• il y a 4 minutes
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, était l'invité de BFMTV ce mardi 11 février 2025.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Bonsoir Fabien Roussel. Bonsoir. Merci d'avoir accepté notre invitation. Je vous en prie. On va parler tout à l'heure,
00:06j'imagine que vous l'avez vu, cette enquête Cevipof sur la défiance des français, la classe politique,
00:11ces différences n'ont jamais été aussi élevées et on en parlera
00:15tout à l'heure dans les prochaines minutes, mais d'abord j'aimerais qu'on évoque ensemble la situation sociale en France
00:19puisque vous avez rencontré les syndicats d'ArcelorMittal hier soir qui étaient très inquiets.
00:23Le sidérurgiste a annoncé aujourd'hui qu'il envisageait de délocaliser certaines de ses activités
00:28supports en Europe
00:30vers l'Inde, mais il précise que sa production d'acier ne sera pas concernée.
00:35Comment vous vous accueillez cette nouvelle et comment ça va se traduire en termes de destruction d'emploi ?
00:41J'accueille cette information avec beaucoup
00:45d'inquiétude parce que c'est une délocalisation de plusieurs services,
00:48services achats, finances,
00:52administration, RH, etc.
00:55Et en fait il y a plusieurs signes qui montrent qu'ArcelorMittal qui est le premier sidérurgiste français est en train petit à petit de
01:02quitter la France.
01:04D'abord parce qu'il a fait le choix de ne pas faire les investissements
01:07nécessaires à la décarbonation de ses hauts fourneaux et s'il ne les fait pas maintenant
01:11il ne sera pas prêt dans les 2-3 ans qui viennent.
01:15Ensuite parce qu'il a fait le choix d'investir beaucoup à l'étranger, là il vient de faire un investissement de 900 millions d'euros aux
01:22Etats-Unis. Il a investi au Brésil et il a investi en Inde d'où il vient. Et enfin
01:29il y a ces services qui se délocalisent là en Inde donc
01:34ils rentrent à la maison comme on dit.
01:37Quand on suit l'industrie comme nous nous le faisons, comme je le fais depuis des années, ce sont des signes
01:42précurseurs d'un groupe qui n'investit plus, qui n'investit plus dans l'outil de travail qui est très abîmé,
01:48qui n'investit pas dans la décarbonation et donc à terme, moi j'alerte le gouvernement,
01:55nous n'aurons plus de sidérurgistes en France, nous ne produirons plus d'acier en France. Et ça c'est dangereux pour toute l'industrie nationale.
02:03De l'acier il y en a partout là autour de nous, dans les boîtes de conserve, les voitures,
02:07partout. Donc on a toujours eu besoin de produire de l'acier en France.
02:11C'est à l'époque du général de Gaulle où il y a eu ces grands chantiers qui ont été ouverts, où on a installé de grandes
02:16acieries dans notre pays, des hauts fourneaux, là où il n'y avait rien. C'étaient des investissements
02:21colossaux pour notre indépendance économique et aujourd'hui...
02:26Il faut se poser, et j'imagine que vous voulez poser Fabien Roussel, la question du pourquoi et ce que dit la direction d'ArcelorMittal, c'est que
02:32d'une part il y a une baisse de la demande et puis d'autre part il y a une concurrence extra-européenne qui est colossale, il y a une déferlante de
02:39l'acier chinois notamment à des prix imbattables et d'ailleurs même Donald Trump, c'est aussi pour ça qu'il a augmenté ses droits de douane de 25 %
02:45pour faire face à cette
02:48surproduction chinoise de l'acier.
02:49Et c'est pour ça que c'était très intéressant de rencontrer les responsables syndicaux de l'acidérurgie française.
02:55Il n'y avait pas que ceux d'Arcelor hier que j'ai reçus et de les écouter, de leur donner la parole. Il faut faire confiance au monde du
03:01travail et aux salariés. D'abord, il n'y a pas de surcapacité de production en Europe.
03:07Nous produisons moins d'acier, nous en importons beaucoup
03:12d'Inde, de Chine, du Brésil.
03:15Arcelor à Dunkerque nous explique le responsable syndical dans les grands parkings où il y a des brames d'acier prêtes à être laminées.
03:23Ces brames d'acier qui sortaient des hauts fourneaux de Dunkerque aujourd'hui viennent de l'usine du Brésil. C'est Arcelor lui-même
03:31qui organise sa propre concurrence en faisant venir des brames de l'étranger. Il n'est pas obligé de le faire.
03:37Deuxième chose, il nous dit le coût de l'énergie trop élevé. On n'est plus compétitif.
