Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Thomas Ménagé, député RN du Loiret.
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00:00Bonjour tout le monde aménagé, et ça tombe bien si j'ose dire, puisque vous, vous portiez la parole du Rassemblement National lors de la ô combien mouvementée réforme des retraites discussion à l'Assemblée Nationale en 2023.
00:14On vient de parler de ce conclave qui est mal en point. Est-ce que vous, vous croyez, puisqu'on vient de le dire, que ça peut encore marcher, qu'on peut encore trouver une porte de sortie ?
00:23Alors même si on croit au dialogue social avec les partenaires sociaux au Rassemblement National, dès le début on a dit, on a dit à la France entière que c'était une magouille de François Bayrou avec les socialistes pour gagner du temps.
00:35Il y a les partenaires sociaux quand même.
00:36Oui mais qu'il était impossible dans tous les cas d'avoir un accord entre les organisations patronales, les organisations qui défendent les travailleurs, les syndicats dans notre pays.
00:46Pourquoi ?
00:47Et parce qu'ils ont des positions qui sont diamétralement opposées. Il faut bien entendu que ce soit aux politiques, en écoutant les différents syndicats, de voter, de s'exprimer, ce que nous n'avions pas pu faire à l'époque.
00:58Et c'est aussi un peu un camouflet aussi pour la gauche, puisque François Bayrou a avoué dès le début, enfin il n'a jamais pensé que ça pouvait aboutir, et que les socialistes auraient pu, comme la gauche,
01:08voter l'abrogation de la réforme des retraites portée par le Rassemblement National que j'avais défendue le 31 octobre dernier.
01:13A chaque fois, la gauche s'est vendue contre les travailleurs de notre pays.
01:16Thomas Ménager, qu'on vous comprenne bien, ce que vous prenez vous, comme la gauche d'ailleurs, c'est un retour à l'âge de 62 ans pour le départ à la retraite ?
01:24Aujourd'hui, il y a une majorité dans l'Assemblée Nationale et une majorité de députés qui ont été élus après la dissolution pour abroger la réforme des retraites, avec des positions qui sont différentes.
01:32Et pour revenir à quoi ?
01:33Nous, nous avons une position qui tient compte de l'équilibre des finances publiques avec 62 ans pour ceux qui ont commencé après 20 ans,
01:39et 60 ans pour ceux qui ont les métiers les plus pénibles, ceux qui commencent tôt, qui travaillent dur, 60 ans.
01:44On ne propose pas ce que propose le NFP, qui promet les 60 ans pour tous, parce que ce n'est pas possible d'un point de vue financier.
01:50Et on propose surtout de refinancer notre système par répartition, en faisant des réformes structurelles, sur la productivité, sur la question de la démographie, sur la question de la croissance.
01:59Il n'y a pas d'échec sur les retraites, sur cette réforme réformée, en quelque sorte. Est-ce que vous revenez sur votre position qui est, il faut censurer ce gouvernement ?
02:07Et vous êtes prêt à le faire tomber comme vous avez fait tomber le gouvernement Barré ?
02:10Depuis le début, on a toujours dit qu'on ne s'empêcherait pas de censurer à nouveau un gouvernement.
02:13Mais quel est votre état d'esprit du jour ?
02:15Sur l'élément unique des retraites, non, ça fait partie d'un ensemble.
02:19Si aujourd'hui, il y a une suite de décisions de la part du gouvernement de M. Bayrou qui nuit aux Français, nous, nous poserons la question.
02:27C'est un ensemble, et c'est de savoir aussi si la censure sera profitable globalement aux Français, que serait négative une censure pour eux.
02:35Sur le fond des retraites, qu'est-ce que vous répondez par exemple à des politiques comme Édouard Philippe ou au patronat qui estiment que l'heure n'est pas à travailler moins,
02:42notamment en revenant sur la réforme des retraites, alors que les menaces pèsent et que tous nos voisins, eux, ont tendance à dire, eh bien, pas tendance.
02:50Vote des lois pour que l'on travaille plus. Comment la France pourrait être à rebours de tous les autres pays européens ?
02:56Alors, ils ont une vision partielle de la question. Ce qu'il faut voir, c'est aussi le taux de cotisation.
03:00En France, on est à 28% de taux de cotisation, 10 points supérieurs à la moyenne de l'OCDE.
03:05Donc, il est logique qu'on ait un avantage, puisqu'on cotise toute sa vie beaucoup plus que tous les autres pays, que l'on parte un peu plus tôt.
