Les Vraies Voix avec Randa Kassis, présidente de la plateforme Astana et auteure de "Le chaos syrien" co-écrit avec Alexandre Del Valle.
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NewsTranscription
00:00Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04Les plus violents combats depuis la chute de Bachar al-Assad.
00:08Face à face à l'attaque qui est dans le nord-ouest du pays,
00:11les forces loyales à l'ancien président syrien et l'armée du nouveau pouvoir islamiste.
00:16Prises au piège entre les deux, les civils.
00:19Au moins 1000 personnes auraient été tuées ces derniers jours dans l'ouest de la Syrie.
00:23Il s'agit des violences les plus meurtrières depuis la prise du pouvoir en décembre dernier
00:27par le nouvel homme fort du pays, Ahmad al-Shara, leader du groupe islamiste radical sunnite HTC.
00:33C'est vraiment un acte de vengeance contre une communauté
00:36qui est considérée comme ayant été le pilier du pouvoir d'al-Assad.
00:39Et également une haine religieuse qui s'exprime,
00:42puisque pour les islamistes, les djihadistes, les alaouites,
00:46ce sont des hérétiques qu'il faut éradiquer.
00:51Et près d'un millier de civils tués à l'ouest de la Syrie,
00:54l'observatoire syrien des droits de l'homme parle d'un nettoyage ethnique.
00:57Des alaouites et des chrétiens semblent avoir été ciblés en représailles
01:01après une insurrection des partisans de l'ancien régime al-Assad.
01:05Alors parlons vrai, est-ce que la Syrie peut redevenir un foyer du terrorisme islamiste ?
01:09Et à cette question, la Syrie est-elle tombée dans les mains des islamistes ?
01:13Vous dites que 98% voulaient réagir, le 0826 300 300.
01:18Et Rhonda Cassis est avec nous, présidente de la plateforme Astana,
01:21auteur du livre « Le chaos syrien » et co-écrit avec Alexandre Delval.
01:25Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:27Philippe Bilger.
01:28J'adore les pauses dans les vraies voix,
01:30parce qu'en ce qui me concerne, j'y apprends des choses qui vont me permettre de briller après.
01:35Vous êtes optimiste.
01:37Oui, mais plus sérieusement, je me demande si face au bouleversement du monde,
01:43et notamment dans ces mondes-là,
01:46on n'est pas en permanence mal préparé et d'une lucidité très relative.
01:53Je pense aux talibans qu'on avait estimés,
01:56enfin en tout cas notre ancien ministre, modérés à l'origine,
02:00et qui sont devenus le pire même par rapport à ce qu'on craignait.
02:06Et il y a ce qui se passe en Syrie,
02:09où évidemment, on espérait un tout petit peu à l'origine,
02:14enfin, quand on ne connaît pas à fond ce milieu comme moi,
02:18en se disant là, on a quelqu'un qui semble moins idéologue,
02:23moins fanatique que dans d'autres pays,
02:26et j'apprends qu'en réalité,
02:28ce ne serait pas lui qui mettrait en œuvre les massacres des aléaouites,
02:33mais que ce seraient des bandes en quelque sorte internes
02:36qui régleraient leur compte au détriment des chrétiens et des aléaouites.
02:42Alors, bien sûr, j'attends avec impatience les analyses de notre invité,
02:48en tout cas, je me demande si on ne pêche pas en permanence par un optimisme,
02:55parce qu'on a tellement connu de déceptions,
02:59dès qu'une lueur d'espoir arrive, on fonce dessus.
03:03Oui, c'est tellement complexe la Syrie,
03:06aujourd'hui la Syrie, je vérifiais, mais on le verra avec notre invité,
03:09il y a 500 groupes armés en Syrie,
03:11je ne sais pas si on se rend compte exactement de ce que ça représente,
03:14il y a une compétition sourde en plus entre le Nouveau Pouvoir et Al-Qaïda,
03:19il y a aussi dans l'armée, en réalité, du Nouveau Pouvoir,
03:22des éléments extrêmement radicalisés qui veulent faire rendre gorge,
03:25au sens premier du terme, aux aléaouites.
03:28Et tous les aléaouites, d'ailleurs, Moustapha elle nous le confirmera,
03:30ne sont pas des pro-Assad non plus,
03:32donc on est dans une espèce de complexité,
03:35et c'est vrai que la communauté internationale,
03:37elle a été plutôt ouverte sur l'idée d'avoir ce nouveau dirigeant
03:43qui promettait de protéger toutes les minorités.