03:41Faux et archi faux. Arcelor signe des contrats sur dix ans, vingt ans avec EDF.
03:47Il bénéficie d'un prix d'électricité qui est le moins bas de toutes les entreprises françaises. Mon boulanger en rêverait.
03:53Lui, il en bénéficie. Il paye son électricité tellement pas cher
03:57qu'il agit comme un trader. C'est-à-dire que quand les prix spot augmentent, il en revend. Il revend de l'électricité.
04:03Et donc, il utilise tous les arguments, tous les arguments, pour
04:08préparer les esprits à quitter notre pays. Il est venu en France, il a épuisé l'appareil productif et il est prêt à partir.
04:17Fabien Roussel, il n'y a pas qu'ArcelorMittal. Le concurrent d'ArcelorMittal, l'allemand
04:21Tinsen Krupp, a annoncé en novembre son intention de supprimer 40% de ses effectifs et je prenais l'exemple de Donald Trump.
04:27Donald Trump, c'est typiquement ce qu'il dit. Il dit voilà, moi je veux augmenter les droits de douane
04:31de 25% parce que je dois faire face à une concurrence chinoise qui est colossale. Je regardais, la Chine a exporté 100 à 120 millions de tonnes
04:38l'année dernière d'acier. C'est l'équivalent en fait de toute la consommation européenne, Edwige.
04:43Oui, absolument. Non, mais Fabien Roussel a tout à fait raison dans son analyse.
04:46Ce qu'il y a, c'est que d'abord c'est ArcelorMittal. Donc, il faut rappeler que c'est en 2006. Donc, c'est l'Indien Mittal qui a pris le contrôle
04:52quand même d'Arcelor. Donc, c'était une EPA. C'était très compliqué. Ils ont mis la main sur le...
04:58Il y avait les Russes aussi qui voulaient mettre la main sur Arcelor. Donc, c'était la première défaite de la France, on peut dire.
05:04Ensuite, la deuxième défaite de la France, c'est que quand même aujourd'hui, vous regardez, c'est quoi ? C'est les Chinois qui sont de loin les premiers producteurs.
05:11Ensuite, vous avez les Indiens. Après, vous avez les Américains. Et nous, on arrive complètement, tout à fait, en bas de l'échelle.
05:18Donc, on est quand même un petit site. Vous avez raison de souligner que l'énergie, c'est ce qu'il y a de plus important.
05:24Parce qu'il faut beaucoup d'énergie. Ils ont abandonné ce gros, gros projet. C'était il y a quelques semaines de décarbonation avec la France, France 2030.
05:32Le programme de réindustrialisation de la France qui finançait en partie 850 millions d'euros d'investissements publics pour accompagner...
05:41Et ils l'ont arrêté. Et je pense que ça, c'est vraiment le point qui monte quand même, qui a beaucoup d'inquiétude d'avoir effectivement sur l'acier européen et sur l'acier français.
05:51Mais comme le dit Fabien Roussel, ça veut dire qu'il y a un vrai risque pour qu'il n'y ait plus de fabrication d'acier en France.
05:57C'est sûr qu'on est un peu entre le marteau et l'enclume. C'est-à-dire que la France, vous avez des côtés les Chinois qui déversent.
06:04Et puis, de l'autre côté, vous avez Trump qui protège et qui dit, voilà, vous allez avoir des droits de douane de plus de 25 %.
06:10Si je peux me permettre, sur l'acier chinois, encore une fois, il ne faut pas se tromper. Aujourd'hui, la Chine produit 50 %.
06:18819 millions, si vous voulez savoir.
06:20C'est énorme ce qu'ils produisent. Mais 80 %, c'est pour leur propre consommation.
06:2480 %, c'est pour leur propre consommation, notamment pour produire les véhicules que nos industriels vont faire là-bas.
06:32Et donc, les plus gros importateurs, l'exportateur d'acier, ceux qui viennent le plus chez nous, ce ne sont même plus les Chinois, c'est les Indiens.
06:43Ce sont les Indiens qui, aujourd'hui, envahissent le marché européen.
06:47Ce n'est pas les Chinois aujourd'hui qui nous menacent. Le premier à nous menacer, c'est M. Mittal, qui fait venir son acier d'Inde et du Brésil ici,
06:57et qui dit qu'il y a des surcapacités de production. Ce monsieur est un truand qui organise lui-même le départ de l'Europe et de la France,
07:06et 15 000 salariés sur le carreau le jour où ça va se produire.
07:10Il y a un énorme site à Dakar.
07:12On ne peut pas laisser ça.
07:14Justement, Fabien Roussel, on fait quoi ? Est-ce qu'il faut faire comme les États-Unis et augmenter les droits de douane ?