03:12Il y aurait une cohérence à dire, on paye moins, il y a moins de cotisation, et donc, on peut partir à un âge équivalent des autres pays.
03:18Il faut voir l'ensemble. Il faut rappeler à ceux qui nous écoutent ce matin...
03:21On peut faire cavalier seul, donc, et travailler moins longtemps que les autres pays, compte tenu de ce que vous venez de dire.
03:25C'est une fierté d'avoir un modèle social qui est plus favorable, et qui n'est pas plus favorable juste parce qu'on est seulement plus généreux,
03:31c'est juste parce que les Français cotisent plus chaque mois pour un Français au niveau moyen.
03:35Ce n'est pas moi qui le dis, c'est PME qui me l'avait dit lors des auditions que j'avais menées.
03:39C'est le premier poste de dépense avant le logement. Vous payez plus chaque mois pour votre retraite que pour votre logement.
03:45Mais l'effort national pour le réarmement, vous le soutenez ? Il faut le faire d'une autre manière, alors ?
03:51On ne peut pas compter sur, par exemple, les dépenses sociales ?
03:53On se rend compte que depuis des années, on reporte l'âge de départ à la retraite et que le système n'est pas plus équilibré.
03:58La réforme de Brodborn avait été promise comme étant la solution à l'équilibre, ça n'a pas marché.
04:02Donc, il faut aller sur d'autres leviers.
04:04Pierre Moscovici, que j'auditionnais la semaine dernière en commission des affaires sociales, l'a dit.
04:07Il y a une possibilité qui est beaucoup plus difficile, qui est beaucoup plus courageuse,
04:11qui demande de faire travailler plus, notamment avec un taux d'emploi qui serait supérieur à celui que nous avons aujourd'hui.
04:16Si on rattrape le taux d'emploi des Français en allant au taux d'emploi du Pays-Bas,
04:20c'est 140 milliards d'euros supplémentaires de recettes.
04:23Donc, il ne faut pas faire travailler plus longtemps les Français,
04:25mais faire travailler plus de Français en donnant du travail, en créant de l'emploi, en créant de la richesse dans notre pays.
04:31Un autre sujet, les relations entre l'Algérie et la France.
04:34Dix ans de prison ont été requis contre l'écrivain Boilem Sansal, qui est âgé, qui est malade,
04:39qui est détenu aujourd'hui dans une prison algérienne.
04:41Emmanuel Macron, on l'entendait, en a appelé au président algérien,
04:45Abdelmajid Tebboune, pour demander sa libération.
04:48Est-ce que vous approuvez cette démarche ?
04:50Bien entendu, depuis le premier jour, on le soutient, et toute la France est derrière M. Sansal.
04:55Il y a la nécessité que la diplomatie fasse son travail, et Emmanuel Macron a raison.
04:59Mais je pense que le bras de fer n'est pas là.
05:01Ce n'est pas en demandant gentiment à l'Algérie qu'on obtiendra quelque chose, comme le fait M. Macron.
05:07Il faut aller vers un vrai bras de fer, la fin des accords de 68, la suppression des visas.
05:12S'il faut la fin des transferts d'argent de la diaspora vers l'Algérie,
05:18et il faut aujourd'hui stopper et arrêter de se faire marcher dessus par l'Algérie.
05:22Il faut aussi stopper l'argent qu'on envoie à l'Algérie chaque année,
05:25150 millions d'aides publiques au développement,
05:27ou encore les bourses qui sont versées aux étudiants algériens.
05:30Il faut dire stop.
05:31Il faut en faire donc plus que ce qu'a dit Bruno Rotaillot cette semaine,
05:34qui prône aussi des mesures très fermes.
05:36Pourquoi pas l'interdiction à terme de compagnie aérienne ?
05:41C'est dans la riposte graduée prévue par le ministère de l'Intérieur et les affaires étrangères.
05:46Qu'est-ce qu'il faudrait faire de plus que Bruno Rotaillot ne fait dans sa riposte graduée,
05:50et qui est approuvée par les Français ?
05:52Il faudrait juste faire ce que Bruno Rotaillot dit,
05:54parce que M. Rotaillot reste dans un gouvernement qui n'est pas d'accord et qui ne le fait pas.
05:58Il accepte que...
05:59Sur les visas, par exemple, il s'est passé des choses, les passeports diplomatiques...
06:02C'est encore très léger.
06:03Aujourd'hui, il faut aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort,
06:06et que M. Rotaillot soit entendu,
06:08ou s'il n'est pas entendu, s'il est sincère, qu'il démissionne, qu'il quitte son poste.
