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NewsTranscription
00:00Bonsoir à tous et bonjour Gilles, heureusement que vous vous appelez Gilles et pas Kévin parce que c'est...
00:06Ah bah le Kévin il est en retard.
00:08Le Kévin il est en retard.
00:09Après il va nous dire qu'il voudrait que les Kévin aient une bonne réputation.
00:13Voilà, un doc sur Paris 1ère, Sauvons les Kévin.
00:17C'est un document qui sous couvert d'humour montre la véritable discrimination qu'il y a à l'égard de ceux qui portent ce prénom.
00:25C'est à la fois drôle et à la fois glaçant.
00:28C'est très très bien fait.
00:29On va en parler avec Kévin Fafournoux qui est le réalisateur de ce document.
00:34Et il va nous raconter un petit peu le poids que représente ce prénom.
00:39Vous avez une image...
00:40Si je vous dis Kévin, vous me dites quoi ?
00:42Ah bah c'est compliqué pour moi.
00:44Pourquoi ? Parce que vous avez un petit copain qui s'appelle Kévin ?
00:46Bah allez-y, on dirait que pendant que vous y êtes, il y a une petite copine qui s'appelle Kévin.
00:51Ça veut dire qu'elle a un peu de moustache.
00:53J'ai un ami qui s'appelle Kévin.
00:55J'ai un ami qui s'appelle Kévin, on va dire ça.
00:58Un ami de 5 ans.
01:02De 5 ans ?
01:03Bah ça a duré 5 ans.
01:04Ah d'accord.
01:05Parce que vous me laoutez en direct.
01:06Non, non, mais c'est vous qui me dites que c'est difficile pour moi.
01:09Donc on comprend.
01:10Bref, bon.
01:11On va pas...
01:12Bah voilà.
01:13Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
01:15Mais l'image du Kévin est compliquée.
01:18Nous avons Kévin qui arrive en retard.
01:20Tous les Kévin arrivent en retard.
01:22Les Kévin ont cette réputation d'être en retard.
01:24Bonjour.
01:25Bonjour Kévin, ça va pour nous ?
01:27Vous avez raté un métro ?
01:28Non, j'ai eu un trafic très compliqué ce matin sur le métro.
01:31J'étais en train de dire combien votre doc était fascinant.
01:34Merci beaucoup.
01:35Vraiment, à la fois sous couvert d'humour, je disais, c'est vraiment réalisé de façon très dynamique et assez humoristique.
01:43Mais en même temps, ça dit quelque chose de terrifiant sur une discrimination au prénom.
01:48Et effectivement, vous avez des Kévin qui témoignent.
01:50C'est vertigineux ce qu'ils racontent.
01:52Oui, complètement.
01:53On efface.
01:54On va en parler.
01:55Mais je suis d'accord.
01:56J'ai connu quelqu'un qui sort il y a très longtemps avec un Kévin.
02:02Je me suis dit, mais c'est quoi ce plouc ?
02:04Voilà, c'est un peu l'image.
02:06Ah oui, c'est pas le même, rassurez nos auditeurs.
02:08C'est pas le mien, c'est pas mon Kévin.
02:10Non, bien sûr que non.
02:11Donc on va en reparler avec vous.
02:13C'est une enquête très fouillée, très intéressante.
02:16Qui, au-delà, encore une fois, du côté qui peut paraître humoristique, pose de réels problèmes.
02:23Et vous, Valérie, vous avez toujours accepté.
02:25Il n'y a pas eu de soucis.
02:26La maison de Valérie.
02:27Non, non, non, non.
02:29Mais on va en parler avec vous des prénoms.
02:31Mais Kévin est particulièrement emblématique et stigmatisé.
02:36Il y a des Brian aussi, un petit peu.
02:38Il y a eu Régis avec les nuls.
02:40C'était dur, au moment de l'époque des nuls, de s'appeler Régis.
02:43C'était un con.
02:44Mais Kévin, il y a eu un pic de Kévin en 91.
02:47J'ai découvert ça.
02:48Et effectivement, on est sur un sujet important.
02:53On va passer tout de suite au zapping.
02:55Gilles, vous avez regardé la télévision hier soir et vous nous dites ce qui s'est passé.
03:03La trêve que l'on tente et la trêve qui s'arrête.
03:06La trêve qui s'arrête, c'est en Israël, avec une attaque massive à Gaza
03:11après la rupture des négociations entre Hamas et Israël.
03:15Et le fait qu'ils ont refusé de libérer des prisonniers.
03:21Des otages, pardon.
03:23Des otages, qui sont aussi prisonniers du coup.
03:26Point sur la situation dans le 20h de France 2.
