Mardi 25 mars 2025, retrouvez Jacques Henry (responsable de la recherche et allocation multi-actifs, SILEX), Xavier Chapard (Stratégiste, LBP-AM) et Pierre-Alexis Dumont (Chief Investment Officer, Sycomore Asset Management) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Planète Marché avec nos experts, ils sont là et on a besoin de ce soir pour tout comprendre de la planète finance.
00:17On est ravi d'accueillir Pierre-Alexis Dumont. Bonjour Pierre-Alexis. Bonjour Fabrice.
00:22Chief Investment Officer, CEO de Secommer Asset Management. Bienvenue à vous, à vos côtés Xavier Chapard. Bonjour Xavier.
00:28Bonjour Fabrice. Stratégiste de LBPAM et enfin Jacques Henry. Bonjour Jacques. Bonjour Fabrice. Responsable de la recherche et allocation
00:36multi-actifs chez Silex. Messieurs, on démarre tout de suite avec Trump. Alors c'est amusant parce qu'on m'a vu, notre Premier ministre, à nous,
00:45François Bayrou qui a fait ses 100 jours. Trump, ça fait moins de 100 jours qu'il est là mais on a vraiment l'impression que ça fait déjà
00:50presque un an tellement il est partout. J'avais envie de vous poser cette question, chers amis, la méthode Trump. Est-ce qu'elle existe réellement
00:58et est-ce qu'il a un cap, Donald Trump, puisque en tant qu'économiste, je vous pose cette question, même d'homme de marché, on a l'impression qu'il veut
01:07tout faire mais qu'il y a des injonctions contradictoires. Pierre-Alexis Dumont, on commence avec vous. Je pense que l'objectif est clair.
01:13Voilà, ça c'est sûr. Il cherche à rééquilibrer entre l'interne et l'externe et à faire que les Etats-Unis aient plus de souveraineté sur beaucoup
01:23d'éléments clés. Après, l'exécution, les moins. Ça c'est évident qu'elle est polluée par un peu des effets d'annonce, des effets d'aller-retour.
01:33Et de plus, comme il s'inscrit dans une volonté de changement par rapport à ce qui existait avant, ça augmente encore ces effets un peu d'aller-retour,
01:49et notamment sur la partie tarifaire, qui était vue plutôt comme un moyen de négociation et de pression avec ses partenaires. Il y a beaucoup de doutes et beaucoup d'incertitudes
02:05chez les investisseurs sur le fait que, oui ou non, il va imposer son 25% de tarif douanier de façon généralisée, ce qui clairement là aurait un effet récessif, poserait aussi un certain nombre de problèmes
02:19sur notamment la partie inflation, qui a été quand même un des points clés de l'élection entre le président Trump et l'ex-président Biden. Donc là-dessus, on a un objectif.
02:39Comment l'exécuter et comment l'atteindre ? Je pense que c'est là où toutes les questions se posent. Est-ce qu'on aura une stratégie un peu coopérative entre les partenaires ?
02:55Ou est-ce qu'on va rentrer plutôt dans une stratégie de retour et de récession ? C'est là où je pense qu'il y a des motifs d'interrogation. Et c'est là où, en effet, on est face à un risque extrême.
03:18Parce que si on rentre dans une guerre commerciale avec des tarifs douaniers de l'ordre de 25% généraux, on rentrait sur des niveaux de barrières tarifaires qu'on n'a pas vus depuis les années 30.
03:32— Et tout le monde n'en a pas tiré, finalement. Xavier Chabart, même question. J'ai l'impression que Donald Trump, c'est « Retenez-moi où je fais un malheur ». Et on voit que finalement, il y a des ajustements qu'on va aller faire.
03:42Mais finalement, on temporise, on attend un mois, on se donne le temps finalement de négocier. Et l'Europe emboîte le pas, finalement.
03:48— Alors oui. Et sur les objectifs, moi, je trouve que ça ressemble à du populisme, en fait, c'est-à-dire qu'on promet tout à tout le monde. Et donc c'est un peu ce que vous disiez.
03:56C'est que par exemple, si je prends le plus gros exemple, c'est le dollar. Essayez de dire « Je veux un dollar faible », parce que ça va favoriser l'activité aux États-Unis.
04:06Mais en même temps, je veux que le dollar reste une monnaie de réserve. Donc ça veut dire que je veux que les investisseurs étrangers viennent placer leurs excédents et investir aux États-Unis en dollars.
04:15C'est clairement contradictoire. Donc c'est pas possible. Et c'est pareil sur la géopolitique. Par exemple, le rapprochement avec la Russie, on pourrait le comprendre
04:26si c'était pour isoler la Chine. Mais si le but, c'est d'isoler la Chine, ce qui était en tout cas pour les administrations précédentes le but de l'administration américaine,
04:36dans ces cas-là, il faudrait être avec les alliés. Or, là, on attaque les alliés, l'Europe, le Canada et tout ça.
04:41Donc on voit bien que, comme vous disiez, il y a des choses qui sont contradictoires. Ce qu'on voit, par contre, c'est dans la mise en œuvre.
04:48Clairement, il y a une stratégie d'incertitude, donc d'annoncer beaucoup de choses, d'en retirer et tout ça.
04:54Ça, je pense que c'est voulu parce que ça donne de la flexibilité à ce que peut mettre en place Trump et aussi les pouvoirs de négociation, évidemment,
05:02vu qu'on peut ajuster au fur et à mesure du temps. Par contre, ça a un coût, et c'est ce qu'on est en train de commencer à voir.
05:09C'est, sur la confiance des entreprises et des ménages, un impact négatif. On l'a eu avec la confiance des ménages cet après-midi, qui a encore de nouveau beaucoup baissé.
05:17Et du coup, un impact plutôt négatif sur l'activité. Et toute la question qu'on a, c'est est-ce que cet impact négatif va être suffisamment fort pour faire une récession
05:26ou seulement un ralentissement de la croissance ? Nous, on est plutôt dans le deuxième camp dans nos scénarios.
05:32Par contre, ça va dépendre de combien de temps dure cette incertitude et quelles politiques, évidemment, sont mises en place.