07:18Parlons-en des droits de douane. Voyez le scénario. Demain, il n'y a pratiquement plus de producteurs d'acier en France et en Europe avec ThyssenKrupp,
07:26qui fait le choix aussi d'arrêter de fermer ses hauts fourneaux. Et nous, on va mettre des droits de douane pour ces brames d'acier qui vont venir de tous les continents.
07:36Mais ça va faire un acier encore plus cher ici, et vous allez voir que vous tous, vous allez nous dire que ces taxes sont trop élevées,
07:43ça renchérit le prix des véhicules, ça renchérit les boîtes de conserves. Il faut éliminer ces droits de douane.
07:49La question, ce n'est pas de mettre des droits de douane à nos frontières. La question, c'est de produire en France, de produire en Europe, de produire chez nous,
07:58de produire avec une électricité qui ne coûte pas cher et qui est nucléaire parce qu'elle est décarbonée et du coup, remplit les objectifs climatiques.
08:06Trop cher par rapport aux genèles américains, vous le savez mieux que moi.
08:10Mais qu'est-ce qu'on s'en va s'emmerder avec le gaz naturel liquéfié des Américains quand on a sous notre pied, ici en France, des centrales nucléaires qui tournent
08:21et qui produisent l'électricité la moins chère d'Europe, mais qu'on fait le choix de facturer plus cher parce qu'on est dans un marché européen de la concurrence libre et non faussée.
08:31On se tire une balle dans le pied nous-mêmes.
08:34M. Roussel, votre proposition, si on va jusqu'au bout de votre raisonnement, c'est la nationalisation.
08:40Mais je ne suis pas pour parler, sortir la carte de la nationalisation dès qu'une entreprise est en faillite, ce n'est pas possible, on ne peut pas nationaliser ce que vous dites.
08:51EDF est nationalisé et vous voyez bien qu'il est pris les crédités de l'espoir.
08:56Ce n'est pas la nationalisation la solution pour toutes les difficultés des entreprises.
09:01En revanche, quand il s'agit d'une entreprise, d'une industrie qui est stratégique, qui est la colonne vertébrale de l'industrie nationale pour un tas de filières,
09:10on ne peut pas prendre le risque que ces machines ne tournent plus.
09:15D'ailleurs, il ne faut jamais qu'elles s'arrêtent, il faut toujours les faire tourner, sinon un four qui s'arrête, il est mort.
09:20Donc, on est bien obligé à un moment donné ou d'avoir une participation majoritaire dans le capital ou de nationaliser, mais comme c'était le cas il y a 30 ans,
09:29où c'était des entreprises publiques, la production d'acier en France, elle était nationalisée.
09:33Donc, si un actionnaire comme celui-là s'en va, on ne peut pas se permettre de laisser l'outil mort, il faut que l'État agisse.
09:41Ou il entre au capital, ou il nationalise, mais un État qui est propriétaire et qui se comporte comme aujourd'hui il se comporte avec EDF, vous avez raison,
09:52ça peut aussi nous conduire dans le mur. Donc, il faut non seulement nationaliser, mais avoir une stratégie, une planification, il faut avoir une vision pour l'industrie nationale.
10:02– Vous allez voir François Bayrou pour lui dire ?
10:03– Je vais demander au Premier ministre de faire un tour de table avec l'ensemble des acteurs concernés de la sidérurgie française,
10:11l'État, les banques, les industriels, ils doivent nous dire quels sont leurs projets pour les 5 à 10 ans qui viennent.
10:21Parce qu'un industriel, dans ces métiers-là, il ne travaille pas à 6 mois, il fait des contrats d'électricité sur 10 à 20 ans,
10:27il fait des investissements, les investissements qu'il doit faire c'est 1,6 milliard, et pour lesquels on participe à hauteur de 50%.
10:35Ce sont des investissements qui sont sur 3-4 ans, il doit devoir nous dire sur 5 ans quel est son projet.
10:42– Mais vous dites que l'État ne se suffit pas de ces sujets.
10:45– Mais non, parce que l'État aujourd'hui bricole, mais ce sont...
10:49– 850 millions c'est qu'il n'y a pas de démolage.
10:51– À tel point qu'Arcelor dit je m'en vais, j'arrête, l'État dit bon c'est pas grave on reprend nos billes, c'est ridicule, on est nuls.
10:58– C'est intéressant évidemment, parce qu'on se dit c'est un secteur stratégique etc.,
11:04on aurait tout à fait envie de vous suivre là-dessus,
11:06le problème c'est qu'il y a beaucoup d'industries qui malheureusement quittent notre pays,
11:11et on ne pourra pas tout nationaliser, on ne pourra pas tout décréter prioritaire etc.