03:29Dans les décombres de cet immeuble détruit cette nuit,
03:32ils cherchent encore des victimes avec des moyens de fortune.
03:36Et en trouvent.
03:38Les hôpitaux sont débordés, plus de 500 blessés.
03:41Et les morgues pleines, plus de 400 morts, selon le Hamas.
03:45La nuit dernière a été une des plus meurtrières à Gaza depuis le début de la guerre.
03:49Je dormais près de mes enfants, maintenant ils sont morts, et mon mari aussi.
03:53Il est 2h du matin.
03:55Ces avions de chasse et hélicoptères de combat israéliens décollent pour des frappes sans précédent
04:00depuis la trêve entamée le 19 janvier dernier.
04:0380 cibles terroristes selon Israël en différents lieux de l'enclave.
04:074 membres de la branche politique du Hamas sont tués,
04:10dont Essam Eldahalis, le chef du gouvernement de Gaza.
04:14C'était évidemment dans le 20h de France 2.
04:17Une trêve que l'on tente, Valérie, Nicole Croisi avait pu dire, grande philosophe,
04:22téléphone-moi et dis-moi que tu m'aimes.
04:25Bon ben on espère que le téléphone pleure pas pour les ukrainiens.
04:28Oui j'ai un peu de culture de chanson française.
04:31Un appel de 2h30 entre le président russe et américain
04:36qui nous rappelle l'époque du téléphone rouge.
04:39Reportage hier dans le JT.
04:41Plus aucune frappe sur des infrastructures énergétiques pendant 30 jours.
04:45Côté russe comme côté ukrainien.
04:47C'est la concession faite ce soir par Vladimir Poutine.
04:50Mais c'est un premier pas vers la paix.
04:52Les deux présidents américains et russes se sont parlé pendant 2h28.
04:56Aucune image n'a filtré de la conversation téléphonique
04:59mais l'information a fait la une dans les deux pays.
05:02C'est la plus longue conversation téléphonique
05:04dans l'histoire des relations US à Russie.
05:08La Maison Blanche a vanté, je cite,
05:10l'immense avantage d'une meilleure relation avec la Russie
05:13mais est restée assez vague sur le contenu des échanges.
05:15Les deux chefs d'Etat sont tombés d'accord sur le fait
05:17que le conflit doit se terminer avec une paix durable.
05:20Dans votre documentaire sur les Kévin,
05:22vous avez un Kévin qui témoigne et qui dit
05:24moi je ne serai jamais président parce que je m'appelle Kévin,
05:28parce que ce serait un peu ridicule d'avoir un président qui s'appelle Kévin
05:31mais on a un président qui s'appelle Donald, non ?
05:33Enfin les Etats-Unis en termes...
05:35Oui, c'est pas faux.
05:36Donc peut-être de l'espoir pour ce témoin documentaire.
05:40Demain, c'est le retour de Kilian Mbappé,
05:42bon là aussi, un prénom plutôt irlandais,
05:46puisqu'on découvrira que Kévin est irlandais,
05:48en équipe de France, alors c'est un événement,
05:50je ne sais pas si vous avez vu,
05:52communication à tous les étages
05:54pour le retour de l'enfant prodigue
05:56après le parisien interview hier incroyable sur TF1
06:00du numéro 10.
06:02Est-ce qu'il peut arriver d'en avoir assez ?
06:04On appelle ça le burn-out,
06:06certains appellent ça un petit accès de déprime,
06:08un coup de moins bien.
06:10C'est arrivé à d'autres sportifs de très haut niveau.
06:12Est-ce que c'est ça que vous avez vécu à l'automne dernier ?
06:14Non, je pense qu'il faut juste accepter en tant que sportif de haut niveau
06:18et même en tant qu'être humain
06:20qu'une carrière professionnelle ou une vie,
06:22c'est jamais linéaire.
06:24Il y a des moments où vous êtes au top,
06:26il y a des moments où vous êtes moins bien.
06:28Mais on est sur ce qu'on aime faire
06:30et se remettre au travail
06:32parce qu'on sait qu'à force de travail
06:34la situation peut être renversée
06:36et c'est ce qui s'est passé.
06:38Des mauvais moments, je pense que n'importe quel sportif peut en avoir.
06:40J'en ai eu et je pense que ça fait partie
06:42de la carrière d'un sportif
06:44et c'est important d'en avoir conscience
06:46et d'avoir les capacités de s'en relever.
06:48Alors carton en vue de l'audience,
06:50demain, diffusion du match sur TF1
06:52avec le retour de Kylian Mbappé.
