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00:00Bonjour Bruno Rotailleau. Bonjour Sonia Mabrouk.
00:04Et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:06Vous êtes le ministre de l'Intérieur. Il y a beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin.
00:09Monsieur le ministre, des sujets qui ont très bien sûr à la sécurité des Français, à votre action également au sein de ce ministère.
00:16Et tout d'abord, cette rixe mortelle devant un lycée à Hyères en Essonne, un adolescent de 17 ans,
00:21a été poignardé semble-t-il au cours d'un règlement de compte entre bandes rivales.
00:25Les habitants et les parents d'élèves, et on peut les comprendre, craignent des représailles.
00:29Vous appelez, d'abord vous dénoncez un ensauvagement, et vous appelez une réforme de la justice des mineurs.
00:34Est-ce que vous considérez, Bruno Rotailleau, lorsqu'un mineur tue comme un adulte, il doit être jugé comme un adulte ?
00:41Je l'ai toujours considéré. Je pense qu'aujourd'hui on a un problème majeur.
00:45Je suis bien placé comme ministre de l'Intérieur pour le savoir.
00:47Une grande partie de la délinquance, y compris la délinquance la plus violente, est le fait de mineurs.
00:53Et ces mineurs, malheureusement, ont un sentiment d'impunité.
00:56Pourquoi ont-ils un sentiment d'impunité ? Parce que notre politique pénale, la loi qui régit, qui encadre la justice des mineurs, n'est plus du tout adaptée.
01:06Parce qu'on enferme, en réalité, les mineurs dans un long parcours de délinquance.
01:11La plupart de ceux qu'ils tuent, on se rend compte qu'ils ont des sans-técédents judiciaires.
01:155, 10, 15, 20, 30, qui n'ont jamais été condamnés à la prison.
01:20Donc moi je pense qu'il faut réformer profondément la justice des mineurs.
01:24Un, avec des courtes peines de prison de quelques semaines dans des établissements différenciés qui sont prévus à cet effet, comme le font par exemple les Pays-Bas.
01:34C'est une semaine, deux semaines, trois semaines, voilà.
01:37Deux, il n'y a pas d'excuses pour ceux qui tuent, ceux qui blessent grièvement, y compris pour la minorité.
01:43Il faut transformer les choses.
01:45C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'excuse de minorité est la règle.
01:49Demain, elle doit devenir l'exception.
01:51La comparution immédiate.
01:53Une vraie réforme...
01:54Mais tout ça a été détricoté. Quelle politique on paye aujourd'hui, finalement ?
01:57Oh, c'est une politique 68ards, une politique très gauchisante qui a considéré que la sanction, la prison, c'était une mauvaise chose, qu'il fallait rééduquer, qu'il fallait avoir de la pédagogie.
02:08Ces gens ont simplement oublié ce que l'on sait pour nos propres enfants.
02:12C'est que la sanction fait partie de l'éducation et de la prévention.
02:18Pourquoi est-ce que... Interrogez-vous sur le narcotrafic.
02:21Pourquoi les narcotrafiquants utilisent-ils de plus en plus des jeunes mineurs ?
02:25Très jeunes, 14, 15 ans.
02:26Parce qu'ils connaissent très bien notre politique pénale.
02:28Parce qu'ils connaissent les règles, exactement.
02:30Donc, moi, je pense que...
02:31Alors, Gabriel Tal avait déposé un texte qui est au Sénat, qui, je trouve, a été trop affaibli.
02:36J'espère qu'en séance, nos amis sénateurs vont le durcir.
02:40C'est fondamental.
02:41Un mot, quand même, sur la famille.
02:43Parce que ces jeunes, de plus en plus jeunes, qui tuent et donc qui sont tués aussi, il y a un problème familial.
02:50Alors, il faut agir sur les allocations familiales, puisque les milieux eux-mêmes, ces milieux familiaux, sont violents.
02:55Je le pense, mais il faut simplement appliquer la loi qui existe déjà.
02:59Vous avez, dans le Code pénal, un article L227-17,
03:05qui peut condamner un père, une mère, dès lors qu'il y a une défaillance manifeste dans l'éducation.
03:11Les familles reçoivent, à coût d'argent public, des allocations familiales, etc.
03:15Elles doivent rendre compte.
03:17Certaines peuvent être dépassées.
03:19Mais quand il y a une insuffisance manifeste dans le cadrement du jeune,
03:23alors la famille doit être appelée en responsabilité.
03:26Et je pense que tant qu'on n'agira pas sur ces deux leviers,
03:30en amont la parentalité, la responsabilité familiale,
03:34et en aval une réforme totale de la justice des mineurs,
03:38je pense qu'on n'aboutira à aucun résultat.
03:41Alors que la liste des victimes mineures s'allonge.
03:43Mais bien sûr.
03:45Notamment sur le narcotrafic, il y a un épouvantable rajeunissement de ceux qui tuent et de ceux qui sont tués.
03:51Le narcotrafic, ce sont des enfants soldats et des enfants victimes.
03:55C'est ça, aujourd'hui, la réalité.
03:57On va parler, évidemment, du narcotrafic.
03:59Bruno Rotailleau, on poursuit notre entretien.
04:01En parlant de la justice des mineurs, puisque l'agresseur du rabbin,
04:04Arie Engelberg, va passer devant la justice des enfants.
04:07Le communiqué de la procureure hier indique que cet individu est impliqué
04:11dans trois procédures judiciaires pour des faits de trafic de stupéfiants
04:14et de violence sur personne dépossédée de l'autorité publique.
04:18À quel profil a-t-on affaire, ici ?
04:21Mais c'est toujours la même chose.
04:23Alors là, vous ajoutez la dimension de l'antisémitisme.
04:26Mais vous voyez bien que ces jeunes sont enfermés dans des parcours de violence.
04:30Pourquoi est-ce que je dis ça ?
04:32Parce que comme ils ont un sentiment d'impunité,
04:34comme la sanction ne tombe pas dès le premier délit un peu grave,
04:38eh bien, il continue, il continue, il continue.
04:40Il n'y a pas de butée, on ne repose rien du tout.
04:43Et tout cela va jusqu'à des extrémités.
04:46Donc moi, je pense que vous avez en plus, ici, l'antisémitisme.
04:50Nous baignons, aujourd'hui, dans un antisémitisme d'atmosphère.
04:54Je citais, il y a quelques minutes, le cas d'un jeune collégien
04:58dans un collège qui est en Lessonne,
05:01qui a été retiré de sa classe, notamment en classe,
05:05parce qu'il profferait des insultes antisémites.
05:07Il est convoqué devant le chef d'établissement.
05:09Il va avoir quoi ? Un conseil de discipline ?
