Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0014h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:06A Amiens, les recherches sont en cours pour retrouver une femme disparue depuis 15 jours.
00:12Chantal Croizet, 55 ans, a disparu de son domicile.
00:15La famille et les policiers ne croient pas à une disparition volontaire.
00:19Bonjour, Chantal Croizet était une figure familière d'Amiens.
00:25Elle avait longtemps tenu un bar populaire en ville.
00:28A 55 ans, elle menait une vie tranquille, ne s'était jamais fait remarquer.
00:33Jusqu'à ce qu'un soir d'été, elle ne donne plus signe de vie,
00:37une disparition des plus brutales, sans cri, sans témoin, sans aucune trace suspecte.
00:43Il va falloir du temps, aux enquêteurs un peu de chance aussi,
00:46et quelques surprenants coups de fil d'outre-tombe pour faire avancer les investigations.
00:52Un personnage un peu fantasque, vieux garçon amical, disque jockey, DJ,
00:58dans les fêtes de mariage, va surgir dans le décor.
01:02On va alors s'apercevoir que cet homme qui a modifié son prénom traîne un sombre passé.
01:08Reste à savoir si c'est lui qui a écrit le scénario de cette disparition.
01:13Mais quel en serait le mobile ?
01:15Où est passée Chantal ?
01:16Question posée à nos invités de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers.
01:21L'affaire Chantal Croizet, musique mortelle pour le DJ, c'est tout de suite sur RTL.
01:32Lundi 12 août 2013, Jonathan Brunet est au commissariat de police d'Amiens.
01:37Il vient signaler la disparition de sa mère, Chantal Croizet, 55 ans.
01:42Il se parle au téléphone une ou deux fois par semaine.
01:46Elle ne manque jamais de lui demander des nouvelles de ses deux petits-enfants.
01:50Cela fait maintenant 15 jours qu'il n'arrive plus à la joindre.
01:53Son portable est déconnecté.
01:55Jonathan raconte qu'il s'est rendu chez elle rue Saint-Achel, au premier étage d'un petit immeuble en briques.
02:03Il n'y avait personne.
02:04Le fils n'a rien noté de particulier.
02:06Les policiers visitent à leur tour le logement.
02:09Tout est effectivement en ordre, propre, bien rangé.
02:13Aucune effraction.
02:14Les papiers de Chantal Croizet sont là.
02:18Il ne manque que son téléphone et sa carte bancaire.
02:21La dernière personne qui a vu la disparue est une amie proche, Annick.
02:26Le 27 juillet, Chantal est venue l'aider à déménager quelques meubles.
02:31Elle devait repasser le lendemain pour récupérer un décodeur télé.
02:35Mais elle ne s'est pas manifestée.
02:37Elle est depuis injoignable.
02:39Franck Croizet, frère de la disparue, indique avoir parlé à sa sœur ce même 27 juillet.
02:44Elle allait bien.
02:45Ils ont parlé de tout et de rien.
02:48Puis, depuis cette date, plus rien.
02:51La carte de bus de Chantal Croizet a été utilisée pour la dernière fois le 28 juillet.
02:56Le 29, à partir de 9h10 du matin, tous ses appels étaient directement renvoyés sur messagerie.
03:03Sa carte bancaire n'a pas été utilisée.
03:07Les semaines s'écoulent sans qu'aucune trace de Chantal Croizet soit retrouvée.
03:12La disparue est présentée comme une femme tranquille.
03:14Pendant plusieurs années, elle a tenu le bar le Walter, rue Jules Barney.
03:19Séparée de son mari, elle ne travaillait plus.
03:22Elle vivait seule.
03:23Les enquêteurs craignent qu'elle ait eu un accès de déprime et qu'elle se soit suicidée.
03:28Son fils, mais aussi ses frères et sœurs.
03:30Franck, Philippe, Françoise.
03:32N'y crois pas une seconde.
03:33Chantal était bien trop poche d'eux pour se livrer à un geste désespéré
03:38qui plus est sans laisser un mot d'explication.
03:43Vendredi 23 mai 2014, après presque un an d'absence,
03:47une information judiciaire est ouverte pour recherche des causes de la disparition.
03:51La surveillance du téléphone de Chantal Croizet a entraîné, en effet, une drôle de surprise.
03:58Le portable a continué à être utilisé.
04:00Les experts indiquent que deux cartes SIM ont été insérées à quelques mois d'intervalle dans l'appareil.
04:07Le 20 septembre 2013, soit plus d'un mois après la disparition,
04:12un premier appel a été effectué vers un certain Christophe S.
04:16Il habite dans le quartier de Chantal, Saint-Achel.
04:19L'homme est entendu.
04:21Il connaît, oui, la disparue, mais il ne se souvient pas qu'elle l'ait appelée.
04:25Il ignore même si elle a son numéro.
04:28Quelques semaines plus tard, les enquêteurs localisent la personne qui a passé le coup de fil à Christophe S.
04:34C'est tout simplement sa compagne, Marianne.
04:38Elle habite à 300 mètres de chez Chantal Croizet.
04:41La jeune femme est questionnée.
04:43Elle se souvient qu'à l'époque, c'est un voisin qui lui a donné son téléphone.
04:47Il ne s'en servait plus.
04:48Elle avait donc inséré une nouvelle carte SIM.
04:52Le voisin en question s'appelle Jean-Paul Dancoane, 50 ans.
04:56Il réside au numéro 148 de la rue Saint-Achel.
05:00Célibataire, sans enfant.
05:02Il est connu à Amiens comme DJ, animateur de maisons de retraite et de fêtes de quartier, spécialiste de Claude François.
05:09Ceux qui le fréquentent le présentent comme un homme gentil, serviable, agréable.
05:15Jamais un mot plus haut que l'autre.
05:18Et bien sûr, on va s'apercevoir que ce sympathique DJ, amusant, inoffensif, dissimule une sombre vie criminelle.
05:26Une trajectoire que personne ne connaissait dans cette rue Saint-Achel à Amiens.
05:31Personne sauf évidemment la justice.
05:34Les policiers vont se rapprocher de lui et faire de terrifiantes découvertes.
05:38On va en parler dans la suite de l'heure du crime.
05:41Il faut revenir évidemment au début de l'affaire.
05:43C'est ce mois d'août 2013.
05:45Chantal Croizet a disparu.
05:47Bonjour Maître Jérôme Crépin.
05:48Bonjour.
05:49Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
05:53Vous êtes avocat au barreau d'Amiens.
05:55Et dans cette affaire, vous êtes l'avocat de la famille de Chantal Croizet.
05:59Alors, Chantal a disparu.