03:46A partir du moment où ce massacre a eu lieu,
03:48le 6 ou le 7 mars, c'est terminé.
03:51Il a perdu un crédit immense, c'est ça la question.
03:54Vous savez qu'en Syrie, je ne sais pas, vous allez me confirmer,
03:56je lisais un papier ce matin,
03:58les fonctionnaires ne sont plus payés depuis 3 ou 4 mois, a priori.
04:01Donc on a en plus une révolte sociale,
04:03on a un corps social révolté,
04:05on a des minorités effrayées qui se cachent,
04:08les aléaouites et les chrétiens,
04:09et on a des combattants radicaux qui échappent au nouveau pouvoir.
04:12Jean Dorido.
04:13Oui, pour compléter ce qui vient d'être dit,
04:16une question, si vous voulez, pour tenter d'y voir un peu plus clair,
04:19parce que c'est vrai que quand on n'est pas de ces régions-là,
04:21c'est très compliqué à comprendre.
04:23Françoise a raison, il y a tellement de bandes armées,
04:25tellement de courants différents, qui tous luttent pour le pouvoir.
04:28Maintenant, ce que j'aimerais comprendre,
04:30c'est que c'est un fait, manifestement,
04:31il y a des populations martyrisées,
04:33qui sont notamment les aléaouites et les chrétiens.
04:35Et c'est vrai que les aléaouites, c'est vraiment la lignée,
04:38si vous voulez, de l'islam de Bachar el-Assad,
04:41et qui sont depuis toujours, je dirais,
04:44vraiment en bonne intelligence avec les chrétiens en Syrie.
04:47Et du coup, j'aimerais comprendre si ce qui se passe en ce moment,
04:49c'est une vengeance du nouveau régime
04:52contre finalement les anciens alliés de Bachar el-Assad,
04:55ou si c'est effectivement des bandes armées
04:58qui sont en train d'essayer de faire tomber l'actuel dirigeant,
05:01pour prendre sa place.
05:03Randa Cassis, avant de répondre à l'ensemble des vrais voix,
05:06une question.
05:07Quand Kaboul était tombé aux mains des talibans,
05:09le département d'état américain et Jean-Yves Le Drian
05:11avaient parlé de talibans inclusifs.
05:13Quand Al-Djoulani est arrivé au pouvoir en Syrie,
05:15notre ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barraud,
05:18avait parlé de gouvernement inclusif.
05:20Même cause, mêmes effets, mêmes erreurs, en Afghanistan ou en Syrie ?
05:24Oui, tout à fait, les mêmes erreurs.
05:26Et je vois qu'en France,
05:29ils sont toujours en train de commettre des erreurs,
05:31parce que je me rappelle très bien, c'est celui Al-Djoulani,
05:33qui était le leader de Jabhat al-Nosra en 2013.
05:36Quand il est, lui, avec son groupe,
05:39quand il est entré dans un village chrétien, Maloula,
05:42il a massacré ou il a tué, égorgé quelques chrétiens,
05:47kidnappé quelques nonnes.
05:49Celui-là, le même, qui était, on va dire, pas félicité,
05:55mais qu'à l'époque, c'était le ministre des affaires étrangères, Fabius,
06:00qui acceptait Al-Djoulani comme un leader,
06:04et il disait, et pourquoi pas, Jabhat al-Nosra,
06:07de prendre le contrôle de la Syrie à la place du gouvernement.
06:11Le problème, c'est que les leaders,
06:15si je peux oser dire leader,
06:18parce que je crois qu'il n'y a plus de leaders en Europe,
06:21mais bon, les présidents qui sont en Europe,
06:23ils simplifient beaucoup la complexité de problèmes syriens.
06:30Il faut savoir qu'il n'y a pas que les minorités halawites ou chrétiennes,
06:34il y a aussi les druses, il y a les cures de l'euroéconomie,
06:38les cures d'administration.
06:40Moi, je crois, depuis le début, j'ai toujours parlé,
06:45j'ai toujours cru à une autre solution,
06:47c'est la solution de l'État fédéral.
06:49Parce que pour maintes raisons.
06:52La première raison, c'est qu'un pays avec beaucoup de minorités
06:57qui font, à l'époque, et avant aussi le début,
07:01je parle avant 2011, le début de la révolution syrienne,
07:05il y avait quand même 30 à 35% des minorités ethniques et confessionnelles
07:11qui sont laïques.
