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La démocratie française dans la tourmente : le Grand entretien revient sur cette semaine où la démocratie et l'état de droit ont été critiqués, où l'on a opposé la souveraineté des électeurs et l'autorité de la chose jugée.

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00:00Et la démocratie française dans la tourmente dans le Grand Entretien ce matin avec Marion
00:05Lourdes.
00:06On va revenir sur cette semaine où la démocratie, l'état de droit ont été critiqués, où
00:11l'on a opposé la souveraineté des électeurs et l'autorité de la chose jugée et à la
00:17veille d'un rassemblement en soutien à Marine Le Pen après sa condamnation en première
00:22instance.
00:23On va imaginer la suite également.
00:25Question, réaction chers auditeurs au 01 45 24 7000 ou sur l'application Radio France
00:32et deux invités avec nous en studio que je remercie d'avoir accepté de nous rejoindre.
00:37Blanche Léridon, Jean-Louis Bourlange, bonjour.
00:39Bonjour.
00:40Bonjour.
00:41Blanche Léridon, vous êtes directrice éditoriale de l'Institut Montaigne, spécialiste des
00:44questions démocratiques et institutionnelles.
00:47Jean-Louis Bourlange, ancien député européen, président modem de la commission des affaires
00:52étrangères de l'Assemblée Nationale entre 2021 et 2024, à savoir la dissolution qui
00:58est encore dans nos têtes.
00:59Même question à tous les deux pour commencer, un mot pour qualifier le moment politique
01:05que nous traversons.
01:06Blanche Léridon.
01:07Oh, bascule d'une certaine manière et peut-être confusion aussi, on y reviendra.
01:12Vous avez dit la démocratie étant tourmente.
01:14Chacun défend en réalité, prétend défendre en tout cas la démocratie et demain ce seront
01:19je crois deux ou trois visions de la démocratie qui vont s'affronter et je crois qu'il serait
01:24très utile, vertueux et salutaire de redonner un petit peu un socle définitoire commun
01:30dans le pays et notamment en amont de l'élection de 2027.
01:33Et c'est ce qu'on va essayer de faire ce matin.
01:34Même question Jean-Louis Bourlange.
01:35Oui, c'est un moment exceptionnel, exceptionnel, exceptionnel qui indique, je crois que le
01:40mot de bascule qui a été employé par Blanche est tout à fait juste et simplement c'est
01:46un coup supplémentaire porté à un équilibre institutionnel qui est à la fois très fragile
01:53et dont on ne voit pas par quoi il pourrait être remplacé.
01:55Pourquoi vous dites exceptionnel Jean-Louis Bourlange ?
01:58Parce que ça ne s'est jamais produit.
02:00Il y a 27 ans, Jean-Marie Le Pen avait été condamné à une peine d'inéligibilité et
02:04il était allé, lui aussi l'a contesté dans la rue en disant « j'ai la légitimité
02:07des millions de personnes qui ont voté pour moi ». Donc il y a une sorte de redite quand même.
02:11Là, vous avez tout à fait raison, l'exception ce n'est pas qu'il y ait une peine d'inéligibilité
02:16qui ait été prononcée, c'est deux choses.
02:19C'est d'une part l'exécution provisoire qui a été ressentie très très très difficilement
02:26par un certain nombre de gens et là, même si la majorité de l'opinion le retient,
02:32le trouble a été ressenti également par le président de l'accord d'appel parce que
02:36sinon il n'aurait pas pris cette décision exceptionnelle et à mon avis très salutaire
02:40de faire procéder à l'appel avant l'élection présidentielle et puis surtout, ce qu'il
02:45y a d'exceptionnel, c'est qu'au moment où on prive, on sort de la campagne la candidate
02:54favorite et donc c'est d'une certaine façon quelque chose qui porte directement atteinte
02:59à tort ou à raison, je ne me prononce pas à ce stade, mais qui porte directement atteinte
03:03au pouvoir des électeurs.
03:06Vous n'avez pas le droit de vous prononcer sur cette gamme.
03:09Jean-Louis Bourlange, je m'arrête juste sur un mot important puisque vous avez formulé
03:12votre point de vue sur l'exécution provisoire, mais la favorite de l'élection présidentielle
03:18deux ans avant cette élection, parlant d'une personne qui a perdu trois fois devant le
03:23suffrage universel, c'est quand même assez curieux, vous qui êtes habitué à la rigueur
03:29Jean-Louis Bourlange.