05:11Mais voilà, voilà.
05:12Mais ce que je veux dire, c'est que tout cela doit nous inciter à la plus grande rigueur.
05:16À la plus grande rigueur.
05:17Mais à qui dites-vous, monsieur le ministre de l'Intérieur ?
05:19Je le dis simplement en posant un constat.
05:22Je veux rappeler à votre micro, je veux rappeler un chiffre,
05:26deux chiffres pour les rapprocher, qui sont terrifiants.
05:28Nos compatriotes français de confession juive
05:32représentent moins de 1% de la population.
05:35Et pour autant, ils sont victimes de près de 60% des actes racistes et antireligieux.
05:411% d'un côté, près de 60% de l'autre.
05:45Donc, vous avez un antisémitisme d'atmosphère
05:48qui, aujourd'hui, a un double visage.
05:50Hier, c'était l'extrême droite,
05:52qui est aujourd'hui cet antisémitisme d'extrême droite plutôt résiduel.
05:56Ce double visage, c'est l'islamisme.
05:58L'islamisme qui, aujourd'hui, je le dis solennellement à votre micro,
06:03se comporte comme le fasciste d'hier.
06:05Le fascisme, dans la mesure où c'est un catalyseur de haine antisémite.
06:10Et puis, il y a un autre visage, l'extrême gauche.
06:13L'extrême gauche qui, sous le masque, en réalité, de l'antisionisme,
06:18attise les braises de l'antisémitisme,
06:21instrumentalise la cause palestinienne,
06:24simplement pour draguer un vote communautariste.
06:28On entend votre condamnation, votre indignation.
06:31D'ailleurs, les réactions politiques pleuvent.
06:33Mais au-delà, est-ce qu'il y a une forme d'impuissance,
06:35aujourd'hui, Bruno Rotailleau, de l'État,
06:37à agir, à, finalement, tenter d'éradiquer
06:40ou, en tous les cas, de diminuer ce poison qui se distille ?
06:43Je pense qu'il faut que l'État soit ferme.
06:45Il ne l'est pas assez, alors ?
06:47Si, je pense que c'est la question, par exemple, du voile,
06:50qui est dans notre actualité.
06:52C'était l'actualité de la semaine dernière.
06:54C'est encore l'actualité de cette semaine,
06:56après les propos de Teddy Rumer.
06:59Je pense que, de ce point de vue-là,
07:01il faut être très ferme.
07:02Parce qu'on voit bien que ce sentiment,
07:04en tout cas cette haine antisémite,
07:06est propagée par l'islamisme.
07:08Et l'islamisme tient beaucoup au voile.
07:11Bien entendu que...
07:12Donc, dans votre équation, il y a l'extrême gauche,
07:14la France insoumise,
07:15l'islamisme qui conduit à l'antisémitisme.
07:17Et où intervient l'État dans tout cela ?
07:20Est-ce que ce sont des discours dans la classe politique, aujourd'hui ?
07:23Justement, l'État doit être ferme.
07:25Et nous devons être ferme sur ce qui constitue
07:27notre identité républicaine profonde.
07:29C'est-à-dire que la République,
07:31c'est, en quelque sorte, l'indifférence aux différences.
07:34C'est la République ou la France ?
07:35Eh bien, il y a la France.
07:37Bien sûr que c'est la France.
07:39La République est un régime.
07:41Simplement, ce que je veux dire,
07:43c'est que ce régime qui nous permet d'avoir un cadre commun,
07:46on doit être ferme.
07:47On ne doit pas reculer.
07:48Et ne pas reculer, c'est de faire en sorte que,
07:50dans les compétitions sportives,
07:51on interdise le voile.
07:54Mais expliquez-nous, pourquoi on arrive aujourd'hui...
07:56D'ailleurs, les chiffres des actes antisémites,
07:58est-ce que peut-être, malheureusement,
08:00qu'ils continuent d'augmenter ?
08:01Est-ce que vous avez des derniers chiffres depuis l'année 2025 ?
08:05Depuis le 7 octobre 2023,
08:09ils ont été multipliés par plus que 3.
08:12Mais là encore, on voit bien que
08:14ces mouvements-là d'extrême-gauche
08:16tentent d'importer sur notre sol national
08:19le conflit israélo-palestinien.
08:21Pourquoi est-ce qu'ils y arrivent ?
08:22Est-ce qu'il y a eu, pendant des années,
08:24là encore, nous sommes obligés d'avoir
08:26un devoir d'introspection des politiques,
08:28d'accommodement,
08:29d'accommodement raisonnable ou plutôt déraisonnable,
08:31y compris d'une partie de la droite
08:33qui n'a pas mené la bataille culturelle ?
08:35Est-ce que vous estimez qu'il y a eu,
08:37j'allais dire, une forme de soumission ?
08:39Écoutez, ce combat, pour moi, il est culturel.
08:42Le combat politique.
08:43J'ai lu Gramsci et j'ai toujours pensé que
08:46si on veut gagner dans les urnes,
08:48il faut aussi gagner dans les esprits.
08:50Et les islamistes, et notamment les frères du musulman,
08:52avancent à bas bruit.
08:54C'est un islamisme à bas bruit,
08:56avec un discours très lisse,
08:57avec une rhétorique habile,
08:59où ils reprennent nos concepts.
09:01Ils retournent, par exemple,
09:03l'argument de la liberté
09:05contre la démocratie libérale.
09:07Non, le voile.
09:08Et vous vous souvenez,
09:09l'Europe qui avait subventionné une campagne
09:11avec ce sous-titre,
09:13« La liberté est dans le hijab ».
09:15Eh bien non, jamais.
09:16Pour moi, le voile n'est pas le marqueur de la liberté,
09:19c'est le marqueur de la soumission
09:21de la femme par rapport à l'homme.
09:23C'est le marqueur d'un apartheid, aussi,
09:25au sein de notre société.
09:27Ils veulent, en réalité, les frères musulmans.
09:29J'ai, malheureusement, aujourd'hui,
09:31il est classifié confidentiel,
09:33un rapport absolument alarmant
09:35sur les visées des frères musulmans.
09:37Vous en avez déjà parlé.
09:38Je vais le déclassifier.
09:39Mais qu'est-ce qu'il va nous apprendre ?
09:41Est-ce qu'il va ouvrir davantage les yeux
09:43à ceux qui les ont déjà grand ouverts
09:45et à ceux qui les ferment ?
09:46Est-ce qu'au sein de votre gouvernement,
09:47M. le ministre,
09:48vous avez certaines personnalités,
09:49et là, je parle du plus haut sommet de l'État,
09:51qui ne se rendent pas compte
09:53du symbole de l'antrisme islamiste
09:55que peut constituer le voile ?