07:13Pourquoi laïques ?
07:14Parce que c'était une question de survie.
07:17Alors, ils sont laïcs, les Kurdes sont laïcs,
07:20les autres aussi sont laïcs, c'est la laïcité qui les protège.
07:23Sans oublier qu'il y a aussi des sunnites qui sont laïques,
07:27des sunnites qui sont beaucoup, même s'ils sont religieux,
07:32mais qui veulent aussi séparer la religion de l'État.
07:35Alors, tout cela, on parle, tout simplement,
07:38on peut arriver à 40-45% facilement en Syrie avant 2011.
07:44Après la révolution, bien sûr, ça a été instrumentalisé
07:47par un régime qui n'a pas fait la différence.
07:53Il a tué l'Alawite comme il a tué le sunnite.
07:56N'importe qui qui s'opposait à lui, il le tuait.
07:59Ce n'était pas un sectaire, mais il tuait ses opposants.
08:01Que maintenant, malheureusement, aujourd'hui,
08:04on a le même, à peu près, un autre régime,
08:07mais qui est, on va dire, il tue les minorités,
08:10mais il va aussi tuer le musulman laïque,
08:13le musulman le plus modéré et le moins...
08:16J'ai vraiment une question.
08:17Rembrandt et Cassis, ils ont vraiment des questions pour vous, Françoise Lebois.
08:20Vous dites le régime qui tue.
08:21Est-ce que, parce qu'évidemment que sa nouvelle virginité,
08:25en tout cas politique, et c'est très bien que vous rappeliez
08:27le curriculum vitae de ce dirigeant, bien sûr,
08:31mais sa nouvelle virginité politique,
08:33il la doit à une seule phrase,
08:34nous allons protéger les minorités.
08:36Est-ce que vous pensez qu'à partir du moment
08:37où ils cherchent l'aide internationale,
08:39c'est vraiment le régime qui a tué,
08:41ou bien c'est des bandes à l'intérieur de son armée ?
08:44Parce que c'est le plus important,
08:45c'est de savoir qui a commis ces crimes.
08:47Parce que ces déclarations ne vont pas du tout dans ce sens, en tout cas.
08:49Voilà, c'est ça le sujet.
08:51Il a besoin de l'aide internationale.
08:52Moi, je vois bien les déclarations de l'ONU depuis ce week-end, etc.
08:55Tout le monde est en train de refluer.
08:57Donc, soit il est complètement con, bête,
09:00parce que je ne crois pas,
09:01soit il est débordé.
09:02Est-ce qu'il est débordé ?
09:04Écoutez, c'est-à-dire,
09:06Jolani, on ne peut pas le séparer.
09:08On ne peut pas se séparer Jolani de ses hommes.
09:12Ses hommes, de toute façon,
09:14ont fait de Jolani le président actuel.
09:17Alors, on ne peut pas les séparer les deux.
09:19Bien sûr, c'est tout à fait normal
09:21qu'il ne peut pas contrôler.
09:23Il a une idéologie.
09:24Bien sûr, il n'est pas si con.
09:25Pour lui, il voulait attendre
09:28beaucoup plus longtemps, au moins,
09:30pour avoir cette virginité,
09:32parce qu'il ne l'a pas.
09:33Il ne l'a toujours pas.
09:34Bien sûr.
09:35Mais pour avoir cette virginité,
09:37il a besoin de la levée des sanctions.
09:39Il a besoin quand même de l'argent
09:41pour la majorité économique du pays.
09:47Il y a plus de 90%
09:50qui sont sous le seuil de pauvreté.
09:52Comme vous avez dit,
09:53il y a des fonctionnaires
09:54qui n'ont pas touché leur salaire.
09:56Et il faut aussi mettre,
09:58j'aimerais bien aussi préciser,
10:00qu'il y a beaucoup des fonctionnaires à la Ouïe
10:02qui ont été virés de leur emploi
10:07tout simplement parce qu'ils étaient à la Ouïe.
10:10C'est pour cette raison.
10:12Déjà, il est basé sur un sectarisme.
10:15Ce terroriste maintenant
10:17qui essaie d'acheter une virginité,
10:19il est basé sur ce sectarisme.
10:21Ces hommes,
10:22quand ils parlent d'un gouvernement inclusif,
10:25moi, je ne vois pas de gouvernement inclusif.