06:01Ce qu'on peut dire, Maître Jérôme Crépin, c'est que ça ne lui ressemble pas.
06:05Ce n'est pas le genre de femme à partir comme ça sans laisser d'adresse ou de mot.
06:09Absolument pas.
06:10La famille Croizet, c'est une belle famille.
06:13On garde des liens.
06:14N'obstant le fait que chacun a fait sa vie et que Chantal a pu avoir les déboires de sa vie.
06:19Vous évoquez son petit commerce qui avait malheureusement périclité et failli.
06:25Pour autant, elle vivait tranquillement à Amiens.
06:28Son fils passait régulièrement la voir.
06:30Son frère Franck lui téléphonait une fois par semaine.
06:33Ça ne lui ressemblait pas du tout.
06:35Et puis même s'il avait eu des difficultés financières, et si elle en avait probablement encore, elle vivait petitement.
06:39Oui, c'est une femme modeste.
06:41Ce n'est pas quelqu'un qui était à priori dépressif.
06:44C'était, je vais dire, une très bonne voisine de quartier.
06:47C'était vraiment un personnage sympathique.
06:48Qu'est-ce qui avait bien pu arriver ?
06:49Le suicide, on le met de côté.
06:51Objectivement, oui.
06:52Il n'y avait aucune raison.
06:55Je crois que dans la famille croisée, si Chantal avait été au plus mal,
06:59elle aurait décroché son téléphone.
07:00D'ailleurs, on aurait parlé à son fils,
07:02puis elle aurait décroché son téléphone en appelant un frère, une soeur.
07:06C'est ça.
07:07Il y a quelque chose de très troublant tout de suite, Maître Jérôme Crépin,
07:10mais vous allez évidemment nous éclairer là-dessus.
07:12C'est qu'on va s'apercevoir que le téléphone de la disparue continue à fonctionner sans elle, finalement.
07:18Ce sont des appels post-mortem.
07:20En tout cas, post-disparition.
07:22Jusqu'à l'époque, on ne sait pas du tout ce qui est arrivé à cette femme.
07:24Question simple, pourquoi il a fallu si longtemps pour s'apercevoir que ce téléphone avait continué à fonctionner ?
07:31Parce qu'en fait, il a été utilisé.
07:35On sait qu'il va être utilisé à quatre reprises.
07:39Il va y avoir une insertion.
07:41D'abord, quelqu'un va recevoir un appel téléphonique à partir de ce téléphone-là.
07:47Et c'est vrai qu'en termes d'investigation,
07:50on a un peu le sentiment que ce travail, à partir de la téléphonie,
07:54il a été fait un peu tardivement.
07:56Objectivement, il a été fait un peu tardivement.
07:58Chacun en a fait moins.
08:00Bien évidemment, moi, je suis saisi ultérieurement.
08:02Mais on a un peu le sentiment que là-dessus, on n'a pas creusé vite.
08:08Est-ce qu'on a pris... Parlons clairement.
08:10Je crois qu'on n'a pas pris...
08:12Voilà, c'est ça que j'ai la question.
08:14On n'a pas pris au sérieux la disparition.
08:17On s'est dit qu'elle vit toute seule, etc.
08:19Chacun peut disparaître comme il veut parce qu'on a le droit de disparaître.
08:22Elle est fragile, elle a des problèmes.
08:24Elle est fragile.
08:26Ce n'est pas quelqu'un qui a un passé judiciaire.
08:28On ne lui connaît pas d'ennemis.
08:30Elle a dû disparaître.
08:31À la limite, c'est son droit.
08:33Et on a un petit peu banalisé la situation.
08:35Et le téléphone qui, entre guillemets, continue de fonctionner,
08:39ce n'est pas trop grave.
08:41On n'a aucun indice qui permette, je dis bien aucun indice à ce moment-là,
08:45qui permette de dire qu'éventuellement,
08:47il y a eu des faits criminels.
08:49Et puis, ce n'est qu'ultérieurement qu'on voit,
08:51au terme de l'enquête d'environnement,
08:53identifier un voisin qui peut interpeller un petit peu
08:56quant à son comportement passé.
08:58Mais sinon, je crois que dans un premier temps,
09:00on a banalisé la disparition.
09:02C'est ça.
09:03On n'a pas tilté sur les indices possibles
09:05qui pouvaient apparaître dans le décor.
09:07Et effectivement, elle est majeure, elle a 55 ans, mère et grand-mère.
09:10On ne s'en est pas beaucoup préoccupé de cette femme.
09:12Il faut dire les choses comme elles sont.
09:14Et à l'époque, les policiers,
09:16il y avait sans doute beaucoup de travail à côté.
09:18On est passé un peu en dessous des radars.
09:21Bonjour Clémentine Biziot.
09:23Bonjour.
09:24Merci beaucoup d'être avec nous également dans l'heure du crime.
09:28Vous êtes journaliste, réalisatrice, spécialiste des sujets police-justice.
09:32Cette affaire, vous la connaissez très bien Clémentine.
09:35Ce qu'on peut dire, on en parlait à l'instant avec Maître Jérôme Crépin,
09:38c'est que le téléphone, c'est le déclencheur, c'est le fil rouge dans cette affaire.
09:43Tout à fait, c'est l'unique fil qui est en possession des enquêteurs à ce moment-là.
09:48Jérôme Crépin a très bien expliqué que ce fil a été tiré très tardivement,
09:53mais heureusement, il a été tiré.
09:55Et en fait, il mène tout droit vers une première personne
10:00qui explique avoir acheté ce téléphone sur une braderie dans la région.
10:07Finalement, les enquêteurs vont retrouver la personne à qui il a acheté ce fameux téléphone.
10:14C'est une voisine de Chantal Croizet qui habite à quelques centaines de mètres de son domicile.
10:21C'est un petit peu comme ça que les enquêteurs arrivent à remonter ce fil.
10:25Cette voisine est de bonne foi.
10:28Elle est placée en garde à vue parce qu'elle fait figure de suspect.
10:34Cette voisine va expliquer que c'est un autre voisin qui lui a donné ce téléphone.
10:40Les enquêteurs avancent.
10:42Ce voisin, c'est Jean-Paul Dancoine, le fameux DJ du quartier.
10:47Quelques mots là-dessus.
10:49Évidemment, on va en parler plus précisément de cet homme et de ce qu'il a pu faire auparavant.
10:53Mais pour l'instant, juste un mot.
10:55Il est bien vu, c'est un DJ de quartier, c'est ça ?
10:58Bien sûr, il est bien vu.
11:00Il a 50 ans.