06:54Alors c'est une histoire hallucinante
06:56parce qu'aujourd'hui, on connaissait le squat
06:58d'une maison ou d'un appartement.
07:00Je ne sais pas si vous avez vu cette information.
07:02Aujourd'hui, c'est le squat d'une ferme.
07:04Les squatteurs produisent
07:06et continuent à produire
07:08avec les animaux, les vendent sur les marchés
07:10et autres, mais n'ont jamais payé
07:12les fermiers à qui ils ont acheté la ferme.
07:14C'est une drôle d'histoire.
07:16Patrice appose cette pancarte devant son exploitation
07:18qu'il est censé avoir vendue
07:20depuis deux ans déjà.
07:22On n'a jamais été réglé, alors nous remettons
07:24l'accord de ferme en vente.
07:26C'est un message pour les forcés à payer
07:28ou à partir.
07:30Car dans cette ferme de 65 hectares,
07:32une famille a pris possession des lieux.
07:34Intéressés, ils signent un compromis de vente.
07:36Patrice et Josiane
07:38travaillent même avec eux pendant 3 mois
07:40pour assurer la transmission.
07:42Mais le couple n'a jamais reçu un centime.
07:44Pour eux, ils sont chez eux.
07:46A combien de personnes ils ont dit qu'ils sont propriétaires ?
07:48Mais c'est faux.
07:50Car sans paiement de leur part, le notaire n'a jamais conclu l'acte de vente.
07:52Mais il est trop tard.
07:54Patrice et Josiane ont déjà donné leur clé à la famille.
07:56Aujourd'hui, ces agriculteurs sont là
07:58pour montrer leur soutien.
08:00La famille vend du lait, vend des animaux,
08:02donc reçoit des paiements des animaux.
08:04Et derrière ça, ils ne payent personne.
08:06L'idée aussi, c'est de leur mettre la pression aujourd'hui.
08:08Alors à noter que l'agriculteur lésé,
08:10Patrick Garranger,
08:12était ce matin sur Sud Radio.
08:14Il s'est confié dans le petit matin de Benjamin Gleize.
08:16Il avait même indiqué
08:18qu'il avait dû reprendre
08:20son travail à temps complet.
08:22Au lieu de profiter de la retraite, l'idée de vendre sa ferme
08:24était de profiter de cette retraite.
08:26C'est un entretien que vous pouvez réécouter
08:28sur le podcast
08:30de Sud Radio
08:32de Benjamin Gleize.
08:34C'est vraiment une interview assez
08:36émouvante.
08:38Et puis nous, qui avons de temps en temps travaillé
08:40avec des notaires et une émission de notaires,
08:42donnez vos clés que quand tout est signé
08:44et quand la promesse de vente est signée,
08:46ils ont voulu être gentils.
08:48Triste nouvelle,
08:50Jacques Delaporte,
08:52musicien, comédien et auteur du célèbre
08:54La Salsa du Démon.
08:56Et oui !
08:58Il est décédé hier à 78 ans
09:00des suites d'une maladie.
09:02Il avait fait aussi partie
09:04de la Bande du Splendide.
09:06Tous les comédiens du Splendide ont réagi.
09:08C'est d'ailleurs Bruno Moineau
09:10qui a annoncé le départ
09:12de Jacques Delaporte.
09:14On l'écoute ?
09:16C'est le numéro 5 !
09:38Toute une époque !
09:40Il y a des Kévin qui ont dû danser sur La Salsa du Démon !
09:42On a déjà des questions sur les Kévin.
09:44Est-ce qu'il y a beaucoup de Kévin
09:46qui ont changé de nom ?
09:48On va en parler avec vous.
09:50Il y en a un dans votre documentaire
09:52qui témoigne masqué avec la voix déformée.
09:54C'est quand même dingue qu'on en soit là.
09:56On va y revenir avec vous Kévin Fafournou
09:58dans un instant.
10:00Sauvons les Kévin, ce sera ce samedi
10:02à 22h55 sur Paris 1ère.
10:04A tout de suite !
10:12A Sud Radio Média,
10:14l'invité du jour.
10:16Kévin Fafournou,
10:18bonjour Kévin.
10:20Vous êtes réalisateur et je recommande
10:22à tout le monde d'aller voir ce doc
10:24sur Paris 1ère, Sauvons les Kévin.
10:26Vous vous appelez Kévin.
10:28Quel a été le point de départ
10:30de ce document ?
10:32Le point de départ, ça fait
10:34que depuis plusieurs années, je suis plutôt
10:36embarrassé lorsque je dois donner mon prénom
10:38auprès de personnes que je ne connais pas.