09:57En tout cas, ce que je constate,
09:59c'est que, désormais,
10:00le gouvernement a une ligne sur le voile
10:02dans les compétitions sportives fédérales,
10:04c'est non.
10:05Parce que le sport, c'est plus que le sport.
10:07Le sport, c'est une grammaire universelle.
10:09C'est ce qui nous permet de communier
10:11dans un même élan,
10:12quelles que soient nos croyances,
10:14quelles que soient nos origines.
10:15Et je m'étonne,
10:16quelques mois simplement
10:17après cette extraordinaire réussite
10:19qu'ont été les Jeux olympiques en France,
10:20qu'on oublie la charte de l'olympisme.
10:22La charte de l'olympisme,
10:24c'est l'article 50,
10:25qui proscrit tout signe ostentatoire,
10:27religieux ou politique.
10:29Revenons justement à nos idéaux.
10:31Et voyez, c'est par nos idéaux
10:33qu'on comblera finalement ce vide.
10:37Beaucoup, je pense,
10:38dans les sociétés occidentales,
10:40il y a eu un vide qui a été creusé
10:42par un matérialisme, un consumérisme.
10:44Est-ce que ça suffit, les idéaux,
10:45pour rassembler derrière un pays
10:47des Français aujourd'hui,
10:49de deuxième ou troisième génération,
10:51qui se sentent davantage palestiniens,
10:53marocains, autres que français ?
10:54Est-ce que ça suffit, les idéaux ?
10:56Pour moi, oui.
10:57Si on leur disait justement
10:59que la France est un idéal,
11:00si on ne leur apprenait pas
11:02que la France, pour être estimable,
11:04devait nécessairement être coupable,
11:06si on sortait de la vision lacrymale
11:09et pénitentielle de notre histoire,
11:11peut-être que ces jeunes,
11:12on leur relèverait justement,
11:14on révélerait un idéal français
11:16qui leur permettrait de s'agréger
11:18à notre destin commun.
11:19On a fait tout l'inverse,
11:20en voulant désigner la France
11:22comme seule coupable.
11:23Pendant 40 ans, on a fait tout l'inverse,
11:24et aujourd'hui, on doit rattraper
11:26ces 40 années de soumission et de reniement.
11:29Et notamment à l'école,
11:31et notamment dans le discours public.
11:33C'est ce que je porte, moi.
11:34C'est cette fierté française.
11:36C'est cette fierté française, voilà.
11:38Pourquoi est-ce qu'on voit des drapeaux
11:39de toutes sortes,
11:40et qu'il n'y a jamais de drapeau français
11:41dans un certain nombre de manifestations ?
11:43Moi, ça me choque, samedi.
11:45Contre le racisme,
11:46il y a eu des drapeaux palestiniens,
11:49il y a eu des slogans anti-police,
11:50des slogans anti-France,
11:51pas de drapeau français.
11:52Quelle France était représentée ce jour-là ?
11:55Et c'est cette France que je dénonce.
11:56Regardez la fameuse affiche,
11:58Cyril Hanouna,
11:59qui a été certes retirée,
12:00mais se sont-ils excusés ?
12:01Non.
12:02L'ont-ils condamné ce parti ?
12:03L'a-t-il condamné ?
12:04Non.
12:05Mais imaginez,
12:06sur les réseaux sociaux,
12:07tous ces jeunes qui guettent
12:09et qui sont très friands des réseaux sociaux,
12:11qui voient passer cette affiche.
12:13Vous ne croyez pas que cette affiche
12:15a aussi une responsabilité
12:17dans cet anti-sémitisme d'atmosphère ?
12:21Je vous pose la question.
12:22Est-ce que la France insoumise
12:23et Jean-Luc Mélenchon est antisémite ?
12:25Je vous ai répondu
12:26que derrière cet anti-sionisme,
12:29la France insoumise
12:30attise les braises et les relents
12:32de l'antisémitisme
12:33de façon très claire.
12:34Et donc elle va continuer à le faire
12:35de manière en toute impunité
12:36dans le débat public ?
12:37Oui, pour des raisons électoralistes.
12:39Pour des raisons électoralistes.
12:40Parce qu'ils draguent le vote communautarisme.
12:43Voilà, communautariste.
12:44Et il faut le reconnaître,
12:45d'autres que moi l'ont dit,
12:46je le redis solennellement,
12:48je pense que la France insoumise
12:49est un danger aujourd'hui pour la République.
12:51Pour vous, c'est le plus grand danger ?
12:53Pour moi, c'est le plus grand danger.
12:54Bien sûr, c'est le danger du chaos.
12:56Vous vous rendez compte
12:57que le groupe parlementaire
12:59a déposé à l'Assemblée nationale
13:01une proposition de loi
13:02pour, tenez-vous bien,
13:03abolir le délit d'apologie de terrorisme ?
13:07Vous voyez que Rima Hassan, par exemple,
13:10a refusé à voter contre
13:12la résolution au Parlement européen
13:15qui était une résolution humanitaire
13:18pour libérer Boalem-Sensal.
13:19Vous vous rendez compte ?
13:21En indiquant d'ailleurs que Alger
13:22c'était la Mecque des libertés.
13:25Il y a une grande fracture.
13:26Il y a plusieurs fractures dans notre société aujourd'hui,
13:28Bruno Rotailleau,
13:29et ces fractures, ces polémiques,
13:30elles s'invitent dans le sport
13:31entre grands champions.
13:32Vous avez évoqué tout à l'heure Teddy Riner.
13:34C'est une polémique et deux visions,
13:37finalement, du sport et de la femme aussi,
13:39qui s'opposent entre Teddy Riner,
13:41évidemment grand champion,
13:43Judoka, qui affirme que le voile,
13:45ce n'est pas une priorité
13:46et que c'est une question de liberté.
13:47Et dit-il, ça se passe très bien
13:48dans les autres pays.
13:49Et puis, vous avez un autre champion,
13:51ex-champion du monde de boxe,
13:53Maïar Monchipour, qui est français,
13:55qui est d'origine iranienne,
13:56qui dit « Réveillez-vous, Teddy Riner,
14:00ne soyez pas les idiots utiles
14:02des frères musulmans.
14:04Réveillez-vous, Teddy Riner. »
14:05Est-ce que vous lui dites la même chose ?
14:06Et aussi, il y a ces sportifs et artistes
14:09qui parlent de liberté
14:10quand on parle du voile.
14:11Le voile n'est pas la liberté
14:13et Maïar Monchipour l'a très bien dit.
14:15Il a parlé du voile
14:16comme d'un seul,
14:17qu'une idéologie religieuse.