03:30Qu'est-ce qui est curieux ? De dire qu'elle est favorite deux ans avant, ça ne veut absolument
03:33rien dire, il n'y a eu que des surprises dans les cinq ou dix dernières élections
03:37présidentielles.
03:38Je crois qu'il y a très peu de candidats qui ont 35% d'intention de vote à deux ans
03:46d'une élection, mais je ne comprends pas très bien la portée de votre objection.
03:52C'est-à-dire que c'est comme si on privait les Français ou qu'on pourrait priver les
03:56Français d'une candidature légitime.
03:59Il y a des Français qui aujourd'hui estiment qu'ils ont le droit de voter pour Mme Le Pen
04:05et on leur dit, c'est quand même très simple, les juges leur disent c'est à nous juges
04:09de décider si vous électeurs, vous avez le droit ou pas de vous prononcer.
04:14C'est un élément, on peut discuter de ça, c'est un élément tout à fait nouveau, tout
04:19à fait fondamental.
04:20La justice n'a pas motivé sa décision en déclarant qu'elle souhaitait mettre Marine
04:27Le Pen à l'écart.
04:28Il faut faire attention dans les corrélations, c'est-à-dire qu'elle n'est pas, on la sort
04:33du jeu politique, elle est condamnée, il y a une peine d'inéligibilité qui est prononcée
04:38avec exécution provisoire, mais il n'y a pas d'intention manifeste d'écarter une
04:43candidate à une élection présidentielle.
04:44C'est ce qu'a dit la présidente des tribunaux.
04:47À cause du risque de récidive, du fait notamment de la manière dont le parti s'est défendu
04:54et de son incapacité à reconnaître effectivement qu'il y avait eu une erreur et de continuer
04:59à qualifier de désaccord administratif avec le Parlement européen, ce qui quand même
05:03est, rappelons-le, plus de 4 millions d'euros de détournement de fonds publics sur plus
05:08d'une décennie, avec un système organisé et piloté en partie par l'organisation nationale.
05:14Il n'y a pas une volonté manifeste par cette décision d'écarter, il y a juste l'application
05:19par des juges de la loi.
05:20Je suis tout à fait d'accord, on peut interroger la proportionnalité de cette condamnation,
05:27on a le droit de le faire et chacun a ses raisons et les a formulées je crois très
05:31librement dans le débat ces derniers jours.
05:34Mais il n'y a pas d'intention manifeste d'écarter une candidate à l'élection présidentielle
05:39mais d'appliquer la loi.
05:40Je crois deux choses, je voudrais quand même répondre sur ce point, je ne veux pas justifier
05:44ou pas justifier, je comprends très bien les justifications et mon souci était simplement
05:49de répondre à votre question, de dire c'est exceptionnel.
05:52En revanche, je crois qu'on ne peut pas nier que dans la présentation des choses par la
05:58juge, il y a eu effectivement l'intention très claire d'empêcher Madame Le Pen de
06:02se présenter à l'élection présidentielle en raison d'un prétendu ou d'un justifié
06:08atteint d'une justice atteinte à l'ordre public.
06:11Donc là, l'intention de l'écarter de l'élection présidentielle a été assumée.
06:16Jean-Louis Bourlange, vous êtes issu du même parti que notre Premier ministre actuel,
06:21François Bayrou, et vous avez utilisé le même mot que lui, le mot de « trouble » tout
06:26à l'heure.
06:27Est-ce que ça ne vous trouble pas qu'un Premier ministre vienne, lui aussi, porter
06:33un doute sur une décision de justice comme l'a fait le Premier ministre cette semaine ?
06:37Je ne sais pas si c'est un doute sur la décision elle-même.
06:46Ce que je constate, Jean-Claude Casanova le disait à l'instant, d'ailleurs, sur
06:51Radio Classique, il y a quelques minutes, il disait qu'il y a eu à la fois un trouble
06:57du Conseil constitutionnel, il y a eu un trouble du président de la Cour d'appel, tous ont
07:05senti qu'il y avait quelque chose qui ne collait pas.
07:08Ce quelque chose qui ne collait pas, je l'ai dit à mes yeux, et là je suis moi-même
07:13troublé, c'était le caractère, la remise en cause du double niveau de juridiction,
07:19qui est un principe absolument fondamental, avec en conséquence de cette mise en cause
07:27une conséquence absolument massive qui est la modification du jeu présidentiel.
