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Patrick Cohen a mis la main sur un brouillon du discours de Marine Le Pen aux Invalides.

Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique

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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen, vous avez mis la main, Patrick, sur un brouillon du
00:05discours de Marine Le Pen aux Invalides.
00:07Je sais bien, mes chers amis, quelle est ma part de responsabilité dans cette épreuve.
00:11Au-delà du calendrier judiciaire, c'est bien par ma faute que ma candidature rencontre
00:16de si formidables obstacles.
00:17J'ai commis la première erreur en ne prêtant pas assez attention aux règles du Parlement
00:21européen et j'ai commis la seconde sur la manière de répondre à la justice.
00:25Mais croyez-le, lorsqu'on est, comme je le suis, une personne honnête, lorsqu'on
00:29a passé sa vie au service de la France et des Français, il est difficile de faire face
00:33à un tel jugement.
00:34Je dis seulement que le jour où je serai reconnue innocente par une justice dont je
00:39ne désespère pas, mes accusateurs trop rapides auront honte à leur tour.
00:43Mais où avez-vous trouvé ce discours ?
00:44Dans les archives de François Fillon.
00:46C'est un copier-coller un peu arrangé du fameux discours du Trocadéro.
00:50Le 5 mars 2017, le jour où le candidat LR a décidé de se maintenir envers et contre
00:56tout.
00:57Si l'analogie s'est imposée entre les appels au secours de deux prétendants présidentiels
01:00aux prises avec la justice, entre le Trocadéro et la Place Vauban, on a oublié que François
01:06Fillon, ce jour-là, a fait son examen de conscience, c'était son expression.
01:10Là où Marine Le Pen n'a rien concédé.
01:12Rien.
01:13On guettait hier une inflexion qui tiendrait compte du jugement du 31 mars, qui romperait
01:17avec ce que le tribunal a qualifié de « mépris des faits ». Un début de contrition en vue
01:22du procès en appel, un peu comme le discours que je viens d'inventer.
01:25Mais non, la défense de Marine Le Pen continue de tenir en une phrase « nous sommes innocents,
01:30la décision des juges est politique », elle n'a que les apparences de la légalité.
01:34A aucun moment, la candidate du RN ne laisse entendre qu'elle espère quoi que ce soit
01:38de ceux qui ont pourtant les clés de sa candidature.
01:41C'est incompréhensible.
01:43Au lieu de ça, elle renoue avec le discours victimaire du FN pendant 40 ans.
01:47C'est-à-dire celui de son père.
01:48« Dont elle a évoqué indirectement de souvenirs, je sais depuis mon plus jeune âge, les vicissitudes
01:53de la politique et dont elle reprend la posture préférée, celle du martyr, que le système
01:58veut réduire au silence ou éliminer.
02:00Jean-Marie Le Pen l'avait théorisée, toute persécution ressoute toujours autour de moi.
02:04C'était en 1995, il y a 30 ans, après le meurtre d'un jeune d'origine comorienne,
02:11Ibrahim Ali, par des collars d'affiche du FN, mais Le Pen déjà se disait victime.
02:15Et ça marche Patrick ? Non, ça ne ressoute que les électeurs les plus fidèles, selon
02:19un mécanisme d'identification, vous êtes exclu, je vous ressemble, on veut m'exclure
02:24et vous êtes une deuxième fois exclu, mais on voit que dans l'opinion, le jugement ne
02:28fait pas scandale et que les exclus n'ont pas rempli la place Vauban, c'est peut-être
02:32aussi qu'ils se reconnaissent dans la relève.
02:34Bardella, depuis le temps, l'héritière de Jean-Marie Le Pen, devrait le savoir, diaboliser
02:38des institutions contribue à se rediaboliser soi-même, jouer la rue contre les juges,
02:44c'est être à peu près certain d'échouer sur tous les tableaux.

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