05:38C'est ce qu'on disait tout à l'heure. Si on met 25 % de droits de douane sur tout le monde et que tout le monde réagit avec 25 % de droits de douane,
05:44là, clairement, on aura un impact plus négatif que ce qui est anticipé pour l'instant.
05:49— Oui. Jacques Henry, justement, tout ça, il devient extrêmement compliqué à comprendre, tout simplement, pour les investisseurs.
05:57Et qui dit incertitude dit forcément baisse des marchés. En tout cas, c'est ce qu'on a vu. On avait l'impression qu'il y avait un Trump trade,
06:03parce qu'il avait proclamé Donald Trump. Moi, je suis l'ami des marchés. C'est l'inverse d'un certain président de chez nous il y a quelques années.
06:09Et pourtant, là, on voit que, finalement, là aussi, il se laisse une marge de manœuvre.
06:13— Alors nous, on avait bien aimé l'élection et la campagne sur deux annonces, en fait. C'était d'une part une politique de l'offre.
06:20Donc ça, il y avait déjà eu des précédents. Il y avait eu les régagnes. Il y avait eu son premier mandat.
06:24Et il y avait deux aspects positifs. C'était les baisses d'impôts. Donc ça, ça avait été un énorme soutien pour les profits dans son premier mandat.
06:31Et ce qu'il venait de rajouter, c'était la déréglementation. Ce qui est venu un peu polluer tout ça, c'est l'utilisation à outrance des droits de douane
06:38et les volte-face permanentes. On essaye d'essayer de comprendre, d'essayer de rationaliser un peu ça.
06:44Et on se dit en fait que c'est aussi pour faire plaisir à l'électorat républicain qui a voté pour lui pour qu'il puisse montrer
06:52qu'en fait, finalement, il fait quelque chose pour eux, avec un peu plus de communication que Biden, puisque finalement,
06:59tout ce qui a été fait par le passé n'a pas été remis en cause. Les droits de douane, Trump les avait mis en place.
07:05Biden les a augmentés. Relocaliser, il y avait eu le CHIPS Act, l'Inflation Reduction Act. Donc tout ça, ça avait déjà été mis en place.
07:13Par contre, Trump veut aller un peu plus loin et probablement qu'il veut le faire maintenant parce que c'est plus simple de faire
07:19des réformes un peu plus compliquées en début de mandat, sachant qu'il y aura les élections de mi-mandat qui arriveront.
07:26Il vaut mieux avoir fait les choses les plus impopulaires plutôt à l'international maintenant plutôt que plus tard.
07:32— C'est vrai que cette question, elle va être compliquée de toute façon. Je reprends votre mot. Quand on veut satisfaire tout le monde,
07:38en général, personne n'est content. Et là, on verra. Mais on voit qu'il y a peut-être des dissensions. Au final, est-ce qu'il n'y aura pas...
07:44— Il y a aussi une différence, pardon, avec le premier mandat. C'est que c'est les conditions dans lesquelles l'économie est.
07:49C'est-à-dire que pendant le premier mandat, vous aviez une inflation sous la cible, des taux à zéro ou quasiment très bas.
07:54Et donc faire un creusement du déficit public très important, c'était pas très grave. Là, aujourd'hui... Alors déjà, le déficit, au départ,
08:03est beaucoup plus important, parce qu'il y a les baisses de taxes qui ont déjà été faites. Et donc rajouter des baisses de taxes dans un contexte
08:09où vous avez une inflation plutôt un peu haute et des taux qui se sont réancrés un peu plus haut – on en reparlera tout à l'heure –,
08:16évidemment, c'est beaucoup plus compliqué. Et donc c'est peut-être aussi pour ça qu'il est obligé de mettre en place des politiques moins positives pour l'économie,
08:25comme les droits de douane, en essayant de récupérer des revenus pour financer les baisses de taxes. Le seul problème, c'est que c'est négatif pour l'économie à court terme.
08:35— Il y a même un effet rebond. C'est-à-dire que les gens surstockent en ce moment. On voit sur des produits, le cuivre, mais aussi des denrées qui pourraient être taxées.
08:43Et du coup, il va y avoir probablement un choc sur le premier trimestre qui sera peut-être pas très bon.
08:49— Ah oui. Nous, on s'attend en effet à un premier trimestre assez compliqué, un premier trimestre relativement morne en termes de résultats et de dynamique.
08:59Ça, c'est évident. On a eu déjà pas mal d'annonces à la fois sur la partie confiance, sur la partie macro, mais aussi sur la partie micro.
09:09On a des grands indicateurs d'activité, tels que FedEx, Accenture et autres, qui ont dit que ça ralentit, que l'incertitude pèse sur nos clients.
09:23— Et puis sur les consommateurs. Confiance et compte des consommateurs, on l'a entendu.
09:26— Et sur le consommateur. — Confiance Board, 92,9. Et on était à 100 en février.
09:31— Oui. Alors après, il faut garder en tête que ça avait beaucoup beaucoup monté pendant les élections. Donc là, on revient un peu sur des niveaux un peu plus normalisés.
09:39Mais il est clair qu'on est un peu à la croisée des chemins là-dessus et que sur les marchés financiers, on va se poser la question en effet du ralentissement,
09:53qui commence à être intégré et commence à être acté par les investisseurs. Mais on n'est pas sur un ralentissement important de l'activité et durable.
10:00Aujourd'hui, on est plus sur une mise en œuvre de tarifs qui va un peu impacter, mais avec finalement quelque chose qui va être relativement limité en termes de biens visés.
10:13Et donc de ce fait-là, un ralentissement qui va... Et c'est aussi notre anticipation. Rester relativement normalisé et permettre après de repartir avec des choses plus positives
10:26comme des réglementations qui sont assez positives sur les marchés financiers. — Oui. En tout cas, c'est les premiers jours de Trump. Ils ont une vertu.
10:32C'est vraiment de réveiller l'Europe. Alors là, avec cette nouvelle politique... Et on parle vraiment d'un bouleversement complètement dans les relations
10:39diplomatiques et interrationales. On se souvient de... Voilà. J. Diven, son discours est extrêmement fort. Ce qui se passe également avec la Russie.
