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Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, était l’invitée de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Amélie de Montchalin, et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:04Vous êtes la ministre en charge des Comptes Publics.
00:07Avant d'évoquer Amélie de Montchalin la situation économique et budgétaire de notre pays,
00:11venons-en à ce qui s'ouvre à l'Assemblée nationale aujourd'hui avec la loi narcotrafic que vous portez d'ailleurs
00:17avec les ministres Bruno Rotailleau et Gérald Darmalin.
00:20Il y a des oppositions assez fortes, pas seulement à gauche, mais aussi dans votre camp,
00:25au niveau du socle commun.
00:27Qu'est-ce que vous dites ce matin à ces députés qui hésitent à mettre tous les moyens pour lutter contre les narcotrafiquants ?
00:34Je leur dis que c'est une menace pour toute notre nation et que c'est à notre nation, dans son ensemble,
00:40d'identifier ce fléau qui tue, qui tue plus de 100 personnes par an,
00:45d'identifier ce fléau qui crée une économie qui n'est plus souterraine, qui est une économie désormais assez massive,
00:51et que nous devons non seulement identifier le fléau, nous relever, nous battre et vaincre ce fléau du narcotrafic.
00:57Et ce qui est inédit, c'est qu'aujourd'hui, effectivement, commence à l'Assemblée le travail sur un texte qui est un texte transpartisan,
01:04qui a été proposé par les deux sénateurs que je veux ici citer et remercier,
01:09les sénateurs Blanc et Durand, qui ont permis un vote à l'unanimité du Sénat.
01:14Et oui, autre ambiance au Sénat !
01:15Aujourd'hui, nous sommes trois ministres.
01:17La ministre de l'Intérieur, le ministre de la Justice et moi-même,
01:20parce que nous voulons, bien sûr, renforcer les moyens de l'Intérieur, de la Justice,
01:25mais surtout taper au portefeuille les trafiquants.
01:28On va en parler. Ça, c'est votre parti ?
01:29Et donc, ce que je leur dis à ces députés avec qui on va passer la semaine à débattre,
01:34c'est qu'on peut avoir, évidemment, des débats juridiques.
01:36Mais l'enjeu, c'est quoi ? C'est de protéger notre nation contre ce fléau.
01:41Je vais vous donner un exemple.
01:42Les Pays-Bas et la Belgique, il y a quelques années, se sont laissés déborder.
01:46Et donc, ils ont eu des assassinats de journalistes, des assassinats d'avocats,
01:50des attaques massives sur les ports contre les dockers.
01:53Le premier ministre belge, le ministre de la Justice belge,
01:56ont été la cible de projets d'actes criminels.
02:00Donc, nous ne pouvons pas laisser cela se passer dans notre pays.
02:03Et donc, moi, ministre des Comptes publics, ministre des douaniers,
02:06que je suis très fière de défendre,
02:07qui font un travail matin, midi et soir, la nuit, tous les jours,
02:11pour saisir la drogue, on doit aujourd'hui renforcer nos moyens
02:14pour qu'ils puissent saisir l'argent.
02:16Amélie de Montchalin, enjeu vital.
02:18Il y a quelques jours ici, le garde des Sceaux n'a pas dit autre chose.
02:22Il dit la même chose que vous.
02:23Il a évoqué aussi les menaces qui pèsent sur des magistrats.
02:27Malgré tout, certains députés, pas seulement de gauche, le répète,
02:30affirment que ce texte et certaines mesures sont trop invasives dans la vie privée des suspects.
02:36On parle de narcotrafiquants.
02:38Vous répétez qu'on ne peut pas se permettre ça dans cette lutte aujourd'hui ?
02:42Je vous dis, il y a des débats juridiques, c'est normal.
02:45Ils ne sont que juridiques, ce n'est pas sur la liberté et la sécurité.
02:48Le Conseil d'Etat a été saisi pour que nous ayons le point de vue
02:50de la plus haute juridiction administrative de notre pays,
02:53pour nous assurer que la ligne était la bonne.
02:55Ce que je veux dire aujourd'hui, c'est que, moi, mon objectif, c'est quoi ?
