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Comment transformer des coupables en victimes ?

Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique

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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen, comment transformer des coupables en victimes ?
00:05En les faisant défiler du matin au soir sur le plateau télé qu'il aurait dédié,
00:09en les laissant hurler au coup d'état judiciaire, au complot du système, à la tyrannie des juges,
00:14à la démocratie exécutée. Au nom du libre choix de l'électeur, il est même question
00:19de changer la loi, c'est Éric Ciotti qui le propose, avec effet rétroactif puisque
00:23la loi serait plus douce et qu'elle pourrait sauver la tête de Marine Le Pen. Et le Premier
00:27ministre voudrait qu'on y réfléchisse. Folie ! Qui pense dans ce pays qu'il est
00:32urgent d'alléger les contrôles et les sanctions contre les élus suspects d'un manquement
00:36à la probité ? Qui peut soutenir que notre démocratie se porterait mieux si elle laissait
00:41des individus ayant commis des actes délictueux accéder à des positions de pouvoir ? Qui
00:45peut croire que la confiance à l'égard de l'action publique, qui va si bien comme
00:49chacun sait, sortirait plus forte du retour des corrompus ou des repris de justice dans
00:54le jeu démocratique ? Notez que ce serait là une grande première. Depuis l'illustre,
00:58chaque scandale fait bouger la loi vers une plus grande exigence d'exemplarité. Comme
01:02le notait le rapport Nadal en 2015, le droit de la probité est lié à l'histoire de
01:07ses atteintes. Sans Cahuzac et ses comptes à l'étranger, pas de parquet financier
01:12ni de haute autorité de la transparence. Sans la phobie administrative de Thévenoud,
01:16pas d'inéligibilité automatique. Eh bien là, on est tranquillement en train de débattre
01:21du contraire de l'idée que les assistants fictifs du FN devraient nous conduire à
01:25lever le pied sur l'inéligibilité. Fatigue, on a le sentiment parfois depuis trois jours
01:30que le débat public a perdu pied, balloté par les outrances et les mensonges du FN,
01:35du RN et de ses puissants porte-voix médiatiques.
01:38Vous parlez de mensonges Patrick ? Oui, on peut contester la sanction sans raconter
01:42n'importe quoi, que le jugement n'est pas sérieusement motivé, que la candidature
01:46de Marine Le Pen est vue comme un trouble. J'invite les auditeurs que cela intéresse
01:52à se faire leur idée en allant lire le jugement. On le trouve facilement, je vous recommande
01:57les pages 40 à 46 et c'est raisonnable, le document fait 154 pages et vous constaterez
02:04que Marine Le Pen est moins victime du système que de son système de défense aberrant,
02:10suicidaire. C'est simple, du début à la fin et du sol au plafond, elle a tout renié,
02:14tout contesté, les règles européennes, la plainte du Parlement, l'autorité du
02:18tribunal, les décisions qu'ont validées l'enquête, y compris en cassation et naturellement
02:22l'existence du moindre délit, comme le chauffard qui dirait « il n'y a pas de
02:26feu rouge ». Le tribunal parle d'une impunité revendiquée, se désole qu'après 10 ans
02:31d'enquête, ce système de défense continue de se déployer au mépris des faits et de
02:35la manifestation de la vérité, en révélant, je cite, « une conception peu démocratique
02:41de l'exercice politique ainsi que des responsabilités qui s'y attachent ».
02:44Les juges Patrick ont donc fait de la morale ?
02:46Mais il n'y a pas de justice sans morale et en politique c'est pareil. Tiens, qui
02:52a dit ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une règle
02:56numéro 1 lorsqu'on souhaite être parlementaire de la République ? C'était Jordan Bardella,
03:02en novembre, quelques jours après le réquisitoire de l'affaire Le Pen.
03:05Merci Patrick Cohen.

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