10:45Et eh bien voilà. L'Europe, elle n'est pas nue. Mais en tout cas, elle doit se débrouiller toute seule. Alors est-ce que, justement, c'est un catalyseur, finalement,
10:54de créer cette Europe de la défense pour l'Europe ? Est-ce que c'est quelque chose qui est parti pour durer ou est-ce que c'est un feu de paille ?
11:01— Alors il y a un vrai catalyseur. C'est le changement budgétaire allemand. C'est que les Allemands ont décidé de dépenser.
11:07— Ça, c'est nouveau. — Ça, c'est nouveau. Et c'est arrivé beaucoup plus vite que ce qu'on pouvait espérer même. Mais ça avait été le cas pendant le Covid,
11:13quand ils ont accepté de faire le Fonds européen et le GUE aussi. Ça avait surpris tout le monde. Là, c'est encore une nouvelle étape avec vraiment
11:20un assouplissement drastique. En gros, on parle de 2 points de PIB de déficit en plus par an pendant plusieurs années en Allemagne.
11:26— La dernière fois qu'ils avaient cassé le cochon, quand même, les Allemands, c'est la réunification. Bon, un peu le Covid était d'accord.
11:31Mais à chaque fois, c'est qu'il se passe quelque chose. — Exactement. Mais là, c'est vraiment... Et c'est au niveau européen avec les dépenses de défense
11:38et aussi au niveau allemand avec le fonds de 500 milliards pour l'infrastructure. Donc ça va au-delà. Et il y a vraiment là une volonté de redevenir le moteur.
11:48Et donc ça, c'est vraiment un game-changer. Enfin quand vous faites 2 points de PIB de déficit en plus pendant plusieurs années, c'est vraiment très important.
11:56Après, il y a la question de défense au niveau européen. Là, il y a plus de questions, parce que pour l'instant, ce qui est mis sur la table par la Commission,
12:04c'est un assouplissement des règles budgétaires. Donc en gros, on va dire à la France « Vous pouvez dépenser plus militairement, et on ne vous tiendra pas sur les doigts ».
12:12Le seul problème, c'est que pour ça, il faut que la France puisse le faire vis-à-vis des marchés. Enfin il n'y a pas que la Commission européenne
12:17qui empêche la hausse des dépenses publiques dans pas mal de pays. Et donc ça, ça va être un peu plus dur à mettre en œuvre.
12:24Et à mon avis, il va falloir attendre qu'on ait des financements au niveau européen. Ça, c'est pas encore le cas.
12:29— D'autant qu'on n'était déjà pas forcément les meilleurs élèves de la classe en Europe. On avait largement laissé filer notre déficit.
12:35Là, est-ce que c'est pas un blanc-seing, finalement, que les Allemands vont nous signer en disant
12:40« Tiens, voilà, nous aussi, on a la bonne excuse. On a le joker de la défense pour pouvoir continuer, finalement, notre dérive ».
12:47Qu'est-ce que vous en pensez, Jacques-Henri ?
12:49— Alors c'est clair que la France est dans une position ambiguë. D'un point de vue militaire, en zone euro, ça reste une grande puissance.
12:57Et c'est la seule en zone euro à avoir l'arme nucléaire. Donc de ce point de vue, on peut difficilement faire une Europe de la défense sans la France.
13:05Par contre, la France a des problèmes budgétaires structurels. Et ce qui se passe en Allemagne n'arrange pas nécessairement nos affaires
13:12en termes de coûts de financement de tout ça. Les réformes un peu dures qui auraient dû être prises, elles n'ont pas été faites.
13:17Donc c'est vrai que globalement, il y a un énorme mieux. Ça va dans le bon sens, sachant que l'Europe, elle ne se construit qu'au fur et à mesure qu'il y a des crises.
13:26Donc finalement, si on peut reconnaître un avantage à Trump et ce qu'il a pu créer, c'est qu'en tapant un peu dans la fourmilière de la défense européenne,
13:34il a forcé les Européens à bouger. L'Allemagne a bougé plus vite que prévu, à être créative aussi pour trouver une solution budgétaire
13:41alors qu'on pensait que ça allait durer plusieurs semaines ou à plusieurs mois. Donc ça va plutôt dans le bon sens.
13:46Par contre, ça a déjà été très bien joué par les marchés. Il faut aussi avoir ça à l'esprit et que c'est un programme pluriannuel.
13:52Donc évidemment, c'est un mieux. Un feu de paille, probablement pas. Mais on n'attend pas non plus nécessairement des merveilles puisque ça a déjà été intégré dans les cours.
14:01Messieurs, on a vu que les Français vont être mis à contribution. Alors pas de manière obligatoire, comme on l'entend peut-être parfois.
14:07Ça sera sous la forme d'un super livret de la défense. Alors personnellement, je trouve que ce n'est pas énorme ce qui est demandé.
14:14450 millions, on peut souscrire à partir de 500 euros. Ça sera bloqué sur 5 ans. En tout cas, les premiers éléments qu'on a, on n'a pas le rendement exact.
14:22Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que c'est une bonne idée ?
14:26Alors l'industrie de la défense avait des problèmes de financement. Ça, c'est clair parce qu'ils étaient barrés d'un certain nombre de financements pour un certain
14:35nombre de règles, notamment des règles ESG qui faisaient qu'il y a un certain nombre de...
14:40C'était pas très green finalement.
14:43Alors c'est pas tellement que c'était green. C'est que ça, c'est plus des problématiques, en effet, que l'armement était...
14:51C'est pas tellement de développement durable.
14:52Là-dessus, les règles vont s'assouplir. C'est évident.
14:58Maintenant, je souscris à ce qui a été dit, c'est-à-dire que le problème...
15:03On résout le problème de financement, ce qui, pour la chaîne de valeur, notamment pour les petites et moyennes entreprises du secteur est quelque chose d'important.
15:11Maintenant, il faut qu'il y ait des commandes. Voilà. Et ça, les commandes, c'est les États qui vont les faire.
