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L'auteur Maurice Berger revient sur la délinquance chez les mineurs : «On a de la place pour les mineurs si on veut les incarcérer,  on a seulement 61% de taux d'occupation dans les établissements pénitentiaires pour mineurs.»

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Transcription
00:00Moi, je pense qu'il faut prendre le problème de manière globale.
00:04Les courtes peines, c'est intéressant, on a plusieurs études qui montrent leur efficacité
00:10et ce qui est intéressant, c'est qu'elles mettent une butée, c'est-à-dire au sens
00:15de l'arrestation, le mot lui-même, on arrête le mineur qui est en train d'agir et ce
00:24sont des mineurs qui souvent ne commencent à penser que lorsqu'on les empêche de
00:30frapper.
00:31Donc, c'est un point essentiel, mais on sait que ces courtes peines doivent survenir
00:36de manière extrêmement rapide dès les premiers actes et de manière immédiate et certaine.
00:44C'est-à-dire qu'il faut que ce soit prévisible, que le mineur puisse l'anticiper.
00:47Donc, des courtes peines qui ne viendraient qu'au bout de XXX actes de délinquance
00:54auraient déjà perdu une grande partie de leurs valeurs.
00:57Vous avez dit quelque chose de primordial tout à l'heure, vous avez parlé de la
01:00responsabilité des parents, là aussi, il faut responsabiliser les parents en les sanctionnant
01:09eux aussi ?
01:10Je crois qu'il faut faire une différence entre deux sortes de délinquance.
01:15Donc, ce que je suis en train de vous dire, c'est qu'on parle en général de violences
01:19des mineurs, violences des jeunes, les médias, les politiques, les sociologues, mais en fait
01:24on a plein de sortes de violences et plein de sortes de délinquances.
01:27Au niveau des délinquances, on a deux sortes, on a les atteintes aux biens, les incivilités,
01:33l'absentéisme scolaire, le vandalisme, etc.
01:36Là, c'est vrai qu'un choc d'autorité, c'est-à-dire la pénalisation des parents,
01:41a toute sa valeur.
01:42Remarque, ça existe dans la loi, c'est l'article 227-17 depuis la nuit des temps,
01:48mais ça n'est pas appliqué.
01:49On a une autre sorte de délinquance, qui est la violence qui est l'atteinte au corps,
01:55l'atteinte aux personnes, à l'intégrité physique, et là, les peines au niveau des
02:00parents, je ne suis pas certain que ça marche, au niveau du pénal, on est dans la nécessité
02:07d'arrêter les actes, parce que ces mineurs n'ont aucune loi dans la tête, aucune autorité
02:12dans la tête.
02:13Maurice Berger, j'ai Judith Vintraud qui est avec nous sur ce plateau, qui voudrait
02:19réagir.
02:20Oui, bonjour Docteur Berger, votre livre est évidemment passionnant, comme tous les précédents.
02:24Vous avez longtemps exercé, et vous connaissez très bien, les centres éducatifs fermés.
02:33Il y a un récent rapport de la Cour des Comptes qui dit qu'ils ne sont pas fermés et qu'ils
02:38ne sont pas éducatifs.
02:39Je résume, est-ce que vous pouvez détailler ça, sachant que c'est un des moyens les
02:44plus répressifs qui existent actuellement dans le dispositif français de lutte contre
02:50la délinquance des mineurs, avec bien sûr les prisons pour mineurs ?
02:53Oui, alors juste un petit mot sur les prisons.
02:57Vous savez, on parle de surpopulation carcérale, ça c'est valable pour les maisons d'arrêt,
03:02pour les majeurs, mais j'ai les chiffres, on a 61% de taux d'occupation dans les établissements
03:08pénitentiaires pour mineurs et 47% de taux d'occupation dans les quartiers pour mineurs.
03:15Ce qui veut dire que c'est vraiment un problème idéologique, on a de la place pour les mineurs
03:20si on veut les incarcérer.
03:21Alors les centres éducatifs fermés, on en a très peu qui fonctionnent correctement,
03:27ils n'ont pas de projet de service mis à jour, ce sont souvent des passoires, on peut
03:32en sortir sans grand problème.
03:35Normalement une seule évasion d'un centre éducatif fermé devrait amener à la prison,
03:41or les mineurs ont le droit de s'évader trois fois.
03:45C'est étonnant à dire, la loi autorise l'évasion.

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