11:18Donc voilà, qu'est-ce qu'on fait plus largement par rapport à toutes ces industries
11:23qui maintenant depuis un certain nombre d'années, peut-être 20 ou 30 ans,
11:27se délocalisent peu à peu toutes, et en pointant,
11:31alors là ce n'est peut-être pas le cas spécifiquement de l'industrie de l'acier,
11:34où on voit bien qu'il y a d'autres paramètres qui rentrent en compte,
11:37j'ai compris aussi que vous proposiez de sortir du marché de l'électricité européen,
11:41si je vous comprends bien, et pourquoi pas effectivement,
11:45mais sinon est-ce qu'on n'a pas quand même toujours le même problème de droits du travail,
11:53de normes de fiscalité sur le travail, qui font qu'on ne demande pas évidemment
11:59aux ouvriers français ou européens d'être aussi compétitifs que des ouvriers chinois sous-payés,
12:04mais il faut quand même essayer un minimum d'être dans la course,
12:07est-ce qu'on n'a pas quand même un problème là-dessus, parce qu'on ne pourra pas tout nationaliser ?
12:11Mais on ne pourra jamais tout nationaliser, et ce n'est pas la solution.
12:14En revanche, quand je vois comment la Chine intervient dans son économie,
12:18et quand je vois comment les États-Unis le font aussi à leur manière,
12:22avec des subventions et des aides publiques très fortes dans le soutien à leur industrie,
12:27je me dis mais qu'est-ce qu'on fait, nous, en France et en Europe ?
12:31Et donc c'est la raison pour laquelle je dis 1. On ne peut pas parler d'industrie sans parler de coût de l'énergie.
12:37C'est le cœur du sujet, et de l'énergie décarbonée.
12:41Nous avons un atout inestimable, donc permettons à nos entreprises, nos industriels,
12:47mais même nos PME, d'avoir accès à l'électricité la moins chère d'Europe.
12:50C'est un atout compétitif énorme. Et une deuxième idée, si vous permettez le coût,
12:54vous me parlez du coût du travail, je vais vous parler du coût du capital.
12:58Vous savez que les banques prêtent à des taux élevés.
13:00Je dis même que l'État parfois prête à des taux usuriers aux entreprises,
13:05quand il s'aligne sur les taux européens. L'État prête à 9, 10, 12%.
13:09Moi je suis pour qu'on prête à 0%, même à des taux négatifs, à ces industriels,
13:14pour qu'ils investissent en France, et que l'argent leur coûte moins cher pour pouvoir investir.
13:19J'aimerais aborder d'autres sujets avec vous, notamment la question de l'immigration.
13:32Vous voyez que c'est passionnant quand même, ces sujets où on peut avoir des échanges,
13:37où on peut même se retrouver dans l'intérêt de la France.
13:39Ça doit être des sujets qui vont au-delà de la gestion de la garantie d'argent public,
13:45On aura l'occasion d'y revenir largement Fabien Roussel,
13:48mais j'aimerais aussi évoquer cette question de l'immigration.
13:50Parce que vous dites, vous reprochez au gouvernement de faire diversion avec ce sujet.
13:55Vous dites voilà, il y a des usines qui ferment, et pendant ce temps-là,
13:57vous vous parlez d'immigration avec François Bayrou,
13:59qui a annoncé qu'il voulait lancer un grand débat sur qu'est-ce qu'être français.
14:02Pourquoi faire diversion ? On ne peut pas aborder les deux sujets,
14:05on ne peut pas aborder à la fois le sujet social et à la fois la question de l'immigration.
14:09Vous fuyez, vous, devant ce débat ?
14:11Mais non, je ne fuis pas, mais enfin, c'est gros comme une maison ce qu'il est en train de nous faire,
14:16de nous parler du droit du sol, là, en France,
14:19et puis à nous dire, pourquoi pas un référendum là-dessus.
14:21Mais vous pensez sincèrement que la question du droit du sol
14:25et la question dont on parle dans tous les trottoirs de notre pays...
14:27Il a dit qu'il voulait élargir le débat à qu'est-ce qu'être français sur la question de l'identité.
14:31Mais vous croyez que c'est la discussion qu'on a aux machines à café,
14:33le matin quand on arrive au boulot, du droit du sol ?
14:36Beaucoup de gens, oui, bien sûr.
14:37Pour beaucoup, on parle là justement des questions industrielles,
14:40quand il y a 300 plans de licenciements dans notre pays, dans 300 entreprises.
