• avant-hier
Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Sandrine Gruda, ancienne joueuse de l'équipe de France de basket qui prend la parole en cette journée mondiale de l'endométriose.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Ce vendredi, il y a la journée mondiale de l'endométriose, une maladie qui concerne une femme sur dix et qui est encore très méconnue en France, des français et même du corps médical.
00:09Bonjour Sandrine Gruda.
00:10Bonjour.
00:11Merci d'être avec nous ce matin.
00:12Cette jeune retraitée des parquets Ancien International de basket, meilleure marqueuse de l'histoire des bleus.
00:18Et vous avez été, je crois, la première sportive en activité à expliquer que vous souffriez d'endométriose.
00:25Tout à fait, tout à fait.
00:28Juste avant de vous donner la parole, Gérald, est-ce que vous pouvez vous rappeler en quelques mots ce qu'est l'endométriose ?
00:33L'endométriose, c'est une maladie féminine parce que c'est de la muqueuse utérine, vous savez, ce qui tapisse l'utérus, le tissu qui doit rester dans l'utérus.
00:40Et bien là, pour des raisons qu'on ne connaît pas, c'est un peu partout dans l'organisme, en dehors de l'utérus, dans l'abdomen ou même ailleurs.
00:46Et donc à chaque fois qu'il y a les règles, c'est des douleurs, c'est des douleurs qui sont assez terribles et une part génétique et probablement d'autres facteurs qu'on est en train de découvrir.
00:54Sandrine Ruda, comment avez-vous su que vous souffriez d'endométriose ? Dans quelles circonstances ?
00:58Je l'ai appris à Los Angeles parce qu'il s'avère que j'ai été jouée en WNBA, donc c'est la ligue féminine, l'équivalent de la NBA.
01:06J'ai été recrutée par les Los Angeles Parks et au moment d'une crise, je décide de consulter sur place alors que j'étais suivie en France.
01:14Mais j'imagine qu'il y a eu avant cela plusieurs années d'errance médicale parce que c'est ce que connaissent la plupart des femmes touchées par l'endométriose.
01:24C'est vrai que j'étais suivie en France et lorsque je vis cette crise à Los Angeles, je démarre la directrice médicale du club pour que je puisse voir un gynécologue.
01:37Et c'est là que tout de suite, vraiment en un instant, il me diagnostique avec cette maladie que j'entends pour la première fois puisque je ne l'avais jamais entendue auparavant.
01:46Alors que vous aviez 27 ans ?
01:49J'avais 27 ans.
01:50Et vous aviez mal depuis le début de vos règles ?
01:53J'avais toujours mal, j'ai toujours été sous pilule, j'ai toujours pris la pilule en continu, mais il faut savoir que ce n'est pas un traitement parce que j'avais quand même des douleurs.
02:00Donc certes, j'étais réglée, c'est-à-dire que je n'avais pas deux à trois règles par mois, je n'avais qu'une seule fois mes règles, mais enfin j'avais des douleurs.
02:07Et c'est vrai qu'entendre pour la première fois endométriose, donc pas dans sa langue natale, c'est vrai que ça fait peur.
02:13Alors vous étiez donc déjà sportive, de quelle manière l'endométriose impactait vos entraînements et vos performances ?
02:19Alors justement, c'est quelque chose qui est un peu méconnu aujourd'hui, mais il faut savoir que le sport aide dans ces circonstances, c'est-à-dire qu'un corps endolori est un corps immobile.
02:29Et en fait, à partir du moment où on l'active, c'est vrai que la fluidisation du sang permet de pouvoir apaiser les douleurs.
02:36Donc en fait, moi, je ne m'étais pas rendu compte de ça.
02:38Il s'avère que mon métier m'a aidé aussi à mieux vivre avec la maladie.
02:42Donc ça veut dire que même à l'adolescence, vous arriviez quand même, ça n'a pas été un frein sur les entraînements, sur une crise en plan match ?
02:53Avant, après, mais pas pendant.
02:56D'accord.
02:57Donc avant, effectivement, plier en deux, en position de fœtus dans mon lit, avec des vomissements, avec tous les vertiges et toutes les crampes inimaginables.
03:05Aller à l'entraînement avec une bouillotte sur le ventre pour justement apaiser les douleurs.
03:09Prendre des comprimés anti-inflammatoires pour apaiser au maximum.
03:14Donc en fait, on se shoot un petit peu.