15:17Et pour que les États puissent les faire, il faut que les marchés leur laissent l'occasion de les faire.
15:23Donc en effet, là, derrière tout ça, ça veut dire que même si on aura le droit d'un point de vue budgétaire,
15:30il faut que ce soit acceptable d'un point de vue financier.
15:33Donc derrière ça, c'est un bon signe, mais il va falloir quand même que ce soit accompagné d'autres mesures,
15:42notamment pour la France, de remise à plat d'un certain nombre de déficits structurels qui doivent être réglés.
15:52— Vous en demandez beaucoup, déjà. Sur le sujet...
15:55— Non, mais l'Italie a aussi mis en place quelque chose de très intéressant. C'est un fonds de 200 milliards qui est leveragé.
16:01En fait, le public mettrait – je sais plus – une quinzaine de milliards. Après, ça serait leveragé.
16:06Le but étant de ne pas augmenter... En fait, il faut augmenter l'investissement pour développer l'industrie de défense.
16:12Et le but pour les États, là, c'est d'essayer d'éviter que ça rentre tout de suite dans la dette publique.
16:17Donc on trouve des mécanismes...
16:19— Donc c'est pas bête de faire appel à l'épargne.
16:21— Alors c'est pas bête. Le seul problème... Enfin ce qu'on disait, c'est qu'à terme, ceux qui vont acheter les équipements de défense,
16:29c'est les États. Donc à la fin, ça va être de l'argent public.
16:32De toute façon, il va falloir faire de la place pour une hausse des dépenses publiques militaires.
16:37Et là, on parle de 1,5 point de PIB pour la France ou pour la plupart des pays européens.
16:42Et ça, il faut... Ceux qui peuvent creuser le déficit comme les Allemands parce qu'il y avait de la place,
16:50il faut le faire comme ça, d'ailleurs. C'est comme ça que c'est le plus efficace économiquement.
16:54Par contre, il y en a qui peuvent pas comme la France. Et donc là, ça demande des arbitrages sur les autres dépenses.
16:59— Voilà. Notamment peut-être faire passer la pilule sur les retraites. On verra. — Par exemple.
17:03— Par exemple. Jacques-Henri, quel est votre sentiment là-dessus ?
17:05— Je pense qu'il y a un autre sujet aussi sur la défense. C'est quel équipement. Quel équipement va être acheté.
17:11Puisqu'en fait, l'industrie de défense, c'était quand même assez dépendante, la défense en général des États-Unis.
17:17Et donc ça veut dire que c'est pas nécessairement que les entreprises européennes qui vont en bénéficier.
17:22Il y a aussi certainement des opportunités, malheureusement, en fait, sur le marché américain,
17:26puisqu'il faudra un certain temps pour reconstruire un vrai complexe militaro-industriel en Europe.
17:32Et ça, c'est aussi un plan pluriannuel.
17:34— Oui. C'est vrai que la bourse attendante a joué immédiatement finalement les valeurs de la défense.
17:39Mais si ça se trouve, on est parti pour 10 ans. C'est probable. Pour reconstruire, justement, c'est à tout le moins ce qu'il faudrait.
17:44En tout cas, on le verra. Dans le reste du monde, cher Zemir, on se penche sur la Chine également,
17:49qui annonce aussi avoir desserré un peu les cordons de la bourse. Bon, toujours des objectifs de croissance 5%. Est-ce qu'on y croit ?
17:59— Ça, de toute façon, les objectifs de croissance, comme c'est eux qui font les stats, ils vont vous les faire, les 5% de croissance.
18:05Donc ça, c'est... Voilà. Après...
18:07— Non, mais c'était une zone vraiment... Voilà. Personne n'a donné de grattat depuis des années pour certains investisseurs, certains...
18:13— Je pense qu'il y a quelques signaux positifs. Je pense qu'il y a quelques signaux positifs sur la Chine qui sont le fait qu'ils remettent un peu plus en avant
18:23le côté productif et l'entreprise dans leur politique. Et ça, je pense que c'est quelque chose d'intéressant.
18:30Ils ont encore une fois prouvé avec DeepSeek qu'ils avaient une vraie excellence, notamment à faire beaucoup moins cher, quasiment aussi bien
18:39que les grandes entreprises occidentales. Donc là-dessus, ça rend, je pense, la Chine plus investissable qu'elle n'a été.
18:50Maintenant, les gros problèmes structurels de la Chine, qui sont le fait de passer d'un système productif à un système plus équilibré entre
18:57production et consommation locale, ça reste là. Voilà. Je pense qu'il y a... C'est une zone que nous, on considère, mais sur vraiment
19:08une partie relativement segmentée de leur appareil économique, principalement sur l'innovation et sur leur secteur d'excellence.
19:19— Alors c'est bien que vous parliez d'innovation, parce que justement, je crois que c'était la une de nos confrères Les Echos aujourd'hui
19:23qui mettait en ligne BYD, le grand concurrent de Tesla. Ils sont vraiment au coude à coude. Donc ça illustre aussi l'innovation dans la tech.
19:30Là aussi, l'appétit du géant chinois. Alors il se nourrit déjà de son propre marché, qui est très important.
19:36— Mais c'est pour ça qu'il y a des opportunités. Et c'est vrai que c'est redevenu investissable aussi, parce qu'on voit que les États-Unis, c'est pas si sûr que ça.
19:43Donc par rapport aux États-Unis, la Chine a l'air moins dégradée d'un point de vue institutionnel. Je parlais que ce qu'on pensait il y a quelques années.
19:52Il y a des entreprises, voilà, notamment celles qui sont poussées par le gouvernement en fait, qui faut jouer d'un point de vue tactique.
20:00Par contre, il faut voir que c'est tout petit par rapport au marché chinois. Le marché chinois, c'est des banques.
20:05Les banques, c'est des banques d'État. Il y a beaucoup de problèmes dans le portefeuille de crédit des banques.
20:11C'est des gros industriels où là aussi, avec la guerre commerciale, tout ça, ça va être compliqué.
20:16Donc nous, on est assez prudents sur le marché chinois au global, mais tout en faisant son marché à l'intérieur, j'allais dire.