07:34Mais je trouve, je ne mets pas du tout en cause la décision de justice, elle est tout
07:38à fait conforme à la loi Sapin, le trouble du Premier ministre, et là il a peut-être
07:43été maladroit de dire que c'était un trouble de citoyens, c'est qu'il est sans doute
07:46assez pas d'accord avec la loi Sapin.
07:49Mais les juges sont tenus d'appliquer la loi Sapin, donc on ne peut pas leur faire
07:54ce grief.
07:55Et une loi donc décidée, écrite et votée par les parlementaires ?
08:00Et à la demande de Madame Le Pen, puisqu'elle avait surenchéri sur le thème que l'inévitabilité
08:05à vie.
08:06Elle a rosé au ras rosé à l'état pur.
08:08Si Le Pen est candidate et finalement battue, elle dira que c'est à cause de la condamnation
08:12qu'elle a subie.
08:13Si Le Pen ne peut pas être candidate, elle dira que l'élection est volée.
08:17Et si Le Pen est élue alors qu'elle a été condamnée à 4 ans de prison dans deux fermes
08:22pour un président élu, c'est un « achèvement démocratique ». Ça c'est l'équation
08:27impossible que formulait Jérôme Jaffray à ce micro sur France Inter.
08:32Vous partagez le constat Blanche-Leridon ?
08:33En quelque sorte oui.
08:34Moi ce que je trouve le grand paradoxe de cette décision de justice et du moment qu'on
08:38vit en ce moment, c'est qu'à la fois il ralentit la course à l'élection présidentielle
08:43de 2027 et aussi il l'accélère.
08:44Pourquoi est-ce qu'il le ralentit ? Parce qu'effectivement il y avait une forme de boulevard
08:52pour le Rassemblement National jusqu'à 2027.
08:55On voyait qu'à élection après élection, les scores du Rassemblement National progressaient,
08:59on l'a encore vu bien sûr, aux européennes et aux législatives.
09:02Alors je ne dis pas que la victoire était acquise, mais en tout cas il y avait des éléments…
09:08Non, d'autant qu'il y a toujours eu des surprises.
09:09Regardez par exemple François Fillon qui était élu, Dominique Strauss-Kahn qui était
09:13élu, c'est quand même facile de voir que les hommes présidentiels se sont ralentis
09:18l'un et l'autre.
09:19Le chemin était relativement confortable.
09:20L'un et l'autre.
09:21Et donc là il y a effectivement un ralentissement puisque ce chemin est désormais semé d'embûches
09:26et plus étroits.
09:27Et en même temps il y a une accélération.
09:29Là, qu'est-ce qui va se passer dimanche ? Demain, c'est en quelque sorte la préfiguration
09:34d'une campagne présidentielle puisque chacun va profiter un petit peu du momentum pour
09:40redéfinir un petit peu sa position politique dans le paysage d'aujourd'hui et là on
09:44commence, on ne parle plus que de 2027, là où il y avait il y a quelques jours encore
09:50une préoccupation plutôt portée sur les élections municipales de 2026 et la préparation
09:56à ce moment électorale important aussi pour nos villes.
10:00Donc oui, il y a ce risque aussi immense dont je disais accélération, ralentissement et
10:04aussi risque que toute la campagne pour 2027 soit, pardon du mot, mais un petit peu polluée
10:09par cette affaire-là et qu'on ramène constamment tous les débats à la décision de justice
10:14et aux décisions qui s'en suivront alors même qu'on est à un moment, je crois, où
10:18on a besoin d'une campagne sur le fond et que ces débats-là, aussi passionnants soient-ils
10:22sur l'état de droit, sur la démocratie, ils ne vont pas nous permettre demain de résoudre
10:26le problème de l'hôpital, de résoudre le problème de l'école, de réduire notre
10:29dette publique ou les problèmes géopolitiques donc je crois qu'il faut qu'on soit vigilant
10:34aussi sur la façon dont cette décision va impacter toute la campagne jusqu'à l'élection
10:38de 2027.
10:39Jean-Louis Brelanche, sur ce projet justement.