10:40Parce que je sais personnellement qu'on va me mettre
10:42une étiquette ou un cliché sur moi
10:44sans même me connaître et ça me gêne.
10:46Et puis j'en avais marre aussi de voir toutes les blagues
10:48et tout ce qu'on peut voir sur les Kévin
10:50sur les réseaux sociaux ou ailleurs.
10:52Il faut vraiment étudier cette problématique et essayer de comprendre
10:54d'où ça vient pour essayer de déconstruire tout ça.
10:56Vous avez enquêté, c'est à la fois
10:58ce que je disais, c'est très ludique,
11:00c'est vraiment très bien réalisé.
11:02C'est moderne, la réalisation est formidable.
11:04C'est drôle et en même temps, c'est tragique
11:06parce qu'il y a une souffrance terrible
11:08parce que vous avez interrogé un certain nombre
11:10de Kévin et c'est vrai
11:12que ça nous renvoie à nous,
11:14ça nous renvoie à nos propres préjugés.
11:16Il y a un avocat qui s'appelle Kévin et effectivement
11:18on est presque choqués de voir un avocat
11:20qui s'appelle Kévin parce que
11:22c'est connoté, peut-être qu'on peut écouter
11:24le début du documentaire.
11:26Le début c'est donc diffusé samedi
11:28à 22h55 pour donner
11:30l'horaire, ce samedi
11:32et vous démarrez évidemment
11:34avec un micro-trottoir. Si on vous dit Kévin
11:36ça vous fait penser à quoi ?
11:38Ça me fait penser à un beauf, désolée.
11:40Pense à un garçon avec la casquette à l'envers,
11:42un petit mulet et
11:44quelqu'un qui n'a pas sa langue dans sa poche.
11:46Soit c'est des geeks, soit c'est des personnes aigries.
11:48Le kéké de la classe,
11:50le boloss un peu.
11:52Peut-être pas très stylé, quelqu'un de la campagne aussi.
11:54J'ai l'impression que c'est un nom qui vient du nord
11:56avec des gens assez gros
11:58avec une petite bière, je suis désolée.
12:00Kévin, gros kéké, gros lourdeau
12:02à draguer les meufs,
12:04écouter la musique à fond à la voiture,
12:06aller en boîte tous les soirs.
12:08Voilà, ça c'est Kévin.
12:10C'est comme ça, mon prénom fait rire.
12:12Et même si je possède une bonne dose de second degré,
12:14il est devenu un véritable phénomène de société
12:16tout à fait négatif.
12:18Un nom commun associé à des stéréotypes
12:20bofs, geeks, relous,
12:22liés au tuning et à un goût vestimentaire douteux.
12:24Je dirais que ça c'est valable
12:26pour beaucoup de choses.
12:28Souvent on pense
12:30que les gros sont fainéants
12:32on pense que les rouquins sont mauvais
12:34il y a plein de stéréotypes.
12:36Pourquoi celui-là vous a fait
12:38plus souffrir
12:40que d'autres ? Parce que finalement
12:42il y a plein de stéréotypes
12:44sur les blondes.
12:46Quand on est blonde,
12:48peut-être à l'embauche, elle a l'impression
12:50qu'elle n'a pas les mêmes chances que quelqu'un qui est brun.
12:52En l'occurrence, c'est un cliché
12:54que je porte
12:56puisque je m'appelle Kévin.
12:58J'ai voulu le combattre, mais effectivement
13:00c'est un cliché, il y en a partout.
13:02Celui-là est particulièrement
13:04fort, parce que ça
13:06met tout de suite une barrière
13:08dans les témoignages nombreux que vous avez
13:10dans le doc. On voit que
13:12très vite, dès qu'on donne
13:14le prénom, ça coupe dans la drague
13:16et sur les CV aussi.
13:18C'est un prénom
13:20qui a une double pragmatique.
13:22C'est vraiment la discrimination à l'embauche
13:24et aussi avec
13:26l'aspect
13:28sentimental de la chose.
13:30C'est vrai que ça bloque pour certains d'entre eux.
13:32Malgré tout, ça part
13:34de blague et de second degré sur un prénom.
13:36C'est quelque chose de plutôt léger, au final,
13:38qui se répète et qui crée de la discrimination.
13:40C'est là où il y a un vrai problème.
13:42Vous êtes partis aux origines
13:44du prénom, même vous vous êtes
13:46interrogé en vous disant
13:48« Je viens d'un petit bled. »
13:50On voit vos parents.
13:52Vous êtes reparti
13:54à la source, vous êtes même allé
13:56retrouver Saint-Kévin.
13:58D'où vient le stéréotype ?
