Condamnation de Marine Le Pen, droits de douane et menace sur l'emploi... Écoutez l'interview de Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 08 avril 2025.
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00:00Et tout de suite, l'invité de RTL Matin, Olivier, vous recevez aujourd'hui Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti Communiste.
00:09Bonjour Fabien Roussel.
00:10Bonjour à vous tous.
00:12Bonjour, vous êtes également maire de la ville de Saint-Armand-les-Eaux, dans le Nord.
00:15On vient d'écouter la chronique de France en Anglais sur cette guerre géopolitique entre géants de l'économie mondiale.
00:20Mais vous, l'élu du Nord, le maire d'une petite commune dans le Valenciennois, qu'est-ce que vous pensez de cette guerre ?
00:26Est-ce que vous êtes inquiet pour les habitants de votre région ?
00:30Je rappelle qu'il y a 56 000 emplois, par exemple, dans le secteur de l'automobile, dans les Hauts-de-France, aujourd'hui.
00:35Bien sûr que nous sommes inquiets, comme tous les Français.
00:39Inquiets parce qu'il y a ce mini-crac, et on espère que ça va s'arrêter là,
00:44et qu'il n'y aura pas derrière d'autres conséquences et une récession mondiale.
00:49Et inquiets par cette guerre économique.
00:51Inquiets parce que, comme vous l'avez dit, cette guerre économique, c'est aussi une guerre industrielle.
00:57C'est une guerre industrielle qui peut avoir des conséquences fortes sur notre industrie.
01:02Et la guerre aux droits de douane, où les États-Unis menacent d'augmenter les droits de douane,
01:07et en réponse nous augmenterions, nous aussi, les droits de douane,
01:11va avoir des conséquences directes sur les travailleurs. C'est une guerre contre les travailleurs.
01:15D'une part, parce qu'augmenter les droits de douane, ça augmente le prix des télévisions,
01:21de ce que l'on importe, forcément, et donc ça coûtera plus cher pour les travailleurs américains,
01:25mais pour les travailleurs français, mais aussi parce que ceux qui produisent,
01:29eh bien ils vont répercuter ça, ils vont baisser peut-être un petit peu leur marge,
01:32mais ils vont demander aux salariés de réduire les coûts de production.
01:36Et encore une fois, quand c'est comme ça, on tape sur les salaires, sur les conditions de travail, etc.
01:40Est-ce que vous entendez, chez vous, dans le Valenciennois, dans le secteur automobile,
01:42comment répondent les patrons et les salariés ?
01:44La plus grande inquiétude des gens que je croise, des amandinois que j'ai croisés,
01:49c'est de me dire, mais qu'est-ce qu'on peut faire contre ce fou de Trump ?
01:54Comment on peut réagir ? Et il faut réagir.
01:57Et il y a une attente d'une réaction forte pour nous protéger, pour protéger nos emplois,
02:01pour protéger notre industrie, pour protéger nos services publics.
02:05Et le sentiment que l'on a, c'est que c'est un grand fouillis,
02:09Il est fou, Donald Trump ? Vous avez cité des gens qui vous le disent dans la rue.
02:12Pour vous, il est fou, Donald Trump ?
02:14Donald Trump est tout sauf fou. C'est un businessman.
02:18C'est l'argent d'abord. Il ne pense qu'à ça.
02:21Il a déjà gagné beaucoup d'argent depuis qu'il a été élu.
02:24Il en veut toujours plus pour lui et sa caste.
02:26Et donc, nous devons mettre un terme à ces volontés hégémoniques.
02:32C'est un combat à mener, d'abord sur le long terme.
02:35Il faut peut-être remettre en cause, enfin, l'hégémonie du dollar dans l'économie mondiale.
02:41Il y a des puissances qui mettent ça à l'ordre du jour.
02:43Il faut travailler avec ces pays pour remettre en cause l'hégémonie du dollar
02:48et peut-être travailler à une autre monnaie internationale pour les échanges internationaux.
02:53Et puis surtout, il faut protéger, protéger notre industrie, protéger l'industrie française,
02:57l'industrie européenne, investir dans l'énergie, baisser le coût de l'énergie fortement,
03:03subventionner l'énergie, subventionner l'industrie, le faire, mais sans hésitation.