14:19Donc, l'islamisme souhaite mettre sur les femmes.
14:22Et il est, je pense, bien placé.
14:24Lui qui vient de l'Iran,
14:25il est maintenant français,
14:26mais il sait que,
14:28dans son pays d'origine,
14:29dans son pays natal,
14:30des femmes meurent
14:31pour pouvoir se dévoiler.
14:33Alors, qu'on vienne dire aujourd'hui
14:34que le voile, c'est le symbole de la liberté,
14:36non, c'est le symbole...
14:37Il ne peut pas l'être dans certains cas.
14:38Non, jamais.
14:39Vous ne le reconnaissez jamais.
14:40Derrière chaque voile,
14:41vous voyez pour vous,
14:42Bruno Rotaio, l'idéologie islamiste ?
14:44Je vais vous dire très précisément.
14:46Évidemment que toutes les femmes
14:47qui portent le voile
14:48ne sont pas des islamistes.
14:50Mais vous ne trouverez pas
14:51un seul islamiste
14:52qui ne souhaite pas
14:53que les femmes portent le voile.
14:54Tous les islamistes
14:55souhaitent que les femmes portent le voile.
14:57Donc non,
14:58le voile n'est pas le symbole de la liberté,
15:00c'est le symbole,
15:01le signe de la soumission.
15:02Il n'est pas non plus
15:03le marqueur de l'égalité.
15:04Au contraire,
15:05il conteste radicalement
15:06l'égalité entre les hommes et les femmes.
15:08Il est, là encore,
15:09le signe de l'infériorisation
15:11du statut de la femme.
15:12Et je voudrais simplement,
15:13parce que Dhirath et Dhiriner,
15:14moi aussi, ils m'avaient vibré.
15:16On aime le sportif,
15:17franchement, on aime le sportif.
15:18Là, je suis en désaccord radical avec lui.
15:21Et du reste,
15:22je veux simplement rappeler
15:23que dans le règlement
15:24de la Fédération internationale de judo,
15:26il y a un article
15:27qui est très, très clair
15:28et qui dit que les signes,
15:30les objets ostentatoires,
15:32religieux, etc.,
15:34sont proscrits avant,
15:35pendant, après le combat
15:37et pendant la cérémonie protocolaire.
15:39On dit désormais
15:40qu'il y a une seule ligne au gouvernement.
15:42D'ailleurs, parce que le texte
15:43est sorti du Sénat,
15:44que va-t-il se passer ?
15:45Est-ce qu'il va y avoir
15:46en monnaie sonnante et trébuchante
15:47un soutien du texte à l'Assemblée ?
15:49Oui, mais il a été soutenu,
15:50vous savez qu'il a été soutenu
15:51par le ministre qui est avec moi
15:53à l'intérieur,
15:55c'est-à-dire François-Noël Buffet.
15:56Et donc, ça a été bleuï
15:58par une note de Matignon.
15:59Il y avait une réunion interministérielle.
16:01La ligne du gouvernement,
16:02c'est l'interdiction du voile
16:04dans les manifestations sportives
16:05pour préserver comme un sanctuaire
16:07le sport.
16:08Parce que, franchement,
16:09le sport,
16:10on l'a vu aux Jeux olympiques,
16:11il va nous permettre
16:12de dépasser toutes ces différences.
16:13Mais que reste-t-il ?
16:14Est-ce qu'il reste encore
16:15des sanctuaires aujourd'hui ?
16:16Je pense à l'école,
16:17mais l'école hors les murs,
16:18comme vous l'appelez.
16:19D'ailleurs, vous êtes, je crois,
16:20l'un des seuls dans ce gouvernement
16:21à être pour l'interdiction du voile
16:23pour les accompagnatrices scolaires.
16:24Il y a quelques jours,
16:25j'ai interrogé la ministre
16:26de l'Education nationale,
16:27elle a dit,
16:28niet, absolument pas.
16:29Ça a toujours été pour moi
16:30une position personnelle.
16:31C'est un texte que j'avais fait voter,
16:33d'ailleurs, il y a quelques années,
16:34au Sénat.
16:35Il y a une grande loi.
16:37Quand vous dites,
16:38la République recule
16:39ou alors qu'on est en train
16:41d'être défait,
16:42non, il y a une grande réussite
16:43de la République.
16:44C'est la loi de 2004
16:45qui proscrit le voile à l'école.
16:47Combien de coups de canif
16:48a cette loi ?
16:49Non, je vous assure
16:50qu'il y a des statistiques
16:51et très franchement,
16:52là, on a réussi
16:53à prohiber le voile dans l'école.
16:55Je considère que cette prohibition,
16:57l'interdiction du voile dans l'école,
16:59elle doit aussi valoir
17:01dans l'école hors les murs.
17:02Je considère que les sorties scolaires,
17:04c'est le prolongement pédagogique
17:05de l'école
17:06et que par conséquent,
17:07c'est à titre personnel
17:08que je le dis,
17:09mais que les règles
17:10qui s'appliquent dans l'école,
17:11dans les murs,
17:12devraient s'appliquer à l'école
17:14hors les murs
17:15que sont les sorties scolaires,
17:16je pense.
17:17Et encore une fois,
17:18je l'ai cité,
17:19mais pour moi,
17:20il m'a beaucoup impressionné
17:21ce rapport
17:22qu'on m'a donné
17:23sur l'islamisme.
17:24Croyez-moi,
17:25l'islamisme,
17:26notamment les frères musulmans,
17:27sont en train de s'infiltrer
17:28partout où ils le peuvent,
17:29dans les associations
17:30culturelles, sociales, sportives.
17:32Donc le sport, l'école,
17:33la politique ?
17:34La politique,
17:35vous verrez,
17:36vous verrez.
17:37Quand sera-t-il déclassifié ?
17:39J'inciterai les préfets
17:40à être très vigilants,
17:41notamment sur les listes municipales.
17:43Le travail a commencé
17:44et j'espère que dans quelques semaines,
17:46il sera déclassifié
17:47parce qu'on a
17:48un certain nombre de noms,
17:49on a des informations
17:51qui sont classées vraiment secrètes,
17:53très confidentielles.
17:54Mais je veux que ce rapport
17:56vienne dans le débat public.
17:57Je veux que les Français,
17:59par ce rapport,
18:00se rendent compte
18:01du point où on en est
18:02parce que, certes,
18:03il y a le djihadisme,
18:04un djihadisme violent,
18:05le terrorisme.
18:06Il y a eu le séparatisme
18:07qui prétend faire
18:08des petites contre-sociétés
18:10au grand jour.
18:11Mais là,
18:12les fréristes,
18:13les frères musulmans,
18:14veulent demain
18:15imposer la charia
18:16à toute notre société
18:17dans le long terme.