20:24— D'accord. Donc en tout cas, on sent qu'il y a quand même des frémissements et que c'est en train de bouger. Jacques-Henri, vous regardez...
20:29— Nous, on avait joué d'un point de vue tactique lorsqu'ils ont annoncé le plan de relance monétaire au mois de septembre.
20:35Mais on attendait une jambe fiscale qui n'est pas venue. Donc on est sortis. Donc on n'a pas bénéficié à ce moment-là en fait de l'annonce d'ipsy
20:42qui est du rebond de la technologie chinoise. Par contre, il y a des pôles d'excellence. BYD, le secteur des batteries, les voitures électriques,
20:49très clairement, ils ont investi sous l'impulsion de l'État des sommes colossales, recherche et développement, investissement.
20:56Et aujourd'hui, ils ont de quoi inonder la planète de très bonnes voitures électriques, très bons marchés. Alors d'un point de vue boursier,
21:03le marché est un peu différent, certes. Mais il y a quand même des choses intéressantes à jouer dans le marché.
21:09Mais dans les émergences, ce n'est pas nécessairement la zone qu'on préfère aujourd'hui.
21:13– C'est vrai, BYD qui a épaté apparemment les investisseurs en proposant une super charge en quelques minutes qui rechargeait 400 km.
21:21C'est pas mal, d'autant que c'est amusant. Dans le même temps, on a le Tesla bashing en ce moment.
21:26On a vu les ventes qui ont perdu 49% en un an en Europe. Alors c'est à peu près ce que le cours a perdu en trois mois.
21:34Et là, on sent que c'est vrai que l'alliance politique et business pour M. Elon Musk, c'est un peu compliqué.
21:41Tiens, je voulais vous parler aussi de l'Inde. Alors l'Inde, ça sera, nous dit-on, 20% de la croissance mondiale sur les 5 prochaines années.
21:47C'est là où il y a le logissement de croissance.
21:49– Alors il faut toujours faire attention aux prévisions de long terme comme ça.
21:52Parce que la Chine devait être trois fois plus gros que les États-Unis très rapidement.
21:55Donc on fait attention à ça. Mais par contre, c'est vrai que c'est un des gros moteurs de croissance.
22:00Et contrairement à la Chine, il y a un taux d'investissement qui est plus bas.
22:03Donc en termes de ROE, c'est plus attractif.
22:06Alors le problème de l'Inde, c'est que ça a été très joué l'année dernière.
22:09Donc les valorisations avaient explosé. C'est pour ça qu'on n'était pas sur l'Inde jusqu'à récemment.
22:15Là, après la correction du marché en début d'année, on revient sur des valorisations qu'on peut regarder.
22:20Donc revenir sur le train de long terme, il y a des réformes qui sont plutôt positives.
22:25La Banque centrale commence à baisser ses taux. Donc là, oui, c'est un marché qu'on regarde et qui est intéressant.
22:32— La correction était intervenue parce qu'il y avait une bulle à un moment ?
22:36— Alors parce que le marché avait joué beaucoup là-haut. C'est les réformes et tout ça.
22:40Et puis aussi parce qu'il y a un gros arbitrage avec la Chine, en fait.
22:43Donc quand la Chine était totalement ininvestissable, évidemment,
22:46les investisseurs qui voulaient investir dans les hébergeants ont été aussi plus sur l'Inde que d'habitude.
22:53Donc le fait que la Chine, finalement, rebondisse un petit peu, ça a pesé aussi sur l'Inde.
22:59— L'Inde, c'est investissable, Alexis Dumont ?
23:02— Oui. Ils ont aussi des pôles d'excellence. Oui, je suis tout à fait d'accord avec toi, avec vous,
23:07que la croissance ne fait pas forcément la rentabilité sur capitaux investis.
23:11Donc il faut regarder ça, regarder la Chine même sur longue période.
23:16Les rendements boursiers n'ont rien d'extraordinaire, tout simplement,
23:21parce que la création de valeur se fait par les rendements sur capitaux investis.
23:27Donc il y a des choses intéressantes. Il y a des réformes.
23:31Après, c'est quand même encore une économie qui va devoir faire, elle, une autre transition.
23:40Ils ont un certain nombre de problématiques lourdes, qui sont des problématiques d'industrialisation, d'accès aux ressources.
23:49Ils vont avoir d'énormes problèmes sur l'eau, des choses comme ça,
23:52qui font qu'il faudra, à mon avis aussi, là aussi, être assez sélectif sur les entreprises que vous allez regarder.
24:00— Très bien. Bon, voilà pour notre tour du globe. On pourrait aller ailleurs, évidemment, au Japon, au Brésil, etc.
24:06On va s'en contenter. Et puis on va passer maintenant à notre allocation.
24:09Qu'est-ce qu'on fait en termes de marché sur les actions, sur les obligations ou même sur les matières premières ?
24:15On commence avec les actions. Messieurs, on a vu que la TechUS, c'est plus ça.
24:19Alors on les a portées au nu durant toute l'année dernière.
24:22Et puis là, patatras, c'est vrai que ça s'est effondré. Il y a eu une sacrée correction, enfin une dizaine de pourcents.
24:27Est-ce que c'est terminé ? Est-ce que ça va continuer ? Quel est votre sentiment ?
24:31— C'est plus un problème de sentiment. En fait, on a eu quand même un sentiment extrêmement négatif suite à l'incompréhension, en fait,
24:41de la communication de l'administration Trump. Et on est revenu sur des niveaux extrêmes.
24:45Si on regarde les sondages, que ça soit un investisseur privé ou institutionnel américain.
24:50Donc là, clairement, c'est plus le sentiment qui a joué de façon négative.
24:54Si on regarde les fondamentaux, l'histoire de croissance, c'est une histoire qu'on aime encore beaucoup.
24:59Il y a eu beaucoup d'investissements, beaucoup de recherches. Et ils ont quand même une longueur d'avance encore sur tout ce qui est
25:05intelligence artificielle. Donc nous, c'est vraiment ce que nous, on aime bien et qu'on continue à jouer.
25:10Donc tous ceux qui permettent d'accélérer en fait cet écosystème autour de l'intelligence artificielle.