03:09Et c'est ce que nous attendons.
03:11C'est des mesures fortes de protection, pas par des droits de douane,
03:14mais de protection en soutenant des investissements importants dans notre pays.
03:19— Donald Trump, lui, il annonce qu'il veut, par ses droits de douane, protéger l'économie américaine,
03:23favoriser l'industrie chez lui, favoriser les salariés,
03:26les travailleurs américains par rapport au reste du monde.
03:29Vous souscrivez à cet objectif-là ?
03:31— Mais d'abord... — Est-ce que vous êtes protectionniste vous-même ?
03:34— D'abord, les Américains vont vite se rendre compte que la politique de Donald Trump
03:39est une politique en faveur des riches familles américaines
03:43et pas en faveur des ouvriers, des salariés américains.
03:48— C'est parce qu'il dit en taxant les voitures de l'étranger,
03:51on fabriquerait des voitures aux Etats-Unis, il y aura de l'emploi chez nous.
03:54— Il y a ce qu'il dit, et il y a la réalité.
03:55La réalité, c'est que la hausse des droits de douane va tout de suite conduire par
03:59une baisse du pouvoir d'achat pour les Américains qui vont devoir payer plus cher
04:03les produits qui viennent de l'étranger, de Chine, dont a parlé monsieur l'anglais tout à l'heure.
04:08Ils vont d'abord payer plus cher.
04:09Et vous avez vu que la résistance commence à s'organiser aux Etats-Unis
04:12avec des manifestations dans tout le pays contre cette politique.
04:16Maintenant, concernant ces industriels français européens
04:20qui feraient le choix d'aller s'installer aux Etats-Unis,
04:24là, il y a un sujet quand même.
04:26Il y a un sujet de s'adresser aussi aux investisseurs et aux industriels français et européens
04:31et de mettre sur la table leurs comportements.
04:34— Il y a un devoir de patriotisme pour les entreprises.
04:36Emmanuel Macron a appelé par exemple les entreprises à ne plus investir aux Etats-Unis.
04:40C'est normal pour vous ?
04:42— Oui, il y a même un code, il y a même un article de la loi
04:46qui peut même poser la question de la trahison concernant ceux
04:52qui mettent en cause les intérêts du pays, les intérêts vitaux du pays.
04:57Eh bien, quand des investisseurs...
04:58Et si des investisseurs, demain, faisaient le choix d'aller faire
05:02des investissements aux Etats-Unis contre la France,
05:05y compris pour pouvoir réimporter ensuite les produits dans notre pays,
05:09alors oui, cela devrait être condamné, je dirais.
05:13Mais d'abord, c'est fini, quoi. Il ne doit plus y avoir...
05:18— Vous avez des craintes sur certaines entreprises, vous avez entendu ?
05:20— Eh bien, quand je vois que M. Bernard Arnault est allé faire des génuflexions
05:24dès l'élection de M. Trump là-bas, aux Etats-Unis,
05:28oui, je me dis qu'il y en a qui ne pensent d'abord qu'à l'argent, comme Trump,
05:33plutôt que penser à la France, à nos investissements, à nos emplois ici.
05:37Et donc, il faut mettre aussi sur la table
05:39la manière dont nous allons d'abord soutenir les investisseurs,
05:43et c'est pour ça qu'il va falloir mettre en fin des critères sur l'argent public
05:47que nous versons aux entreprises,
05:49qu'il va falloir, par exemple, c'est ce que nous proposons,
05:52baisser fortement les taux pour pouvoir faire des investissements en France,
05:57pour que les entreprises puissent investir, mais le faire avec des conditions,
06:00des conditions liées à l'emploi, à la formation,
06:03aux investissements dans notre pays qui soient utiles,
06:06qui servent les intérêts de la nation.
06:08On ne prête pas de l'argent comme ça pour l'investir aux Etats-Unis,
06:11au contraire, cela, il faut empêcher les capitaux de sortir,
06:14mais il faut soutenir les investissements dans notre pays.