18:18Ce que dépose notamment
18:19Florence Bergeau-Blacklare.
18:20Exactement.
18:21Monsieur le ministre,
18:22il y a ce que vous dites,
18:23le rapport choc,
18:24semble-t-il d'ailleurs,
18:25très important.
18:26Il y a aussi ce que vous dénoncez,
18:28l'interdiction du voile,
18:29notamment dans les compétitions sportives.
18:30Et puis,
18:31il y a ce qui se passe
18:32pendant ce temps.
18:33Par exemple,
18:34la marque Merakshi,
18:35c'est une marque spécialement dédiée
18:36aux femmes musulmanes,
18:37qui fait parler d'elle
18:38d'abord en ouvrant
18:39une boutique dans la capitale
18:40et en dévoilant
18:41une vidéo,
18:42je ne sais pas si vous l'avez vue,
18:43de la tour Eiffel
18:44voilée avec cette légende.
18:46On la voit,
18:47et je la décris
18:48à nos auditeurs d'Europe 1,
18:49avec un voile
18:50qui couvre la tour Eiffel.
18:52Cette légende,
18:53le gouvernement français
18:54déteste voir Merakshi arriver
18:55avec ce voile.
18:57Qu'est-ce qu'il représente
18:58pour vous
18:59à poser ainsi
19:00sur la tour Eiffel ?
19:01Il représente l'inverse
19:02des valeurs françaises,
19:03des valeurs républicaines.
19:04Et j'appelle tous les Français
19:06y compris d'ailleurs
19:07nos compatriotes,
19:08et j'en connais beaucoup,
19:09qui ont une foi musulmane
19:11parfaitement sincère
19:12et qui pratiquent cette foi
19:14de façon très compatible
19:15avec les principes
19:16français républicains,
19:17eh bien,
19:18on ne doit pas accepter
19:19ce genre de choses.
19:20La France ne se soumettra pas.
19:22La France que j'aime,
19:23c'est la France libre.
19:24Moi, je suis gaulliste,
19:25et ce voile qui couvre
19:28un des symboles
19:29de la capitale française,
19:30je le repousse.
19:33Et je mettrai
19:34toutes mes forces,
19:35toutes mes convictions
19:36à combattre,
19:37encore une fois,
19:38ce qui est une idéologie religieuse,
19:40mais ce qui est d'abord
19:41une idéologie
19:42et qui défigure d'ailleurs
19:44la foi des compatriotes musulmans
19:46qui, eux, sont sincères.
19:48Vous en parlez,
19:49parce que souvent,
19:50certains, en tous les cas,
19:51vos opposants,
19:52notamment à gauche
19:53ou à l'extrême gauche,
19:54disent « Mais Bruno Reuter
19:55a une obsession, finalement,
19:56de la religion musulmane. »
19:57C'est ce que dit Teddy Riner.
19:58Il dit « On ne parle plus
19:59que de cela. »
20:00Qu'est-ce que vous répondez
20:01à cette attaque récurrente ?
20:02Mais parce qu'il y a deux choses.
20:04Moi, je combats l'islamisme
20:06comme une idéologie.
20:08L'islamofascisme, d'ailleurs,
20:09on devrait même dire.
20:10Mais je ne me trompe pas.
20:12Nos compatriotes musulmans,
20:14comme juifs, comme chrétiens,
20:15ou comme agnostiques,
20:16ou comme athées,
20:17ont toute leur place.
20:18C'est ce que nous avons.
20:19C'est notre trésor précieux en France.
20:21Vous êtes le ministre des cultes,
20:22d'ailleurs.
20:23Mais je suis ministre des cultes,
20:24bien sûr,
20:25et je fais très attention
20:26à ne pas tout mélanger.
20:27Ce qui est de l'ordre de l'intime,
20:28qui me concerne,
20:29mais aussi ce qui est
20:30l'ordre de l'aspect public,
20:31la République,
20:32c'est mettre à distance
20:33ces particularismes.
20:34La France, je vais vous dire,
20:35la France, dans l'histoire
20:36de l'humanité,
20:37a réussi un mariage
20:38qui est improbable,
20:39qui est merveilleux.
20:40C'est de conjuguer
20:41ce qu'il y a de plus singulier,
20:42particulier,
20:43dans chaque homme,
20:44dans chaque femme,
20:45avec ce qu'il y a
20:46de plus universel
20:47dans toutes les femmes
20:48et dans tous les hommes.
20:49C'est ça, la France.
20:50C'est le message
20:51qu'on porte au monde.
20:52Donc, on devrait en être fier.
20:53Et il faut lutter,
20:54pied à pied,
20:55contre les menées
20:56de ces idéologies
20:57qui nous menacent aujourd'hui,
20:58sous une forme terroriste
20:59ou sous une autre forme
21:00qui est une forme aussi
21:01extrêmement grave,
21:02qui est l'islamisme
21:03radical, politique.
21:04Lutter aussi, Bruno Rotailleau,
21:05contre tous les racismes,
21:06tous, y compris
21:07le racisme anti-blanc.
21:08La porte-parole
21:09du gouvernement,
21:10Sophie Epryma,
21:11a déclenché une polémique,
21:12en tous les cas,
21:13de vive réaction
21:14après avoir reconnu
21:15l'existence d'un racisme anti-blanc
21:16et évoqué une anecdote
21:17personnelle, familiale,
21:18puisque sa fille
21:19a été victime
21:20de ce racisme.
21:21Est-ce que vous diriez
21:22qu'il n'y a pas
21:23de racisme anti-blanc
21:24en France ?
21:25Est-ce que vous diriez
21:26qu'il n'y a pas
21:29de racisme anti-blanc
21:30en France ?
21:31Est-ce que vous dites
21:32aujourd'hui, évidemment,
21:33il existe ?
21:34Bien sûr !
21:35Vous le dites comme ça,
21:36mais la plupart des sociologues
21:37le nient.
21:38Mais c'est une évidence.
21:39Mais seuls les wokistes,
21:40les décolonialistes,
21:41les indigénistes,
21:42qui d'ailleurs
21:43veulent tout passer
21:44sous le prisme de la race,
21:45c'est incroyable.
21:46Il y a aujourd'hui,
21:47en France,
21:48parfois un nouvel antiracisme
21:49qui veut centrer
21:50les analyses sociologiques
21:51et sociales
21:52en les passant
21:53justement au tamis
21:54de la race.
21:55C'est incroyable.
21:56Non, bien sûr que
21:57personne n'est exempt
21:58de sa couleur de peau.
21:59Personne.
22:00Personne.
22:01Quelle que soit sa couleur de peau.
