• il y a 3 jours
Sébastien, Hugues, Émilie et Franck sont agriculteurs. Ils ont tous fait le choix de passer à l'agriculture biologique. Aujourd'hui, ils font partie des 12% de fermes bio de France. Pour Brut, ils reviennent sur leur parcours de conversion au bio.

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00:00Avant c'était mon grand-père qui avait le terrain, il faisait pas dans le bio.
00:03Si on traite pas, si on désherbe pas, rien pousse, selon lui, mais je suis convaincu du contraire.
00:11Avant c'est vrai qu'on avait un prix déjà payé au producteur qui était vraiment dérisoire on va dire.
00:15La situation financière de l'exploitation était en péril.
00:19Il n'y avait aucune transparence sur la répartition des marges, elle était complètement obscure.
00:23On s'est dit, il faut qu'on change le système.
00:25On se rendait compte qu'avec la chimie on peut faire plein de choses qui sont merveilleuses
00:29mais qu'au bout d'un moment ce passé d'élevage ça devenait compliqué
00:33et que les systèmes agronomiques les plus aboutis et les plus autonomes
00:37sont ceux qui développent à la fois des cultures et à la fois de l'élevage.
00:59Narine, Nebraska, moutarde, iceberg.
01:10Ici vous êtes dans mon verger qui est en conversion.
01:13Mon grand-père était tout simplement un agriculteur et est à la retraite maintenant depuis bon nombre d'années.
01:19Il continue parfois de me filer un coup de main, même si on n'a pas du tout les mêmes noms.
01:23Il a débuté en conventionnel, il ne faisait pas dans la demi-mesure, donc c'est un peu dommage.
01:28Mais bon, moi j'ai pris les rênes et j'ai décidé de passer en bio pour des raisons éthiques et professionnelles.
01:35Et surtout parce que j'aime ça.
01:45J'utilise de l'oxygène, j'utilise de l'oxygène, j'utilise de l'oxygène, j'utilise de l'oxygène,
01:51J'utilise pas de produits issus de la pétrochimie, c'est que de l'organique.
01:57J'évite de cramer l'environnement de mes arbres et de casser l'équilibre qu'on a généralement,
02:02que ce soit dans une forêt ou dans un écosystème.
02:04Je suis content de travailler comme ça surtout, parce que travailler avec des produits qui sont dangereux pour la santé,
02:09c'est pénible, pour moi c'est pénible.
02:13Nous c'est Emile et Franck, bienvenue sur notre exploitation laitière biologique en Mayenne.
02:29Les raisons principales de la conversion, c'est le fait qu'on était dans une production de lait conventionnel,
02:36avec un transformateur qui nous collectait.
02:39On trouvait que le prix payé était vraiment ridicule.
02:43En plus de ça, on avait une relation avec ce transformateur qui n'était pas à notre goût.
02:52Le fait de passer en bio, c'est vrai qu'on a un mode de production qui est plus en déséquation avec ce qu'on pense nous,
02:59ce que les gens attendent.
03:01C'était aussi une façon de protéger nos voisins, les maisons qui sont proches de chez nous,
03:07de tout ce qui est pesticides et tout ça.
03:09J'en avais marre un peu de sortir le pulver tout le temps.
03:12C'est une accumulation de petites choses qui ont fait qu'on s'est dit qu'il fallait changer de système.
03:17Ça nous aide à être plus sereins dans notre vie.
03:20C'est vrai qu'on a retrouvé une fierté de notre travail.
03:23On peut dire qu'on est un agriculteur, on fait du bio et on est fier de ce qu'on fait.
03:38En Visol, on est un groupe d'une quinzaine d'agriculteurs qui avait été créé il y a une dizaine d'années maintenant.
03:43On avait une grosse sensibilité sur la gestion de nos sols.
03:47On était orienté en agriculture de conservation.
03:50On se posait plein de questions sur nos pratiques conventionnelles.
03:54Notre idée, c'était de montrer qu'on pouvait faire de l'agriculture sans avoir un impact qui soit trop négatif sur notre milieu.
04:02Chacun sur sa ferme doit essayer des choses un peu plus ou moins innovantes,
04:06suivant ses désirs et ses aspirations,
04:10et être capable de rendre compte, à l'occasion des tours de plaine, des réunions qu'on fait ensemble,
04:15être capable de rendre compte avec transparence sur les réussites et les échecs de chaque mise en place.
04:21On a l'élevage pour trois fermes du groupe.
04:24Certains sont partis sur le désherbage mécanique.
04:28Il y en a eu également une grosse partie qui essaye les macérations, les purins d'ortie, les purins de consoude.
04:34De fil en aiguille, dans le groupe, certains ont commencé à faire la conversion à l'agriculture biologique.
04:41Ça nous a ouvert les yeux sur les portes que ça pouvait nous ouvrir.
04:45Depuis aujourd'hui, je crois qu'on est presque 100% ou 90% en conversion vers l'agriculture biologique.