11:02Il est parfaitement intégré dans ce quartier.
11:04Il a ses petites habitudes.
11:06Il fait partie du comité de quartier.
11:08Il anime d'ailleurs les fêtes du comité.
11:11Également les fêtes d'un club de troisième âge.
11:14J'avais retrouvé des vidéos où on le voyait en train de faire du DJ avec toutes ses petites mamies autour de lui.
11:21Très bien intégré.
11:23Les commerçants, j'étais allée dans cette rue, tous les commerçants le connaissent.
11:28Ils parlent de lui comme quelqu'un de serviable.
11:31Il fait beaucoup de services aux gens du quartier.
11:33Il bricole beaucoup sa voiture.
11:35Parfaitement bien vu, parfaitement intégré.
11:39Ce témoin numéro un, parfaitement bien vu et intégré et sous surveillance, il a déjà tué une femme.
11:46L'affaire Chantal Croizet, musique mortelle pour le DJ.
11:50Dès qu'on lui parle de femme, il se referme, il change de conversation.
11:54L'enquête de l'heure du crime.
11:56On se retrouve dans un instant sur RTL.
12:02Avec Jean-Alphonse Richard.
12:12L'heure du crime consacrée à la disparition et la mort de Chantal Croizet à Amiens à l'été 2013.
12:18Aucune trace de cette femme tranquille.
12:20Un an et demi plus tard, un suspect est en ligne de mire, un DJ local qui connaît cette femme.
12:26Les investigations se rapprochent de cet individu bien connu de la justice.
12:31Les enquêteurs s'intéressent à Jean-Paul D'Ancoine, qui habite à quelques numéros du domicile de Chantal Croizet.
12:37Annick, très bonne amie de la disparue, raconte qu'un voisin disc jockey se rendait souvent chez Chantal.
12:44Elle le décrit comme grand, maigre.
12:47Elle ajoute que cet homme rendait si fréquemment visite à son amie que celle-ci préférait parfois se cacher.
12:53Encore lui, soupirait-elle.
12:56Ce visiteur avait dit à Chantal qu'il voulait lui acheter un bar dans lequel il aurait pu faire de la musique.
13:02Sur une photo présentée par les policiers, Annick reconnaît Jean-Paul D'Ancoine.
13:07Il se fait prénommer Jean-Pierre.
13:09Une jeune femme qui le connaît le présente comme très gentil, très agréable.
13:13C'est un vieux garçon, dit-elle.
13:15Dès qu'on lui parle de femme, il se referme, il change de conversation.
13:19Une autre habitante se souvient avoir parlé avec lui de la disparition de Chantal.
13:24Je l'ai vu paniquer, affirme-t-elle.
13:28Les policiers savent que Jean-Paul D'Ancoine est loin d'être un gentil DJ ou encore le voisin idéal.
13:34Son casier judiciaire est très chargé.
13:36À Arras, le 29 octobre 89, à l'âge de 25 ans, il a sauté sur une femme de son âge,
13:43l'a aspergé de l'acrymogène et l'a violée.
13:46D'Ancoine a été condamnée pour ces faits à huit ans de détention.
13:50Le 9 avril 95, un mois seulement après sa libération, à Mercatel, dans les Hauts-de-France,
13:58il s'en est pris à Marie Chantal Jaillet, 42 ans, mère de trois enfants, il la connaissait.
14:04Elle est passée chez lui, ils se sont disputés, il l'a roué de coups avec une canne à bout métallique.
14:09On a retrouvé son corps une semaine plus tard.
14:13Jean-Paul d'Ancoine a écopé de 25 ans de prison à sortie de 16 ans de sûreté.
14:17Environ 16 mois après sa remise en liberté, le voilà donc suspecté d'avoir enlevé et tué Chantal Croizet.
14:27Mercredi 15 avril 2015, presque deux ans après la disparition de Chantal Croizet,
14:31Jean-Paul d'Ancoine est interpellé chez lui, au numéro 148 de la rue Saint-Achel.
14:37Aussitôt placé en garde à vue, le DJ apparaît stressé
14:41devant les policiers, il répète qu'il a peur de se retrouver en prison.
14:45Il avoue pourtant tout de suite le meurtre de Chantal Croizet.
14:49Elle est dans la poubelle, déclare-t-il.
14:51Les enquêteurs le suivent jusque dans la petite cour.
14:54Ils désignent dans un recoin un conteneur.
14:57Sous une toile cirée, une bâche et un rideau de douche,
15:01un corps de femme nue, putréfiée, squelettilisée.
15:04Apparaît un lien noué autour des chevilles.
15:08Le légiste indique que la mort est intervenue au maximum 5 ans auparavant.
15:14L'os hyoïde situé dans le cou est fracturé, signe d'un étranglement.
15:19Impossible d'indiquer si la malheureuse a été abusée sexuellement.
15:23D'Ancoine explique qu'il ne sait pas pourquoi et quand il a tué cette femme.
15:27Puis il donne des détails.
15:29Il avait une relation purement amicale avec Chantal.
15:32Il n'était pas son amant.
15:34Un matin de l'été 2013, elle est venue prendre un café chez lui vers 8 heures.
15:39Elle lui a demandé de lui prêter de l'argent, 100 euros.
15:42Il a refusé.
15:43Elle a insisté pour qu'il aille prendre sa carte bancaire.
15:46Il serait alors entré dans une crise de rage.
15:49Sur le coup, sans réfléchir, j'ai serré très fort son cou avec mes deux mains face à elle.
15:54J'ai vu qu'elle ne bougeait plus, dit-il.
15:57Il a tiré le corps par les pieds.
15:59Il l'a entreposé dans la cave avant de le déménager dans le conteneur poubelle.
16:03Des ouvriers devaient en effet changer les tuyaux de la cave.
16:08Jean-Paul D'Ancoine, le DJ d'Amiens, a donc tué Chantal Croisé.
16:13C'est tout au moins ce qu'il raconte. Il a avoué.
16:15C'est donc la deuxième femme qui a subi sa violence soudaine et qui est morte.
16:19Deux crimes qui se ressemblent.
16:21On va voir plus précisément dans la suite de l'heure du crime,
16:24pourquoi ces pulsions de mort à connotation sans doute sexuelle,
16:29il ne faut pas se voiler la face, ont incité cet homme à tuer encore une fois à deux reprises.
16:35On est presque deux ans après la disparition de Chantal.
16:40Première question, elle est pour maître Jérôme Crépin, avocat au Barreau d'Amiens,
16:44avocat de la famille de Chantal Croisé.
16:47Je vais vous reposer un petit peu la même question que pour la téléphonie.