25:16Donc c'est vrai que c'est cher. Mais c'est aussi là où la croissance se cristallise. Et c'est ce qu'on aime bien.
25:22— C'est cher, mais c'est moins cher. Du coup, on en profite du creux de marché pour y retourner ?
25:26— Absolument. Nous, c'est ce qu'on a conseillé dès ce lundi en disant qu'on était probablement sur un niveau extrême pour l'instant.
25:31Ça joue un peu en notre faveur. Mais ça veut pas dire que ça sera un rebond linéaire. On sait bien que le sentiment a été quand même
25:39un petit peu écorné. Et on est conscients de ça aussi.
25:42— Oui. C'est vrai que Pierre-Alexis Dugon, vous en profitez du creux.
25:47— Nous, on pense que de toute façon, c'est un sous-jacent à la hausse des marchés sur les 3, 4 dernières années.
25:55Donc on va rentrer dans la partie, disons, mise en œuvre de cette technologie où on va avoir beaucoup beaucoup de cas d'usage.
26:03Et nous, on est assez positif sur le fait que ces cas d'usage vont être assez massifs, donc en termes de business, et vont se faire relativement rapidement,
26:12parce que finalement, ça ne nécessite pas de passer 5 ans à mettre en œuvre des systèmes compliqués.
26:21Voilà. Il y a un certain nombre de choses qui peuvent être faites assez rapidement.
26:25Donc nous, on est assez positif. Et on a plutôt tendance aussi à penser que ça va reprendre le devant de la scène
26:32à partir du moment où Trump laissera un petit peu de place. Voilà. Mais...
26:36— Sur l'intelligence artificielle notamment, alors.
26:38— Oui, sur l'intelligence artificielle. Et là, je pense qu'on va avoir ce qu'on appelle, disons, des effets où cette technologie va se répandre.
26:51— Un halo, finalement.
26:52— Ouais, une espèce d'halo où on avait quelque chose qui était relativement concentré sur une quinzaine de valeurs
26:58avec maintenant, à notre avis, quelque chose qui va s'étendre à, disons, un périmètre plus large de valeurs.
27:06Et ça, c'est très positif. C'est ce qu'on avait vu avec Internet au départ. C'était très concentré sur une dizaine de valeurs.
27:12Puis finalement, c'est ceux qui ont bien réussi à le mettre en œuvre ont créé de la valeur.
27:17— C'est pas d'ailleurs les premiers partis. — Ah bah non.
27:20— Souvent, c'est les autres.
27:22— Le Netscape n'existe plus, alors que c'est eux qui ont inventé le navigateur Internet.
27:27— Eh oui. Libertisseurs.
27:28— American Line. Et voilà. Donc...
27:31— Bon. En tout cas, je vois que les uns et les autres, vous avez pris vos crayons, enfin vos stylos et rendu papier.
27:36On utilise ça encore. C'est pas encore toute l'intelligence artificielle ou Tchadchipitchi ou Mistral qui font les émissions. Tant mieux.
27:43On peut se demander aussi si cette Tech US, elle, n'a pas été pénalisée par ce qui se passe sur l'obligataire, avec une flambée du côté de l'obligataire.
27:51Est-ce que ça va continuer, là ? C'est vrai qu'on voit que la Fed aussi est un peu entre... C'est un peu compliqué, là.
27:57Alors côté américain, il n'y a pas eu trop de flambées. Les taux longs sont restés... On est aux alentours de 4,30.
28:03Et ils ont plutôt un peu baissé depuis le début de l'année. On trouve qu'ils sont raisonnablement... On est sur un niveau raisonnable.
28:12On s'attend pas à des grosses variations. La Fed... Donc la semaine dernière, les marchés ont beaucoup aimé le discours de Powell,
28:20qui était plutôt accommodant en disant que les droits de douane, ça serait un choc sur les prix, mais très temporaire.
28:27Donc la dernière fois qu'il avait utilisé le mot « temporaire », il s'en était mordu les doigts. Là, il l'a ressorti.
28:32Donc on va voir s'il s'en mordra les doigts. Mais en tout cas, lui, il se dit voilà, on va pas se réagir aux tarifs si ça fait un peu d'inflation à court terme.
28:39Et puis surtout, il a dit que les anticipations d'inflation restent bien ancrées. Or, dans les dernières enquêtes, notamment auprès des ménages,
28:46on voyait des hausses de ces anticipations. Et ça, c'est quelque chose qui, normalement, fait peur aux banques centrales.
28:51Donc les marchés ont été rassurés par ce discours plutôt. Ça va. Par contre, ce qu'on voit, c'est qu'au sein de la Fed,
28:57la moyenne de tous les membres de la Fed est assez prudente, en fait. Donc au mieux, on risque d'avoir 2 baisses de taux cette année.
29:06Le marché en price déjà 3. Donc c'est là où on dit qu'il n'y a pas grand-chose à gratter sur les taux américains vu leur niveau.
29:14— Mais on sent une vigilance. Ils ont le doigt sur la gâchette pour faire plus si c'était nécessaire.
29:19— C'est ça. Ce qui a rassuré et ce qui est vrai, c'est qu'on voit que si l'emploi se dégrade très vite, même s'il y a un peu d'inflation, la Fed baissera les taux plus.
29:27Donc le Fed put est encore bien en place pour les marchés. Ça, c'est vrai. Par contre, là où on a eu un choc, c'est sur les taux européens,
29:34c'est les taux allemands qui sont montés. C'était justifié par le fait que si on a 2 points de déficit en plus par an pendant plusieurs années,
29:43ça fait plus d'émissions de dettes publiques et donc des taux d'équilibre qui doivent être un peu plus hauts. Après, on trouve que ça a déjà été pas mal acheté.
29:50Les investissements et les émissions de dettes, ça va mettre du temps en fait à atteindre le marché, le temps de monter en puissance.
29:56Et donc on est plutôt baissier sur les taux longs européens, sachant que pour la BCE, par contre, on a déjà pas mal baissé les taux,
30:07mais on a encore un peu de marge pour plus de baisse de taux pour ramener les taux vers les 2%. Donc on est plutôt positif sur les taux européens.
