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Avec Constance Bertrand, porte-parole du collectif des victimes de Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-03-21##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Avec nous, Constance Bertrand, bonjour.
00:07Bonjour.
00:08Vous êtes porte-parole du collectif des victimes de Saint-Dominique-de-Neuilly-sur-Seine.
00:12Alors, commençons parce que, rappelez-nous,
00:16que s'est-il passé à Saint-Dominique ?
00:18C'est un collège lycée, privé, catholique ?
00:21Alors, c'est l'institution Saint-Dominique-de-Neuilly,
00:24ça va de la maternelle jusqu'à la terminale à Neuilly-sur-Seine.
00:29L'histoire remonte un peu plus loin parce qu'il faut retourner à Bétharame.
00:33On a un des bourreaux de Bétharame
00:37qui avait disparu de la circulation entre Bétharame et Orléans-Châteauroux.
00:41Finalement, en fait, il a été aneuilli pendant 8 ans.
00:44Quand on s'est souvenus, quand on nous a remémoré ce fait-là,
00:47évidemment, une fois que son nom a été prononcé à côté de Saint-Dom,
00:50on s'est tous souvenus de lui,
00:52et on a décidé d'ouvrir un groupe Facebook
00:54pour que des témoins ou victimes puissent s'exprimer.
00:58D'accord. Et qu'avez-vous découvert ?
01:02Et là, ça a été le choc parce qu'en 5 jours,
01:08on a eu énormément de témoignages, alors pas tellement sur lui,
01:11à part des choses qu'on savait,
01:13il tire les oreilles, il tire les cheveux, il est brutal,
01:17mais on a eu sur 6 autres personnes des choses de nature extrêmement graves.
01:22Donc là, on a été sous le choc.
01:24Des agressions sexuelles ? Des agressions ?
01:27Tout à fait. On parle d'agressions sexuelles,
01:29on parle d'agressions physiques,
01:31on parle de violences sadiques,
01:34les gens utilisent le terme sadique sur des enfants de ses mains,
01:37on parle d'un prêtre pédophile,
01:39on parle d'un surveillant,
01:41on parle de professeurs de français, de sport, etc.
01:44Donc on est submergés par ces témoignages,
01:47émotionnellement et physiquement, puisqu'on en reçoit beaucoup,
01:50et on décide de s'adresser au diocèse,
01:52donc on écrit à l'évêque qui nous reçoit quasi immédiatement,
01:55et fait un signalement au procureur de la République,
01:58et ensuite, vous la connaissez, on était hier à l'Assemblée nationale
02:02pour témoigner devant la commission d'enquête parlementaire.
02:05Oui, 8 représentants de collectifs de victimes ont été auditionnés hier,
02:09dont vous, par la commission d'enquête parlementaire,
02:12créés dans la lignée du scandale de Bétharame.
02:14Si je comprends bien, le scandale de Bétharame
02:17a réveillé les consciences,
02:19mais je vais aller beaucoup plus loin que ça,
02:22a révélé tout ce qui se passait
02:26dans de nombreux établissements privés catholiques.
02:30C'est cela ?
02:31C'est exactement ça.
02:32On leur doit énormément à ceux que j'appelle affectueusement
02:35nos petits frères de Bétharame,
02:37parce qu'ils étaient des petits enfants
02:38quand ils ont été victimes de toute cette maltraitance.
02:40On leur doit énormément parce qu'ils ont ouvert la route,
02:42ils ont ouvert une porte qui ne pourra plus se refermer,
02:45et dans la lignée, tous les collectifs se mettent en place,
02:48des révélations ont lieu dans la France entière,
02:50au moment où je vous parle, Jean-Jacques,
02:51il y a des collectifs qui se créent partout,
02:53tous les jours il y a des nouveaux collectifs,
02:54tous les jours on apprend de nouvelles choses,
02:56avec une constante,
02:59c'est quand même la souffrance des victimes
03:02et le silence des adultes autour d'eux
03:04qui ont su, ont couvert, n'ont rien fait, ont manqué de courage.
03:09Non mais, vous parlez de mitou
03:11de l'enseignement privé catholique ?
03:14Tout à fait, c'est ce que j'ai dit hier devant les journalistes
03:16en sortant de l'Assemblée nationale,
03:17j'ai parlé du mitou de l'enseignement catholique,
03:19parce que, vous le savez,
03:21c'est à vous que je vais le dire Jean-Jacques,
03:22la presse aime les mots forts,
03:24et il fallait un terme qui soit intelligible de tous.
03:27Donc en effet, c'est un mitou de l'enseignement catholique,
03:29à mon sens,
03:31et j'espère que ça ne va pas s'arrêter,
03:33ça ne peut pas s'arrêter.