16:51On est là deux ans après.
16:53Cet homme a un casier judiciaire long comme le bras.
16:56Et il a déjà tué, il a déjà violé.
16:59On n'a jamais fait le tour de la rue pour savoir quels étaient peut-être les délinquants qui s'y trouvaient ou qui pouvaient y habiter ?
17:06Non, et c'est un échec d'enquête.
17:08C'est un échec d'enquête, d'autant plus que Jean-Paul Dancoigne, il fait l'objet d'une mesure de suivi socio-judiciaire,
17:13laquelle est au demeurant parfaitement respectée, à la virgule près.
17:17Parallèlement, vous le disiez il y a quelques instants, il s'est fait apprécier de tout le monde,
17:21à tel enseigne que certaines mamans qui travaillent lui confient le soin d'aller chercher les enfants à la sortie de l'école.
17:27Et que lorsqu'il y a une animation, un anniversaire ou quoi que ce soit,
17:30entre guillemets, tonton Jean-Paul vient avec ses jeux de lumière et sa musique.
17:34Donc, il y a à la fois une personnalité qui s'est fait apprécier dans ce quartier,
17:38qui est un quartier, je veux dire, très vivant, Damien,
17:40et où les gens travaillent, etc., les enfants vont à l'école.
17:43Il s'est fait apprécier et parallèlement, je crois à ce qu'on disait tout à l'heure,
17:49on ne s'est pas intéressé à lui et en ne s'intéressant pas à lui,
17:53la réalité c'est que peut-être on ne s'est pas intéressé non plus à Chantal Croce.
17:57C'est ça, c'est le plus triste qu'il y a.
17:59Il y a des disparitions, les disparitions enfantines par exemple,
18:02et c'est très bien, on agit immédiatement, je crois que si on pouvait ratisser,
18:06et re-ratisser, et re-ratisser dans les journées qui suivent, on le fait.
18:08Et c'est très bien.
18:09Et c'est très bien, et c'est le but.
18:11Mais il n'y a pas deux types d'enquêtes et pas deux types de procédures.
18:14Et je comprends la famille de Chantal, pour qui ça a été douloureux,
18:18à la fois parce qu'ils n'ont jamais compris pourquoi leur sœur était morte,
18:21mais surtout pourquoi on n'avait pas bougé avant.
18:24Son fils agrafait tous les jours, il mettait un message sur la porte, etc.
18:28La famille de Chantal s'est battue.
18:31Alors que là, une mesure de perquisition, une enquête d'environnement
18:35avec le cas échéant, une mesure de perquisition,
18:37et entre guillemets ratisser le quartier comme on le fait.
18:40Oui, parce que tous ces témoignages, ils arrivent tard.
18:43On sait que malheureusement, dans un premier temps, c'est à la cave,
18:48et puis très rapidement dans la poubelle, parce qu'il y a ce problème du service des eaux.
18:53Ça aurait pu être très rapidement solutionné, et on ne l'a pas fait.
18:57On a le sentiment que cette enquête, si ce n'est la téléphonie,
19:00d'ailleurs on voit dans les procès-verbaux, quand on regarde le dossier,
19:03il n'y a pas grand-chose.
19:05Et c'est, je le dis, là-dessus, un échec d'enquête.
19:08Effectivement, et ces témoignages, notamment les témoignages des amis de Chantal,
19:13sont tardifs. Il ne faut pas se voiler la face.
19:15Là encore, la meilleure amie de Chantal, elle sait plein de choses,
19:18mais on va l'interroger un peu trop tardivement.
19:20Clémentine Biziot, vous êtes avec nous dans l'heure du crime.
19:23Journaliste, réalisatrice, spécialiste de sujet, police, justice.
19:27Et encore une fois, cette affaire, vous la connaissez très très bien.
19:30Alors, il y a quelque chose d'étonnant, c'est que personne n'est au courant
19:34de son passé à cet homme, dans cette rue-là, où tout le monde se connaît.
19:37C'est le gentil DJ, mais on ne va pas plus loin.
19:40Tout à fait. En fait, il faut dire qu'il est dans le quartier,
19:43mais pas depuis si longtemps. Il y a depuis un an, depuis 2012.
19:47Avant, il était à Arras, donc pas juste à côté.
19:51Donc, en fait, il était en prison et une fois libéré de prison
19:56pour le premier crime, il habitait à Arras.
19:59Et ensuite, il est venu à Amiens.
20:01Donc, en fait, dans cette rue de Saint-Achel à Amiens,
20:04personne ne connaît son passé.
20:06Bon, il ne va pas s'en vanter non plus, on peut le comprendre.
20:10Donc, il vit sa vie d'homme tout à fait normal, très intégré, encore une fois.
20:15Et il n'y a vraiment personne qui connaît son passé.
20:18Moi, j'ai rencontré des gens de son entourage,
20:21justement, ses mères célibataires à qui il rendait des services par moment.
20:25Et aucune n'était au courant de quoi que ce soit.
20:28Et d'ailleurs, quand elles ont appris, c'était terrible pour elles,
20:31parce qu'elles s'imaginaient que ça aurait pu être elles.
20:35Et cet homme qui se prénomme, qui dit se prénommer Jean-Pierre,
20:38en fait, c'est Jean-Paul, mais tout le monde se prénomme Jean-Pierre.
20:42Encore une question, Clémentine Biziot,
20:44il a jeté le corps à la poubelle.
20:46Il le dit tout de suite, il n'essaie pas de diverger, de nier, etc.
20:51Il a jeté le corps à la poubelle.
20:53C'est un scénario très glacial qu'il raconte,
20:55même si ce scénario va évoluer, évidemment.
20:58Tout à fait, et il est très froid.
21:00D'ailleurs, quand il raconte aux enquêteurs,
21:02ils font une perquisition avec lui à son domicile.
21:05Il est très froid, glacial, sans aucune empathie pour Chantal Croizet.
21:10Il les emmène tout droit dans cette espèce de cour
21:14qui fait office de jardin,
21:16et il leur montre ce conteneur de 200 litres.
21:19C'est vraiment une dépouille abandonnée,
21:23et une découverte abjecte que font les enquêteurs à ce moment-là.
21:29Un petit mot, Maître Jérôme Crépin,
21:31une vague de colère pour expliquer ce meurtre.
21:33Elle voulait de l'argent, j'ai refusé, elle a insisté,
21:35je me suis énervé, je l'ai étranglé.
21:37Cette version-là, on l'avait déjà eue précédemment,
21:39lors du précédent crime.
21:41Je pense que c'est une explication qui est donnée par D'Ancoine.
