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"J’ai vraiment la sensation qu’on peut être un jour l’équivalent d’un grand sport"
En 2013, il a cofondé la Team Vitality. Aujourd’hui c’est la plus grande équipe esport en France. Fabien "Neo" Devide raconte.
Transcription
00:00L'e-sport c'était un à côté pour moi, j'allais faire des tournois le week-end,
00:03sur mon temps libre le soir j'allais avoir ma petite association ou mon clan de potes.
00:08Je ne me disais pas, un jour je serai coach, un jour j'aurai une entreprise là-dedans.
00:23Je suis né en Avignon le 24 décembre 1992.
00:26Les jeux vidéo c'est un peu un passage obligatoire pour la dernière génération
00:28parce qu'il y avait la démocratisation des consoles de salon.
00:31Ma première console c'était 7 ans, c'était Pokémon Jaune.
00:34J'avais eu ça, j'étais le plus heureux du monde
00:35et je me levais à 7h du matin pour jouer à la Game Boy et c'était vraiment un truc extraordinaire.
00:40Après Pokémon j'ai eu des consoles de salon forcément, j'ai eu la PlayStation 1, la PlayStation 2.
00:44Ce qui m'avait fasciné pendant des années sur Xbox c'était le multijoueur en fait.
00:47Parce que pendant longtemps il y avait Halo, Halo 2, etc.
00:49Et il y avait déjà, je voyais des communautés entières, des compétitions qui se jouaient.
00:53J'ai 14-15 ans et je suis dans une recherche, je me recherche quoi.
00:58C'est-à-dire que j'ai un manque de reconnaissance, j'ai toutes les questions, les anxiétés
01:01de qu'est-ce que je vais faire de ma vie, qu'est-ce que je vais faire plus tard.
01:04T'as envie d'être grand déjà, d'être un adulte avant l'heure.
01:07C'est chiant d'avoir 14 ans, t'aimerais en avoir 18.
01:10T'as ces jeux vidéo, t'as cette forme de liberté, d'émancipation qui se crée et c'est hyper jouissif.
01:16Tu te rends compte qu'il y avait des tournois, des tournois pour 150 balles où tu gagnais des championnats.
01:20Donc il y avait des équipes qui se montaient, qui s'affrontaient.
01:23Et mon obsession à partir de ce moment-là c'était de monter une équipe
01:26et de finalement trouver un groupe de potes ou de coéquipiers avec qui j'allais pouvoir m'entraîner
01:31de manière un peu structurée et développer en fait la stratégie.
01:34J'avais déjà plein de joueurs qui avaient grandi et qui avaient déjà un peu posé les briques de ça.
01:39Donc nous, on est arrivés en tant que deuxième génération et ça a été une révélation.
01:45C'est-à-dire les premiers matchs, je me souviens avoir des sensations de sorte d'adrénaline,
01:49de dopamine qui vient quand tu gagnes, de rage de perdre ou de manque de préparation,
01:57de se faire éclater par des mecs qui sont au contraire très préparés et qui d'un coup te disent
02:00« mais en fait il y a tellement de profondeur dans le jeu et de palettes techniques et tactiques
02:04qu'en fait c'est un vrai sport en fait ».
02:06J'arrive à 17 ans, j'ai mon bac, j'ai monté mon association dans l'e-sport
02:11parce que l'air de rien j'avais que ça qui me passionnait et sur lequel je pouvais m'investir, j'avais beaucoup de temps.
02:15Moi à ce moment-là, j'ai déjà fait le deuil un peu de ma carrière en tant que joueur parce que je ne suis pas assez bon.
02:19Au-dessus de moi, il y a des mecs qui ne vont pas s'entraîner trois heures, quatre heures et qui ont ce QI e-sport
02:23qui font qu'ils sont juste des super champions.
02:27J'ai 19-20 ans, je possule à plein stage sur un petit peu au hasard, je tombe sur un...
