Où en sont les droits humains en 2018 ?
Kenneth Roth, directeur général de Human Rights Watch en français répond à Brut.
Kenneth Roth, directeur général de Human Rights Watch en français répond à Brut.
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00:00Cette année, il y en a eu les grands mouvements des femmes, aux Etats-Unis, le Me Too mouvement,
00:08en France c'est le Balance ton porc mouvement. Ces mouvements ont mis en lumière le déséquilibre
00:16entre les hommes et les femmes qui existe toujours, surtout dans le domaine du travail.
00:21Je crois que nous sommes en train de faire un progrès important pour cesser ces abus
00:29contre les femmes. En même temps, il y avait l'autre progrès. Par exemple, on voit plusieurs
00:36pays arabes, la Tunisie, le Jordan, le Liban, qui ont changé la loi pour que ceux qui violent
00:47une femme ne puissent plus marier la victime pour éviter la prison. Les femmes rencontrent
00:58toujours des grands problèmes, par exemple en Arabie Saoudite, où les lois des gardiens mettent
01:06les femmes sous l'autorité des hommes pour n'importe quelle grande décision de la vie.
01:12On parle beaucoup de la loi de conduire une voiture, c'est un petit pas dans la bonne
01:20direction, mais les grandes lois de répression contre les femmes existent toujours, même sous
01:28le soi-disant réformiste Prince Aréditier. Le défi pour Macron, c'est de gouverner avec les mêmes
01:42valeurs qu'il a défendues pendant la campagne électorale. Il s'est opposé très fortement
01:49contre les idées populistes du Front National. On avoue que parfois, il était très fort en faveur
01:58des droits humains, avec ses rencontres avec Poutine, avec Erdogan, même avec Trump. Mais
02:08ailleurs, il hésitait de parler des droits humains. Pendant sa visite en Chine, avec ses rencontres
02:15avec Sisi d'Egypte, chez lui en France, il a pris l'état d'urgence et l'a normalisé. Il l'a mis
02:25dans la loi commune, sans nécessité. Avec l'immigrant, il paraît que Macron reconnaît
02:34que personne ne peut être renvoyé forcément vers la Libye. Et donc ça, c'est une fondation
02:44importante. Il a parlé aussi de l'importance d'investissements économiques dans les pays
02:51dont les migrants viennent. Et ça, c'est une autre partie acceptable de sa politique. Mais de l'autre
03:00part, il parle d'accélérer l'évaluation de ceux qui demandent l'asile. Et moi, je crains que cette
03:10accélération puisse être une rapidité de rejeter les demandes qui sont bien vendues. Migrants ou
03:24réfugiés ou quelqu'un qui demande l'asile, c'est important que les polices ne les maltraitent
03:33jamais. Il doit y avoir une tolérance de zéro pour les battements, pour les gaz irrétants,
03:44pour la destruction de leur abri. Les abous que Human Rights Watch a documentés à Calais doivent
03:53cesser. La situation des personnes LGBT est un peu mixte en ce moment. On a fait de grands
04:04progrès avec le mariage pour tous. Et ça, en fait, ça avance dans plusieurs pays autour du monde. Mais
04:11aussi pour faire du coming out, pour vivre plus ouvertement avec leur orientation sexuelle. Mais
04:19cette ouverture a créé une réaction. Par exemple, en Russie, où l'économie ne marche pas tellement
04:27bien, Poutine a changé le sujet en attaquant les LGBT. Et c'est à peu près la même chose en
04:36Nigeria ou bien en Uganda. En Tchétchénie, le président local, Kadyrov, est une totalitaire
04:45vraiment violente. Ils étaient en train d'arrêter, de torturer et parfois de tuer les LGBT. Et
04:57heureusement, il y avait un cri contre ces événements. Et même Poutine ne pouvait pas
05:05l'ignorer. Il se sentait obligé de dire à Kadyrov qu'il faut cesser ce horrible maltraitement des
05:14LGBT de Tchétchénie. Et pour l'instant, cet maltraitement a cessé. Le grand problème pour les
05:24migrants en Europe, c'est que la plupart, en ce moment, viennent de la Libye. Les conditions
05:31de détention en Libye sont si horribles, avec la torture, avec le travail forcé, avec l'esclavage
05:38sexuel, que personne ne devrait jamais être renvoyé forcément en Libye. Et donc le problème,
05:46c'est comment protéger les frontières de l'Europe sans renvoyer les gens forcément en Libye. Ça,
05:54c'est enfin une difficulté que l'Union européenne et même l'Italie n'ont pas encore réussi à
06:01résoudre. La meilleure solution, c'est d'investir dans des pays dont les migrants viennent et de
06:12combattre contre la répression dans ces pays. Il y a des pays qui sont plus accueillants envers
06:20les migrants, surtout l'Allemagne, la Suède, même la France. Et là, on voit une acceptation de la
06:30responsabilité de donner un endroit de refuge pour ceux qui fuient la répression et la guerre.
06:40Nous avons remarqué que dans les pays européens, il n'y a presque pas de migrants. En Hongrie,
06:47en Pologne, dans les pays d'Europe centrale, ce sont ces gouvernements-là qui s'opposaient
06:54à l'arrivée des migrants. C'est un peu ironique.