Rugby EcoXpert, la chronique de Philippe Spanghero.
Le thème de la chronique ce soir : La Rochelle, le modèle à suivre?
Au programme :
- Y-a-t-il historiquement un véritable soucis sur ce point ?
- Quels furent les impacts et conséquences de ce déficit d'influence ?
---
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##RUGBY_ECOXPERT-2025-03-14##
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Catégorie
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SportTranscription
00:00Et c'est un an avant, c'est un an avant pour écouter.
00:02Sud Radio, LA radio du rugby.
00:06Vous êtes millions, vous êtes charmants en fait.
00:08Vous voyez ce que ça fait déjà un million, Larmina ?
00:10Où est l'argent ? Où est l'argent ?
00:12C'est un peu noir.
00:13On a rien ici.
00:14En fait, je viens retirer de l'argent.
00:26Le rugby français manque-t-il d'influence ?
00:29C'est la question qu'on se pose,
00:31puisque depuis de nombreuses semaines,
00:33le rugby français fait état d'un manque d'influence
00:35dans les instances internationales.
00:37Je cite,
00:38« Si on veut être champion du monde en 2027,
00:40on doit se faire plus respecter à World Rugby
00:42et aux 6 nations »,
00:43disait Florian Grille dans les colonnes de l'équipe.
00:46Y a-t-il un...
00:48Jusque-là...
00:49Y a-t-il eu, jusque-là, dans l'histoire du rugby mondial,
00:52jusqu'à cette phrase de Florian Grille,
00:55il y a quelques semaines,
00:57est-ce que, historiquement,
00:59il y a un souci entre le rugby mondial
01:02et le rugby français en termes d'influence,
01:04Philippe Spanguero ?
01:06Pour répondre à ta question, oui.
01:08Et je crois que, pour y répondre,
01:09c'est important de refaire un peu d'histoire
01:11sur notre sport.
01:12D'abord, il y a eu la création de l'IRFB,
01:16l'International Rugby Football Board,
01:18en 1886 par l'Irlande, l'Écosse et le Pays de Galles,
01:21qui avait pour but de régir les règles du rugby
01:23et son évolution.
01:25Ils ont été rejoints assez vite,
01:27à la fin du 19e siècle, par l'Angleterre.
01:30Et puis ensuite, il a fallu attendre 1949
01:33pour que la Nouvelle-Zélande, l'Australie et l'Afrique du Sud
01:35les rejoignent.
01:36Ils ont structuré le rugby mondial à sept nations,
01:40qui étaient des nations sous influence britannique complètement.
01:43Et puis ensuite, la France est arrivée
01:45comme membre parmi les sept autres en 1978.
01:50Donc, il y a presque 100 ans d'histoire qui se sont passées
01:53où les Britanniques ont régi le rugby et son évolution
01:56entre eux.
01:57Donc, historiquement, le rugby, au-delà de son histoire propre
02:01et de sa création en Angleterre,
02:03il a été régi par une vision très anglo-saxonne,
02:06qui est très différente de la nôtre.
02:08Donc, ça explique quand même aussi
02:09beaucoup de choses dont on hérite aujourd'hui.
02:12Donc, pour répondre à ta question, oui, clairement.
02:14On a eu quand même un petit virage au moment
02:17de la présidence avant le rugby de Bernard Lapassé,
02:20qui a dû, bien sûr, pour être élu et garder son siège,
02:23composer avec les Britanniques,
02:24mais qui avait une vision très politique
02:26et qui a essayé de faire peser un peu le rugby français.
02:29Et puis ensuite...
02:30Qui a marqué l'histoire du rugby mondial.
02:32D'ailleurs, son passage et ce qu'il a fait dans sa carrière
02:36dans le sport, exceptionnel.
02:37Oui, qui a été un immense dirigeant au-delà du rugby.
02:40On rappelle le fait qu'il a porté la candidature de Paris 2024
02:45avec beaucoup de succès.
02:47Donc, ça a été un des plus grands dirigeants
02:49de l'histoire du monde du rugby.
02:50À ce moment-là, Bernard Lapassé a remis un peu la France
02:55à sa place dans le jeu du rugby mondial.
02:59Mais c'est clair que la France n'a jamais eu l'influence
03:03qu'elle aurait dû avoir au sein de ses instances.
03:05Donc, aujourd'hui, Florian Grille a raison de dire ce qu'il dit.
03:08Ça fait partie des constats qu'il avait fait avant d'être élu
03:12dans les grands enjeux de développement du rugby français
03:15à l'échelle mondiale.
03:16Et les dernières décisions, notamment arbitrales ou de commissions
03:20au sujet des joueurs français, montrent qu'on n'est pas traités
03:23à la même scène que les autres grandes nations du monde du rugby
03:26et ça pose problème.