03:35Il y a eu tellement de souffrance pendant tellement d'années,
03:37aujourd'hui des adultes qui nous disent,
03:39il y a 30 ans il m'est arrivé ci, il m'est arrivé ça,
03:41je n'en ai jamais parlé, j'en parle aujourd'hui,
03:43donc on ne peut pas s'arrêter,
03:44on a le devoir de faire en sorte que ça continue,
03:46et c'est pour ça que j'ai demandé,
03:48à la fois aux journalistes et surtout aux députés,
03:50de nous aider à ne plus jamais faire silence sur ces sujets-là.
03:54Voilà, des affaires, entre guillemets,
03:57qui sont révélées un peu partout en France,
03:59un peu partout,
04:01et toujours dans des enseignements privés catholiques,
04:04Constance Bertrand.
04:06Alors, pas toujours, pas toujours,
04:08pas toujours, évidemment pas toujours,
04:10parce que de la maltraitance, il y en a eu partout.
04:12Il y en a eu dans des établissements privés et laïcs aussi.
04:15Privés et laïcs, ou même public.
04:17Ou même public, oui, bien sûr.
04:19Hier, à l'Assemblée nationale,
04:22mon voisin Gilles témoignait de ce qu'il a vécu à l'école primaire publique.
04:27Donc, il y en a eu partout.
04:29Ce qu'on a quand même, comme Constance,
04:31dans l'enseignement privé catholique,
04:33c'est la méthodologie qu'on appliquait aussi dans l'Église,
04:38sur tous les faits de violence envers les enfants.
04:40C'est-à-dire ne pas faire trop de bruit,
04:43ne pas filtrer les coupables,
04:45essayer de ne pas nuire à la réputation.
04:47Mais bien sûr, on n'est absolument pas naïfs.
04:50On sait que ça a pu avoir lieu absolument partout.
04:52Et d'ailleurs, il y a des établissements privés catholiques
04:56qui étaient des organismes qui étaient financés par l'État,
05:01qui étaient des endroits où on envoyait les enfants,
05:03où la DAS envoyait les enfants.
05:05On parle de Riomont, on parle des Filles du Bon Pasteur.
05:09C'était des endroits où on envoyait,
05:12où la DAS envoyait les enfants.
05:13L'État n'était pas du tout éloigné de ce qui se passait.
05:17Vous demandez absolument de rendre imprescriptibles
05:21les violences commises sur les enfants.
05:23Oui, je le demande.
05:25Je sais que le mot choque.
05:26Je sais que tous les juristes et constitutionnalistes du pays
05:29doivent lever les yeux au ciel.
05:31Mais si le mot est choquant,
05:33dans ce cas-là, qu'on repousse la prescription
05:35à 50, 60, 70, 100 ans s'il le faut,
05:38si vraiment c'est un point de vue de droit,
05:40qui est trop compliqué à gérer.
05:41Ce que je demande, c'est le temps.
05:43On voit aujourd'hui, hier à l'Assemblée nationale,
05:46un de mes camarades disait qu'il a mis 50 ans
05:49à en parler à sa femme.
05:50Il est marié depuis 50 ans avec sa femme.
05:52Il lui a raconté il y a six mois ce qu'il a vécu.
05:54Donc, on a besoin de temps.
05:56Les gens ont besoin de ce temps d'éveil des consciences.
05:59Un peu comme Mithou.
06:00Il a fallu un moment pour que certaines personnes
06:02se rendent compte de ce qui leur était arrivé.
06:04Évidemment, l'idée, ce n'est pas de pousser des gens
06:06à se croire victimes de choses qu'ils n'ont pas vécues.
06:08L'idée, c'est juste d'être dans la bienveillance
06:10et de donner le temps aux personnes
06:13qui ont été victimes d'exactions, d'horreurs, d'abus,
06:16de se souvenir, de faire les choses avec douceur.
06:20Évidemment, il faut que ce soit accompagné.
06:23On ne peut pas les laisser comme ça, seuls,
06:25face à cette souffrance qui remonte.
06:27On a des gens qui ont des analyses traumatiques
06:29qui, aujourd'hui, se réveillent avec un souvenir
06:32d'une chose terrible qui leur est arrivée.
06:34Donc, il faut du temps pour ça.
06:36Merci Constance Bertrand.
06:38Je préciserais juste que, jusqu'ici,
06:40le temps est du côté des bourreaux.
06:42Parce que tous ceux qui, aujourd'hui,
06:44savent qu'il y a des plaintes contre eux,
06:46mais qu'elles sont prescrites, sont tranquillement au chaud.
06:48On parle, évidemment, de toutes les personnes de Bétharame
06:50et bien d'autres.
06:51Donc, il ne faut plus jamais qu'ils puissent se dire
06:53que le temps est leur allié.
06:54Il faut que le temps soit l'allié des victimes.
06:56Merci Constance Bertrand.
06:58Merci d'avoir été avec nous ce matin.
07:00Sur l'antenne de Sud Radio, il est 7h47.

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