14:44Je peux vous dire que ça préoccupe beaucoup plus l'inquiétude des Français,
14:48l'emploi, que c'est question du pouvoir d'achat,
14:52la question des salaires, la question des retraites.
14:54Je reviens de Saint-Amand, où on m'a donné une dame,
14:59agent municipal, m'a donné sa feuille de retraite,
15:02elle va toucher 839 euros après toute une carrière dans la fonction publique.
15:06Mais ce sont des scandales qui me perturbent.
15:10Fabien Roussel, la question sociale, bien évidemment, tout le monde l'entend,
15:14mais la question de l'immigration, elle est là aussi,
15:15il y a aussi des problématiques, vous ne pouvez pas l'aigner.
15:17Et même le PS a évolué sur ce sujet, a changé sa ligne.
15:20J'aimerais juste vous lire ce que dit Pierre Jouvet à ce sujet.
15:24Il dit, voilà, on peut faire l'autruche,
15:25mais quand 70% des Français considèrent la question migratoire est un sujet,
15:29on ne peut pas dire que ce sont des méchants fascistes.
15:30Évitez le débat, parce que sinon, on va s'enfoncer, sinon on va se faire écraser.
15:36Ils ont tort, les socialistes, ils peuvent y aller ?
15:38Je ne me mets pas la tête dans le sable, j'ai l'impression d'en parler à chaque fois.
15:42Et à chaque fois qu'il y a des questions sociales qui montent,
15:45à chaque fois ressort la question de l'immigration,
15:49une actualité sur l'immigration, une proposition de loi sur l'immigration.
15:52Ne me dites pas qu'on n'en parle pas, on en parle à chaque fois.
15:55Il y a des textes de loi, mais ce n'est même pas des textes de loi de tous les ans,
15:59c'est des textes de loi de tous les 6 mois, tous les 3 mois sur ces questions-là.
16:02N'abusez pas quand même, j'ai l'impression qu'on ne sait que ça.
16:05Après, je peux vous en parler, on peut parler du droit du sol.
16:07Parlons du droit du sol, ça concerne 30 000 personnes par an,
16:11la naturalisation par le droit du sol.
16:13Le droit du sol, le droit par…
16:15On peut devenir français en étant né en France, sur le territoire,
16:20ou par le droit du sang.
16:22Voilà, c'est le droit, c'est comme ça, il s'applique, je le défends,
16:25c'est l'histoire de la Constitution française.
16:27Ce n'est pas ça le débat, là on est à la limite de faire un référendum sur l'immigration.
16:32Donc, ce n'est pas seulement sur le droit du sol,
16:34c'est le fait que les Français, collectivement, élection après élection,
16:39sondage après sondage, expriment de manière de plus en plus nette,
16:42et ce n'est pas les seuls en Occident d'ailleurs,
16:44leur volonté qu'on reprenne le contrôle des frontières de la France,
16:48et qu'on contrôle un peu mieux qui vient, qui reste, qui s'en va.
16:52Le sujet, c'est quand même celui-là, l'exécution des OQTF,
16:56le nombre de détenus étrangers,
16:5825 % des détenus sont de nationalité étrangère,
17:00on ne les expulse pas à l'issue de leur peine, c'est ça le sujet,
17:03vous ne pouvez pas à la fois vous plaindre de la montée des extrêmes,
17:07et refuser de vous embarrer de ce sujet comme il se doit.
17:10Justement, je me suis exprimé à plusieurs reprises,
17:14j'ai écrit des tribunes sur ces questions-là,
17:17je me suis même fait critiquer à gauche pour les prohis de position que j'ai eues,
17:21justement, en traitant de ces questions liées à l'immigration,
17:24et même liées à l'insécurité.
17:28Donc, je n'ai aucun problème de parler de ces sujets-là,
17:30en revanche, là où je vous rejoins,
17:32c'est qu'effectivement, dans tous les pays d'Europe, comme en France,
17:37plus on en parle, plus l'extrême-droite monte,
17:41et aujourd'hui, on voit l'AFD en Allemagne,
17:43on voit l'extrême-droite en Italie, on voit l'extrême-droite en France,
17:46on la voit en Hongrie, et on va la voir partout.
17:49Vous savez le droit du sol ?
17:50Parlons-en du droit du sol, qu'on veut remettre en question.
17:53C'est dans les fondements de notre République,
17:56issus de la Révolution française, quand on a aboli la monarchie,
18:00écrit en 1793.
18:02La seule fois où le droit du sol a été abrogé, c'est sous Vichy.
18:05Je viens de vous dire que ce n'était pas le sujet.
18:07Donc, parlons-en.
18:09Je vous explique que ce n'est pas le sujet de l'immigration.
