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En 1986, Malik Oussekine, étudiant de 22 ans, est tué par la police. Faïza Guène et Lina Soualem ont créé la série “Oussekine”, tiré de son histoire.

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Transcription
00:00On n'a pas de nouvelles de Malik.
00:01Malik a été retrouvé dans une cage d'escalier.
00:03C'est le fils de mon Malik !
00:08Malik Ousekine, c'est un étudiant qui a 22 ans en 1986
00:12et qui, le 5 décembre, va écouter de la musique dans un club de jazz dans le quartier latin
00:18et qui malheureusement, en sortant de ce club de jazz, se retrouve au mauvais endroit, au mauvais moment.
00:23Fais pas, toi ! Fais pas !
00:26Malik Ousekine, Ousekine, Ousekine...
00:29L'affaire risque de prendre une ampleur sans précédent.
00:31Ce jour-là, dans le contexte des manifestations contre la loi Devaquet,
00:35qui était une loi visant à privatiser d'une certaine manière l'université,
00:39il y avait un grand mouvement étudiant, les jours qui ont précédé et le jour même,
00:43qui a été violemment réprimé par la police.
00:46Pour crier non au projet Devaquet, des centaines de milliers d'étudiants et de lycéens
00:50ont réussi donc à organiser un gigantesque défi.
00:53Depuis, quelques incidents se sont produits entre gendarmes mobiles et étudiants.
00:58Malik Ousekine, étudiant à Dauphine, est né à Versailles, il a trouvé la mort
01:01malgré les efforts des sauveteurs pour le réanimer.
01:04Arrêt cardiaque consécutif aux coups portés par les policiers.
01:07Les policiers qui ont abattu Malik, qui ont battu à mort Malik,
01:11c'était des policiers d'une brigade qui était le peloton des voltigeurs motorisés
01:15qui a disparu sous sa forme de l'époque.
01:18Sur chaque moto, il y avait un policier qui avait été arrêté.
01:21Il y avait un policier qui avait été arrêté.
01:23Il y avait un policier qui avait été arrêté.
01:26Sur chaque moto, en majorité tout terrain,
01:29capable de se faufiler partout et de grimper facilement sur les trottoirs,
01:32deux hommes, l'un pilote, l'autre est armé d'une matraque.
01:36L'objectif de l'unité, commandée par un officier de police,
01:39est de surprendre, d'intervenir très vite dans un quartier
01:42contre les casseurs et d'impressionner le plus possible l'adversaire
01:45pour le déstabiliser.
01:47Le fait qu'on puisse savoir ce qui s'est passé aujourd'hui,
01:50c'est parce qu'il y avait un témoin dans ce hall
01:53C'est juste pour ça qu'on sait ce qui s'est passé,
01:55parce que cette personne a parlé.
01:57Ils se sont possibilités sur, je crois que ça s'appelait Malik,
02:02et lui, il lui a donné des coups, une matraque, des coups de pied.
02:09Et s'il n'était pas là, personne n'aurait su ce qui s'était passé.
02:12Ça aurait été un NIMK de jeunes morts sous les coups de la police
02:17sans qu'on en parle et sans qu'il y ait une forme de justice
02:20ou au moins de tentative de justice.
02:22Le même soir, donc ce 5 décembre 86, quasiment au même moment,
02:26il y a un autre jeune qui est abattu par un policier à Pantin
02:29qui s'appelle Abdel Ben Yahya.
02:30Cette affaire n'a pas bénéficié du même traitement médiatique
02:33donc on a oublié ce nom, hélas.
02:35Mais c'est aussi un jeune qui a été abattu par un policier
02:37qui n'était pas en service, mais qui l'a abattu avec son arme de service
02:40en état d'ébriété.
02:42Et donc ça aussi, on le fait apparaître dans la série à un moment.
02:45Mais c'est, contrairement à Malik,
02:48il n'a pas été apparenté au mouvement étudiant.
02:50Donc la dimension politique a été moindre
02:52et donc malheureusement, il est tombé un peu dans l'oubli.
02:54Aussi parce que ça s'est passé en banlieue parisienne,
02:56alors que Malik, c'était vraiment dans le centre de Paris,
02:59dans un quartier symboliquement très parisien.
03:02Et je pense que c'est aussi pour ça qu'il a eu plus d'écho.
03:05Rapidement, il y a une récupération politique,
03:08il y a des tentatives d'instrumentalisation
03:10et eux veulent aussi une justice.
03:13Donc ils sont tiraillés entre le deuil qui leur est un peu ôté
03:17de par l'ampleur du mouvement étudiant aussi
03:20qui s'est emparé de la mort de Malik
03:23comme symbolique de la violence que eux vivaient.
03:27Et c'est vrai que ça a été un long combat pour la justice,
03:30de longues années aussi de diffamation
03:33par les journaux d'extrême droite, par les politiques.
03:36Donc ça a été très difficile pour la famille
03:39de réussir à avoir un procès.
03:41La vérité, c'est qu'il y a des gens qui nous en veulent d'oser réclamer justice.
03:43Ils veulent tout faire pour nous en empêcher.
03:45De rester unis.
03:48Et finalement, ils ont un procès où il y a un semblant de justice
03:52et un goût d'injustice parce que même si les policiers sont condamnés symboliquement,
03:56ils ne vont pas en prison.
03:58Et pourtant, ce n'est pas du tout une affaire qui est enseignée
04:00dans l'histoire contemporaine française.
04:02C'était un étudiant comme tous les autres.
04:05Il s'appelait Malik.
04:07Et c'est bien là une des réalités de la France d'aujourd'hui.
04:11Depuis l'école maternelle jusqu'à l'université,
04:14les enfants de France d'où qu'ils viennent
04:17travaillent ensemble, se reconnaissent et s'aiment.
04:20Il n'est pas question pour eux d'exclure Paul ou Jacques
04:24et pas davantage Yasmina ou Malik.
04:28C'était vraiment un jeune garçon de 22 ans
04:31qui avait des rêves et des ambitions
04:33et qui s'est fait complètement happer par la réalité raciste
04:37et la violence étatique et policière de l'époque.
04:40Et malheureusement, ça résonne beaucoup
04:42avec beaucoup de choses qu'on voit aujourd'hui.
04:44C'est une histoire non seulement qui va être enfin visibilisée
04:47après 35 ans où il n'y a rien quasiment sur cette histoire,
04:50mais en plus à travers le monde.
04:53On va sortir enfin aussi d'une espèce de légende
04:56selon laquelle les violences policières,
05:00ça n'existe qu'aux Etats-Unis.
05:02Le nom de Malik ou Seykine va résonner à travers le monde.
05:05Pour nous, symboliquement, c'était vraiment quelque chose de très important.

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