02:59Bien sûr qu'à un moment donné, quand on est trafiquant,
03:01quand on met des vies en danger,
03:03quand on gère énormément d'argent sale,
03:07mon objectif, c'est quoi ?
03:08C'est qu'on puisse saisir les avoirs, saisir les comptes bancaires.
03:11C'est qu'on puisse lutter contre toutes les ramifications du trafic,
03:14notamment le blanchiment.
03:16C'est qu'on puisse sécuriser les ports.
03:18C'est qu'on puisse avoir des techniques de renseignement plus efficaces
03:21qui nous amènent d'ailleurs, vous le voyez, tous les jours,
03:23à saisir de la drogue.
03:25Et derrière la drogue, nous, on veut saisir l'argent de la drogue.
03:28Parce que si on asphyxie les trafics,
03:31si on asphyxie l'économie de ces trafics,
03:33on asphyxiera le fléau qui est celui d'une arte de trafic
03:37et qui, on le sait, met des vies en danger
03:39et surtout affaiblit notre pays au point de potentiellement
03:43nous mettre en danger collectif.
03:45Donc c'est une loi d'intérêt général.
03:47Tout le gouvernement engage sa crédibilité
03:49et je crois que toute la nation voit bien le risque
03:52et c'est l'objet des débats qu'on aura dans les prochains jours.
03:54Une parenthèse, tout le gouvernement engage sa crédibilité.
03:56Il y a un ministre qui l'engage davantage,
03:58en tous les cas qui a mis en balance quasiment son départ du gouvernement,
04:01c'est Bruno Retailleau, qui est sur une ligne de fermeté.
04:04Vous partagez, vous, cette ligne de fermeté, Amélie de Montchalin ?
04:07La fermeté, c'est la force de la loi.
04:10La fermeté, c'est la certitude de la sanction.
04:13La fermeté, c'est ce qui nous permet,
04:15sur tous les sujets financiers, de lutter aussi contre les fraudes.
04:18Quand l'année dernière, de manière historique,
04:21on arrive à détecter 20 milliards de fraudes,
04:23à la fois fiscales et sociales dans notre pays,
04:25quand on encaisse 13 milliards de fraudes,
04:28c'est aussi la fermeté.
04:29Donc la fermeté, c'est pas...
04:31C'est évidemment, et c'est la force de chacun des ministres,
04:34que de se battre pour avoir les moyens de notre action
04:36pour protéger les Français.
04:37Mais oui, tout le gouvernement a évidemment une ligne de fermeté.
04:40Et même, j'allais dire, de sanctions absolues
04:43qu'il nous faut faire respecter
04:45contre ceux qui ne respectent pas la loi.
04:47Venons-en, Amélie de Montchalin,
04:48à la situation économique et financière de notre pays,
04:51dans un contexte international extrêmement tendu.
04:54Alors que nous devons engager un effort important de défense,
04:57le Premier ministre François Bayrou a fermé la porte
04:59à un retour à la retraite à 62 ans.
05:01Vous avez entendu les syndicats, ils sont vent debout.
05:03Ils envisagent de quitter la table des négociations.
05:05Tout d'abord, est-ce que ce matin, vous nous confirmez
05:08que le débat sur les 62 ans est clos ?
05:11D'abord, j'aimerais ici qu'on...
05:14Est-ce qu'il est clos ?
05:15Le débat, c'est celui de savoir si, oui ou non,
05:18on fait confiance à la démocratie sociale.
05:20Vous savez, pendant des semaines, pendant des mois,
05:22on nous a expliqué que les gouvernements dans notre pays
05:25n'écoutaient pas assez les Français.
05:27Et aujourd'hui, alors que le Premier ministre
05:29a pris un engagement très fort,
05:30c'est celui de confier dans un moment de grande gravité
05:33aux partenaires sociaux le sujet des retraites.
05:35Alors pourquoi ferme-t-il une porte sur laquelle
05:37les syndicats et les partenaires sociaux
05:39pouvaient, de manière générale, discuter ?
05:40Ce que j'ai à vous dire, c'est que les syndicats,
05:42les organisations patronales,
05:43ils vivent dans la France d'aujourd'hui.
05:45Ils vivent dans le monde du travail d'aujourd'hui.