22:02Et le racisme,
22:03il peut être un racisme anti-blanc,
22:04il peut être un racisme anti-noir,
22:05anti-jaune,
22:06parce que le mal
22:07est partout
22:08et que, malheureusement,
22:09je vois bien que
22:10dans l'islamisme,
22:11il y a quelque chose
22:12de prépondérant
22:13qui nous attaque
22:14aussi en France.
22:15On a eu des attaques
22:16terroristes
22:17et on doit s'en défendre.
22:18Mais très franchement,
22:19bien sûr que
22:20le racisme anti-blanc
22:21existe aujourd'hui
22:22en France.
22:23Ministre de l'Intérieur,
22:24vous êtes aussi,
22:25Bruno Retailleau,
22:26le ministre des Cultes.
22:27Vous n'avez pas répondu
22:28à l'invitation
22:29de la Grande Mosquée de Paris.
22:30D'ailleurs,
22:31c'est une tradition
22:32pour partager l'iftar.
22:33Est-ce qu'il faut y voir
22:34un lien
22:35avec ce qui est en cours
22:36et votre position
22:37par rapport
22:38au régime algérien ?
22:39C'est une position
22:40personnelle
22:41que je m'applique.
22:42Moi, je considère
22:43que l'iftar,
22:44c'est la rupture du jeûne.
22:45Le jeûne,
22:46c'est une prescription religieuse.
22:47Donc, sa rupture
22:48a aussi
22:49une dimension religieuse.
22:51Par conséquent,
22:52j'assiste moi
22:53à des cérémonies,
22:54mais lorsqu'il y a
22:55un côté,
22:56c'est pas très officiel.
22:57Il me semble
22:58que les précédents ministres
22:59de l'Intérieur
23:00ont participé
23:01à cette tradition.
23:02C'est ce que j'essaie d'appliquer.
23:03Vous voyez,
23:04je ne vais pas officiellement
23:06à la messe des cendres
23:07du début du carême.
23:08Donc, il ne faut pas y voir
23:09plutôt quelque chose
23:10qui est orienté
23:11vers le recteur
23:12de la Grande Mosquée de Paris
23:13qui a des liens
23:14assez conséquents
23:15avec le régime algérien ?
23:16Il a des liens
23:17avec l'Algérie,
23:18je le sais bien.
23:19Ça a dû jouer aussi
23:20dans votre décision.
23:21Mais il y a un tout
23:22et c'est notamment
23:23cette dimension religieuse.
23:24J'y fais très attention.
23:25C'est quelque chose
23:26de personnel.
23:27Mais à partir du moment
23:28où, encore une fois,
23:29Iftar,
23:30c'est la rupture du jeûne,
23:31que le jeûne est
23:32une prescription religieuse,
23:33j'ai pensé
23:34que je ne devais pas y aller
23:35en tant que ministre
23:36de l'Intérieur.
23:37Le président algérien,
23:38Théboune,
23:39a déclaré
23:40que son seul point
23:41de repère en France,
23:42Bruno Rotailleau,
23:43c'est Emmanuel Macron,
23:44sous-entendant clairement
23:45que c'est sans vous.
23:46Sachant que vous êtes,
23:47je le précise,
23:48sur ces news européens
23:49la bête noire du régime
23:50et de la presse algérienne
23:51qui fait quotidiennement
23:52la une sur vous
23:53en vous brocardant,
23:54caricaturant,
23:55critiquant.
23:56Vous êtes quasiment lynché.
23:57Après le président de la République,
23:58je dois être la personne
23:59la plus célèbre
24:00d'Algérie.
24:01En Algérie ?
24:02Oui.
24:03Mais alors,
24:04est-ce que le président algérien
24:05a réussi à fracturer
24:06l'exécutif français ?
24:07Non,
24:08il y a une ligne.
24:09Oh !
24:10Laquelle ?
24:11La vôtre
24:12ou celle du président ?
24:13Non,
24:14c'est la riposte graduée.
24:15C'est celle que nous avons imposée
24:16avec le Premier ministre
24:17lors d'un conseil
24:18interministériel.
24:19Et je considère
24:20que tant que cette ligne
24:21n'a pas été imposée
24:22et que tant que cette ligne
24:23n'a pas été désavouée,
24:24c'est la ligne de l'exécutif.
24:25Dois-je vous rappeler
24:26ce qu'a déclaré
24:27le président de la République française
24:28et qu'il a confiance
24:29dans le président algérien ?
24:30Est-ce que vous reprendriez
24:31sa déclaration
24:32à votre compte aujourd'hui ?
24:33Ce sont ses mots,
24:34ce ne sont pas mes mots.
24:35Est-ce que ce sont les vôtres ?
24:36Moi, je suis ministre de l'Intérieur.
24:37Vous n'allez pas me dire
24:38lui c'est lui, moi c'est moi.
24:39Vous m'avez dit
24:40qu'il n'y a qu'une seule ligne.
24:41Il ne vous a pas échappé.
24:42Moi, je suis rentré au gouvernement.
24:43Pourquoi ?
24:44Parce qu'on a considéré,
24:45la droite française a considéré
24:46que si on claquait
24:47la porte au nez
24:48du président de la République,
24:49celui-ci n'aurait d'autre choix
24:50que de faire accéder
24:51la gauche radicale au pouvoir,
24:52c'est-à-dire les insoumis.
24:53Quand on est à droite,
24:54il faut faire barrage à la gauche
24:55et à cette gauche-là,
24:56la plus sectaire d'Europe.
24:57Donc, il ne vous a pas échappé
24:58que ce n'est pas parce que
24:59je suis rentré au gouvernement
25:00que je suis devenu
25:01subitement macroniste.
25:02Simplement,
25:03moi, je suis ministre de l'Intérieur.
25:04J'ai une obsession.
25:05C'est la protection des Français.
25:06Je ne veux pas qu'un seul
25:07ministre de l'Intérieur
25:15se produise en France.
25:16Or, Mulhouse,
25:17je le rappelle
25:18parce qu'il y a
25:19malheureusement une propension
25:20à oublier.
25:21Mulhouse,
25:22c'est un Algérien,
25:23un ressortissant Algérien
25:24qu'on a présenté
25:25à 14 fois
25:26aux autorités algériennes
25:27qu'ils ont refusé
25:28d'admettre sur leur sol.
25:29Mais les Français n'ont pas oublié.
25:30Mais bien sûr,
25:31j'espère qu'ils n'ont pas oublié.
25:32D'ailleurs,
25:33les Français massivement
25:34me soutiennent.
25:35Ils soutiennent cette idée
25:36de poser un rapport de force,
25:37non pas avec le peuple algérien,
25:38pour lequel j'ai
25:39le plus grand respect.