30:17— Donc là, vous voyez une accalmie plutôt et une baisse tendancielle. Jacques Henry ?
30:21— On a joué la même chose. Donc on est aligné avec vous. On considère que le mouvement de hausse des taux européens a été trop violent,
30:28puisque maintenant, on attend d'avoir des chiffres durs pour confirmer ça. Par contre, le niveau des taux actuels, notamment aux États-Unis, il est à peu près fair value.
30:38La croissance, si on regarde les prévisions de la Fed, la croissance nominale, elle est autour de 4-4. Les taux sont à 4-3.
30:45Donc on considère que sur ces niveaux, on peut pas se plaindre d'avoir des coûts de financement trop élevés. C'est juste qu'il y a eu beaucoup de bruit autour de tout ce qui se passe.
30:55C'est vrai que d'avoir des mesures qui potentiellement apportent plus d'inflation... Et c'est ce qu'on a vu en fait dans les prévisions de la Fed.
31:01C'est-à-dire qu'en moyenne, la croissance nominale n'a pas bougé. Mais la qualité de la croissance, elle, s'est dégradée.
31:06Puis il y a un peu plus d'inflation, un peu moins de croissance. Cette inflation, ça limite en fait la capacité d'action de la Fed.
31:13Et ça, c'est quelque chose qui n'est pas extra lorsque l'on veut au contraire relancer une économie industrielle locale et où le président Trump a fait fortune dans l'immobilier.
31:27C'est quelqu'un qui comprend très bien que des taux bas, ça permet de mettre un peu de levier.
31:31Oui, c'est beaucoup plus simple. Alors tiens, justement, je ne sais pas si on en a besoin. En tout cas, il y a quelque chose qui continue à défier la gravité.
31:37C'est l'once d'or qui a franchi allègrement les 3 000 dollars qu'on avait en ligne de mire, un chiffre un peu emblématique.
31:44Qu'est-ce que ça traduit ? C'est toujours ce sentiment d'incertitude, cette peur finalement ?
31:48Ou c'est les banques centrales qui en achètent pour assurer peut-être le fait qu'il y ait de l'érosion monétaire ?
31:53Je pense qu'on revient sur le statut du dollar. On a besoin d'actifs de réserve. Le dollar, à la fois, vu les positions de M. Trump, vu l'attitude assez agressive,
32:11pas seulement de M. Trump, mais des autres administrations vis-à-vis des détendeurs de dollars, il y a une volonté de se protéger le mieux possible du dollar.
32:27Donc on a besoin d'actifs de réserve. L'or, par convention, est un actif de réserve. Le bitcoin pourrait devenir, si on en est aussi par convention, un actif de réserve.
32:38Il est clair que, derrière tout ça, se pose la question que, dans le nouvel ordre mondial, quid du dollar comme monnaie de réserve ?
32:49Et si ça devient une monnaie d'usage et moins de réserve, il faudra qu'il y ait d'autres actifs qui prennent ce rôle.
32:58D'autres monnaies ? Pour l'instant, c'est vrai que l'or, elle vaut un peu plus que Xavier Chabart.
33:02Non, je suis tout à fait d'accord. L'or est très très cher, si on regarde par rapport à tous les fonds d'avant-taux, les taux réels, le dollar, le niveau du dollar, tout ça.
33:09Mais en même temps, c'est le refuge face aux risques géopolitiques. Et il n'y en a pas d'autres, en fait, aujourd'hui.
33:14C'est-à-dire que si vous n'avez pas le dollar en monnaie de réserve, il faudrait une zone économique qui respecte la propriété pour aller investir là-bas,
33:25qui accepte d'avoir des déficits commerciaux très importants pour accueillir tous ces capitaux et tout ça. Il n'y en a pas, en fait, à part les États-Unis.
33:33Et les États-Unis, c'est plutôt mis en cause pour l'instant. Donc l'or est très cher, mais devrait rester très cher.
33:40Oui, après, très cher, ça dépend si on regarde par rapport à l'inflation, par exemple. On a l'impression que c'est aussi un état.
33:44Même en prix réel, l'or est repassé au-dessus de ses plus hauts historiques.
33:48Donc même si on corrige du fait qu'on ait eu pas mal d'inflation ces derniers temps, l'or est très cher quand même, même avec ça.
33:56— Jacques-Henri, vous regardez également les cryptoactifs, le bitcoin.
34:00— Alors on commence déjà par regarder l'or. Moi, je suis basé en Suisse. Donc il y en a toujours eu dans nos allocations.
34:06— La pierre angulaire. — C'est un peu la pierre angulaire. Mais c'est vrai que la politique de Trump, de ce point de vue, a beaucoup aidé l'or.
34:14C'est-à-dire que Trump essaye de se désengager militairement, notamment en Europe. C'est pas encore très clair les relations qu'il va avoir en Asie.
34:23Ce qui permettait aussi d'avoir le dollar comme devise de réserve, c'est que finalement, il y avait une certaine stabilité qui était garantie au niveau global, au niveau géopolitique.
34:32Et ça, c'est en train de sauter. Donc ça, clairement, c'est le facteur prépondérant.
34:38Mais si on regarde même sur un peu plus longue période, globalement, les allocations étaient faites avec des actions et puis de la duration, avec des obligations long terme.
34:49Si on regarde depuis une dizaine d'années, si on a remplacé les obligations par de l'or, finalement, ça s'est plutôt bien passé,
34:55puisque ça a permis d'éviter le choc Covid. Donc c'est quelque chose qui a tout son sens, surtout dans un moment où les émergents veulent sortir du dollar,
35:05puisqu'il y a une certaine pression qui est ressentie par ces pays-là. Et donc la devise ultime dans ces conditions, c'est l'or.
35:13Alors après, est-ce qu'on peut remplacer de l'or par du bitcoin ? On reste encore un peu dubitatif.
35:18C'est-à-dire qu'il a fallu quelques millénaires pour que l'or s'impose comme un actif qui n'est pas juste une relique barbare,
35:25qui sert un peu à rien en théorie, mais qui, dans les faits, permet quand même de protéger les portefeuilles.
