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Le journaliste et lanceur d'alertes, Victor Castanet a révélé hier soir dans "Quelle époque" sur France 2 comment Orpea a rationné l'alimentation des résidents. avec des repas à moins de 500 calories, des portions insuffisantes pour les besoins nutritionnels. Une politique d'économies aux conséquences alarmantes qu'il avait dénoncé dans un livre explosif et qui va faire désormais l'objet d'un documentaire sur France 2.

Dans le livre "Les Fossoyeurs" de Victor Castanet, quatre ex-employés d’Orpea, hantés par ce qu’ils ont vu, dépassent leurs peurs et brisent enfin le silence aux côtés de Victor Castanet, un jeune journaliste idéaliste de 31 ans.

Ensemble, ils révèlent un scandale financier et humain qui va bouleverser notre regard sur la fin de vie. Quand Victor, jeune journaliste indépendant, s'attaque à Orpea, le géant des Ehpad, il ignore que son enquête lui prendra trois ans. Tout commence avec Laurent, cadre infirmier licencié après avoir dénoncé des abus inimaginables.

Avec l’aide de Patrick, ancien cadre brisé, de Carmen, directrice sacrifiée, et de Camille, une infiltrée qui enregistre en secret ses supérieurs, Victor va découvrir un système implacable : rationnements sordides, détournements de fonds publics, cadres sous emprise et pressions sur les salariés.

Désormais épaulé par Fayard, une grande maison d’édition, Victor et ses lanceurs d’alerte tiennent dans leurs mains le plus gros scandale de la décennie.