03:28Est-ce qu'il y a eu des moments dans l'histoire du rugby français
03:33où le manque d'influence s'est véritablement constaté ?
03:39Le gros problème, c'est que quand on parle de ça,
03:41on parle de quelque chose de très subjectif en se disant
03:43et quelque part, ça veut dire que tout ça n'est pas net.
03:46Parce que s'il y a de l'influence, ça veut dire que ça influence
03:50sur des décisions qui doivent être étanches à ça.
03:54Donc, c'est un sujet honnêtement très problématique,
03:56mais je crois qu'il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt
03:59et se dire que dans le monde du sport à très haut niveau,
04:02c'est aussi une forme de politique et qu'il y a des jeux d'influence
04:05qui se jouent.
04:06Donc, c'est très difficile à dire.
04:08Est-ce que la France en 95, en demi-finale, a été arbitrée normalement ?
04:13Et est-ce qu'avec une autre influence sur la scène mondiale,
04:16il y aurait eu une décision différente ?
04:18On peut se poser la question sur certaines décisions d'arbitrage
04:21sur le quart de finale de notre dernière Coupe du Monde en France.
04:24Donc, bien sûr que ça pose question.
04:26On peut se poser la question, bien sûr, par rapport aux dernières décisions,
04:29notamment sur la suspension de Romain Ntamak versus le joueur irlandais,
04:33sur les citations en commission sur le dernier France-Irlande.
04:37Romain Ntamak qui dit, je cite, pour aller dans ton sens, Philippe,
04:40j'ai ressenti une forme d'injustice, c'est auprès de l'équipe qu'il s'est exprimé.
04:45Clairement, j'ai ressenti une forme d'injustice et d'incompréhension.
04:48On avait monté un dossier bien bataillé pour prouver que j'allais jouer avec mon club.
04:51Et quand on voit que dix jours après, la commission prend une décision différente
04:54pour Ring Rose, c'est assez incompréhensible.
04:56Je pense encore une fois qu'il va falloir commencer à taper du poing sur la table
05:00parce que ça ne peut pas toujours être en notre défaveur.
05:04C'est rageant, mais il faut qu'on se concentre sur ce qu'on peut maîtriser
05:07et rester focalisé sur l'objectif qui est de remporter le tournoi.
05:11Là, il parle des joueurs, être focalisé là-dessus.
05:14Mais en coulisses, il faut taper du poing sur la table, dit Romain Ntamak,
05:18qui n'est pas trop le genre quand même à faire ce genre de sortie, on peut le dire.
05:22Non, mais il a raison de le faire.
05:24Et ce pourquoi milite Florian Grille et le reste des membres de la fédération,
05:28c'est de dire qu'aujourd'hui, on a accès à quelque chose qui s'appelle la data
05:32et qui doit rationaliser tout un tas de choses sur des décisions.
05:36Il faut amener de la clarté et de la transparence.
05:39Aujourd'hui, tout ce qui se passe dans certaines commissions de world rugby,
05:43notamment sur les commissions disciplinaires,
05:46elles posent question parce qu'elles ne sont pas explicables légitimement
05:51et pas argumentées.
05:53L'exemple entre Romain Ntamak et Ringrose est le meilleur exemple.
05:57Et donc, Florian Grille et son équipe se battent pour ça.
06:00C'est pour ça aussi que la volonté de la fédération française de rugby,
06:04c'est de préempter à nouveau des places dans les commissions régaliennes
06:08importantes de world rugby pour peser.
06:11Il y a une nomination de 5 représentants fédéraux.
06:15Il y avait 6 postes à pourvoir.
06:19La fédération française de rugby en a eu 5.
06:22Donc c'est quand même un grand succès.
06:24Abdelatif Benazie, président de la commission rugby masculin haute performance.
06:27Jérôme Daray, commission rugby à 7 hautes performances.
06:30Olivier Lèvremont, commission rugby amateur dans l'hémisphère nord.
06:33Jérémy Léchat, commission rugby professionnelle.
06:36Et Clotilde Delbos, commission audite et risque.
06:40C'est vrai qu'il y a une petite expansion de l'influence française.
06:44Mais elle est très importante et elle doit se poursuivre.
06:47On voit qu'Abdel Benazie a perdu à la course pour la présidence de world rugby d'un cheveu.
06:53Donc voilà, tout ça, ça prend du temps.
06:55Mais il faut repréhender le terrain.
06:57Alors ça ferait offense à l'Afrique du Sud de dire qu'ils ont été champions du monde grâce à ça.
07:01Mais Erasmus et son staff ont préhendé depuis des années les commissions importantes de world rugby.
