Les achats de produits de consommation en vrac se démocratisent. Mais est-ce vraiment une bonne affaire? Notre journaliste a mené l'enquête.
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00:00On va parler du VRAC. Charlotte, acheter en VRAC, ça a un intérêt écologique évident, réduction de déchets, mais d'un point de vue purement personnelle, est-ce que c'est intéressant ou pas ?
00:11Sur le plan financier, oui. Est-ce que vous achetez du VRAC ? Adeline, je suis sûre que oui. Un petit peu, en partie, pas tout, évidemment.
00:19Moi, j'ai arrêté à cause des mites alimentaires.
00:21C'est un vrai problème. Un tiers des Français achètent en VRAC, mais pas forcément, effectivement, l'intégralité des courses.
00:26La logique nous ferait dire que oui, c'est intéressant financièrement, puisqu'il n'y a pas d'emballage, donc à priori moins de coûts.
00:32Mais il y a une idée reçue qui perdure quand même, qui est de dire non, en fait, le VRAC, c'est de l'arnaque.
00:37Alors, qui dit vrai, il y a des études qui ont été faites sur le sujet. Et puis, j'ai moi-même été voir en magasin.
00:42Donc, je vous ai ramené mon panier de course, dont je suis très fière, j'avoue.
00:47Alors, j'ai du riz, des noisettes, des lentilles vertes, des amandes et du granola au chocolat que j'ai comparé dans trois magasins.
00:55Un supermarché classique, une enseigne bio et un magasin spécialisé en VRAC.
01:00Et donc, j'ai tiré trois leçons de cette petite comparaison.
01:03La première, c'est que finalement, les produits les plus courants ne sont pas très intéressants en VRAC.
01:08Dans mon panier, celui qui est le plus représentatif, c'est le riz.
01:11Quand on regarde les prix du riz, le riz bio en VRAC, il coûte minimum 5 euros le kilo.
01:18Alors que le riz bio pré-emballé, c'est-à-dire dans un sachet plastique, coûte 3 euros le kilo minimum.
01:24Donc finalement, là, ce n'est pas très intéressant.
01:27Il y a une raison qui est toute simple, c'est que le riz, c'est un produit très concurrentiel sur lequel il y a énormément de marques qui sont vendues,
01:34dont des marques distributeurs qui tirent évidemment les prix vers le bas.
01:37Et donc, dans un tel contexte, le VRAC ne peut pas tirer son épingle du jeu.
01:42Voilà pour les produits les plus courants.
01:44Mais du coup, au contraire, les produits un petit peu moins concurrentiels, eux, peuvent être intéressants en VRAC.
01:50Par exemple, les noisettes, on les trouve à 18 euros le kilo en VRAC, alors qu'en pré-emballé, elles coûtent minimum 24 euros le kilo.
01:59Et là, il y a une autre raison.
02:00Voilà, ça vaut le coup.
02:01Il y a une autre raison, c'est que comme en général, on ne mange pas un kilo de noisettes, on les achète dans des petits contenants.
02:06Mais il n'y a pas d'écureuils sur ce plateau, sauf erreur de la main.
02:12Et donc, en général, c'est vendu dans des petits sachets.
02:15Donc forcément, le prix de revient de l'emballage, proportionnellement à une petite quantité, est plus cher.
02:22Alors qu'en VRAC, il n'y a pas d'emballage, ce qui fait que le prix au kilo est toujours le même.
02:26Et ça, c'est très important, le prix au kilo est toujours le même pour les produits en VRAC.
02:30Intéressant. Leçon numéro 3.
02:31La leçon numéro 3, c'est que si on veut acheter en VRAC, il vaut mieux éviter les supermarchés.
02:35Pourquoi je vous dis ça ?
02:36Parce que j'ai comparé mon panier de cinq produits en partant du principe que j'allais acheter un kilo pour chaque.
02:41Et donc, ça me revient à 62 euros le panier en supermarché, 60 euros dans une enseigne bio, et 56 euros dans une épicerie spécialisée,
02:51mais sachant que ce sont des produits qui ne sont pas bio, donc de moins bonne qualité a priori, ce qui explique la différence de prix.