05:47Ils ont reçu un cadrage, que tous les Français ont vu,
05:50de la Cour des comptes,
05:51qui montre qu'il y a un déficit de 6 milliards cette année
05:53et qu'il y a un déficit qui s'accroît
05:55et qui pourrait atteindre, on le voit, 15 milliards en 2035
05:58et 30 milliards en 2045.
05:59Moi, je fais une confiance infinie aux partenaires sociaux.
06:02Je fais confiance à la démocratie sociale.
06:04Et en leur faisant confiance, ça veut dire quoi ?
06:06Ça veut dire qu'on sait qu'ils sont lucides sur la situation.
06:09Et donc, le Premier ministre dit quelque chose.
06:11Il a donné un élément de cadrage.
06:13Ce n'était pas la règle du jeu du départ.
06:14Il a donné un élément de cadrage au Premier ministre.
06:15Ce n'était pas la règle du jeu du départ.
06:16C'est que nous devions revenir à l'équilibre en 2030.
06:18Et ce que le Premier ministre dit,
06:20c'est que les partenaires sociaux ont toutes les cartes,
06:22mais que tout le monde voit bien
06:24que revenir à ce point de 2 ans
06:25ne permet pas de revenir à l'équilibre.
06:27Moi, je croyais naïvement que c'était aux partenaires sociaux
06:29de travailler et au Parlement ensuite
06:31de légiférer sur tous les sujets
06:33sans qu'il n'y ait ni un tabou,
06:35ni un sujet qui est clos.
06:37C'est le cas depuis hier.
06:39Est-ce que vous le reconnaissez ?
06:40Est-ce que c'est fini ?
06:41La retraite à 62 ans, vous dites que c'est derrière nous.
06:43La retraite à 62 ans,
06:44avec le cadrage qui a été fixé.
06:46De revenir à l'équilibre du système des retraites en 2030,
06:48ce n'est pas qu'on dit que c'est fini ou pas fini.
06:50C'est juste que ce n'est pas réaliste.
06:52Maintenant, ce qu'il faut dans notre pays,
06:54c'est que nous arrivions collectivement à nous dire
06:56que la démocratie sociale est un gain.
06:58Moi, j'ai été ministre de la fonction publique.
07:00Je peux vous dire quelque chose.
07:02Toutes les réformes que nous avons réussi à faire
07:03dans la fonction publique
07:04et qui sont des réformes importantes,
07:06on les a faites parce qu'on a fait
07:07que l'on fasse aux partenaires sociaux.
07:08Ce matin et depuis hier,
07:09que disent les syndicats ?
07:10D'abord, ils sont au ventre de vous.
07:11Ils veulent quitter la table des négociations,
07:13le fameux conclave.
07:14Et plus, certains affirment en réalité
07:16que c'était un artifice, ce conclave,
07:18pour, je finis juste la phrase,
07:20ne pas tomber sous le coup d'une censure.
07:22Autrement dit que tout ça a été fabriqué.
07:25C'est une vision que je pense
07:27totalement erronée de la chose.
07:29Nous avions un débat parlementaire,
07:31vous le savez, sur la réforme des retraites en 2023,
07:34qui a été un débat qui a amené une réforme.
07:36Nous avons vu que cette réforme,
07:37collectivement, n'avait pas épuisé
07:39les débats que la société avait avec elle-même
07:42sur les carrières longues,
07:44sur la pénibilité,
07:45sur l'équité entre les hommes et les femmes.
07:46Ce qu'a dit le Premier ministre,
07:48c'est qu'on va faire un cadrage
07:49parce qu'on ne peut pas aggraver le déficit.
07:52On va regarder quels sont les leviers
07:54et on va donner tout ça aux partenaires sociaux
07:55parce qu'on fait confiance à la démocratie sociale.
07:57Ce qui est clair, c'est que le cadrage...
07:59Confiance, mais restez lucide,
08:00vous pouvez pas revenir à la retraite à 62 ans.
08:02Aujourd'hui, moi je fais confiance aux partenaires sociaux,
08:04ils vivent dans le pays d'aujourd'hui.
08:06Vous répétez cette phrase comme un mantra.
08:07Ils vous font plus confiance.