21:43Il y a un détail qui est un détail sordide.
21:45A l'intérieur de la poubelle, il y a bien évidemment le cadavre de Chantal Croizet.
21:48Mais Chantal Croizet, il manque un effet vestimentaire essentiel.
21:52Il manque une culotte.
21:53Je pense que la réalité, c'est que D'Ancoine,
21:55il a une relation particulière avec les femmes,
21:57et qu'au moment de s'en expliquer devant les enquêteurs,
21:59et il le fait dans son affaire précédente, dans son crime précédent,
22:01il explique que c'est une histoire d'argent.
22:03Alors c'est vrai qu'il est, et la personne qui le suit
22:06dans le cadre de son suivi socio-judiciaire le dit,
22:08et il est sous mesure de protection,
22:10il a vraiment une relation particulière avec l'argent,
22:13mais aussi une relation particulière avec les femmes.
22:15Deux femmes tuées, et en même déclic,
22:18l'affaire Chantal Croizet est musique mortelle pour le DJ.
22:21J'en avais marre d'elle.
22:23Cette histoire est un incident.
22:25L'enquête de l'heure du crime.
22:27Pourquoi la tranquille voisine a été tuée ?
22:30Quelles paroles ne fallait-il pas prononcer ?
22:33C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
22:46En fait, il s'avère que dans les 20 dernières années de sa vie,
22:49Jean-Paul D'Ancoine, il en a passé 19 derrière les barreaux.
22:53Il y allait pour des faits graves.
22:55Dans un premier temps pour un viol,
22:57et dans un deuxième temps, il est allé devant la cour d'assises
23:00du Pas-de-Calais à Saint-Omer, cette fois-ci pour un meurtre.
23:03Dans les deux cas, les victimes étaient des femmes.
23:06Retour dans l'heure du crime sur le meurtre de Chantal Croizet à Amiens en 2013.
23:10Le corps de cette femme tranquille, 55 ans,
23:13a été découvert deux ans après sa disparition.
23:16Un voisin DJ a avoué le crime, un accès de colère.
23:2018 ans auparavant, il avait tué une première femme de la même façon.
23:24Mercredi 9 septembre 2015, 5 mois après ses aveux,
23:28Jean-Paul D'Ancoine est entendu par le juge d'instruction.
23:31Il raconte que Chantal Croizet, qu'il connaissait depuis quelques mois,
23:34a voulu profiter de lui.
23:36Il explique que la victime se servait parfois dans son portefeuille.
23:40« J'en avais marre d'elle, elle était chiante.
23:43Elle voulait être en couple avec moi pour l'argent, pour le matériel,
23:46car j'ai beaucoup de choses qui valent de l'argent,
23:49mais je n'étais pas intéressé », déclare D'Ancoine.
23:52Il dit lui avoir déjà avancé 400 ou 500 euros,
23:55mais le jour du drame, elle était très exigeante, très énervée.
23:59Tous ceux qui connaissaient Chantal Croizet
24:01s'étonnent de cette description.
24:03La victime vivait de façon modeste, mais elle ne demandait jamais rien.
24:07Annick, l'ami proche, raconte ainsi que Chantal avait du mal
24:10à boucler ses fins de mois,
24:12mais elle ne demandait jamais d'argent à qui que ce soit.
24:16Les enquêteurs ne croient pas au mobile financier.
24:19On voit plutôt un crime sur fond de frustration sexuelle,
24:22l'homme n'ayant jamais eu de vraie relation sentimentale.
24:27Mercredi 20 avril 2016, à Miens,
24:30Jean-Paul D'Ancoine participe à la reconstitution dans la maison du crime.
24:34Le quartier est bouclé.
24:36Les enquêteurs notent des similitudes
24:38entre les deux meurtres commis par Jean-Paul D'Ancoine.
24:40Pour le premier, celui de Marie-Chantal Jaillet,
24:43il avait expliqué que la victime était passée chez lui
24:46pour lui demander des œufs.
24:48Il n'avait pas supporté cette intrusion.
24:50Il avait eu le sentiment que cette personne voulait profiter de lui.
24:54Il l'avait tabassée, il l'avait tuée.
24:57Le corps avait été découvert enveloppé dans des sacs plastiques
25:00sur un chemin de campagne.
25:02Même scénario pour Chantal Croizet.
25:04Pour ce dernier crime, Jean-Paul D'Ancoine qualifie le meurtre d'incident.
25:11Et dans cette heure du crime, on retrouve l'une de nos invités,
25:14c'est Clémentine Biziot, journaliste, réalisatrice,
25:16spécialiste des sujets police-justice.
25:18Clémentine, vous connaissez bien cette affaire.
25:21Il y a ses explications, il y tient Jean-Paul D'Ancoine à ses explications.
25:25Elle voulait de l'argent, je ne pouvais pas lui en donner.
25:28Elle a insisté, je me suis énervé, je l'ai tuée.
25:30Deux reprises, il pense que c'est les deux femmes qu'il a tuées.
25:34Finalement, ces femmes l'exploitaient.
25:37C'est presque de la parano, Clémentine Biziot ?
25:40Tout à fait, surtout que dans l'enquête,
25:43il n'y a rien qui va dans le sens de ces déclarations-là.
25:46Bien au contraire, l'enquête montre que D'Ancoine était insistante avec ces femmes.
25:51Il a beau dire que c'est ces femmes qui insistaient auprès de lui,
25:54mais en fait, on se rend compte à travers l'enquête que c'est l'inverse.
25:57Annick, la voisine, dit que Chantal n'en pouvait plus de D'Ancoine,
26:02qu'il était toujours à frapper à sa porte à vouloir le voir.
26:06Et dans l'autre dossier de Marie Chantal, c'est la même chose.
26:10D'Ancoine, visiblement, était insistante.
26:13C'était une amie de sa sœur, la victime.
26:16Donc, à chaque fois, il retourne la situation.
26:19C'est un moyen utilitaire de défense, mais en tout cas,
26:22ces explications, les enquêteurs ne sont pas dupes et savent que ça ne vaut pas grand-chose.
26:27Mais oui, ils sont tout à fait sceptiques, les enquêteurs.
26:29Maître Jérôme Crépin, avocat au Barreau d'Amiens, avocat de la famille de Chantal Croisé,
26:33vous êtes avec nous dans cette Heure du Crime.
26:35Je vous remercie d'être ici pour cette émission.
26:38On a le sentiment que, certes, peut-être, il refuse de donner de l'argent à ses femmes,
26:44ou même de donner quelques œufs à la première victime, ce qui paraît hallucinant.
26:48Mais en tout cas, dans tous les cas, c'est lui qui décide.