06:12Pareil, les accords de 68, c'est le gouvernement qui peut le faire.
06:15Ce n'est pas une prérogative, contrairement à ce qui a été dit du président de la République.
06:18Donc mettons fin à ces accords de 68, ce que nous demandons au RN depuis de nombreuses années.
06:22Il y aura un peu partout en France, samedi, demain, des manifestations contre,
06:27je cite, le racisme et l'extrême droite.
06:29Vous faites partie au RN des cibles de ces marches, qu'on verra demain.
06:34Mais pas seulement. Il y a Bruno Rotaillot, on revient à lui.
06:37Les relais supposés de l'extrême droite en France,
06:40notamment à travers les médias de Vincent Bolloré,
06:43s'il y a beaucoup de monde dans les rues demain, c'est possible.
06:46Qu'est-ce que ça voudra dire de l'état du pays, de l'état de l'opinion, selon vous, Thomas Ménager ?
06:50Ça serait inquiétant, parce que quand on voit les positions de ceux qui développent cette manifestation,
06:54qui est la France insoumise, qui a des thèses antisémites…
06:56Pas seulement, il y aura les écologies, il y aura des syndicats…
06:59Oui, mais qui acceptent, ou qui sont alliés, qui acceptent les propos.
07:01Ça serait inquiétant qu'une manifestation prétendument contre la haine puisse être autant suivie,
07:06alors qu'elle a été lancée avec une affiche antisémite qui prend tous les codes de l'iconographie…
07:11Vous parlez de la caricature de Cyril Hanouna.
07:13… de l'iconographie antisémite des années 30, contre un animateur télé de Cyril Hanouna,
07:17qui attaque vos confrères comme Pascal Praud, qui, comme M. Mélenchon cette semaine,
07:22dit à un journaliste « taisez-vous, taisez-vous, on ne dit pas un journaliste de ce terre,
07:26c'est la liberté d'expression, c'est ce qu'est la France ».
07:28Et aujourd'hui, la même semaine que ces personnes vont manifester contre,
07:31soi-disant, la haine et les extrémistes, il y a eu à l'Assemblée nationale,
07:36M. Raphaël Arnault, qui a été élu alors qu'il est fichesse,
07:38qui a rassemblé des islamistes en notre sein.
07:41Donc c'est en final ceux qui sont aujourd'hui les plus grands porteurs de haine,
07:44les plus grands porteurs de ce qu'est l'extrémisme, qui vont manifester.
07:48Et donc j'espère qu'il y aura le moins de monde possible dans la rue.
07:50Jordan Bardella se rendra la semaine prochaine en Israël, c'est une visite qui fera beaucoup de bruit.
07:54Est-ce que ça suffit à démontrer que chez vous, au Rassemblement national,
07:58il n'y a plus d'antisémitisme, alors que certains amis, par exemple,
08:01je cite Frédéric Chatillon ou Axel Lusto, qui appartenaient au GUD,
08:05des amis de Marine Le Pen, sont membres de l'ultra-droite,
08:09où l'antisémitisme règne encore ?
08:11Ces personnes-là ne sont pas au Rassemblement national,
08:13ne sont plus en lien quelconque avec…
08:14Mais c'était des amis de Marine Le Pen, entre autres.
08:16Oui, je veux dire, ça, c'est absolument pas…
08:18On a pu tous avoir des amis qui ont mal tourné,
08:21et ce n'est absolument pas le sujet aujourd'hui.
08:23Aujourd'hui, les Français voient très bien que le parti qui soutient
08:27les Français de confession juive, qui les défend,
08:29qui crée un vrai bouclier, pour eux, c'est le Rassemblement national,
08:32et c'est la raison pour laquelle Jordan Bardella est invité
08:36pour aller exprimer, notamment après le 7 octobre,
08:39la vision de la France, la voix de la France,
08:41dans la lutte contre l'antisémitisme, et notamment parce que la France,
08:44malheureusement, a connu et connaît une montée de l'antisémitisme,
08:47des attaques, des actes.
08:49Il suffit de parler avec des Français de confession juive
08:51pour savoir qu'aujourd'hui, on ne peut plus se déplacer
08:53quand on est un Français de confession juive,
08:55partout en France, sans prendre de risques,
08:57et donc c'est la voix que portera Jordan Bardella en Israël.
09:00Merci Thomas Ménager, député Rassemblement national du Loiret.
09:02C'est la suite de Télématin. Merci beaucoup.