25:40Et M. Ordreillon,
25:41il attend des résultats.
25:42Par exemple,
25:43comment vous pouvez expliquer
25:44ce matin aux Français
25:45et puis plus spécifiquement
25:46aux auditeurs d'Europe 1
25:47et téléspectateurs de CNIO
25:48ce qu'on est passé
25:49d'un ultimatum
25:50où on allait réviser
25:51les accords de 68
25:52à une riposte graduée
25:53dont on comprend
25:54qu'elle est moins une riposte
25:55et plus une petite graduation ?
25:56Attendez.
25:57Moi,
25:58pendant des semaines,
25:59des mois,
26:00un,
26:01j'étais souvent
26:02dans le milieu politique
26:03le seul
26:04à demander la libération
26:05de Boilem-Sensat.
26:06Deux,
26:07sans doute le seul
26:08pendant des semaines
26:09et des mois
26:10à demander
26:11qu'on arrive
26:12à poser
26:13un vrai rapport de force
26:14parce que j'en ai marre
26:15que la France soit humiliée
26:16par un régime,
26:17le régime algérien.
26:18À qui le dites-vous ?
26:19Eh bien,
26:20il se trouve
26:21que j'avais demandé
26:22au Premier ministre
26:23à un comité interministériel.
26:25Lors de ce comité interministériel,
26:27il y a eu une réponse graduée.
26:29Je n'ai jamais dit
26:30que brutalement,
26:31il fallait
26:32dénoncer les accords de 68.
26:33On n'est pas au pouvoir.
26:34Alors dites-nous
26:35ce que vous faites de gradué,
26:36M. le ministre.
26:37Je vous fais une confidence.
26:38Si demain,
26:39la droite arrive au pouvoir,
26:40bien sûr
26:41qu'on les abolira.
26:42D'ailleurs,
26:43la droite est le centre.
26:44Que ce soit Édouard Philippe,
26:45Gabriel Attal
26:46et tant d'autres.
26:47Mais c'est aujourd'hui
26:48que vous êtes aux responsabilités.
26:49Bien sûr,
26:50mais justement
26:51parce que je suis aux responsabilités.
26:52Les Français savent parfaitement
26:53que je ne suis pas seul.
26:54Les Français savent parfaitement
26:55que je ne suis pas
26:56président de la République.
26:57Les Français savent que
26:58je fais un maximum d'efforts
26:59pour avancer.
27:00J'ai réussi
27:01à mettre le gouvernement
27:02sur une ligne
27:03d'une réponse de gradué.
27:04Une réponse qui a commencé déjà.
27:06On a une liste
27:07de la nomenclatura
27:08de plus de 800 personnes
27:09et sur les passeports officiels,
27:10désormais,
27:11ça ne suffit plus.
27:12Il ne faut montrer
27:13pas de blanche
27:14sur un certain nombre
27:15d'autres pièces
27:16et ça nous a fait
27:17renvoyer,
27:18si j'ose dire,
27:19en Algérie
27:20un certain nombre
27:21de personnalités.
27:22La réponse de graduelle,
27:23elle va se mettre en place.
27:24Il y a deux objectifs.
27:25Il y a deux objectifs.
27:26Il faut libérer
27:27Boilem Sansalle
27:28mais surtout
27:29en matière
27:30de sécurité,
27:31il faut que l'Algérie
27:32accepte
27:33notamment...
27:34Ce n'est pas le cas.
27:35Non, non, non,
27:36mais accepte ses ressortissants
27:37conformément
27:38à l'accord de 1984.
27:39Je vous pose la question
27:40différemment.
27:41La désescalade
27:42qui semble en cours
27:43entre le président français
27:44et le président algérien,
27:45va-t-elle permettre
27:46une grâce
27:47de Boilem Sansalle ?
27:48Ce serait
27:49une formidable nouvelle
27:50mais la question
27:51qui vient après,
27:52c'est à quel prix ?
27:53Est-ce que c'est au prix
27:54de la non-rediscussion
27:55des accords de 68 ?
27:56Est-ce que c'est au prix
27:57de la non-reprise
27:58des ressortissants problématiques
27:59voire dangereux
28:00par l'Algérie ?
28:01Ça pose quand même
28:02une question
28:03de sécurité des Français.
28:04Pour moi,
28:05le principe de sécurité
28:06est premier.
28:07Je souhaite évidemment
28:08la libération de Boilem.
28:09On lui a reproché
28:10d'avoir un avocat juif.
28:11On lui a reproché
28:12sans doute
28:13de trop aimer la France.
28:14Et il a subi
28:15un procès
28:16en catimini
28:17sans avocat,
28:18sans avoir pu choisir
28:19ses avocats.
28:20Donc c'est l'inverse
28:21d'une vraiment
28:22justice équitable.
28:23Mais encore une fois,
28:24quand je parle
28:25de second Mulhouse,
28:26c'est la question
28:27de la sécurité
28:28qui m'importe.
28:29Il faut que l'Algérie
28:30respecte le droit.
28:31Et si elle avait respecté
28:32ses obligations,
28:33il n'y aurait pas eu
28:34cet assassinat
28:35terroriste à Mulhouse.
28:36Voilà.
28:37Dans la riposte graduée,
28:38il y a deux solutions.
28:40Soit la solution
28:41où l'Algérie,
28:42le régime algérien,
28:43accepte de libérer
28:44Boilem Sans Sable,
28:45accepte de reprendre
28:46ses ressortissants
28:47les plus dangereux
28:48conformément
28:49aux droits internationaux
28:50et aux droits qu'on s'est donnés
28:51par cet accord de 1994.
28:52C'est le cas très bien.
28:53Ou alors,
28:54elle ne l'accepte pas
28:55et nous n'aurons pas
28:56d'autre choix
28:57démocratique
28:58que de monter dans les tours.
28:59Bien entendu.
29:00Mais c'est le principe
29:01de la riposte graduée.
29:02Mais quels sont les tours ?
29:03Quelle est l'alternative
29:04à une riposte graduée
29:05?
29:06Ah, il n'y a pas...
29:07Non.
29:08L'alternative
29:09de la riposte graduée,
29:10encore une fois,
29:11c'est la reprise
29:12par l'Algérie
29:13de ses ressortissants
29:14notamment les plus dangereux
29:15et la libération de Boilem.
29:16C'est ça.
29:17C'est ça la contrepartie
29:18auquel cas
29:19les choses pourraient repartir.
29:20Mais simplement un point.
29:21Ce n'est pas moi
29:22qui ai mis le feu aux poudres.
29:23Je voudrais vous dire que...
29:24C'est ce que disent
29:25la plupart des oppositions.