18:12Voyons bien qu'à force d'appuyer sur le sujet,
18:17on nourrit les rivières.
18:18Peut-être aussi, oui, je dis.
18:20Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt,
18:23c'est ce qu'on est en train de faire.
18:25Vous avez des pays comme le Danemark,
18:28certains pays scandinaves,
18:29qui ont pris la question de l'immigration à bras-le-corps,
18:32y compris la gauche, au pouvoir,
18:34et ça a plutôt fait reculer les extrêmes.
18:36C'est parce que la gauche, quand elle a été au pouvoir,
18:38n'a pas pris à bras-le-corps cette question
18:41que finalement, elle s'est trouvée débordée
18:43par les fameux extrêmes.
18:44C'est bien la raison pour laquelle,
18:46en tant que responsable d'un parti politique
18:49qui a une histoire dans ce pays,
18:51nous avons pris des positions, j'ai pris des positions
18:53sur ces questions-là,
18:55qui n'étaient pas forcément celles
18:57que l'on pouvait entendre ces dernières années,
18:59et donc j'ai parlé avec clarté sur ces questions-là.
19:02Je le referai à chaque fois, mais aujourd'hui,
19:05et si j'ai répondu à votre invitation,
19:08c'est parce que je suis inquiet de la situation sociale
19:11et notamment de l'industrie,
19:12et que je regrette que ça passe complètement sous le boisseau,
19:16et que malheureusement, on ne va pas les traiter, ces questions-là.
19:19Pourquoi ça ne fait pas l'objet d'un débat au Parlement,
19:22l'avenir de notre industrie ?
19:23Et pourquoi il y a aujourd'hui,
19:25je crois qu'il y a deux ou trois textes sur l'immigration,
19:27à la queue leu-leu, au Sénat,
19:30me disait Cécile Kuckermann, la présidente de notre groupe.
19:32Mais il y a une inflation de textes
19:35sur toutes ces questions liées à l'immigration,
19:37mais comme si c'était les immigrés qui étaient responsables
19:39de la fermeture de nos usines,
19:41de la baisse du pouvoir d'achat des retraités,
19:42de l'accès à nos services publics.
19:44On est en train de faire...
19:46– Non mais ça fait partie des préoccupations des Français.
19:48– Mais que ça fasse partie des préoccupations des Français,
19:51je l'entends.
19:52Que l'on traite de cette question, je l'entends.
19:54Je vais même vous faire une confidence,
19:55allez, je vous fais un scoop.
19:57Je fais un livre sur le travail,
19:59intitulé « Le parti pris du travail »,
20:02qui va sortir fin avril,
20:04et je vais parler beaucoup là-dedans
20:06de cette question liée à l'immigration
20:08et de l'immigration économique des travailleurs sans papier.
20:11Je l'aborde sans aucune difficulté
20:13et avec des propositions humanistes,
20:15progressistes et communistes.
20:17Et donc nous pourrons en débattre.
20:19– Vous pourrez revenir fin avril,
20:20au moment de la sortie de votre livre.
20:21Bon ben voilà, l'invitation est lancée pour fin avril.
20:24J'aimerais qu'on passe à l'œil de Raphaël,
20:26notre journaliste qui s'est donc penché
20:28sur cette enquête annuelle du CIVIPOF
20:30sur la confiance politique des Français,
20:33qui est pleine d'enseignements.
20:35Raphaël, que dit cette étude ?
20:39– Oui, bonsoir Fabien Roux.
20:40Je sais que vous suivez ce baromètre annuel du CIVIPOF
20:43avec Opinion Moi, notamment,
20:45sur la confiance des Français vis-à-vis de la politique,
20:48avec des chiffres quand même assez inquiétants.
20:51Et notamment dans la comparaison avec les autres pays,
20:54la question elle est assez simple là-dessus,
20:55c'est avez-vous confiance en la politique ?
20:57Les Français répondent oui à 26%,
21:00c'est deux fois moins quasiment que les Allemands,
21:03qui sont 47% qui répondent oui,
21:06et près de 40% chez les Italiens.
21:09Et notamment Bruno Cotteres,
21:12chercheur au CIVIPOF en parlait ce matin sur BFMTV
21:15sur cette perception des Français de la classe politique.
21:19– On génère un sentiment à la fois d'une classe politique
21:21qui est perçue comme incompétente, comme complètement décalée,
21:25et même certains avaient cru voir, au fond, un peu d'enthousiasme,
21:29pas d'enthousiasme mais d'optimisme sur l'idée du retour
21:32d'une lecture parlementaire.
21:34Même ça, on voit que les gens n'y croient plus là-dedans.