26:51Il le tue. Il n'y a pas d'autre solution.
26:53Il se débarrasse de cette femme, qui peut-être se refuse à lui, en fait.
26:57Ce n'est pas impossible.
26:58On sait, parce que l'un des témoins dira que Chantal Croisé,
27:02quelque temps avant sa disparition,
27:05avait aperçu Danquan et qu'elle était un peu angoissée,
27:07et disait « Encore lui ! »
27:09Parce que finalement, quand on dit que c'est Chantal Croisé qui est venu chez Danquan,
27:12Danquan était de façon régulière chez Chantal Croisé.
27:15Très intrusif, c'est ça ?
27:17Très intrusif.
27:18Son idée à lui, c'était peut-être monter cette idée qu'elle allait parce qu'elle avait eu un bar.
27:22Ce n'est pas impossible.
27:23Elle avait eu un bar.
27:25Lui, c'était sa musique.
27:26Son idée à lui, c'était qu'elle achète un bar et lui, il aurait fait le disque jockey.
27:31C'était une de ses idées.
27:32Ça, c'est la première chose.
27:33La deuxième, c'est qu'on le sait,
27:36parce que c'est son référent du service pénitentiaire d'insertion et de probation,
27:40c'est un personnage paranoïaque
27:42qui possède une relation particulière avec l'argent
27:46et il se sent persécuté dès qu'il s'agit d'argent ou de quoi que ce soit.
27:52Il devient menaçant.
27:54Il devient menaçant et je crois que la réalité des choses, c'est ça,
27:58c'est qu'à la fois son relationnel avec l'argent est compliqué
28:01et son relationnel avec les femmes est encore plus compliqué.
28:05Donc, elle lui a peut-être demandé un œuf tout simplement ce jour-là
28:08parce que ça fait partie du voisinage et il s'est imaginé autre chose.
28:13Ou alors, est-ce que lui, lui n'a pas demandé autre chose ?
28:15Je le rappelle, on trouve le cadavre de cette femme dans cette poubelle
28:20sans sous-vêtements, sans culottes.
28:24Il y a les choses, les choses ont un nom.
28:26Sans culottes.
28:28Et c'est là où on se questionne par rapport à la personnalité de Dancoine.
28:31C'est la troisième femme.
28:33La première fois, c'est un viol et on a deux meurtres.
28:37Clémentine Biziot, juste un petit mot.
28:39Qu'est-ce qu'ils disent les psychiatres ?
28:41Vous avez vu le dossier là-dessus ?
28:43Oui, tout à fait.
28:44Les experts estiment que Jean-Paul Dancoine est tout à fait accessible
28:50à une sanction pénale qui ne présente pas de troubles d'artifices.
28:56Il peut y avoir par moments une altération du discernement.
29:00Mais en tout cas, il est tout à fait accessible à une sanction pénale.
29:04Ce qui est intéressant, c'est qu'il note une dangerosité criminologique importante,
29:09notamment une grande froideur, une complaisance narcissique.
29:14Et surtout, je trouve que le point le plus important,
29:17ce serait quelqu'un qui est totalement intolérant à la frustration.
29:21Ce qui peut expliquer un passage à l'acte.
29:26Un meurtrier récidiviste qui va être jugé.
29:29L'affaire Chantal Croizet, musique mortelle pour le DJ.
29:33Il est la toute puissance. La victime a-t-elle refusé ses avances ?
29:38L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
29:51Au programme aujourd'hui de l'heure du crime,
29:53la meurtre de Chantal Croizet est retrouvée morte et tranglée en 2015,
29:56deux ans après sa disparition à Amiens.
29:59Un de ses voisins, Jean-Paul Dancouane,
30:01un homme qui a déjà tué une femme dans le passé, est jugé.
30:05Lundi 9 octobre 2017, Jean-Paul Dancouane, 53 ans,
30:09longue silhouette maigre et voûtée,
30:11regard absent et devant la cour d'assises de la Somme, à Amiens.
30:15L'accusé fait savoir que Chantal Croizet peut être morte accidentellement.
30:19Au cours de leur dispute, elle se serait cognée la tête sur le sol.
30:22La médecin légiste, appelée à témoigner, conteste cette explication.
30:26On a retrouvé une fracture du larynx.
30:29La strangulation est la première hypothèse des causes de la mort,
30:32affirme la légiste.
30:34Elle indique que la dépouille lui a été présentée
30:36avec une mini-jupe noire à frou-frou qui ne lui appartenait pas.
30:41Le spectre d'une attaque caractère sexuelle ressurgit.
30:45Maître Messaouda Yahyaoui, avocate de l'accusé,
30:49s'interroge et en tient compte.
30:52Il est la toute puissance, dit-elle de son client.
30:55La victime a-t-elle refusé ses avances ?
30:58Générer une frustration à laquelle il est intolérant.
31:01Pas de réponse du client.
31:04L'avocate générale insiste sur la faiblesse mentale de l'accusé.
31:10Il a le QI d'un enfant de 6 ans, dit-elle.
31:13L'avocate générale est formelle. L'argent, je n'y crois pas.
31:16Madame Croizet avait certes des ennuis financiers,
31:19mais c'était une femme simple. Elle ne se plaignait pas.
31:22Mercredi 11 octobre, 3e jour d'audience,
31:25Jean-Paul Dancoine, meurtrier de femme, récidiviste,
31:28est condamné à la perpétuité.
31:30L'avocate générale a tracé le portrait d'un homme incapable de se remettre en question.
31:34La famille a regretté que Dancoine soit sortie de prison avant l'heure.
31:38Après le premier meurtre, il avait été libéré pour bonne conduite.
31:44S'il avait purgé toute sa peine précédente, ma mère serait encore en vie,
31:49avait indiqué le fils de la victime par la voix de l'une de ses avocates,
31:54maître Marion Mangot.
31:56Et on retrouve dans cette heure du crime maître Jérôme Crépin,
31:59avocat à Amiens, avocat de la famille de Chantal Croizet.
32:02Évidemment, maître Crépin, vous êtes au premier rang de ce procès.
32:05Vous défendez les intérêts de la famille de Chantal.
32:08Vous êtes sur le banc de la partie civile.
32:10Déjà, juste un mot, à quoi est-ce qu'il ressemble cet homme ?
32:13Je n'ai vu que des photos, une espèce de grand échalat.
32:16C'est un grand échalat à lunettes qui est très absent du procès.
32:22Jean-Paul Dancoine est complètement absent du procès
32:24parce qu'il est complètement absent de la mort de Chantal Croizet.
