Les députés débattent d'un texte qui changerait le mode de scrutin municipal à Paris, Lyon et Marseille.
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, faut-il changer le mode de scrutin municipal à Paris,
00:05Lyon et Marseille ? Les députés en débattent encore aujourd'hui.
00:09Réforme à la fois très technique et très politique qui vise à corriger cette loi PLM
00:14que ses détracteurs qualifient d'anomalie démocratique.
00:16Je vous résume, depuis les municipales de 83, les électeurs des trois plus grandes
00:21villes de France ne désignent pas directement leur maire, ils votent par secteur pour élire
00:26des conseillers d'arrondissement, dont certains siégeront au conseil municipal, à Lyon et
00:31Marseille, ou au conseil de Paris, des conseillers qui, à leur tour, éliront le maire de la
00:35commune.
00:36Inconvénient du système, la complexité d'une élection à deux niveaux, l'absence
00:40de lien direct entre les électeurs et leurs maires, la possibilité qu'un maire minoritaire
00:44en voix devienne majoritaire en siège.
00:47C'est arrivé en 83 à Marseille, au profit du maire et ministre qui avait fait passer
00:52la loi de mois auparavant, Gaston Deferre, il avait pourtant dix mille voix de moins
00:55au premier tour que son adversaire Jean-Claude Godin, la possibilité enfin qu'un maire
01:00soit élu sans avoir gagné dans son arrondissement, et c'était le cas d'Anne Hidalgo en 2014.
01:05Et ça ressemble aux présidentielles américaines !
01:08Eh oui, l'effet électoral est le même, vous ne votez pas directement pour le président
01:11et les voix ne pèsent pas le même poids selon les endroits.
01:15Un député a démontré qu'en théorie, on peut devenir maire de Paris en étant tout
01:20juste majoritaire dans huit arrondissements, sans récolter la moindre voix dans les douze autres.
01:26La réforme proposée par le député macroniste Sylvain Maillard repose sur un principe simple,
01:30un électeur, une voix, rétablir dans ces trois villes le même mode de scrutin qu'à
01:35l'ensemble des communes de plus de 1000 habitants, avec deux votes simultanés, l'un
01:39pour le conseil municipal, l'autre pour les conseils de secteur.
01:42Tout cela paraît être bon sens.
01:43Mais je peux vous retourner tous ces arguments.
01:46Toujours questionner le bon sens.
01:48D'abord, aucun maire de France n'est élu directement, on vote pour une liste de conseillers.
01:53Ensuite, sur les maires minoritaires, en 24 élections depuis 40 ans, ça n'est arrivé
01:57qu'une seule fois, Marseille 83, et c'était moins la faute du mode de scrutin que d'un
02:02découpage marseillais aux petits oignons qui fut corrigé quatre ans après.
02:06Enfin, un électeur, une voix, quelle blague, dans toutes les villes de plus de 1000 habitants,
02:10la prime majoritaire donne toujours plus de poids aux électeurs de la liste arrivée
02:15en tête qu'à ceux qui ont voté avec les perdants.
02:16L'anomalie est partout et dans presque toutes les élections.
02:19Donc il ne faut rien changer ?
02:21Si, si, sûrement.
02:22Hélas, cet empressement à le faire à un an du scrutin rend la manœuvre suspecte,
02:27et d'ailleurs chacun accuse l'autre de ne penser qu'à ses propres intérêts.
02:30Quand la parisienne Anne Hidalgo dénonce un « tripatouillage », le marseillais Benoît
02:35Payan, du même parti socialiste, explique que le tripatouillage c'est la loi actuelle,
02:40il n'a pas tort.
02:41C'est le parti d'Adati qui voit une condition pour gagner Paris, et pour, mais Bruno Retailleau
02:45qui craint que le LR perde des sénateurs avec la réforme est contre.
02:50Bref, d'un principe vertueux peut naître un débat oiseux.
02:53Et d'ailleurs, n'y avait-il donc rien de plus urgent ?