21:38– Oui, des mots très durs, notamment quand on demande aux Français
21:41les sentiments qu'ils éprouvent vis-à-vis de la politique.
21:44Le premier mot qui revient pour 37% des Français,
21:48c'est le mot méfiance.
21:49Et le second mot, je le trouve assez violent,
21:51notamment vis-à-vis des politiques, c'est le mot dégoût, 26%,
21:55près de 30%.
21:56Et loin derrière, à seulement 11%, on a l'intérêt.
22:00Mais le plus inquiétant, c'est peut-être si on dézoome un petit peu
22:02et on passe de la politique à la perception plus générale
22:06de la démocratie et notamment de son fonctionnement.
22:08Et là, on a deux courbes qui évoluent évidemment en sens contraire,
22:11avec 71% des Français qui pensent que la démocratie fonctionne mal,
22:16donc c'est la courbe du haut, qui grimpe notamment depuis quelques années,
22:20et seulement 28% qui pensent que la démocratie fonctionne bien.
22:25On le voit à l'écran, ça me paraît assez clair, c'est extrêmement bas.
22:28Et il y a un autre chiffre que nos dirigeants feraient bien
22:30de surveiller d'assez près, c'est ces Français qui pensent
22:32qu'il y a trop de démocratie, ou du moins ceux qui pensent
22:36qu'il vaudrait mieux moins de démocratie, mais plus d'efficacité.
22:39Et à cette question, il y a 48%, quasiment la moitié des Français,
22:43qui désormais approuvent le fait de mettre l'efficacité d'abord
22:47et la démocratie peut-être ensuite, et surtout l'évolution sur deux ans.
22:50Plus neuf points. Alors justement, vous comprenez ?
22:53Oui, je comprends tout à fait.
22:54Vous comprenez leur point de vue ou vous comprenez...
22:56Non, je comprends leur point de vue, mais parce qu'en France,
22:58on est un pays super démocratique, on vote tous les six mois bientôt.
23:01On n'arrête pas de voter, même des dissolutions, paf !
23:04On vote sans arrêt, il n'y a rien qui change.
23:06C'est même pire, ça n'avance pas.
23:09Et il y a des motions de censure qui tombent à grave lote,
23:11autant que les 49.3 arrivent.
23:14Et forcément, il y a un sentiment d'incompétence, enfin.
23:16Ils n'étaient même pas capables de travailler ensemble sur un budget.
23:19Entre le sectarisme de la majorité qui ne veut rien toucher de ces réformes...
23:23Mais même au niveau de la gauche !
23:25Mais bien sûr, mais j'ai dit ce matin que moi,
23:27je n'aurais pas voté la motion de censure.
23:29Mais quand il y a eu la réunion avec le président de la République
23:33pour trouver un successeur à M. Barnier
23:35et que nous étions tous là autour de la table, dont M. Berroux,
23:37j'ai fait cette proposition qui a fait débat, d'ailleurs.
23:40J'ai dit, je vous propose un pacte.
23:41On tape dans la main, on n'utilise ni le 49.3, ni la motion de censure.
23:46Et on se force à travailler ensemble.
23:47Non, mais c'est très concret.
23:49Et vous n'êtes pas d'aimer plus que le président qu'Emmanuel Macron ?
23:51Imaginez si nous avions tapé dans la main.
23:54Imaginez, si nous avions dit,
23:56il n'y a pas les bons qui utilisent le 49.3,
23:58les méchants qui utilisent la motion de censure.
24:00On décide qu'il n'y ait ni l'un ni l'autre, et ça nous force à discuter.
24:03Vous croyez qu'il y a beaucoup de bonne volonté dans les oppositions ?
24:06Vous trouvez qu'il y a beaucoup de bonne volonté dans les oppositions ?
24:08Et vous croyez qu'il y a beaucoup de bonne volonté de la part d'un gouvernement
24:11qui fait passer ses budgets à coup de 49.3 ?
24:13Comment on fait pour…
24:14Avaient-ils le choix ?
24:16Comment on fait pour voter ?
24:18Donc, moi, je comprends ceux qui ont voté à la motion de censure.
24:22Et le son ministre de l'Économie, il vous a reçu son ministre de l'Économie ?
24:25J'y suis allé une dizaine de fois, voir Éric Corbat.
24:29Vous voyez ?
24:30Oui, mais j'y suis allé, je suis gentil, j'y vais.
24:32J'y vais pour écouter, pour obtenir quoi ?
24:34Et on donne quelque chose…
24:35Non, mais la question est plus large, parce que là, on retourne…
24:37Non, mais attendez, Fabien Roussel, parce que là, on retombe dans la boloche.