14:00D'où vient la mauvaise image du prénom Kévin ?
14:02Comme évoque Baptiste Coulmont,
14:04le sociologue qui est dans le film
14:06et qui est spécialiste du prénom,
14:08depuis toujours,
14:10le choix des prénoms a été
14:12porté par les classes supérieures
14:14et découlé vers les classes inférieures.
14:16Dans les années 90, ce modèle a volé en éclats
14:18par une émancipation des classes populaires
14:20qui ont conquis leur autonomie culturelle
14:22et qui ont choisi des prénoms américanisés.
14:24Le prénom de Kévin Costner est arrivé à ce moment-là, en 90.
14:26Ça a été un vrai phénomène de mode
14:28et ça a été très mal perçu.
14:30C'était l'émancipation et c'est là
14:32qu'ont commencé les blagues, les clichés,
14:34le stéréotype, à travers les sketchs d'humoristes.
14:36Kévin Hall et Seymour a commencé.
14:38Ça partait d'un bon sentiment mais en même temps
14:40c'est resté et ça a perduré
14:42et Internet a amplifié le phénomène
14:44avec tous les articles qu'on a pu trouver.
14:46C'est là que le décalage s'est créé.
14:48Le décalage, c'est un prénom qui était donné
14:50plutôt dans les milieux populaires,
14:52défavorisé mais populaire.
14:54Les deux mis côte à côte,
14:56il y avait le cliché des feuilletons américains.
15:00Mais est-ce que c'est le cas aux Etats-Unis ?
15:02Non, vachement moins.
15:04C'est un prénom qui n'a aucune connotation là-bas.
15:06Mais en Allemagne et au Québec,
15:08il y a la même discrimination.
15:10Danemark, Belgique, Suisse, c'est partout.
15:12C'est un phénomène de mode qui n'a jamais été vu ailleurs.
15:14Comme dit M. Coulemont.
15:16C'est assez incroyable de voir cette courbe
15:18qui monte très haut et qui redescend très bas.
15:20Il y a eu beaucoup d'autres prénoms.
15:22On parlait de Brian, Jordan, etc.
15:24Mais pas autant de Kevin.
15:26Notre prénom, en l'espace de 4 ans, dépasse
15:28Nicolas, Alexandre.
15:30C'est un prénom très classique.
15:32Et c'est ça qui est fou.
15:34C'est ce phénomène de mode.
15:36Mais vous, en tant que réalisateur,
15:38quand vous envoyez un dossier
15:40ou un projet à une chaîne de télé,
15:42vous pensez que quand vous mettez Kevin,
15:44ça empêche
15:46les chaînes de se dire...
15:48Jean-François Amadieu l'a testé.
15:50C'est une très bonne question pour le coup.
15:52Après oui, Jean-François Amadieu l'a testé.
15:54Il s'est fait passer pour un Kevin
15:56qui a écrit à plein de saluts de recrutement
15:58en faisant passer pour un Kevin en disant
16:00je souffre de problématiques
16:02avec mon prénom, je veux une promotion,
16:04comment faire, etc. Et les gens lui ont répondu
16:06non, non, c'est pas...
16:08C'est le représentant de,
16:10comment on dit maintenant,
16:12le défenseur des droits.
16:14C'est juste du harcèlement.
16:16Mais vous personnellement,
16:18pour reprendre la question de Gilles,
16:20vous avez senti que vous avez été bloqué
16:22parfois par ce prénom ?
16:24Moi j'ai entendu à plusieurs reprises des réflexions
16:26et celles qui sont revenues le plus souvent c'est
16:28t'en veux à tes parents, que je trouve extrêmement
16:30violente, je peux pas en vouloir à mes parents, c'est eux
16:32qui ont choisi ce prénom, c'est mon identité,
16:34je le garde, c'est pas un problème.
16:36Donc voilà premièrement. Deuxièmement c'est
16:38t'as déjà changé...
16:40T'as changé ton prénom.
16:42Non, pareil, c'est mon identité,
16:44c'est pour ça que celui
16:46qui a changé le prénom dans mon film,
16:48on m'a témoigné, il m'a bluffé.
16:50C'est très émouvant parce que
16:52il témoigne masqué,
16:54fadou d'eau, avec la voix transformée,
16:56il se fait appeler Paul, d'air en avant,
16:58parce qu'il assumait plus du tout ce prénom.
17:00On a gardé 4 minutes dans le documentaire
17:02mais on a échangé pendant 45, c'était une vraie
17:04souffrance sur bien des aspects.
17:06Il s'est dit, moi dans ma carrière pro
17:08je pourrais pas aller au-delà de ce que je veux faire
17:10avec ce prénom, donc je change.