07:08Notamment sur l'arbitrage.
07:09Donc forcément que de façon...
07:12Pas seulement, ils ont fait aussi un film qui est super à regarder.
07:16D'ailleurs on vous le conseille, c'est Chasing the Sun.
07:18Ça fait partie de l'influence.
07:20Faire un super documentaire sur l'épopée du rugby sud-africain sur la dernière coupe du monde.
07:26C'est un super documentaire.
07:28Vraiment, on vous le conseille de le regarder.
07:30Mais c'est aussi un exercice d'influence.
07:33C'est du soft power.
07:34Non mais c'est du soft power.
07:35Alors il y a ensuite un message au-delà du rugby propre.
07:39C'est un enjeu de société.
07:41Ça va plus loin.
07:42Mais bien sûr que les Sud-Africains le savent faire.
07:44Mais on revient à cette influence anglo-saxonne et à cette façon de faire.
07:48On a souvent trouvé, nous latins, que tout ça était grossier.
07:52Que c'était malvenu de parler de ça.
07:56Mais dans les faits, c'est comme ça que ça se passe.
07:58Et il y a une nation qui émerge dans tout ça, c'est l'Irlande.
08:01Parce qu'on pense souvent à l'Angleterre comme grande nation du rugby.
08:04Mais le pays qui a le plus d'influence au niveau des instances du monde,
08:08chez World Rugby notamment, c'est l'Irlande.
08:11Le siège de World Rugby est en Irlande.
08:14Les Irlandais ont des postes considérables dans toutes les commissions régaliennes.
08:19Et on voit très souvent quand même que dans les décisions,
08:23notamment disciplinaires, les Irlandais sont favorisés.
08:27Et ça, ça pose problème.
08:28Et ça desserre le rugby et sa légitimité.
08:30Donc il faut que ça change.
08:32C'est bien parti pour changer.
08:33Mais vous savez, vous avez le même problème au niveau du syndicat des joueurs.
08:36Aujourd'hui, je le répète souvent, mais ce qui se passe dans le monde du rugby,
08:40quant à la place de la France dans l'ichiquier mondial, est une anomalie.
08:44On est le pays du monde qui tire l'économie du rugby le plus vers le haut,
08:49parmi toutes les autres nations.
08:51Et malgré ça, on est un des pays majeurs les moins représentés.
08:54J'en veux pour preuve aussi le syndicat des joueurs.
08:57Il y a un syndicat mondial des joueurs qui a été créé pour peser sur World Rugby,
09:01notamment sur les grands enjeux de calendrier, de plage de récupération,
09:05qui est un syndicat qui a pris une place très importante politiquement
09:09dans le pouvoir de décision.
09:11La France n'est pas représentée dans le syndicat mondial des joueurs.
09:15On est le seul pays du monde qui a deux, voire trois divisions professionnelles.
09:20Et on est le pays du monde qui a le plus gros salaire moyen.
09:23On est le pays du monde qui a le plus de joueurs professionnels,
09:25donc le plus de joueurs concernés par les décisions qui sont prises au niveau mondial.
09:30Et jusqu'à présent, on n'y était pas.
09:32Donc en fait, on a quand même un vrai sujet de visibilité et de prise de position
09:38à l'échelle du rugby mondial.
09:40Oui, mais d'abord, est-ce que le travail, il ne faut pas le faire d'abord chez nous ?
09:43C'est-à-dire que je pense moi à Abdelhatif Benazie,
09:47il était candidat pour la présidence de World Rugby.
09:49Je suis désolé, je n'ai pas eu la sensation,
09:53mais peut-être que je me trompe, que le rugby français s'était uni,
09:58avait fait corps, avait fait société, comme dirait Fabien Galtier,
10:01derrière sa candidature.
10:02Je n'ai pas eu cette sensation-là.
10:04Non, parce que...
10:06Peser à l'échelle mondiale, c'est bien,
10:08mais d'abord, il faut qu'on tire tous dans le même sens, non ?
10:11Alors, je suis d'accord avec ça.
10:14Je trouve que la candidature d'Abdel,
10:16elle a été quand même peu médiatisée et peu soutenue en France.
10:20Elle ne s'explique pas forcément par le fait que les gens n'adhéraient pas
10:25au profil d'Abdel Benazie, pas du tout.
10:27C'est juste qu'il y a eu un problème de timing d'abord sur cette élection.
10:31Abdel est parti tard, a eu peu de temps pour faire campagne
10:36et pour mobiliser autour de lui le réseau influent du rugby français,
10:40parce que ça se joue à plusieurs étages.
10:42Ça se joue d'abord en France.