35:30Le bitcoin manque un peu d'historique pour qu'on ait une vision totalement confiante que ça peut être une alternative.
35:39Ça a quelques caractéristiques, mais pas toutes les caractéristiques d'une devise et pas toutes les caractéristiques du dollar.
35:44Et surtout peut-être trop de volatilité pour l'instant pour certains investisseurs ?
35:47Trop de volatilité et surtout une corrélation, c'est-à-dire que c'est ce qu'on a vu là ces dernières semaines,
35:52c'est-à-dire que quand vous avez une correction des marchés actions, vous avez une correction aussi du bitcoin.
35:56Donc ça veut dire qu'en termes de refuge, ça ne marche pas très bien.
36:00Non, pour l'instant, c'est vrai que ce n'est pas du tout correct.
36:03Il vous reste quelques minutes, messieurs, juste pour vous entendre sur chacun vos différentes allocations.
36:07Qu'est-ce que vous recommandez ou qu'est-ce que vous avez actuellement en portefeuille ?
36:11On fait plus d'actions, on fait plus d'obligations, un peu de matière primaire.
36:16On est tous d'accord. Nous, on a plutôt conseillé de renforcer un peu les taux européens après la hausse des taux
36:25qui nous semblent intéressants sur ces niveaux-là.
36:31Sur la partie actions, on était un peu comme tout le monde, très americano-centré.
36:38En fin d'année 2024, on a plutôt tendance à rééquilibrer les portefeuilles
36:43pour plein de raisons.
36:45Un, parce qu'on voit que la diversification marche mieux maintenant qu'elle n'a marché.
36:50C'est-à-dire qu'il y a des vrais effets de diversification, même à l'intérieur des actions,
36:54entre les actions européennes, les actions chinoises, les actions asiatiques et les actions américaines.
36:59Donc ça, je pense que pour un investisseur, c'est intéressant.
37:03Et deuxièmement, il y a un petit peu de changement de narratif.
37:06On ne l'achète pas encore complètement, parce qu'on est en effet prudent sur la capacité de l'Europe à exécuter.
37:13On l'a vu, ça a été souvent un frein en Europe.
37:20Mais il y a quand même des avancées qui font qu'on pourra retrouver de l'intérêt
37:27et retrouver de la potentialité sur les actions européennes
37:30et attirer un peu plus de capitaux que par le passé.
37:33– C'est vrai qu'on a des bonnes intentions pour le moment.
37:35Maintenant, il faut mettre ça en musique, ce n'est pas évident toujours avec ce panel de pays très différents.
37:39Xavier Chappard, LDPM.
37:41– Nous, on reste un peu sous-pondérés sur les actions, ce qu'on était ces dernières semaines.
37:44On est en train de réduire cette sous-pondération au fur et à mesure qu'on s'approche du 2 avril.
37:50On va voir ce qu'il se passe.
37:52C'est un gros problème, en fait, le 2 avril.
37:55– C'est la dette butoir pour l'État.
37:57– Pour annoncer les tarifs et tout ça.
37:59Le problème, c'est que ce n'est pas prévisible ce que va faire Trump.
38:02Personne n'est capable, à part lui peut-être, et encore je ne suis pas sûr,
38:05de savoir ce qu'il va faire le 2 avril.
38:07Donc là, on est très très diversifiés, avec une préférence évidemment pour l'État européen
38:12où il y a moins de volatilité.
38:14On reste assez surpondérés sur le crédit européen.
38:17Même si les spread de crédit sont assez bas, il y a assez peu de risques
38:22et on est sur une trajectoire avec moins de volatilité.
38:25Donc on préfère cette partie-là.
38:28On reste très prudents sur le crédit américain,
38:31parce que là, les chocs, notamment de droits de douane par secteur,
38:35pourraient avoir des impacts assez importants.
38:38Alors les primes de risque ne se sont pas beaucoup reconstituées.
38:42– Prudents sur le crédit américain.
38:45– Oui.
38:46– Et en attente du 2 avril, du coup, c'est marqué en rouge dans le calendrier chez LBPAM.
38:51Jacques-Henri, l'allocation en ce moment, qu'est-ce que vous recommandez ?
38:55– Alors sur les taux, on a une vision assez similaire.
38:58Il y a un point dont on n'a pas parlé, c'est l'Inde.
39:00Nous, c'est une grande conviction.
39:01C'est une histoire de croissance, long terme, domestique,
39:04qui a besoin d'être financée.
39:05Mais pour l'instant, ils ne font pas d'erreurs.
39:07Ils n'ont pas besoin de sur-stimuler leur économie.
39:09Au contraire, il y a des besoins qui sont colossaux.
39:12Sur le pétrole, nous, on est négatif.
39:14On pense qu'il y a un excès d'offres qui est en train de se construire.
39:17Et donc, c'est une conviction qu'on a mise en place déjà depuis un petit moment et qu'on tient.
39:24Et sur le dollar, avec l'incertitude liée à Trump,
39:28on était positif, on est repassé neutre,
39:30avec potentiellement la possibilité de repasser négatif
39:34si vraiment ça déraille un petit peu, voilà.
39:37– Merci en tout cas à vous trois, experts,
39:40pour avoir fait avec nous ce tour de la planète finance,
39:43donner certaines idées peut-être, ou conforter ou pas,
39:46les investisseurs qui nous regardent.
39:48Pierre-Alexis Dumont, merci.
39:49Je rappelle que vous êtes CEO, le Chief Investment Officer.
39:52Chef de l'investissement.
39:54– Directeur de l'investissement.
39:55– Directeur de l'investissement, voilà.
39:57De Sycomore Asset Management, Xavier Chappard, merci.
39:59Stratégiste de LBPAM.
40:02Et Jacques-Henri, je vois que vous êtes responsable
40:04de la recherche et allocation multi-actifs chez Silex.
40:07Merci à vous trois.
40:08Dans un instant, on continue, on va s'intéresser
40:10à ce qui se passe du côté du secteur tourisme et loisirs.
40:13A tout de suite.