10:40Je m'interroge sur l'ampleur de l'impact que ça aura d'ici deux ans, là nous sommes
10:46effectivement sur le coup de cette décision mais prenons l'hypothèse que Mme Le Pen
10:51soit interdite de se présenter, M. Bardella sera vraisemblablement le candidat sauf s'il
10:58y a des convulsions au sein de l'opinion, c'est pas facile et on voit bien que la tension
11:03est forte à mon avis et derrière tout ça, l'idée de savoir si le Rassemblement national
11:07reste la propriété d'une famille ou pas.
11:09Et puis un dauphin ça s'échoue comme on pouvait le dire dans le journal Le Monde.
11:14Ce que je veux dire par rapport aux enjeux, je crois que la présidentielle, l'élection,
11:20la compétition présidentielle crée en elle-même sa légitimité et elle créera pour M. Bardella
11:27si il est candidat, sa propre légitimité parce que les Français sont confrontés à
11:32ce choix, ils auront le choix entre M. Bardella, M. Mélenchon, M. Philippe ou M. Attal, ils
11:38auront le choix et ce choix-là, ils vont l'assumer parce que ce sera le leur et je
11:43pense qu'effectivement, il n'y aura pas un sentiment de vide absolu, d'autant que
11:49la personnalité de Mme Le Pen, ce n'est pas le général de Gaulle Mme Le Pen, elle
11:53est là, bon, mais les Français qui votent pour le Rassemblement national étaient aussi
11:59assez sensibles à M. Bardella et donc je pense que la compétition ne sera pas empêchée
12:04en tant que telle et le fait que la compétition existera créera de la légitimité.
12:09Elle ne sera pas empêchée, mais par contre, il est assez certain que même si c'est Jordan
12:12Bardella qui devait être le fameux plan B, il évoquera en permanence cet élément-là
12:20pour peut-être nourrir un discours.
12:21Mais sans faire de politique fiction, est-ce que le Rassemblement national est en train
12:28de redevenir un parti anti-système ?
12:30Alors, n'allons pas trop rapidement, je vois qu'il y a certaines analogies, notamment
12:35avec Trump, etc.
12:36Là, demain, on n'appelle pas à faire un 6 janvier 2021.
12:39Mais pourquoi nous on la fasse l'analogie ? Parce que Donald Trump dit « Libérez Marine
12:43Le Pen ».
12:44Bien sûr, bien sûr.
12:45Sur le point très précis de la dénonciation d'une tyrannie, voire d'une dictature des
12:49juges, oui, là, il y a des analogies qui sont tout à fait recevables.
12:54Et oui, là, moi qui enseigne le discours politique, là, je revois apparaître un certain
13:00nombre d'éléments de la rhétorique de l'ancien Front national sur cette dénonciation
13:04du système, des juges rouges, de l'ensemble, de cette vendetta qui est évoquée par les
13:12uns et par les autres.
13:13Donc là, on retrouve à la fois de l'euphémisation, on euphémise totalement les faits qui leur
13:17sont reprochés, et puis une certaine forme d'outrante et de radicalité dans le discours.
13:22Et on va effectivement, mais ce qui peut être bénéfique d'une certaine manière, certains
13:25des électeurs du Rassemblement national, peut-être reprocher au parti d'avoir un
13:30peu, d'être devenu un parti trop mainstream.
13:32Là, désormais, on va peut-être renouer avec cette rhétorique anti-système et à
13:36voir si ce sera bénéfique d'un point de vue électoral.
13:39Alors, question que je voulais vous poser à tous les deux, Blanche-Leraydon peut-être
13:42pour commencer.
13:43L'exécution provisoire, l'exécution immédiate, le Premier ministre a ouvert la porte à une
13:47éventuelle loi.
13:48Éric Ciotti, qui est proche du Front du Rassemblement national, dit qu'il va en déposer une.
13:54Est-ce que c'est le moment de voter sur ce genre de sujet ?
13:57Je trouve que le signal que ça envoie à l'opinion publique est assez désastreux.
14:01C'est-à-dire qu'on considère que parce qu'une décision de justice ne nous satisfait
14:05pas, on va légiférer.
14:06Pour moi, ça rentre dans le cadre de la loi un peu sur mesure, d'une espèce de justice
14:10de casse.
14:11Et je pense, évidemment, le débat parlementaire sur ce sujet, il est légitime et d'ailleurs
14:15il a eu lieu, puisqu'il y a des lois qui ont été votées là-dessus.