03:15Et puis en fait, pendant l'effort physique, ça s'atténue.
03:19Après l'effort physique, ça remonte.
03:21Ça redouble.
03:22Mais oui, Laurie, on peut se dire que les sportives travaillent avec leur corps, le connaissent par cœur.
03:26Et que du coup, on peut peut-être mieux en parler de l'endométriose.
03:31Pourtant, ça a été longtemps tabou, ce sujet-là.
03:34Oui, effectivement, pour une raison très simple.
03:37C'est qu'on travaille depuis très, très récemment sur les spécificités des sportives.
03:42Les spécificités, les problématiques.
03:44Vous savez, avant, on entraînait, on soignait les sportives comme des sportifs.
03:48Ça peut paraître complètement fou, mais ça fait très peu de temps qu'on s'intéresse notamment au cycle menstruel.
03:53Au fait qu'il y a des moments dans le cycle où on doit travailler plus la force.
03:57D'autres où on doit travailler plus l'endurance.
04:00Et c'est les pays anglo-saxons.
04:01C'est intéressant ce que vous avez dit.
04:02Vous avez été diagnostiqué aux États-Unis.
04:04C'est les pays anglo-saxons qui ont commencé à travailler d'abord là-dessus.
04:07Il y a beaucoup, Sandrine, de travail à faire encore en France.
04:10Il y a des petites équipes, mais il faut de l'argent, vous le savez.
04:13Il y a des petites équipes, à l'INSEP notamment, qui travaillent là-dessus.
04:16Mais il y a encore beaucoup de choses à faire.
04:17Oui, il y a encore beaucoup de choses à faire.
04:18Effectivement, comme vous le disiez, même les règles ne sont pas encore identifiées et optimisées pour la performance.
04:24Alors l'endométriose, clairement, on est loin du compte.
04:26Vous avez décidé d'en parler pour la première fois en 2022.
04:29Quelles ont été les réactions des autres sportives après vos déclarations ?
04:32Alors, ça a été pendant le Covid, donc c'était 2020.
04:34Et c'est vrai que j'ai été très ouverte, transparente par rapport à cette maladie.
04:41J'en ai parlé d'abord à mon coach.
04:42Et en fait, ça a été à ma plus grande surprise.
04:44J'ai été vraiment bien accueillie.
04:45Je pense que c'est un petit peu un frein, en fait, que l'on ressent d'emblée en tant que femme de parler de cette maladie à un homme.
04:52Mais pour le coup, pour moi, tous les hommes à qui j'en ai parlé m'ont fait un très bel accueil.
04:57Donc ça, c'est la première chose.
04:58Et en fait, pourquoi je raconte cette histoire ?
04:59C'est parce que lui, il a préparé le terrain.
05:00C'est à dire que c'est mon coach qui en a parlé à mes coéquipières.
05:03Et lorsque je suis arrivée dans le club, tout de suite, en fait, la conversation a été beaucoup plus fluide.
05:09Et d'ailleurs, il y a des joueuses qui sont venues me voir à posteriori pour me dire
05:13écoute Sandrine, je pense que je vis un peu la même chose que toi.
05:15C'était en Italie, je m'en souviens.
05:17Et je dis, je t'encourage à te faire diagnostiquer ou aller faire une IRM pelvienne.
05:21C'est le message que vous faites passer aujourd'hui.
05:25Il faut en parler.
05:26Il ne faut pas en rester à haute à tes règles.
05:29Tu as mal au ventre.
05:30C'est normal.
05:31Et serre les dents.
05:32Exactement.
05:33Donc déjà, pour savoir ce qu'on a, pour être bien clair sur ce qu'on a.
05:36Et puis aussi pour avoir un soutien psychologique.
05:38Parce que ce n'est pas simple.
05:39Il y a des conséquences à cela, comme l'infertilité, par exemple.
05:42Et beaucoup de femmes se sentent moins qu'une femme pendant ces moments-là.
05:46Donc, c'est aussi pouvoir s'entraider entre femmes.
05:50Et on rappelle qu'aujourd'hui, il y a un plan endométriose qui est annoncé, Gérald.
05:54Et il y a un test salivaire qui va probablement révolutionner.
05:57Éviter qu'on attende 7 ans, 10 ans, 15 ans avant d'avoir un diagnostic.
06:01Et puis la formation des médecins qui est en train de changer aussi.
06:03Magnifique.
06:04Merci André Godard.

Recommandations