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Transcription
00:00Le livre était glaçant, moi je vous avais reçu au moment du livre,
00:02mais quand on voit en image, avec la reconstitution, avec les acteurs,
00:06ce qui se passait à l'intérieur d'Orpéa,
00:09à l'intérieur des chambres avec ces personnes âgées qui étaient livrées à l'abandon,
00:14on voit en image les maltraitances, les sévices,
00:18on voit la bouffe, pardon de le dire,
00:21je le dis comme ça parce que la nourriture était tellement rationnée
00:25qu'on voit un demi-steak avec trois haricots,
00:28c'est ça qu'on donnait à manger,
00:29parce que ça coûte cher, parce qu'il faut la rentabilité,
00:32et puis ce qu'on voit je trouve encore plus que dans le livre,
00:35à l'image, c'est l'odeur,
00:37vous parlez de l'odeur de pisse partout parce qu'il n'y avait pas de personnel,
00:40non mais franchement c'est un documentaire qui vous scotche par sa puissance
00:46et qui montre aussi comment les salariés étaient brisés intérieurement,
00:50et notamment, on va l'écouter, Laurent Garcia le premier qui va vous contacter,
00:55ancien cadre infirmier chez Orpéa,
00:57il dit j'ai fait mon boulot comme une merde,
01:00j'ai passé huit mois à avoir envie d'hurler comme un dingue,
01:02ça me rendait fou.
01:04À un moment, je baisse les bras et je dis je veux partir,
01:09et la directrice régionale me dit bon d'accord Laurent,
01:12va te reposer pendant douze jours, je règle ça et il n'y aura pas de souci,
01:17et en fait pendant ces douze jours ils ont monté un petit truc contre moi,
01:22du coup je me suis fait virer de chez Orpéa pendant deux mois,
01:27mais véritablement pendant deux mois je suis resté enfermé chez moi,
01:31en pyjama, allongé sur le canapé, en me disant que j'étais une merde.
01:36Laurent il représente bien ce qu'ont vécu les salariés de ce groupe,
01:40c'est-à-dire à un moment vous êtes dégoûté par ce que vous faites,
01:43vous êtes dégoûté vous-même.
01:44On pouvait plus regarder dans la glace.
01:45Bien sûr, il y a ça, il y a plein d'exemples,
01:49mais ça montre à quel point ils ont tué aussi le métier en général.
01:53Il y a l'exemple, vous parliez de l'odeur tout à l'heure,
01:55il y a l'odeur de l'œuf pourri, j'en parle à un moment dans le documentaire,
01:58parce qu'à un moment ils employaient la technique d'optimisation des coûts,
02:02notamment sur la nourriture,
02:03qu'il ne fallait pas dépenser plus de 4 euros par jour et par résident,
02:06donc c'est un euro par repas.
02:08Donc vous avez des cuisiniers qui me racontent
02:11qu'ils se retrouvent à travailler chez Orpéa
02:13et à devoir le soir peser chaque aliment,
02:15et Guillaume Gobel raconte qu'il coupe le steak haché en deux
02:18parce qu'il ne peut pas donner un steak haché entier à un pensionnaire.
02:22Donc il est dégoûté par ça.
02:24Et ça va aller tellement loin que les taux de dénutrition
02:28des résidents d'Orpéa explosent.
02:30Ah ok, alors…
02:31Et du coup, c'est catastrophique pour l'image d'Orpéa,
02:35et c'est catastrophique aussi pour le business,
02:37parce qu'il faut que les résidents, quand même, durent,
02:39parce qu'ils rapportent de l'argent.
02:40Et alors, quelle est l'idée ?
02:41Et donc, ils réfléchissent pendant des mois,
02:45et donc au début ils vont se dire, tiens, on va rajouter du kiri,
02:50parce que le kiri c'est hyper protéiné,
02:52et donc on va pouvoir rattraper les taux de dénutrition.
02:55Le problème du kiri, c'est qu'il faut l'acheter.
02:58Ça coûte cher le kiri.
02:59Et donc ils ont une nouvelle idée, qu'on raconte dans le documentaire,
03:02et c'est pour vous dire comment ça vous saisit après,
03:04quand vous êtes cuisinier chez Orpéa, et comment vous êtes dégoûté.
03:07On va leur dire de mettre de la poudre,
03:09ça s'appelle protipulse, de la poudre hyper protéinée,
03:12qui évidemment est remboursée par la Sécu,
03:14parce que toute l'histoire d'Orpéa,
03:15c'est comment on chope le plus possible d'argent public.
03:18Et donc on va forcer les salariés,
03:20on va forcer les cuisiniers d'Orpéa,
03:22à balancer du protipulse dans les soupes, dans les potages.
03:26Qui puent ensuite, et d'où l'odeur d'œufs pourris.
03:30Ça devient immangeable.
03:32Et donc c'est comme ça qu'il va y avoir des résidents,
03:35et notamment pendant le Covid,
03:36qui se retrouvent avec des plateaux qu'ils ne touchent pas.
03:40Les taux de dénutrition vont encore exploser.
03:41Il y a des syndromes de glissement qui vont jusqu'au décès.
03:45Et ce qui est passionnant,
03:46ce qui était très dur à faire dans cette enquête,
03:48et c'est tout le sujet des enquêtes judiciaires qui sont en cours,
03:51c'est que vous pouvez prouver
03:54qu'il y a eu des pratiques de détournement d'argent public.
03:56Où on est allé enlever des postes de soignants payés par l'argent public.
04:00Vous pouvez prouver tout le système financier.
04:03Vous pouvez prouver les maltraitances.
04:06Il faut faire le lien juridique de la responsabilité de ces dirigeants.
04:11Yves Le Manne, le DG, Jean-Claude Brodang,
04:13celui qui coupait les coups partout.
04:15Le docteur Marian qui a fondé l'entreprise,
04:17Le Big Boss, ce que vous appelez la Sainte Trinité,
04:19c'est les trois qui sont présumés innocents.
04:21Alors on parle, mais bon, ils sont mis en examen
04:24et les affaires sont en voie de jugement.
04:27C'est passionnant même juridiquement de savoir comment ces trois-là
04:31vont être...
04:32On va poursuivre leur responsabilité même pénale
04:35pour savoir si leurs pratiques financières ont eu des incidences
04:39et ont pu entraîner des décès dans les épannes.

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