17:12Vous avez fait témoigner beaucoup de Kevin
17:14dans votre documentaire,
17:16dont un vous allez voir
17:18quand il va au Starbucks, il s'appelle pas Kevin.
17:20Écoutez les témoignages de ces Kevin.
17:22Quasiment,
17:24à chaque fois que je me présente, on va dire qu'il y a toujours
17:26une gêne, même encore aujourd'hui.
17:28Si je peux éviter de donner mon prénom, je l'évite.
17:30Quand on me le demande de manière générale
17:32et que ça n'a pas d'importance, je m'arrive même parfois
17:34de donner un autre nom. Par exemple,
17:36à Starbucks, je m'appelle toujours Gabriel.
17:38Il y a quelques années, quand je postais encore des choses
17:40sur Twitter, on m'a répondu
17:42mais si tu t'appelles Kevin, en fait, tu ferais mieux
17:44de pas parler. Dans les commentaires où on échange,
17:46quelqu'un me sort, non mais c'est des cassos,
17:48c'est le genre de personnes qui vont
17:50appeler leurs enfants Kevin ou Brian.
17:52Donc moi, c'est Kevin et mon petit frère, c'est Brian.
17:54Quand j'étais petit, on était en 1995,
17:56il y avait les élections présidentielles
17:58et je regardais les débats et je voyais Jacques Chirac
18:00et Lionel Jospin et je me disais
18:02Jacques, Lionel, et je me suis
18:04retourné vers ma mère et je lui ai dit, mais maman,
18:06je pourrais jamais être président à cause de toi.
18:08Ah bon, pourquoi ? Avec le prénom que tu m'as donné,
18:10jamais je vais gagner. Et j'ai boudé pendant
18:12trois jours.
18:14Incroyable de ne pas assumer son nom
18:16au Starbucks.
18:18C'est terrible, franchement, encore une fois,
18:20c'est vraiment très réussi parce que
18:22vous montrez
18:24des choses qui sont dramatiques.
18:26Encore une fois, avec des gens qui
18:28racontent avec une forme de légèreté,
18:30mais où on sent une souffrance
18:32très profonde.
18:34Ce qui est drôle sur le ressenti
18:36des gens qui voient le doc,
18:38ils me disent, ah ouais, quand même.
18:40En réalité, on pense
18:42à quelque chose de très léger, au final.
18:44Certains me disaient, le sujet,
18:46il y a quand même plus grave dans la vie. Effectivement, il y a plus grave.
18:48Néanmoins, dès lors qu'il y a de la discrimination
18:50et qu'il s'agisse des problématiques dans la vie de certains d'entre nous,
18:52les gens qui voient ça me disent
18:54ah ouais, on ne pensait pas que ça irait
18:56aussi loin. Parce que vous dites,
18:58c'est galère à l'école, galère au travail,
19:00galère en amour. C'est-à-dire qu'il y a
19:02des femmes qui témoignent
19:04et des hommes qui disent, quand je dis mon prénom,
19:06Kévin.
19:08Il y a même une capture d'écran
19:10à un moment d'une fille qui dit, tout le monde
19:12sauf Kévin,
19:14sauf les Kévin, les Brian et les Jordan.
19:16C'est dur parce que ça
19:18commence à l'école, vous le racontez,
19:20ça continue au travail
19:22et dans les relations amoureuses.
19:24J'ai une amie à moi qui a fait une soirée
19:26avec des copines. Elles étaient sur Tinder
19:28pour trouver de l'amour.
19:30Il y a un Kévin
19:32qui est arrivé et la personne a swipé sur la gauche
19:34en disant, c'est mort, c'est pas possible, c'est un Kévin, c'est pas la peine.
19:36Incroyable.
19:38Quand j'ai reçu le dossier
19:40de presse, ce qui m'a surpris,
19:42c'est votre nom attaché
19:44à votre prénom. Parce que le vrai décalage
19:46il est là aussi. Vous avez
19:48un prénom plutôt
19:50franchouillard, Fafournou.
19:52C'est ça aussi
19:54qui est choquant.
19:56Pierre Fafournou,
19:58ça marche bien.
20:00Jean-Pierre Fafournou,
20:02ça fait un peu président de Total,
20:04ça marche bien.
20:06Gabriel Fafournou.
20:08En fait, les deux à coller,
20:10c'est ça qui m'a le plus choqué.
20:12Bon, Kévin, j'ai connu les Kévins.
20:14Mais c'est plus ça qui m'a choqué.
20:16Est-ce que vous pensez aussi
20:18que ça surprend le fait d'avoir un nom
20:20très français à coller à un nom
20:22très américain ?