29:26Non, mais...
29:27C'est ce que semble penser
29:28une partie du gouvernement.
29:29Alors, écoutez,
29:30en 2021,
29:31à juste titre,
29:32le président de la République
29:33a cette phrase
29:34qui est totalement juste.
29:35La rente mémorielle.
29:36L'Algérie rappelle
29:37son ambassadeur
29:38et interdit le survol
29:39de nos avions de chasse
29:40qui allaient, à l'époque,
29:41au Sahel.
29:42Amira Bouraoui,
29:432023,
29:44c'est l'opposante.
29:45L'opposante algérienne
29:46et le régime algérien
29:47veulent qu'on...
29:48Là, leur livre,
29:49on dit non.
29:50Rappel de l'ambassadeur.
29:51Ensuite, l'été 2024,
29:53le président de la République
29:54reconnaît la souveraineté marocaine
29:57sur le Sahara occidental.
29:59À nouveau, crise politique.
30:00Et je dois vous confier
30:01un point,
30:02c'est la crise
30:04que pendant les Jeux olympiques,
30:05l'Algérie a quasiment arrêté
30:07sa coopération sécuritaire.
30:08Aucune coopération
30:09avec la France.
30:10Vous vous rendez compte ?
30:11Donc,
30:12si j'ai donné ces trois dates,
30:14c'est pour essayer
30:15de dire aux Français
30:16que ce n'est pas un caprice
30:17du ministère de l'Intérieur.
30:18Encore une fois,
30:19pour moi,
30:20c'est la sécurité des Français
30:21qui m'importe.
30:22Mais on voit bien
30:23qu'avec ce régime-là,
30:24il y a un souci
30:25depuis des années.
30:26Et je pense,
30:27pour ma part,
30:28j'ai cette faiblesse peut-être
30:29de penser que
30:30tant qu'on ne posera pas
30:31un rapport de force,
30:32on n'y arrivera pas.
30:33Et moi,
30:34j'en ai marre
30:35que la France soit humiliée
30:36et soit offensée.
30:37On vous a entendu.
30:38La loi contre le narcotrafic
30:39que vous portez
30:40avec Gérald Darmanin
30:41entre dans sa dernière ligne droite.
30:42Alors,
30:43même si le vote a été reporté
30:44et repoussé,
30:45quand même,
30:46la plupart des mesures,
30:47pour certaines,
30:48elles ont été réhaussées.
30:49À quoi va ressembler
30:50le texte à la sortie
30:51lors du vote ?
30:52Et sur ce sujet-là,
30:53alors que sur certains,
30:54on vous demande des résultats,
30:56est-ce que sur ce sujet-là,
30:57vous pensez que c'est
30:58une victoire aujourd'hui ?
30:59Écoutez,
31:00ce sera une grande victoire,
31:01pas pour moi,
31:02mais pour la France,
31:03parce que le narcotrafic
31:04est en train de nous submerger
31:05avec de plus en plus de morts.
31:06Vous vous rendez compte,
31:07110 morts l'an dernier,
31:09274 morts,
31:10c'est les morts depuis 15 ans
31:12pour le terrorisme.
31:13C'est ce qui menace
31:14aujourd'hui la France
31:15à travers la corruption.
31:16On va avoir un texte
31:17qui va être un texte fondateur,
31:18un texte de combat.
31:19Ce texte-là,
31:20il est issu
31:21d'une de mes initiatives
31:22quand j'étais au Sénat,
31:23puisque j'avais lancé
31:24une commission d'enquête
31:25et elle a été transformée
31:26en une proposition de loi
31:27qui était votée
31:28à l'unanimité au Sénat.
31:30J'étais d'ailleurs estomaqué
31:31de voir que les insoumis,
31:32encore eux,
31:33essayaient article après article,
31:35méticuleusement,
31:36de neutraliser ce texte.
31:38Ce sera une grande victoire,
31:39tout comme j'espère
31:40qu'il y aura
31:41une autre grande victoire
31:42au niveau européen
31:43avec la directive retour
31:44qui, pour la première fois
31:45depuis des années et des années,
31:46elle nous empêche
31:47d'éloigner un certain nombre
31:48d'étrangers
31:49en situation irrégulière.
31:51Et pour la première fois,
31:52la commission a bougé
31:54et c'est un travail
31:55que je fais depuis des mois
31:56et des mois.
31:57Et j'aurai d'autres résultats
31:58que je présenterai
31:59dans quelques jours.
32:00Dernière question pour conclure.
32:01C'est 100 jours.
32:02Le cap a été franchi
32:03pour François Bayrou.
32:04100 jours d'action
32:06ou d'inaction,
32:07d'immobilisme,
32:08disent les oppositions.
32:09Laurent Wauquiez,
32:10avec lequel vous êtes engagé
32:11dans une course
32:12à la présidence à l'air,
32:13dit que lui ne doit rien
32:14ni à François Bayrou
32:15ni à Emmanuel Macron.
32:16Pour conclure,
32:17est-ce que vous pouvez
32:18en dire autant,
32:19Monsieur le ministre ?
32:20Moi, je ne dois rien
32:21aux uns et aux autres
32:22sauf aux miens.
32:23Je suis habité par
32:24un sentiment de gratitude.
32:25Vous savez,
32:26les hommes et les femmes politiques
32:27disent qu'ils se sont
32:28toujours faits tout seuls.
32:29Moi, je ne me suis pas
32:30fait tout seul.
32:31Ce sont les autres
32:32qui m'ont fait,
32:33ma famille,
32:34les Vendéens,
32:35ma famille aussi politique.
32:36On ne se fait pas tout seul.
32:37On se fait avec les autres.
32:38Ce sont les autres
32:39qui nous font.
32:40Je suis aussi d'une lignée.
32:41J'ai eu un grand-père
32:42qui a eu une balle allemande
32:43qui lui a traversé la gorge
32:44en 1914, etc.
32:45Et c'est ce sentiment
32:46d'avoir quelque chose
32:47à rendre
32:48à ceux qui m'ont
32:49beaucoup donné,
32:50qui m'habitent
32:51et qui est le ressort principal
32:52de mon action politique.
32:53Voilà ce que je suis.
32:54Donc, la dette
32:55c'est la dette
32:56à la France.
32:57Et je suis habité
32:58depuis très longtemps
32:59par ce sentiment
33:00de gratitude,
33:01de reconnaissance,
33:02d'endettement.
33:03Je le reconnais
33:04humblement d'ailleurs.
33:05Merci Bruno Retailleau.
33:06Merci.
33:07C'était votre grande interview.
33:08Je vous souhaite une bonne journée.
33:09Je vous dis à bientôt.