02:31Par hasard un jour, il y a Cabo Productions qui m'appelle et Cabo Productions en fait c'est la boîte de prod qui fait une série qui s'appelle « Scène de ménage ».
02:39Et c'est là-bas où je rencontre Nico qui lui est chef monteur et du coup c'est mon boss.
02:44Il me voit arriver tous les lundis mais complètement explosé parce qu'en fait il faut savoir que là j'ai mon association à ce moment-là
02:48qui commence un petit peu à décoller, on a des super résultats et la journée, j'ai mon boulot.
02:53Et un jour, Nico me dit « mec, t'as une tête de zombie, comment ça se fait que tous les lundis t'es carbonisé, qu'est-ce que tu fous ? »
02:58Et là, je lui explique un peu ce que je fais et là, lui il est juste...
03:02Il tente mais genre vraiment de sa chaise, on me dit « putain, c'est trop bien, j'en ai entendu parler. »
03:052013, quasiment un an et demi après que je sois devenu actif, je me souviendrai, c'était un matin.
03:12Un matin, il m'avait appelé à 9h un samedi, il m'a dit « mec, je fais QI pensé, je pense qu'il faut monter une boîte. »
03:17Et moi, je suis en mode « si tu veux, je ne sais pas ce que c'est. »
03:20Donc on s'est lancé avec 10 000 euros de chiffre d'affaires qui ont été financés à 100% par un Nico et un autre acteur associé
03:26que j'ai remboursé genre 6 ans après parce que franchement, les premières années, on ne va pas se mentir,
03:31on n'a pas gagné un rond, même je pense qu'on allait à notre appauvrissement.
03:34Après, on ne va pas se mentir, on s'est lancé aussi avec un énorme accélérateur de particules qui s'appelle Gotaga, qui est un YouTuber.
03:39Gotaga, il arrive avec une fanbase conséquente pour l'époque, mais alors ce n'est pas les proportions d'aujourd'hui
03:44parce que c'est sûr qu'aujourd'hui, les influenceurs sont devenus de plus en plus mainstream et même Gotaga,
03:48quand tu vois qu'il a un son avec Vald, etc., tu te sens que le gaming, l'esport, le streaming,
03:53c'est de plus en plus grand public et de moins en moins une super niche.
03:57On fait une première sortie qui se passe moyennement, je crois, où on finit 3e.
04:02On a une autre sortie internationale où c'est un échec complet.
04:06Et puis, on a la rédemption. La rédemption, c'est le championnat de France.
04:09On est les favoris en France sur le papier. On a les meilleurs joueurs individuels.
04:13Et là, ça se passe à la Paris Games Week. Et là, tu fais champion de France devant ça.
04:15Et là, je pense qu'effectivement, c'est la réalisation ultime.
04:18L'adrénaline de la victoire, ça devient une drogue.
04:21Et à ce moment-là, tu n'as qu'une idée en tête, c'est de dire, je veux faire ça tous les jours.
04:31Maintenant, c'est devenu un métier à part entière, avec beaucoup de content creator
04:35et une place des influenceurs aussi sur les réseaux sociaux.
04:38Tout ça, ça a aidé forcément à rendre un peu plus attractif le marché.
04:42À partir du moment qu'une équipe arrive à lever les fonds,
04:44les tout autres vont y arriver grâce à ça.
04:47Parce que quand une équipe lève 36, 50 millions, ça donne des idées.
04:52Et puis, ça rassure aussi les fonds, ça rassure des investisseurs.
04:54Dire là où je suis dans 5 ans, c'est, j'espère toujours là déjà.
04:57J'espère qu'on aura des titres majeurs.
04:59J'espère qu'on se sera imposé comme une équipe un peu globale et internationale
05:03tout en conservant nos racines françaises parce que c'est notre fierté.
05:05J'ai vraiment la sensation qu'on peut être un jour l'équivalent d'un grand sport
05:11et d'un sport qui va continuer de passionner.
05:13En tout cas, je serais ravi d'en avoir fait partie.

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