04:58Je mets des répulsifs naturels à base d'ail.
05:02Ça marche pour éloigner le puceron, ça limite un peu les populations, ça rend les arbres moins attractifs.
05:08Parfois il y a un peu de puceron, mais maintenant il n'y en a plus,
05:12vu que je ne mets pas d'insecticides, les coccinelles viennent, elles se régalent.
05:16C'est un peu comme ça que j'ai commencé,
05:19c'est un peu comme ça que j'ai commencé,
05:22c'est un peu comme ça que j'ai commencé,
05:25il n'y a pas d'insecticides, les coccinelles viennent, elles se régalent,
05:28et je n'ai pas mon arbre qui est colonisé, donc c'est plutôt bien.
05:31En plus, il y avait des abeilles dessus, donc je les laisse butiner tranquilles.
05:36Là, je laisse pousser l'herbe pour laisser les insectes vivre leur vie,
05:40parce que si on tombe tout, forcément la concentration des arbres, ça va attirer les nuisibles, le chiraxin.
05:47Donc je laisse l'herbe, je laisse les fleurs, ça finira forcément par faire un cycle de vie et nourrir ma terre.
05:53Je travaille uniquement la surface et le moins possible,
05:58pour éviter de trop casser tout ce qui est micro-organismes.
06:03Et par ce biais, j'essaie d'avoir un équilibre, tout simplement.
06:11J'ai pris de la variété qui est française, donc la ferragnaise et la ferraduelle.
06:16C'est toujours intéressant d'avoir des arbres qui se sentent bien dans le climat.
06:19Je me suis fourni par exemple une parcelle chez un pépiniériste français.
06:22Les arbres sont magnifiques, je n'ai pas de mortalité, tout va bien, tout baigne.
06:27Quand le gel s'est vraiment installé, est-ce que j'ai été réellement impacté par rapport à d'autres agriculteurs ?
06:32J'ai envie de dire non, mais je l'ai été, oui.
06:35Par arbre, je pense que j'ai un bon 10 ou 15% qui est parti.
06:39Quand l'amandeau prend une coloration légèrement noire, c'est que c'est mort.
06:44C'est toujours bien d'avoir des arbres, de choisir des variétés qui s'adaptent à son climat.
06:48J'ai fait ce choix-là d'avoir plusieurs petites variétés pour voir laquelle climate le mieux.
06:57Je me renseigne pas mal sur tout ce qui est permaculture.
07:00Je prends toujours des petits trucs, ce qui m'intéresse et ce que je vais pouvoir l'appliquer dans mes champs.
07:04Je vais tenter aussi de faire pousser des haricots juste à côté des arbres.
07:08C'est un fixateur d'azote.
07:09Si j'ai des haricots, j'ai de quoi manger, c'est cool.
07:11Je coupe et après ça fait de l'engrais.
07:14Je nourris ma terre et j'essaie d'avoir un équilibre pour que ça arrive sur mes arbres.
07:20Bob, hop ! Hop ! Allez, ramène ! C'est Bob qui ramène les moutons.
07:45On se rendait compte qu'avec la chimie, on peut faire plein de choses qui sont merveilleuses,
07:49mais qu'au bout d'un moment, ce passé d'élevage devenait compliqué
07:53et que les systèmes agronomiques les plus aboutis et les plus autonomes
07:57sont ceux qui développent à la fois des cultures et à la fois de l'élevage.
08:01On ne peut pas faire du blé tout le temps. On ne peut pas cultiver du blé pendant 10 ans.
08:04Si on met tout le temps la même chose, les plantes vont tout le temps absorber les mêmes éléments
08:09et le sol va finir par s'appauvrir.
08:12Au changement climatique, ça fait une dizaine d'années qu'on commence à le pressentir.
08:16On dit toujours que le mauvais temps, c'est celui qui dure trop longtemps.
08:18Et c'est ce qu'on a de plus en plus. On alterne des périodes où il pleut pendant deux mois
08:23et puis après, des périodes où il fait sec pendant deux mois.
08:25Par rapport aux à-coups climatiques, un système qui sera plus autonome, il sera plus robuste.
08:35Les animaux, en grande majorité, mangent du fourrage à base d'herbes.
08:39L'objectif est de nourrir les vaches avec toutes nos cultures, toutes nos surfaces fourragères.
08:43C'est fertilisé avec les déjections de nos animaux.
08:46Il n'y a plus de produits de synthèse. Le traitement de ça, il n'y en a plus.
08:49Elles sortent dehors à la belle période. Cette année, c'était à partir de fin février.
08:55Ça fait largement plus de 200 jours, ça c'est sûr.
08:57C'est un peu la liberté. Elles sont comme nous. Elles se mettent où elles sont le mieux.
09:03Quand les animaux marchent un peu plus, vont dans les pâturages,
09:07c'est plus souple pour les sabots et pour les membres.
