Hier soir, à Bercy, responsables socialistes, écologistes et communistes ont passé la soirée à négocier avec les deux ministres de l'économie et des comptes publics, Éric Lombard et Amélie de Montchanin.
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique, Patrick Cohen, la gauche a un tournant ! Le rendez-vous devait rester
00:04discret, il n'était inscrit dans aucun agenda, mais chacun savait que le secret serait vite
00:09éventé en en mesurant la transgression.
00:12Hier soir, donc, à Bercy, responsables socialistes, écologistes et communistes ont passé la
00:16soirée à négocier avec les deux ministres de l'économie et des comptes publics, Éric
00:20Lombard et Amélie de Montchalin.
00:21Face à eux, pour la première fois, le NFP en délégation, sans les Insoumis, soit un
00:27bras d'honneur à Jean-Luc Mélenchon, qui l'a d'ailleurs vécu comme tel, pile au moment
00:31où les négociateurs sortaient du ministère.
00:34Le leader LFI dénonçait dans un message sur X la forfaiture et la servilité de ses
00:39trois partenaires.
00:40C'est le PS qui a réussi à entraîner communistes et écolos, la demande d'une négociation
00:45groupée a été posée dès lundi auprès du ministre, en vue d'une réunion qui change
00:50la physionomie de la gauche, qui déplace son centre de gravité des Insoumis vers les
00:55socialistes.
00:56Premier signe d'émancipation ou de rupture, si les discussions aboutissent avec le gouvernement,
01:01on pourra localiser et dater l'éclatement du NFP et la renaissance d'une gauche de
01:06gouvernement, c'était le mercredi 8 janvier 2025, à Bercy.
01:09Oui, à condition qu'il y ait un accord.
01:11Ce qui n'est pas du tout certain, mais remarquons d'abord qu'à ce moment de la crise, chacun
01:16y a politiquement intérêt, tout le monde, à partie liée.
01:19Pour se libérer de la tutelle des Insoumis, la gauche dépend du gouvernement et pour
01:24sa survie, le gouvernement dépend de la gauche.
01:26Volonté d'aboutir des deux côtés de la table, ça s'est vu, encore hier soir, encore.
01:30Faut-il trouver un point de rencontre acceptable sur les mesures budgétaires, mais surtout
01:36et avant tout sur ce qui apparaît comme la clé de voûte d'un éventuel accord entre
01:40la gauche et le gouvernement ? La réforme des retraites votée en 2023, réforme totem
01:46d'Emmanuel Macron, désormais redébattue, sans tabou, c'est le trophée dont rêve la
01:51gauche, la concession remarquable réclamée par Olivier Faure, bien mieux que le plat
01:55de lentilles moqué par Jean-Luc Mélenchon.
01:58Une réforme Patrick, dont la gauche réclame l'abrogation.
02:01Oui, mais ce qui est sur la table maintenant, à la demande des socialistes, c'est la suspension,
02:05le temps de rediscuter, non pas de toute la réforme, mais de l'augmentation de l'âge
02:11légal qui doit prendre trois mois cette année, en passant de 62 ans et 6 mois à 62 ans et
02:1729 mois, et en gardant l'accélération de la réforme Touraine.
02:21D'après les négociateurs du PS, ce gel ne coûterait cette année qu'environ 2 milliards
02:26d'euros, peut-être même un peu moins de 2 milliards.
02:28Est-ce acceptable pour le gouvernement et pour le Président ? On ne sait pas, et Dominique
02:33Seux nous disait hier qu'on ne savait pas si les ministres savaient eux-mêmes s'ils
02:38savaient ou pas.
02:39Poker face pour l'instant chez les ministres de Bercy, c'est François Bayrou qui arbitrera
02:45et sans doute aussi forcément Emmanuel Macron, les retraites contre la fracturation de la
02:50gauche, la recomposition du paysage et la pérennité du gouvernement, sacré deal !