24:42Et c'est exactement ce que disent les Français, ils disent qu'ils sont lassés.
24:44Vous allez voir ce que ça va faire comme effet le budget.
24:465 milliards, la facture de l'OMS.
24:47Oui, 5 milliards.
24:48Non, mais Fabien Roussel, la question, elle est systémique, elle est systémique.
24:52Est-ce qu'aujourd'hui, les institutions font que s'égripper ?
24:55Quand on a en face, on a Trump avec Musk dans toutes les outrances et les provocations.
24:59Est-ce que vous ne pensez pas qu'au bout d'un moment,
25:00c'est vrai, les Français puissent se dire, on n'arrive plus à avancer
25:03avec nos démocraties, peut-être aussi avec l'Union européenne ?
25:06Tout est fait pour décrédibiliser, démonétiser la politique,
25:10pour dire que tous les responsables politiques sont incompétents, nuls,
25:15et ça conduit à quoi ?
25:17Quand il n'y a plus confiance dans la politique,
25:19quand il n'y a plus confiance dans les institutions,
25:21ça conduit à quoi, au bout ?
25:23Un désintérêt de la société publique.
25:25Un désintérêt, oui, puis aussi à des dictatures, à des pouvoirs autoritaires.
25:29Mais là, vous avez près de la moitié quand même des Français
25:31qui disent que ça ne sert plus à rien de voter.
25:32Et c'est pour ça que c'est très inquiétant.
25:35C'est très inquiétant que tout le monde devrait en prendre conscience,
25:38et que j'étais, moi, depuis le début, un partisan à gauche
25:43qui interpellait le gouvernement, M. Macron, pour dire
25:47mais chacun doit faire un pas l'un vers l'autre.
25:48Quand il y a une assemblée nationale qui est créée comme ça,
25:52et donc je n'ai jamais dit qu'il fallait appliquer le programme de la Vosges,
25:55il fallait trouver un chemin entre nous, etc.
25:57Il faut des interlocuteurs, enfin.
26:00Nous avons tous une responsabilité.
26:02Si François Bayrou avait soumis son budget au vote, là,
26:05est-ce que vous l'auriez voté ?
26:07Ce budget-là ? Non.
26:09Mais s'il n'avait pas eu le droit d'utiliser le 49-3,
26:12il aurait été forcé de faire plus de concessions.
26:16Oui, mais pourtant, il a fait beaucoup de concessions.
26:18Ça a déjà un coût.
26:20Ça a un coût.
26:21Non, non, non, non, parce que là, je vais encore me faire bousculer
26:26en disant que c'est de la popole, moi, je vous dis que ça...
26:28Plus largement, alors, attendez, parce qu'on est pris.
26:31On verra dans les mois qui viennent.
26:32Fabien Roussel reviendra fin avril,
26:34donc on aura l'occasion de continuer à poser toutes nos questions.
26:37Moi, j'en ai juste une toute dernière où vous dites
26:40qu'on est tous responsables.
26:41Est-ce que vous aussi vous faites votre examen de conscience ?
26:44Oui, toujours.
26:45Toujours.
26:46Ça veut dire que je m'interroge toujours pour me dire
26:49comment faire pour être mieux compris,
26:53pour coller plus à ce que les gens ont dans leur tête.
26:56C'est ce que je dis à chaque fois à mes amis ou jeunes
26:59avec qui je parle.
27:00Faire de la politique, c'est d'abord partir
27:02de ce que les gens ont dans leur tête,
27:04partir de leur vécu, de leur quotidien, de leurs attentes.
27:07Et à partir de là, on tisse, on échange,
27:10on construit des solutions, on avance.
27:12Parfois, ce qu'il y a dans la tête des gens,
27:14ce n'est pas ce qu'on pense, c'est même parfois dur à entendre.
27:17Mais on ne doit jamais claquer la porte,
27:21on ne doit jamais être violent, on doit être empathique,
27:23on doit être bienveillant, on doit dialoguer,
27:25on doit écouter, on doit savoir se remettre en cause.
27:27Et on doit le faire tout le temps.
27:28Ça ne ressemble pas tellement à Jean-Luc Mélenchon, ça.
27:30Oui, ça ne ressemble pas.
27:31Alors, attendez, c'est un autre débat.
27:33Qu'est-ce que vous faites ?
27:34C'est un autre débat et on y reviendra.
27:37Merci, Fabien Roussel.
27:38Jusqu'à minuit, à bientôt.
27:39À bientôt, à bientôt, Fabien Roussel.
27:41Merci à tous les trois de nous avoir accompagnés ce soir.
27:43Merci, Raphaël Grabli.

Recommandations