08:09C'est quoi l'alternative ?
08:11Quand vous avez une majorité politique qui est divisée,
08:14quand vous avez un paysage français social
08:16qui est divisé,
08:17quand vous avez un objectif,
08:19qui est celui du désendettement,
08:21pas parce que c'est un mantra,
08:22mais parce que si derrière, on laisse la dette,
08:24on laisse la dette s'accroître,
08:25ça veut dire quoi ?
08:26Ça veut dire qu'on perd notre capacité à être une puissance.
08:28Notre souveraineté, on va en parler.
08:29Ça veut dire qu'on perd notre souveraineté.
08:30Et donc, au cœur du déficit, il y a le sujet des retraites.
08:33Ce qu'a voulu faire le Premier ministre,
08:35en pleine authenticité, en pleine honnêteté,
08:38c'est de dire, dans notre pays,
08:39si dans un moment aussi grave,
08:40de risque de division,
08:42avec des enjeux financiers aussi importants,
08:44on n'est pas capable de faire confiance
08:46à la démocratie sociale,
08:47alors il nous reste quoi ?
08:49L'impuissance.
08:50Et derrière l'impuissance, c'est les extrêmes.
08:51Et derrière les extrêmes, c'est la division.
08:54Le RN et la gauche, là,
08:55ils s'entendent pour dire,
08:56non, ce n'est pas possible,
08:57vous nous avez eus, pardonnez-moi,
08:58c'est ce qu'ils se disent.
08:59Ce qui serait, pour moi, le risque,
09:03si on avait voulu avoir qui que ce soit,
09:05on se serait, dans ce cas-là,
09:07lancé dans un objectif
09:08où on aurait tout cadré, tout empêché.
09:10Ce qui a été cadré, c'était de dire,
09:11un, on doit revenir à l'équilibre,
09:13deux, s'il y a un accord, il va au Parlement.
09:15Et s'il n'y a pas d'accord,
09:16on en reste à la réforme actuelle.
09:18Ça, ça n'a pas changé.
09:19Et de dire que dans les conditions financières actuelles,
09:22vu ce que dit la Cour des comptes,
09:23il est difficilement réaliste de revenir à 62 ans,
09:26je pense que là aussi, c'est de l'honnêteté.
09:28Amélie de Montchalin, de son côté,
09:29Édouard Philippe, l'ancien Premier ministre,
09:31s'inquiète de l'inverse, si je puis dire.
09:32Il estime que le débat sur la retraite
09:34est totalement dépassé.
09:35Il a d'ailleurs ironisé sur le conclave
09:36de François Bayrou,
09:37et il lui a encore répondu hier
09:39que la démocratie sociale,
09:40il est pour, Édouard Philippe,
09:42mais sur des sujets qui ont un sens,
09:43autrement dit, pas sur une loi déjà votée.
09:46Est-ce qu'il a raison ?
09:48Moi, je vois un point
09:49qui doit pouvoir nous unir,
09:50c'est qu'est-ce qui, dans notre pays aujourd'hui,
09:52nous permet de financer nos priorités.
09:54Vous savez, la dépense publique,
09:55c'est soit des investissements pour nos priorités,
09:57soit c'est nos dépenses habituelles
10:00et parfois nos dépenses inutiles.
10:02Et j'en vois un sujet
10:04qui peut permettre de nous unir
10:05face à ce défi de l'endettement.
10:07Lequel ?
10:08C'est le travail.
10:09Travailler plus.
10:10Comme le dit Édouard Philippe.
10:11Mais il y a dans d'autres pays,
10:12vous savez, des gens
10:13qui ne voient pas ça comme un sacrifice.
10:15Au moment où il y a eu des débats
10:16aussi fournis, vifs, sur les retraites,
10:19vous dites travailler plus.
10:20Oui, parce que travailler plus,
10:21ce n'est pas forcément un sacrifice.
10:23C'est un progrès.
10:24Quand vous êtes un jeune
10:25qui cherchait du travail...
10:26Travailler plus pour gagner autant.
10:27Pour gagner plus.
10:28Vous êtes chômeur.
10:29Plus personne n'y croit.
10:30Vous êtes jeune.