10:43Ensuite, par capilarité, ça se joue dans les six nations
10:47et puis sur la Champions Cup, l'organisme des Coupes d'Europe.
10:53Et puis ensuite, ça remonte à World Rugby.
10:55Et tout ça, ça prend du temps.
10:56Il faut mobiliser.
10:58Mais je le répète, pour qu'un Français réussisse à prendre la présidence
11:03de World Rugby, il faut nécessairement qu'il amène avec lui
11:08quelques Anglo-Saxons.
11:09C'est l'enjeu majeur.
11:10Donc, en fait, le problème, c'est de faire des concessions.
11:13Mais les faire jusqu'où ?
11:14Au moment où Bernard Laporte était président de la Fédération française
11:17de rugby et avait la voie royale vers World Rugby,
11:21il avait fait beaucoup de concessions avec les Anglo-Saxons,
11:24notamment au moment de l'entrée de CVC au capital du six nations.
11:28Le gros problème, c'est où on arrête notre discussion
11:33sur ce qu'on est prêt à faire comme effort vis-à-vis des autres
11:38pour maintenir quand même une place forte du rugby français.
11:41Et c'est toujours assez délicat comme discussion.
11:45Et c'est assez subtil dans la négociation.
11:49Mais en tous les cas, ce qui est sûr, c'est que là, maintenant,
11:51il faut changer de braquet.
11:52Il faut que la France affirme son statut dans le monde du rugby.
11:55Je crois qu'aujourd'hui, sportivement,
11:57le travail est fait pour que notre place soit légitime.
12:01Ça fait quand même maintenant quelques années
12:03qu'on est toujours soit dedans, soit au bord du top 3 mondial.
12:07On est une des plus grandes nations du monde du rugby,
12:10sportivement et par l'économie qu'elle génère.
12:12Donc, il faut qu'on assume ce statut-là,
12:15quitte à être des fois un peu virulent dans la discussion.
12:18Mais pour savoir prendre notre place,
12:20il faut que les autres, sachant qu'ils ne nous la donneront pas,
12:23il faut être capable de la prendre.
12:25Donc, tu fais le constat d'un manque d'influence du rugby français
12:28dans les instances mondiales.
12:30Mais tu fais aussi ce constat-là et cette projection-là
12:32qu'on devrait prendre plus de place dans les années à venir,
12:36si je comprends bien, Philippe.
12:38On a commencé aujourd'hui, 5 Français sur 6 postes importants
12:43dans les commissions régaliennes,
12:45membres de la Fédération Française de Rugby.
12:47Ça n'était jamais arrivé.
12:48Mais ce n'était jamais arrivé pas forcément
12:50parce que les Français se présentaient n'étaient pas élus.
12:53C'est qu'on n'avait pas la vision, côté français,
12:55de l'importance que ça avait.
12:57Et donc, on ne présentait pas de candidats.
12:59Et donc, je crois que là, il y a un vrai changement de vision
13:02avec l'équipe en place à la fédération aujourd'hui,
13:05qui est de dire que non, il faut se positionner partout.
13:08Dès qu'il y a des postes à pourvoir, il faut essayer de les préempter.
13:11Il faut faire entendre notre voix beaucoup plus.
13:13Il faut montrer aussi qu'on n'est pas d'accord.
13:15Pourquoi on n'est pas d'accord ?
13:16Aujourd'hui, la fédération, je sais de source sûre,
13:19a remonté une inquiétude à World Rugby
13:22par rapport à l'opacité des commissions d'appel, notamment,
13:27pour ce qui a été vu après le match France-Irlande.
13:31Puisqu'il n'y a aucune explication qui est donnée
13:36sur le choix d'accepter de citer ou pas un joueur
13:41à la demande d'une équipe nationale.
13:43C'est un peu au bon vouloir du commissaire,
13:46qui lui-même est inconnu et dont on n'a pas l'identité.
13:50Il y a quand même une grande opacité autour de tout ça.
13:53Et ça, il faut que ça change.
13:54Mais ce n'est pas seulement pour le rugby français que c'est important.
13:57C'est pour la crédibilité de notre sport
14:00et pour que ça n'amène pas de suspicion derrière
14:03sur quelles sont les nations qui tirent les ficelles.
14:05Merci beaucoup, Philippe, pour cette chronique.
14:09Si vous l'avez manqué, ne vous inquiétez pas.
14:11La rediffusion sera sur la chaîne YouTube de Sud Radio.
14:13Vous êtes près d'un million, vous êtes plus d'un million maintenant
14:16sur notre chaîne YouTube.
14:18Philippe, tu restes avec nous.
14:19On va parler de l'équipe de France-Irlande avec Philippe Mepelous.
14:20A tout de suite.