20:24C'est celtique.
20:26Tout à fait, ça vient d'Irlande.
20:28Vous êtes allé en Irlande, d'ailleurs.
20:30A l'origine.
20:32C'était incroyable. J'ai découvert le pèlerinage Saint-Kévin.
20:34C'est tout petit, mais ça mérite
20:36le détour. Et surtout,
20:38Kévin, initialement, s'est donné
20:40un saint qui
20:42voulait dire de noble naissance ou bien engendré.
20:44Ça partait vraiment d'un bon sentiment.
20:46C'était une personne qui est très respectée. Et surtout,
20:48c'est le deuxième saint après Saint-Patrick
20:50en Irlande. C'est quelqu'un de très respecté. Il y a des églises
20:52qui portent son nom. Là-bas, c'est un délire.
20:54Après, ça a mal tourné.
20:56Est-ce que vous avez un lien avec votre nom ?
20:58Mon nom, c'est mon
21:00identité. C'est un nom qui est
21:02Auvergnat, pour le coup. Moi, je suis de là-bas.
21:04Vous ne trouvez pas bizarre
21:06la façon dont c'est accolé ?
21:08Non.
21:10Pour le coup, je ne me suis jamais vraiment posé la question.
21:12Deuxième doc.
21:14En réalité,
21:16moi, j'aime mon nom. Ça fait écho
21:18à Terroir, à tout ça.
21:20Et Jordan, ce n'est pas pareil ?
21:22Jordan, c'est la même problématique.
21:24Jordan Bardella, vous pensez
21:26que ça le gêne, quelque part, ce prénom ?
21:28Je pense qu'il en joue.
21:30Je pense que son électorat
21:32se situe probablement dans
21:34cette classe populaire aussi, je pense.
21:36Vous montrez d'ailleurs un moment
21:38Éric Zemmour,
21:40durant la campagne présidentielle,
21:42où il y a eu un peu
21:44le débat sur les prénoms, et qu'il cite
21:46le prénom de Kevin, où il dit
21:48qu'il ne comprend pas qu'on puisse appeler son fils Kevin.
21:50Oui, c'est hésitant.
21:52C'est dramatique d'en arriver là.
21:54Vous avez un enfant ?
21:56Il s'appelle comment ? Le prénom ?
21:58Elle s'appelle Liv.
22:00Là aussi, vous lui avez mis
22:02un prénom pas habituel.
22:04Oui, c'est vrai. On voulait un décalage.
22:06Vous l'avez eu ?
22:08Un prénom scandinave qui veut dire vie.
22:10Mais c'est vrai que
22:12sur les Kevin,
22:14on voit qu'il y a vraiment
22:16un poids
22:18qui est différent des autres
22:20prénoms, peut-être parce qu'ils sont aussi
22:22plus nombreux. On voit sur la courbe que vous montrez
22:24la pique dans les années
22:2690, ça monte et après ça redescend
22:28aussi vite.
22:29Et Baptiste Coulmont a vraiment incité sur ce phénomène de mode
22:31avec ce pic là,
22:33qui n'a jamais été vu ailleurs.
22:35Il incite bien dans le film sur le fait que
22:37certains prénoms mettent beaucoup plus de temps à
22:39disparaître dans le temps, alors que nous,
22:41ça a été très très rapide.
22:43Et Kevin, c'était un mec bien,
22:45noble naissance, ça voulait dire,
22:47et vous lui demandez pourquoi c'est devenu le synonyme
22:49parce que c'est un adjectif aujourd'hui.
22:51C'est un Kevin,
22:53c'est un loser,
22:55et avec le temps,
22:57ça ne change pas.
22:59Avec le temps, ça ne change pas.
23:01Après, il y a deux choses. La première, c'est que
23:03Kevin, maintenant, c'est la jeunesse active de la France.
23:05On est tous presque quarantenaire.
23:07Il y a des médecins, il y a des avocats,
23:09il y a des gens...
23:11C'est ça qui m'a déçu. Vous auriez dû prendre que des Kevin.
23:13Un cadreur Kevin, un monteur Kevin,
23:15un ingé son Kevin.
23:17Pour la blague...
23:19Un film fait que par des Kevin.
23:21Ce n'était pas possible, malheureusement.
23:23Par contre, on s'est retrouvé le temps d'un week-end en studio,
23:25dans un studio prêté par un Kevin,
23:27avec un Kevin machino, un Kevin électro,
23:29des Kevin qui défilaient toute la journée.
23:31Ça a été le coup du spectacle, et c'était une vraie belle journée.
23:33Les réunions des Kevin, ça vous tente d'y aller ?