10:31Vous cherchez à vous insérer
10:32dans le monde du travail.
10:33C'est difficile.
10:34Ce jeune qui veut travailler plus,
10:35moi, je souhaite qu'il puisse
10:36effectivement travailler plus.
10:37Les gens seniors de plus de 50 ans
10:39qui se retrouvent malgré eux au chômage,
10:41qui veulent travailler plus,
10:42moi, je souhaite qu'ils puissent travailler plus.
10:44Vous savez, si on résout
10:45le chômage des jeunes d'une part,
10:47le chômage des seniors de l'autre,
10:48et qu'on se remet au niveau
10:49de nos voisins allemands,
10:50ça nous fait créer 1,5 million d'emplois
10:52et ça réduit mécaniquement
10:54le déficit de 25 milliards.
10:55On est d'accord.
10:56Mais alors, vous nous direz
10:57où est cachée la baguette magique
10:58parce que nous, ce qu'on voit,
10:59c'est une croissance qui est revue
11:00à la baisse par la Banque de France,
11:01la dépense publique qui croît
11:02à un rythme deux fois plus important
11:04que la richesse nationale.
11:05L'agence de notation Fitch,
11:06ouf, a maintenu la note de la France,
11:08mais a sorti d'une perspective négative.
11:10En réalité, on a un sursis,
11:12mais est-ce qu'on n'a pas déjà perdu,
11:13malheureusement, notre souveraineté ?
11:15Moi, jamais, jamais vous entendrez avoir
11:17l'esprit de défaite.
11:18Non, mais je veux la lucidité.
11:19L'esprit de lucidité, c'est quoi ?
11:21Est-ce qu'on n'a pas perdu notre souveraineté ?
11:22C'est que nous sommes un grand pays
11:24et je pense que nous pouvons,
11:25en nous unissant,
11:26en regardant les choses en face,
11:28regarder quelles sont nos priorités,
11:30qui changent.
11:31Un grand pays.
11:32Nous sommes un grand pays.
11:331300 milliards d'euros de dettes.
11:35Ça va s'alourdir.
11:36150 milliards d'ici à la fin de l'année.
11:37Nous mettre d'accord sur les priorités,
11:38ça permet de quoi ?
11:40Ce sujet de la dette,
11:41c'est l'engagement de la vie politique
11:43du Premier ministre.
11:44C'est l'engagement numéro un
11:46qu'il a mis dans son discours
11:47de politique générale.
11:48Donnez-moi une décision forte,
11:49une orientation nette qui prouve
11:51que vous vous engagez
11:52sur la pente du désendettement.
11:53Vous savez, en 2025,
11:54l'État, le budget de compromis
11:56que nous avons trouvé,
11:57il permet de réduire
11:59la dépense de l'État
12:01de 23 milliards.
12:02C'est le plus grand effort
12:04de réduction des dépenses
12:05de fonctionnement de l'État
12:06depuis 25 ans.
12:07Depuis 25 ans,
12:08nous n'avons jamais mis
12:09l'État aussi fortement sous pression
12:11que dans ce budget 2025.
12:12Et vous savez quoi ?
12:13On va suivre ce budget
12:14comme on ne l'a jamais suivi.
12:15Pourtant, certains disent
12:16que le budget est déjà dépassé,
12:17quand en réalité, vous-même,
12:18Madame la ministre,
12:19vous travaillez sur des gels
12:20de crédit, mais que vous
12:21ne pouvez pas le dire
12:22tant la situation,
12:23malheureusement, est difficile.
12:24La première décision
12:25qu'on a prise avec Eric Lombard,
12:26c'est de vous dire
12:27que cet engagement
12:28des 5,4 % déficit
12:29qui sont encore très élevés
12:30et qui doit nous emmener
12:31beaucoup plus bas en 2029.
12:32Avec Eric Lombard
12:33et le Premier ministre,
12:34parce qu'on a eu
12:36un compromis politique,
12:37on doit une transparence totale
12:38à l'ensemble des acteurs
12:39et aux Français.