14:18Mais cette simultanéité de la décision de justice et du dépôt d'une proposition
14:22de loi par un allié de la principale concernée, ça me semble, en plus de ça, comme vous
14:28l'avez très justement rappelé en introduction, dans un contexte où les Français, quelque
14:31soit les sondages, sont majoritairement favorables, trouvent que la décision est justifiée et
14:36sont pour, je voyais le sondage Nord-Ouest France hier, 64% des Français sont favorables
14:40à l'exécution provisoire.
14:41Je trouve que le geste envoyé à l'opinion publique, il est désastreux.
14:45Jean-Louis Bourlange.
14:46Oui, si vous permettez, vous avez enchaîné sur une autre question avant de ne plus m'exprimer
14:50sur la première.
14:51Donc je vais les traiter l'une après l'autre.
14:55Je risquerais une hypothèse, mais vraiment en tant qu'observateur, je dirais, sur la
15:02question anti-système ou banalisation.
15:05Je pense qu'il y a un lien entre la nature, la façon dont le RN va choisir son candidat.
15:11Si le RN se crispe sur la défense à tout prix de la candidature de Marine Le Pen, candidature
15:19qui a quand même peu de chances d'être autorisée, parce que je crois qu'il est peu probable,
15:23que ce ne soit pas impossible, que les juges en appel contredisent les juges en première instance,
15:29ça sera une attaque, ça sera un enfermement du RN sur une stratégie anti-système.
15:38En revanche, s'ils font le choix de dire, on est un grand parti, on a un candidat qui
15:46est M. Bardella, je pense que ce sera là un choix de normalisation et de banalisation.
15:52Il y a les questions des auditeurs d'Inter justement, alors on aimerait avoir votre expertise
15:57à tous les deux, mais Sylvain vous demande, puisque Marine Le Pen a été condamnée à
16:00une inéligibilité avec exécution provisoire, donc immédiate, pourquoi siège-t-elle toujours
16:06à l'Assemblée Nationale ? Et ensuite on avancera.
16:09Parce que c'est juridique, elle n'a pas le droit de se représenter, mais sinon il est considéré
16:19que le juge interviendrait sur la composition actuelle de l'Assemblée Nationale et que
16:23ce serait contraire à la séparation des pouvoirs.
16:25Sur la seconde question que vous avez posée, si je puis me permettre, je pense que moi
16:32je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a dit Blanche, à savoir que c'est très très
16:37mauvais de lier les deux choses, simplement j'observe que la loi Sapin est une loi qui
16:44a été produite dans les mêmes conditions, et d'ailleurs de façon extravagante, puisque
16:49Cahuzac s'est livré à des choses absolument inadmissibles, à commencer par le parjure,
16:54mais ce qu'il s'est passé c'est que ce qu'on lui reprochait n'était pas lié à son mandat,
16:59puisqu'il avait simplement, si je puis dire, de l'argent, l'argent qu'il avait gagné
17:03à gauche pour faire de la fraude fiscale en l'envoyant en Suisse, il s'est comporté
17:08comme un délinquant ordinaire de droit commun, on a pris cette affaire-là, on a dit c'est
17:13des hommes politiques qu'il faut frapper, et sans doute, sur cette exécution provisoire,
17:20la loi est-elle allée un peu trop loin ? Mais effectivement, c'est pas très simple de
17:23voir M.
17:24Chaty qui propose...
17:25Et puis la logique était totalement inverse, c'est-à-dire que là, effectivement on répondait
17:30à l'affaire Cahuzac, mais on y répondait de façon positive, c'est-à-dire qu'on répondait
17:34aussi à une demande des conséquences de davantage de moralisation et d'exemplarité
17:39de leurs élus, donc on allait dans le sens d'un encadrement qui permettait davantage
17:43de probité des élus de la nation, et on sait à quel point la défiance politique
17:47est importante dans notre pays, et donc il fallait réparer, ça participait de ça,
17:51et donc là, c'est la logique interne, inverse, pardon.
17:54Parlons de demain, puisqu'il y a donc la manifestation des sympathisants et des proches
17:59de Marine Le Pen qui doivent se retrouver près des Invalides à Paris, puis il y a
18:03un autre rassemblement qui, lui, est à l'appel de la France Insoumise et des écologistes
18:08contre l'extrême droite, le Parti Socialiste n'y participera pas, quel est finalement
18:14le message que renvoient ces deux manifestations, et particulièrement trois, il y a un rallye
18:20aussi, nous avons trois manifestations, ça correspond parfaitement à l'ordre tripolaire
18:25de la politique française.