32:27Je n'ai pas dit qu'il était innocent, mais il en est absent.
32:30La perquisition, il conduit les enquêteurs vers la poubelle en disant
32:34« c'est là, il n'y a aucune difficulté, ça fait des mois que le cadavre de cette femme est là,
32:38il n'a pas cherché à dissimuler les choses ».
32:40C'est un incident. De toute façon, c'est un incident.
32:43Il y a dans ce procès quelque chose qui n'est pas un incident.
32:46Il s'était plaint pendant l'instruction de ce que son matériel,
32:50ses jeux de lumière et puis une petite charrette qu'on accroche à un véhicule,
32:55une remorque, avaient disparu et avaient été dégradées
32:58parce que les scellés avaient été dégradés.
33:00Alors, j'ai dit, M. Dancoine, la mort de Mme Croizet, c'est quoi pour vous ?
33:04C'est un incident.
33:06C'est l'incident.
33:07Mais la petite charrette et les jeux de lumière, ça c'était un scandale.
33:11Vous vous rendez compte, la justice n'en est pas occupée,
33:14c'est mes jeux de lumière, je ne sais pas où ils sont.
33:16Et là, il va pendant 4 à 5 minutes prendre la parole plus
33:19sur les jeux de lumière et la petite charrette qu'il ne l'a fait pendant son procès.
33:22Je crois que tout est résumé.
33:24Le travail qu'on fait quand on est parti civil,
33:26il ne s'agit pas de devenir avocat général,
33:28il faut aller chercher l'accusé.
33:31Il faut aller créer un dialogue.
33:32Et le dialogue, il est là.
33:33Ce moment-là, c'est un moment clé.
33:35Dans Kwan, ses jeux de lumière, c'est plus important que la vie.
33:38Le masque est tombé ?
33:40Bien sûr, le masque est tombé.
33:42Et il va trépigner, il dit c'est un scandale.
33:44Il accusera la justice pendant l'instruction.
33:46C'est un détail qui m'avait interpellé.
33:48Je m'étais dit, c'est là où on ira le chercher, sa véritable personnalité.
33:51Ses jeux de lumière, sa remorque, c'était le sens de sa vie.
33:56Ce qui recoupait d'ailleurs l'analyse de sa référente
34:00du service d'insertion et de probation pénitentiaire,
34:03qui disait que c'est un homme qui avait une relation particulière
34:06avec l'argent et avec le matériel.
34:08Finalement, Chantal Croisiel est morte.
34:10Mais d'ailleurs, la spontanéité avec laquelle
34:12il conduit les enquêteurs à la perquisition,
34:14ça démontre qu'il n'y a strictement aucune empathie.
34:18Ça a été relevé par les experts.
34:20Il n'en a, je ne crois pas, la capacité psychologique.
34:22Mais la simplicité avec laquelle il conduit vers cette poubelle,
34:26les mois pendant lesquels il est passé à côté de cette poubelle,
34:29démontre qu'il a une ignorance totale de la souffrance humaine.
34:33Chez lui, je crois que c'est une ignorance et une incapacité.
34:37Le matériel de DJ qui vaut plus que la vie d'une femme,
34:40effectivement, c'est ce que vous nous expliquez,
34:42Maître Jérôme Crépin, et ça, c'est frappant.
34:44Ça illustre parfaitement le personnage.
34:46Lors d'un procès, tout peut basculer à cause de quelques phrases comme ça.
34:49Évidemment, il s'est dévoilé, le masque est tombé.
34:51Clémentine Biziot, journaliste, spécialiste de sujet Justice Police,
34:55vous avez beaucoup enquêté sur cette affaire.
34:58On voit qu'à travers ce procès, le mobile peut être sexuel.
35:02C'est une frustration.
35:03C'est quelqu'un qui n'avait pas beaucoup de relations privées, intimes avec les femmes.
35:09Les témoins que vous avez rencontrés à l'époque, et notamment des femmes,
35:13elles décrivent quelqu'un qui est un peu insistant, un peu dragueur, un peu intrusif ?
35:19Oui, j'ai eu des témoignages dans ce sens-là.
35:23Notamment une femme qui l'aidait à Amiens, qui était mère célibataire,
35:27qui m'expliquait qu'il venait régulièrement chez elle, parfois de manière inopinée,
35:33qu'il pouvait la regarder pendant de longues minutes en train de faire la vaisselle,
35:39de manière très insistante.
35:42Elle souligne ce côté.
35:45Parfois, quand elle questionnait Jean-Paul d'Ancoine sur sa vie affective,
35:50tout de suite, il semblait très embêté, ne donnait jamais de réponse.
35:57Il y a certaines femmes qui sont parfois aussi senties en danger.
36:02J'ai le souvenir d'avoir rencontré Amiens.
36:04C'était vraiment quand Jean-Paul d'Ancoine était jeune, jeune adulte.
36:09Il vivait à côté d'un terrain de tennis à Arras.
36:14Il a essayé d'agresser une femme.
36:21Finalement, l'affaire n'est pas allée plus loin.
36:25Cette femme n'a jamais porté plainte,
36:28mais elle m'avait raconté qu'elle avait le souvenir de ce visage de Jean-Paul d'Ancoine
36:32se transformer à un moment donné, encore suite à un refus.
36:38Il n'a pas obtenu ce qu'il voulait à ce moment-là.
36:41Il se serait transformé.
36:43Jean-Paul d'Ancoine retrouve la prison où il avait déjà passé 23 ans de sa vie.
36:49L'affaire Chantal Croizet, musique mortelle pour le DJ.
36:52Sans le savoir, j'étais à deux pas de la maison du tueur.
36:55L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
37:08Dans l'heure du crime, aujourd'hui, la disparition et la mort de Chantal Croizet,
37:11une femme tranquille de 55 ans à Amiens en 2013,
37:16victime d'un meurtrier récidiviste, le DJ Jean-Paul d'Ancoine,
37:20que tout le monde trouvait pourtant très gentil et prévenant.
37:23Il a écopé de la perpétuité à Amiens, plus de traces de son passage.
37:29Lundi 8 janvier 2024, la maison de Jean-Paul d'Ancoine au numéro 148 de la rue Saint-Acheul à Amiens
37:35est rasée par les bulldozers.
37:37La municipalité avait ordonné la destruction de cette demeure
37:41où Chantal Croizet avait été étranglé et jeté dans une poubelle.
37:45Un espace vert remplacera l'habitation.
37:49Jonathan Brunet, le fils de Chantal Croizet, avait longtemps cherché sa mère après la disparition.
37:54J'allais dans les chemins aux alentours, au bord de la Somme, dans les parcs.
