été fixés
14:14quelques années auparavant,
14:15sachant que dans les autres
14:16pays du monde,
14:17on n'est pas en train
14:18de faire du zigzag
14:19et de se dire
14:19est-ce qu'on y va,
14:20est-ce qu'on n'y va pas,
14:20on est en train d'y aller.
14:21Donc finalement,
14:22remettre en question 2035
14:23et faire en sorte
14:24de repousser les objectifs
14:26à Vitam Eternam,
14:27c'est justement ça
14:28qui va nous empêcher
14:29de bénéficier
14:30des investissements
14:31qui ont été faits
14:32dans la conversion
14:32vers le modèle électrique
14:33et qui finalement
14:34va nous mener dans le mur.
14:35Et je rappelle un point important,
14:37depuis 10 ans maintenant,
14:39l'industrie du moteur thermique
14:41en France
14:41a perdu 100 000 emplois.
14:43Les modèles dont on parlait
14:44tout à l'heure,
14:44les modèles thermiques
14:45qui sont les plus vendus,
14:46ils ne sont pas produits
14:46en France aujourd'hui.
14:47La Clio,
14:48elle est produite en Turquie,
14:49la 208,
14:50elle est produite en Slovaquie,
14:51la Sandero,
14:52elle est produite au Maroc.
14:53Donc en fait,
14:54l'industrie du moteur thermique
14:55aujourd'hui,
14:55c'est délocalisation,
14:56c'est premiumisation
14:57et le véhicule électrique,
14:58c'est ce qui va nous permettre
14:59justement de relocaliser,
15:01de réinvestir,
15:02d'avoir des emplois
15:03et des usines
15:03sur notre territoire.
15:04Donc il ne faut pas se leurrer
15:05en fait.
15:05La nostalgie,
15:06ce n'est pas de la stratégie,
15:07il faut qu'on arrive
15:08à avancer dans cette transition.
15:09Un dernier mot
15:10sur ce que je disais
15:11des modèles plus vertueux
15:13comme le covoiturage.
15:15Je pose la question,
15:15tiens,
15:16à Fabien Neuvis,
15:16c'est vraiment...
15:17La mobilité change,
15:18elle change beaucoup
15:18en milieu urbain.
15:19Ce qu'il faut bien comprendre
15:20encore une fois,
15:20c'est qu'en milieu urbain,
15:22dans les grandes métropoles,
15:23la mobilité change.
15:24Et c'est très bien ainsi
15:25parce qu'évidemment,
15:25c'est là où il y a
15:26beaucoup de voitures
15:26et c'est là où se concentrent
15:27notamment les problèmes
15:28de qualité de l'air.
15:29Donc c'est en train de bouger,
15:30il faut aussi voir de temps en temps
15:31les côtés positifs des choses.
15:33La mobilité bouge
15:33et elle bouge plutôt
15:34dans le bon sens.
15:35Merci à tous les deux,
15:36Fabien Neuvis
15:36de l'Observatoire CTLM
15:38et Léo Larivière
15:39du Think Tank
15:40Transport et Environnement.
15:40Je rappelle le titre
15:41de votre livre
15:42quand la publicité
15:43s'oppose à la transition écologique
15:45aux éditions de l'Aube.