23:35On a vu qu'il y avait des
23:37réunions, parfois,
23:39des Kevin du monde entier qui se réunissaient.
23:41Est-ce que vous,
23:43vous avez l'impression d'appartenir à une communauté ?
23:45Ou pas du tout ?
23:47Par le but de ce projet, en l'occurrence,
23:49j'ai créé un rassemblement des Kevin en avril dernier,
23:51qui est dans le film,
23:53parce que je pensais important le fait
23:55de se rassembler au sein même de cette problématique,
23:57parce que j'ai reçu beaucoup de messages.
23:59J'ai reçu initialement 500 témoignages de Kevin
24:01quand j'ai lancé le truc.
24:03Je me suis dit, il faut faire quelque chose avec ça.
24:05On s'est rassemblés à Paris, on a fait un truc,
24:07et c'était vraiment génial. On a refait le jour de l'avant-première,
24:09il y a quelques jours, avec beaucoup de Kevin,
24:11parce qu'on partage tous cette problématique.
24:13La communauté, oui,
24:15et puis je suis honoré que
24:17beaucoup de Kevin me témoignent du soutien
24:19par rapport à ce projet, parce qu'il y a un vrai enjeu.
24:21Quand je reçois un message qui me dit
24:23qu'il fallait vraiment que quelqu'un le fasse, merci pour ce que tu fais,
24:25ça me touche, c'est vraiment puissant.
24:27Stéphane nous dit qu'il faudrait le diffuser
24:29dans les écoles,
24:31quand on parle de harcèlement.
24:33Oui, avec plaisir.
24:35C'est-à-dire que ce serait une bonne idée,
24:37parce qu'effectivement, comme vous dites,
24:39quand on regarde, on se dit, ah ouais, quand même.
24:41Ce qui est déroutant,
24:43c'est que, comme c'est lié à une génération,
24:45celle de 90, la mienne,
24:47c'est vraiment propre à
24:49les quarantenaires qui connaissent vraiment ce qu'on raconte
24:51sur les Kevin, quand j'évoque ça avec des plus jeunes,
24:5317, 16 ans, etc.,
24:55Kevin, pour eux, c'est pas forcément bien connoté,
24:57mais ça va pas au-delà, c'est-à-dire que c'est pas
24:59un truc qui s'ouvre vraiment de clichés.
25:01Donc c'est ça, c'est un vrai truc de génération.
25:03Est-ce que vous vous êtes renseignés de savoir
25:05s'il y avait beaucoup de Kevin
25:07à l'Assemblée nationale,
25:09parce que le Sénat, c'est plutôt Raymond que Kevin,
25:11mais est-ce que...
25:13Il y en a deux Kevin qui sont rentrés à l'Assemblée,
25:15aux dernières élections.
25:17Et pourquoi ils sont pas dans le doc ?
25:19Moi je voulais m'atteler vraiment aux Kevin
25:21qui sont plus dans la souffrance et qui votent les témoignages.
25:23Donc on a deux Kevin quand même à l'Assemblée nationale,
25:25qui votent.
25:27Et vous avez cet avocat formidable
25:29qui fait une plaidoirie à la fin,
25:31qui est absolument génial.
25:33J'encourage vraiment tout le monde
25:35à regarder ce doc sur Paris 1er,
25:37c'est absolument disponible sur la plateforme
25:39M6 Plus.
25:41C'est franchement
25:43très puissant
25:45et passionnant
25:47parce qu'on se rend compte
25:49qu'il y a une vraie discrimination
25:51et qu'il faudrait que les choses changent.
25:53On l'espère.
25:55Est-ce que Jean-François Amadiou, encore une fois qui est spécialiste des discriminations,
25:57est assez édifiant
25:59sur le fait que c'est pas considéré comme une discrimination
26:01alors que s'en étudie ?
26:03Et comme ils sont très forts en programmation
26:05chez Paris 1er,
26:07en diffusion, juste avant de votre documentaire,
26:09en primetime, il y a le prénom,
26:11la pièce de Mathieu Delaporte et Alexandre
26:13de La Patelière avec Patrick Bruel,
26:15La regrettée, Valérie Benguigui,
26:17Guillaume de Tonquedec et Jean-Michel Dupuis.
26:19Formidable film.
26:21Alors là c'est la pièce de théâtre qui est diffusée,
26:23le prénom et puis évidemment
26:25ensuite un autre prénom, Kevin.
26:27Merci à vous Kevin Fafourneux d'avoir été
26:29avec nous. Sauvons les Kevin, Paris 1er,
26:31samedi 22h55.
26:33Merci à vous.