09:09C'est sûr qu'il y a moins de risques de pathologie.
09:12On a moins besoin de préventif régulier.
09:16On est plus vraiment sur les petits cas où les animaux ont besoin d'un soutien.
09:21Ce qui est beaucoup plus rare qu'en conventionnel.
09:24Au niveau des traitements, en bio, il n'y a plus le droit au traitement systématique.
09:28C'est comme ça. Il faut jouer sur le préventif naturel
09:34pour n'avoir plus que le curatif à gérer.
09:44On a des boîtiers qui nous permettent de connaître les temps de rumination
09:49et l'activité de chaque animal.
09:51Ça nous permet vraiment de suivre au plus près les animaux
09:55pour savoir s'ils n'ont pas de troubles de la santé
09:58et d'intervenir au plus vite dans ce cas-là.
10:01Sinon juste de pouvoir comparer au jour le jour si tout se passe bien.
10:05C'est ça qui est important.
10:24Quand je me suis installée avec mon mari en 2014,
10:27le prix du lait n'était pas du tout au rendez-vous.
10:31Et puis on avait un dialogue complètement fermé avec la laiterie à qui on vendait notre lait.
10:36La primale conversion versée par la laiterie et par Carrefour
10:39nous a aidé à passer le cap de la conversion.
10:43Pendant la conversion, on conduit notre troupeau et nos cultures en agriculture biologique
10:49mais on continue à vendre avec un prix de vente conventionnel.
10:52Aujourd'hui, on a signé un contrat tripartite avec la laiterie et Carrefour,
10:56donc producteurs, laiterie et distributeurs.
10:59C'est un contrat qui dure trois ans.
11:01On a un prix minimum donné.
11:03Et au niveau rentabilité, on est beaucoup mieux.
11:15L'amandier, c'est une culture qui est nouvelle pour nos animaux.
11:19L'amandier, c'est une culture qui est nouvelle pour nos agriculteurs.
11:23Et donc toutes les techniques de production et surtout en bio sont à bâtir, à redécouvrir.
11:29On a connu un partenariat avec Carrefour
11:32où les magasins s'engagent à acheter pendant trois ans nos amandes et surtout à un prix garanti.
11:40Et moi, ça me permet derrière de dire à mes agriculteurs,
11:42regardez, vous pouvez vous engager en bio en sécurité
11:45parce que derrière, elles seront valorisées à leur juste valeur.
12:00La culture d'amandier, lorsqu'elle est intensive comme ça peut l'être en Californie,
12:05là, ça pose des problèmes de sécheresse,
12:08surtout quand la Californie, de base, c'est un terroir qui est très sec.
12:12Nous, ici, on a de l'eau, on a les Pyrénées qui nous irriguent,
12:16le soleil de Méditerranée, le vent.
12:18L'amandier, c'est un arbre qui se plaît beaucoup chez nous.
12:20L'idée, c'est vraiment de faire renaître cette culture qui est historique et locale.
12:25En Californie, ils ont développé des variétés qui sont des amandes douces,
12:28qui sont bien gonflées, croquantes,
12:31mais du coup, elles sont devenues presque insipides,
12:34elles ont perdu leur goût,
12:35alors que nos variétés françaises, elles sont plus sucrées,
12:38elles sont un peu plus grasses.
12:40Donc, on retrouve vraiment le vrai goût des amandes de chez nous.
12:53Le Moulin Marion, c'est une histoire familiale,
12:55ça fait aujourd'hui cinq générations.
12:57On est en bio depuis maintenant 37 ans, par conviction.
13:01C'est mes parents qui ont lancé ça quand ils ont repris l'activité.
13:04On a cherché les leviers, bien sûr,
13:06pour faire progresser la production bio en France.
13:09Au travers des discussions qu'on peut avoir avec un de nos partenaires majeurs,
13:12qui est Carrefour, avec qui on travaille depuis maintenant 30 ans pour la boule bio,
13:16on a discuté justement de comment valoriser ces céréales en conversion.
13:20Carrefour s'est engagé à valoriser correctement la farine
13:25pour que nous puissions ajouter une prime d'achat de ces céréales C2 aux agriculteurs.
13:31Ça leur permet de passer cette phase de transition vers la bio
13:34en évitant des risques financiers
13:36et en sécurisant leur production.
13:39L'idée à tout ça, c'est vraiment, à chaque fois,
13:41de pouvoir écouler les volumes qu'on a pu collecter avec les agriculteurs
13:45au prix juste et à la bonne valorisation avec nos partenaires.
13:52Ça fait sept ans que je suis au Moulin,
13:53et ça fait sept ans qu'on a des collectes atypiques,
13:55des problèmes liés au climat,
13:57des fortes précipitations, des fortes chaleurs,
14:00qui impactent fortement nos cultures.
14:03La bio permet à un moment donné de participer à l'atténuation de ces changements,
14:08tout en préservant les terres pour les générations qui vont arriver plus tard.

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