10:27Moi, ce que je vois,
10:28je ne vois que des hommes.
10:29En fait, entre les radicaux,
10:31les plus radicaux,
10:32moins radicaux,
10:33moins, moins radicaux.
10:37Le HTC, c'est un groupe...
10:41Ce n'est pas un téléphone.
10:43Excusez-moi, je détends un peu l'adversaire,
10:45mais vous avez raison dans ce que vous dites.
10:47J'ai parfois l'impression que
10:49lorsqu'on considère l'état de ces régions
10:52et le désordre, les violences,
10:54une forme de désespoir
10:56pour celui qui observe ça,
10:58à votre avis,
11:00est-ce qu'il y a des relèves possibles
11:02avec des gens bien ?
11:04Pardon d'utiliser
11:06cette expression un peu passe-passe.
11:08Est-ce qu'il peut y avoir de l'espoir
11:10dans une génération ?
11:12Est-ce qu'il y a des possibilités
11:14de remplacement ?
11:16Oui, bien sûr.
11:17Il y a nous, il y a moi,
11:18il y a les autres,
11:19il y a beaucoup de politiques.
11:20Je travaille avec les Druzes,
11:22les Alaouites, les Chrétiens, les Kurdes
11:24pour fonder et pour créer
11:26un état fédéral.
11:27Ce que nous croyons tous
11:29que c'est la solution pour la Syrie.
11:31Oui, il y a bien sûr de l'espoir.
11:33Sinon, de toute façon,
11:35je ne serais pas là en Jordanie.
11:37Je ne serais pas allé en Syrie
11:39et risqué ma vie
11:40que je sois contre Jolanie.
11:42Voilà, bien sûr, il y a de l'espoir.
11:44On est en train de travailler.
11:45Mais des gens valables ?
11:47Non, mais oui, voilà, moi,
11:49ce que je souhaite,
11:51qu'il ne faut pas encore
11:52ne commetter pour l'Europe,
11:54je parle certainement, bien sûr,
11:56pour les présidents européens.
11:58Il ne faut pas commettre
11:59les mêmes erreurs qu'avant.
12:00Il faut nous laisser travailler.
12:02Il ne faut pas croire en Jolanie.
12:05Parce que si aujourd'hui,
12:06il a acheté cette eau,
12:07il est en train d'acheter
12:08une virginité qui s'appelle Al-Shara.
12:10Dans quelques temps,
12:12quand il sera installé profondément
12:15et il aura tout le pouvoir en Syrie,
12:17eh bien, il n'aura plus, de toute façon,
12:19il sera à nouveau Al-Jolanie,
12:21avant Mohamed Jolanie.
12:23Merci beaucoup, Randa Cassis,
12:25pour cette pertinence présidente
12:27de la plateforme Astana,
12:29auteur du livre
12:30Le cas où Syrien,
12:31co-écrit avec Alexandre Delval.
12:32Merci beaucoup d'avoir accepté
12:34notre invitation.
12:35Merci, Philippe, d'être là
12:37tous les jours.
12:38Merci, Françoise de Gois,
12:39à vous aussi.
12:40C'était un vrai plaisir.
12:41Et merci, Jean Dorédo.
12:42On embrasse Joseph, bien entendu.
12:44Merci, Aude.
12:45Merci, Maxime.
12:47Merci, Nelly.
12:48Merci, Justine.
12:49Merci, Félix Mathieu.
12:51Merci, Philippe David.
12:52On se retrouve demain.
12:54On se retrouve demain,
12:55tout de suite,
12:56les vraies voix citoyennes.
12:57On va parler d'une belle association
12:58de lutte contre le cancer
12:59qui s'appelle Hope.
13:00Et on parlera ensuite
13:01avec du football
13:03pour les personnes de petite taille
13:05et en situation de handicap,
13:06notamment.
13:07On vous souhaite
13:08une très belle émission.
13:09En attendant,
13:10on se retrouve demain
13:11à partir de 17h
13:12avec Philippe David
13:13et les vraies voix.
13:14A demain, salut.
13:15C'est Stéphane Simon,
13:16Sud Radio.
13:17Alors, vous êtes désormais
13:18un million à nous suivre
13:20sur la chaîne YouTube
13:21de Sud Radio.
13:22Alors merci
13:23et merci encore
13:24et merci à tous ceux
13:25qui nous rejoignent
13:26pour parler le vrai
13:27sur Sud Radio.