18:26Donc rien de nouveau sous le soleil Jean-Louis Borlange, sous le soleil de Macron.
18:29Non, et par contre, ce qui est nouveau, c'est ce que je disais au début, c'est-à-dire
18:33que si vous lisez les tracts et la communication de chacun de ces trois groupes, qu'est-ce
18:38qu'ils veulent ? Ils veulent sauver la démocratie et la République.
18:41Et donc c'est là où il y a un petit problème, c'est-à-dire qu'on n'a plus ce terreau
18:44commun et cette compréhension commune de notions qui devraient pourtant nous permettre
18:50de…
18:51Parce qu'on peut critiquer l'état de droit, on a le droit de critiquer une loi,
18:53mais on a le sentiment aujourd'hui, c'est vrai, on ne partage plus la même conception
18:59de ce que doit être la République et la vie démocratique Jean-Louis Borlange.
19:03Il y a une mise en cause assez profonde, mais vous savez, il se passe des choses tout à
19:08fait extraordinaires sur le plan général.
19:10Moi, je crois que nous vivons, il faut aussi lier ça à ce qui se passe aux États-Unis,
19:15il faut lier ça à la situation internationale.
19:18On voit bien que pour la première fois depuis 80 ans, les fondements de ce qui a été la
19:24reconstruction d'une civilisation humaine au lendemain des deux guerres mondiales est
19:30mise en cause.
19:31Ah, pour vous, il faut remonter à 45 ?
19:32Écoutez, oui, regardez ce qui est en cause, ce sont les partis démocratiques, il suffit
19:40de voir ce que Monsieur Musk suggère, ou Monsieur Vance, les partis qu'ils soutiennent
19:45en Europe, ils remettent en cause vraiment le pacte européen, qui a toujours été soutenu
19:51par l'ensemble des puissances occidentales, une gestion régulière et civilisée et arbitrée
20:00par le droit du libre-échange, tout ça est tout à coup brutalement mis en cause.
20:05Je crois d'ailleurs que c'est une cause d'affaiblissement pour et Monsieur Mélenchon, et pour Madame
20:12Le Pen, parce qu'on voit bien ce que ça coûte, si vous voulez, quand on est soutenu comme
20:17Madame Le Pen par Monsieur Bolsonaro, Monsieur Poutine, Monsieur Trump, Monsieur Orban, on
20:23se dit, que va-t-elle faire de tous ses amis, mon Dieu ? Est-ce que ça va être vraiment
20:28?
20:29Je pense que ce sont des soutiens un petit peu encombrants et qu'il s'en serait bien
20:31passé, et je crois que surtout l'enjeu pour demain, c'est aussi que le 6 avril 2025
20:37ne devienne pas un 6 janvier 2021 français, évidemment, je pense que ça, personne n'y
20:42a intérêt.
20:43Est-ce qu'ils vont marcher sur le Capitole ?
20:44Non, et vraiment, ce n'est pas ce à quoi appelle le Rassemblement National, c'est là
20:48aussi où il faut être très prudent dans les analogies, là où Trump a appelé explicitement
20:52à le faire.
20:53Donc oui, on va voir ce qui va ressortir de la mobilisation demain, avec une interrogation
20:58quand même sur la mobilisation Place Vauban, on sait que le Rassemblement National n'est
21:02pas un parti parisien, je crois que c'était un peu plus de 5% au premier tour de la présidentielle
21:07de 2022 pour Marine Le Pen, donc ils vont avoir ce gros enjeu à la fois de la mobilisation,
21:12du message qu'ils vont réussir à véhiculer et puis surtout d'éviter les débordements
21:16et je crois que tout le monde le souhaite.
21:17Juste, vous disiez pas de danger, Jean-Louis Bolland ?
21:19Pardon ?
21:20Pas de danger demain ?
21:21Ah non, ça je crois qu'il n'y a pas de danger demain, ça, véritablement, nous avons assez
21:27de problèmes comme ça.
21:28Vous aurez le dernier mot, la parole du sage.
21:30Merci Jean-Louis Bolland et merci Blanche Caridon d'avoir été les invités d'Inter.

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