Le pacte n'a pas eu lieu, les socialistes l'ont espéré jusqu'au dernier moment.
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
Category
🗞
NewsTranscription
00:00L'édito politique, bonjour Patrick Cohen ! Bonjour Ali ! François Bayrou a gravi la
00:06moitié de l'Himalaya ! La moitié ! Finalement, le pacte n'a pas eu lieu, les socialistes
00:11l'ont espéré jusqu'au dernier moment, la mayonnaise qu'ils ont montée pendant
00:14huit jours autour de l'idée d'une suspension immédiate de la réforme commençait à prendre
00:18forme, face à un ministre de l'économie, Éric Lombard, quasiment l'un des leurs,
00:22qui ne les a jamais découragés.
00:24Et puis non, l'histoire ne dit pas encore qui, d'Emmanuel Macron ou de François Bayrou,
00:29a allumé un feu rouge sous la pression du Bloc central, mais le Premier ministre est
00:33revenu, au même point que ce qu'il avait esquissé dans les heures qui ont suivi sa
00:36nomination, et qui n'est pas rien, reprendre, sans suspendre, sans totem ni tabou, cette
00:43réforme des 64 ans, avec des partenaires sociaux à qui François Bayrou lance au fond
00:48la même injonction que Jean-Luc Mélenchon à ses cadets au soir de la dernière présidentielle
00:53« faites mieux, mais faites mieux si vous le pouvez ». Moyennant quoi, deux ans et
00:57demi plus tard, Mélenchon est toujours là, et la réforme borne est loin d'être
01:00enterrée.
01:01Dominique Seux va y revenir.
01:02Et sur le plan politique, Patrick, le bilan est mitigé.
01:05Un discours de politique générale, trop générale, à ce moment de la crise, arrivant
01:10après un prédécesseur renversé sur son budget, on attend de savoir ce que vous changez
01:14pour ne pas subir le même sort ? Quels impôts ? Quelles dépenses ? Quel poste de fonctionnaire
01:18? C'était l'autre objet du dialogue avec la gauche, mais Bayrou, hier, est resté
01:22dans le flou, et les socialistes sur leur faim, malgré quelques apaisements, hausse
01:27des dépenses de santé, non des remboursements des médicaments, taxes sur les hauts patrimoines,
01:31réduction de l'effort demandé aux collectivités locales.
01:33A côté de ça, François Bayrou a délivré une vision, une méthode, la sienne, qui ne
01:38peut déplaire à personne, importance du Parlement, des partis, des syndicats, éloge
01:43du pluralisme, du scrutin proportionnel, promesse d'une banque de la démocratie, du consensuel,
01:48des perspectives de commissions ou de consultations futures.
01:51Rien pour la droite de la droite, la nouvelle loi sur l'immigration que voulait Bruno
01:55Retailleau a disparu de l'agenda, pas de grand soir à l'Ibayrou, pas d'aspérité,
01:59au milieu de la fièvre parlementaire, il a fait baisser la température et cicatriser
02:04quelques plaies.
02:05Sauf chez les socialistes qui espéraient davantage, François Bayrou n'a pas élargi
02:09ses soutiens, il a gagné du temps, le PS qui hésite à censurer une deuxième fois,
02:14notamment pour ne pas redonner la main au Rassemblement National, est à nouveau divisé
02:18et isolé.
02:19A la grande joie des insoumis, le centre de gravité de la gauche est revenu du côté
02:23de LFI, ce qui accentue la pression sur les élus PS pour un vote de censure.
02:27A terme, ce n'est pas une bonne nouvelle pour le gouvernement.
02:30Et on termine avec une citation.
02:31« Je ne dirai aux français que ce que je crois vrai, ce qui est facile, je dirai tout
02:36ce que je crois vrai, ce qui est plus difficile », s'est signé Léon Blum, citation que
02:41François Bayrou avait placée en exergue d'un de ses livres parus en 2013, « De la vérité
02:46en politique ».
02:47NICOLAS ROURE.
02:48Merci Patrick Cohen.