37:59J'avais même été voir en bas de la rue Saint-Acheul,
38:02dans un petit chemin, sans le savoir.
38:05J'étais à deux pas de la maison du tueur, témoignait-il dans le courrier Picard.
38:11Quand vous le repoussez, il n'arrive plus à se retenir, il est incontrôlable.
38:15Il crie, il bave, comme quelqu'un qui est en furie.
38:19J'ai refusé de parler avec lui.
38:21De là, son geste a été de lancer le couteau dans ma direction.
38:26Une amie de Jean-Paul d'Ancoine,
38:29c'était dans un épisode d'enquête criminelle diffusé sur W9 en 2020.
38:34Maître Jérôme Crépin, vous êtes avec nous depuis le début de cette émission,
38:37avocat à Amiens, vous êtes l'avocat de la famille de Chantal Croizet.
38:41Je le disais, la maison a disparu, la maison a été détruite, c'était devenu une ruine.
38:45Une espèce de squat, d'ailleurs, qui était ouvert aux quatre vents.
38:49La maison a disparu, mais pour la famille, on revient de loin,
38:54parce qu'on a attendu longtemps avant que cette enquête soit déclenchée.
38:57Et puis, on a toujours, évidemment, dans la tête,
39:00on n'a pas totalement fait le deuil de cette femme.
39:03Je crois qu'objectivement, ce n'est pas possible.
39:06Objectivement, ce n'est pas possible, parce que ce soit pour son fils,
39:10ou pour ses frères et soeurs, et puis pour son père,
39:12qui était encore vivant au moment où l'instruction était ouverte.
39:15Il y a une incompréhension totale.
39:18Chantal Croizet, elle ne faisait de mal à personne.
39:22Et Ancoine a fait du mal à beaucoup de monde.
39:25Il y a eu de l'incompréhension.
39:27Puis je crois que l'incompréhension, ça a été aussi de se dire que
39:30il y a des disparitions qui sont plus importantes que d'autres.
39:34Et ça, ce n'est pas tolérable.
39:36Et on ne peut pas, quel que soit l'être humain qui disparaît,
39:39on ne peut pas avoir deux façons d'aborder des recherches,
39:43d'aborder une enquête.
39:45Effectivement, Chantal a été laissée un petit peu de côté, un petit peu oubliée.
39:49Elle a été laissée un petit peu de côté,
39:50puis on a un peu l'impression que la symbolique d'avoir rasé cette maison,
39:53finalement, c'est qu'il faut en terminer avec cette histoire.
39:57Et la famille Croizet n'en terminera jamais avec sa douleur.
40:00Clémentine Biziot, vous êtes avec nous également,
40:03invitée de l'Ordre du crime, journaliste, réalisatrice, spécialiste de sujets police-justice.
40:08Et encore une fois, vous nous accompagnez depuis le début de cette émission
40:11pour nous aider à mieux comprendre cette histoire.
40:13Clémentine, un mot sur la méthode d'Ancoine, je vais dire comme ça.
40:19C'est un tueur de femmes.
40:21C'est un tueur de femmes et il a toujours agi de la même façon.
40:24Est-ce qu'on peut le décrypter assez facilement, finalement ?
40:27Oui, il y a un mode opératoire qui transparaît quand on lit les différents dossiers.
40:34Donc, c'est à chaque fois des femmes, des femmes seules, des mères célibataires
40:40qui sont souvent dans des positions de vulnérabilité,
40:44qui ont peu de moyens et qui sont assez fragiles psychologiquement au moment du crime.
40:51Donc ça, c'est pour le profil des victimes.
40:53Et après, sur le mode opératoire, je parlerai surtout des deux meurtres.
40:58Les modes opératoires, c'est les mêmes.
41:01C'est-à-dire que les autopsies, à chaque fois, ont révélé que la mort a été consécutive à une strangulation.
41:08Il y a aussi des marques de violence.
41:10Et dans les deux cas, les victimes sont dénudées.
41:12On peut s'interroger encore une fois sur le caractère sexuel de ces meurtres,
41:18puisque les victimes se sont retrouvées toutes les deux dénudées en position fétale et abandonnées.
41:25La première, Marie Chantal, a été abandonnée sur un chemin dénudé comme un détritus.
41:34Et Chantal a été abandonnée dans une poubelle.
41:37Donc, il y a vraiment des points saillants entre les deux crimes.
41:40Oui, on tue et on se débarrasse effectivement de la victime, d'ailleurs sans se retourner et sans avoir un mot pour elle.
41:47Maître Jérôme Crépin, je termine cette émission avec vous.
41:51Est-ce que vous avez aujourd'hui la vérité sur cet homme ?
41:54Est-ce que vous savez ce qui lui est passé par la tête et pourquoi il tue Jean-Paul Dancouane ?
41:59On n'aura jamais la vérité sur Jean-Paul Dancouane, parce que Jean-Paul Dancouane n'a pas la vérité sur lui-même.
42:03Je pense que c'est quelqu'un qui a un profond trouble psychologique
42:07et qui relève d'un suivi, si ce n'est permanent en tout cas, d'un suivi intensif
42:12et qui doit faire l'objet d'une... Je veux dire, la société doit être protégée
42:17et lui doit être protégé aussi de sa propre dangerosité.
42:20C'est une problématique.
42:21Vous ne pouvez pas contrarier... Vous ne pouvez pas contrarier Dancouane.
42:27Il ne faut pas gonfler Dancouane quand il répare sa mobilette.
42:30C'est la réalité des choses. Il ne faut pas le contrarier de quoi que ce soit.
42:34On voit ça souvent sur les tueurs en série. Il y a cette espèce de déclic et de folie qui s'emparent.
42:39Tout peut devenir frustration dès lors que vous n'êtes pas d'accord avec lui.
42:44C'est le plus gentil des hommes s'il s'agit simplement de lui parler de musique,
42:48s'il s'agit de l'aider à ranger ses lumières et ses jeux de spot.
42:52Mais à partir du moment où vous portez atteinte à son monde fermé,
42:58vous êtes de toute façon... Il y a une paranoïa.
43:00C'est un très grand paranoïaque.
43:03Je pense que c'est quelqu'un qui a à l'égard des femmes notamment une relation extrêmement complexe.
43:08Et voilà une pensée évidemment pour la famille de Chantal Croizet.
43:12Merci beaucoup Maître Jérôme Crépin et Clémentine Biziot d'avoir été les invités de l'Ordre du Cri.
43:17Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignot,
43:20préparation Marie Beaussard, Lisa Canalès, réalisation en direct Jonathan Griveaux.