06:17En protégeant son entreprise, en favorisant son entreprise,
06:19il crée, il protège aussi les emplois qu'il y a en France,
06:23et que cette entreprise a en France.
06:26Mais si demain il n'y a plus de droits de douane,
06:29et si on laisse les entreprises françaises partir aux Etats-Unis
06:34comme ils sont en train de négocier aujourd'hui,
06:37vous parlez de Bernard Arnault, mais moi je vais vous citer ArcelorMittal.
06:41ArcelorMittal qui fait peser de grandes menaces sur la sidérurgie française,
06:45ArcelorMittal qui produit de l'acier au Brésil et aux Etats-Unis,
06:50et qui n'attend qu'une seule chose,
06:52c'est qu'il n'y ait plus du tout de droits de douane,
06:54justement, pour l'acier qui viendra de là-bas,
06:56et pour pouvoir l'importer en France, en Europe,
06:59et fermer son usine à Dunkerque avec des dizaines de milliers d'emplois.
07:02Et donc, nous avons besoin de mesures fortes pour maintenir cette industrie ici,
07:08et je le dis, si demain des entreprises font le choix de délocaliser,
07:12il faudra réquisitionner l'outil de production !
07:15Réquisitionner l'outil de production !
07:17C'est comme ça que l'on maintient l'outil ici,
07:20quitte à nationaliser les entreprises qui menaceraient de partir,
07:23on a besoin de protéger...
07:24– C'est-à-dire l'État prend la main sur la gestion de l'entreprise,
07:27sur la gestion des capitaux, sur la résistance.
07:29– Oui, et il faut faire confiance aux salariés, je vais vous donner un exemple.
07:31– Mais c'est impossible ça !
07:32– Mais enfin, il n'y a rien d'impossible !
07:33– La France ne peut pas prendre le contrôle des VMI sur d'autres grandes entreprises.
07:36– Ecoutez, vous savez, M. Trump fait la démonstration qu'il n'y a rien d'impossible.
07:39Ce qu'il dit aujourd'hui était impensable il y a quelques mois.
07:42Aujourd'hui, tout est possible.
07:43– Mais comment on fait pour nous protéger ?
07:45– Les éditeurs d'Airtel, ils entendent ça, ils disent ça n'arrivera jamais.
07:47– Je vais vous donner un exemple.
07:48Est-ce que vous connaissez l'entreprise Vancorex ?
07:50Vancorex en Isère, 500 salariés.
07:53500 salariés menacés, c'est une entreprise indispensable dans notre pays
07:57parce qu'ils produisent des molécules, des matières premières indispensables
08:01pour le nucléaire civil, pour le nucléaire militaire,
08:03pour Arianespace, pour pouvoir lancer nos missiles justement.
08:08On a besoin de Vancorex qui produit du chlore, du sel.
08:11C'est indispensable.
08:12Vancorex aujourd'hui est en redressement judiciaire.
08:15Les salariés ont mis sur la table du tribunal qui doit rendre sa décision.
08:20Je vous demande M. Lenglet de suivre cette affaire, vous verrez bien.
08:23Ils ont mis sur la table la création d'une CIC,
08:26une société coopérative d'intérêts collectifs,
08:29avec 20% d'actionnaires salariés,
08:3140% avec la région, l'agglomération, la ville,
08:34et 40% d'investisseurs privés.
08:36C'est une coopérative associant et des privés,
08:39et les salariés, et le public,
08:41pour pouvoir maintenir sur notre sol la production de molécules indispensables.
08:46Si on ne fait pas ça, demain nous serons dépendants d'autres pays
08:50alors que ce que produit Vancorex est indispensable à la nation.
08:55Nous avons écrit au Président de la République, quand je dis nous,
08:58c'est Transpartisan, c'est Olivier Faure,
09:01c'est Cyriel Chattenin-Dévers, c'est François Hollande,
09:04c'est moi-même, pour demander à M. Macron d'agir rapidement
09:07auprès du Tribunal de Commerce
09:09pour que la décision en faveur de Vancorex soit favorable.
09:12Voilà des exemples concrets
09:14comment on maintient l'outil industriel dans notre pays.
09:17Merci beaucoup Fabien Rauchel d'avoir été avec nous.