12:40Dans 15 jours,
12:41au tout début du mois d'avril,
12:42nous allons réunir
12:43de manière inédite
12:44l'ensemble des acteurs,
12:45les parlementaires,
12:46les élus des grandes collectivités,
12:48les représentants d'associations
12:50de toutes les collectivités d'ailleurs,
12:51les caisses de la sécurité sociale
12:53pour mettre sur la table,
12:54de manière totalement transparente,
12:56là où nous en sommes,
12:57où est la croissance,
12:58où en sont les recettes.
12:59Pourquoi se réunir
13:00pour accueillir
13:01de ce que vous savez déjà,
13:02Madame la ministre ?
13:03On a le temps encore ?
13:04Qu'on puisse prendre
13:05des décisions démocratiques.
13:06Qu'on puisse prendre
13:07des décisions collectives.
13:08Pas des décisions dans mon bureau
13:09où je signe un décret
13:10et où, un peu en catimini,
13:12on organise les choses.
13:14Non, on veut le faire
13:15de manière transparente
13:16parce que mon objectif,
13:17c'est de réconcilier
13:18les finances publiques
13:19et la démocratie.
13:20Bonne chose.
13:21La démocratie.
13:22Les finances publiques
13:23et la démocratie ?
13:24Bien sûr.
13:25La démocratie, c'est ça
13:26qui fait qu'on a un budget.
13:27C'est le compromis
13:28qui a fait qu'on a un budget.
13:29Et donc, on doit pouvoir,
13:30dans le même méthode,
13:31dans l'exécution de ce budget,
13:32dans sa mise en œuvre,
13:33là où on en est
13:34et si on a moins de recettes.
13:35Et si la croissance cale,
13:36et bien de prendre ensemble
13:37les décisions sur les dépenses.
13:38J'entends.
13:39Sur la défense, par exemple,
13:40Amélie de Montchalin.
13:41Aujourd'hui, le budget de la défense,
13:42c'est 50 milliards.
13:43Il faudrait, en réalité,
13:44100 milliards à partir de,
13:45disons, de 2030.
13:46L'effort de défense
13:47est assurément indispensable.
13:48Mais cuide,
13:49et je suis sûre que
13:50beaucoup de nos téléspectateurs
13:51et auditeurs
13:52se posent la question,
13:53cuide de nos hôpitaux.
13:54Je pourrais vous citer
13:55tant et tant de domaines
13:56aujourd'hui qui ne peuvent pas
13:57bénéficier de cet effort
13:58de réarmement aussi, quelque part.
13:59Je sais que ce débat-là,
14:00vous dites,
14:01on ne peut pas comparer.
14:02Non, ce n'est pas ce que je dis.
14:03Je dis qu'un grand pays
14:04comme la France,
14:05heureusement,
14:06notre but,
14:07ce n'est pas qu'on ait à choisir
14:08entre des hôpitaux
14:09qui nous soignent
14:10et une armée qui nous protège.
14:11Ce serait absurde.
14:12Ce serait, au fond,
14:13d'acter que nous ne pouvons
14:14rien faire.
14:15Ce que j'ai à vous dire,
14:16c'est qu'avec Catherine Vautrin,
14:17la ministre du Travail
14:18et de la Santé,
14:19qu'est-ce qu'on fait ?
14:20On a pris trois chantiers.
14:21Trois chantiers.
14:22Le premier,
14:23c'est un chantier d'efficacité
14:24sur les médicaments.
14:25On peut acheter moins cher,
14:26on peut mieux négocier,
14:27on peut moins prescrire
14:28des médicaments inutiles.
14:29Ça nous fait gagner de l'argent.
14:30Le deuxième chantier,
14:31c'est notre financement.
14:32Est-ce qu'il est normal
14:33qu'aujourd'hui,
14:34toute la dépense
14:35de sécurité sociale maladie
14:36repose beaucoup,
14:37encore beaucoup trop
14:38sur les seuls actifs,
14:39moins de pouvoir d'achat,
14:40moins de compétitivité ?
14:41Dans votre question,
14:42il y a déjà la réponse.
14:43Non, ce n'est pas normal
14:44à vous entendre.
14:45Troisième sujet,
14:46la fraude.
14:47La fraude, c'est 3 milliards d'euros
14:48sur la fraude sociale
14:54La dépense sociale ?
14:55Tous les sujets.
14:56La dépense sociale,
14:57c'est un vrai sujet ?
14:58Dans la dépense sociale,
14:59il y a des choses
15:00qui sont essentielles.
15:01Il y a des choses
15:02qui sont prioritaires.
15:03Il y a des choses
15:04sur lesquelles on continue
15:05à investir.
15:06La dépense publique
15:07est la plus élevée
15:08par rapport aux PIB.
15:09C'est pour ça que le Premier ministre
15:10a demandé de manière inédite
15:11à tous les ministres
15:12de nous faire une revue
15:13de nos missions,
15:14quelles sont nos priorités
15:15et qu'on sorte
15:16de la construction du budget
15:17par l'habitude.
15:18Vous savez,
15:19on prend le budget
15:20de l'année dernière,
15:21on y rajoute l'inflation
15:22du budget,
15:23ou on prend le budget
15:24de l'année dernière,
15:25on y rajoute
15:26des nouvelles priorités
15:27et on ne retire jamais
15:28les priorités
15:29qui étaient là avant
15:30et qui peut-être
15:31n'ont plus lieu.
15:32C'est du bon sens.
15:33C'est difficile.
15:34Le Premier ministre
15:35nous y a engagé
15:36d'y commencer
15:37dès le vote du budget.
15:38On n'a pas attendu,
15:39vous voyez,
15:40en se reposant le printemps
15:41puis l'été.
15:42On va faire un effort inédit
15:43parce que derrière,
15:44c'est notre souveraineté financière.
15:45C'est-à-dire les Français.
15:46Nous, les ministres,
15:47et avec les Français.
15:48Vous avez bien raison
15:49parce que ces choix-là,
15:50on ne peut pas les faire
15:51et on va faire une grande opération
15:52dans les prochaines semaines,
15:53je vous l'annoncerai,
15:54une opération de transparence
15:55pour que nos impôts,
15:57nos dépenses,
15:58la situation soient partagées
16:00et qu'on fasse les choix ensemble
16:02de manière démocratique
16:03et de manière transparente.
16:04Je voudrais conclure,
16:05Amélie de Montchalin,
16:06pour faire réagir
16:07à la manière avec laquelle
16:08a réagi justement
16:09Jean-Luc Mélenchon
16:10à la question sur les affiches
16:11à caractère antisémite
16:12de Cyril Hanouna.
16:13Il a hurlé aux journalistes
16:15« ça suffit, ça suffit maintenant ».
16:17De quoi une telle réaction
16:19est-elle révélateur selon vous ?
16:21C'est une très grande fébrilité
16:23et je pense au fond
16:25d'un très grand malaise
16:26avec ce qu'est la démocratie.
16:27La démocratie,
16:28c'est la contradiction.
16:29La démocratie,
16:30c'est être capable
16:31de se mettre d'accord
16:32sur l'essentiel
16:33et notamment sur le fait
16:34que l'antisémitisme
16:35et ses relents
16:36n'ont aucune place
16:37dans notre pays.
16:38Donc, ce que je vois, moi,
16:39c'est qu'il y a des gens
16:40qui cherchent à nous diviser,
16:41à tout opposer,
16:42à tout conflictualiser.
16:43Ce n'est pas ma conception
16:44ni du débat,
16:45ni de la démocratie,
16:46ni du respect
16:47qu'on vous doit à vous,
16:49mais parce que vous nous posez
16:50des questions pas toujours faciles,
16:51on doit aux Français
16:52de rendre compte,
16:53on doit aux Français
16:54d'être clairs
16:55sur ce qu'on veut faire
16:56et probablement pas,
16:57et je n'aime jamais,
16:58de trouver que c'est
16:59dans l'invective
17:00et dans la violence
17:01qu'on va trouver
17:02une solution à notre pays,
17:03dans ces situations
17:04qui nous demandent
17:05tous des efforts,
17:06mais tous aussi du calme
17:07et d'être à la hauteur
17:08de nos fonctions.
17:09Merci pour ce respect mutuel.
17:10Merci beaucoup.
17:11Merci, Amélie de Montchalin.
17:12C'était votre grande interview.
17:13Bonne journée, à bientôt.
17:18Sous-titrage Société Radio-Canada

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