02:57Donc vous voyez que c'est en supermarché que mon panier est le plus cher, ce qui est effectivement assez inattendu.
03:04Alors on pourrait se dire que j'ai fait une comparaison avec cinq produits,
03:07mais j'ai comparé mes propres résultats à ceux d'une étude qui a été menée par l'Institut national de la consommation, et ils arrivent à la même conclusion.
03:14Et là aussi, il y a une explication ?
03:16Oui. En fait, les enseignes bio et les enseignes spécialisées sont beaucoup plus habituées au VRAC que les supermarchés.
03:22Elles représentent 85% de l'offre VRAC, ce qui fait qu'elles traitent de plus gros volumes, elles font des économies d'échelle,
03:30elles maîtrisent mieux le système du VRAC, qui n'est pas si évident que ça à mettre en place parce qu'il y a des coûts logistiques qui sont importants,
03:36la mise des produits en silo, le nettoyage des silos, la formation du personnel aux règles d'hygiène, la main-d'oeuvre qui est plus importante, etc.
03:46Donc même s'il y a le coût de l'emballage en moins, finalement, en termes de revenus pour les supermarchés, le VRAC n'est pas si intéressant que ça.
03:55Donc c'est pour ça qu'ils ne le développent pas davantage.
03:56C'est aussi pour ça qu'ils ne le développent pas davantage.
03:58Du coup, le VRAC, c'est une arnaque ou c'est un bon plan ?
04:01C'est quand même un bon plan. Il faut toujours comparer, évidemment, les prix au kilo, mais on constate que sur certains produits, les oléagineux, les épices,
04:08c'est moins cher et en plus, parfois, de meilleure qualité quand c'est bio.
04:12L'avantage du VRAC aussi, c'est de pouvoir maîtriser son budget parce qu'il n'y a pas de quantité minimale d'achat.
04:18Vous pouvez mettre ce que vous voulez dans vos sachets.
04:20Tu peux acheter une poignée d'amendes en VRAC ?
04:21Voilà, exactement. Encore une fois, avec un prix au kilo qui ne change pas.
04:24Donc vous n'aurez pas les traditionnels arnaques sur l'étiquette dont je vous parle régulièrement aussi.
04:29Parfois, il y a beaucoup de vide dans les paquets d'amandes ou de noix.
04:33Il y a beaucoup de vide. Sachant que le prix dans ton sachet, c'est hors emballage.
04:38Donc normalement, le vide n'est pas inclus.
04:40Mais effectivement, le vide ne pèse rien.
04:42Il y a une éducation aussi engagée qu'il y a dans le VRAC.
04:47C'est qu'on va acheter du VRAC parce que c'est une philosophie, parce qu'on veut réduire le plastique.
04:51Ce n'est pas seulement une histoire de prix au kilo.
04:52C'est un vrai argument, évidemment, l'intérêt écologique.
04:54Sachant qu'on génère 186,5 kilos de déchets d'emballage par an et par personne en Europe.
05:02Donc si on se mettait tous à acheter en VRAC, évidemment que ça réduirait les déchets.
05:07Ça a un intérêt réel.
05:08Pour l'instant, ça reste un tout petit marché, un 1% de part de marché dans l'alimentaire, à peine.
05:13Mais ça pourrait aller plus loin et se démocratiser puisque d'ici 2030,
05:17toutes les grandes et moyennes surfaces devront consacrer 20% de leur surface.
05:22Ah oui, ça va tout changer.
05:23Mais ça fait des jolis bocaux dans les cuisines aussi.
05:25Et ça fait des jolis bocaux, mais effectivement, attention aux mythes.
05:28Bien les fermer.
05:28C'est pour ça qu'il faut avoir du matériel très hermétique.
05:31Ça ne marche pas, ce n'est pas assez.
05:32C'est vrai.
05:33C'est le problème des mythes.
05:33Vinaigre blanc.
05:35Non, ça ne suffit pas.
05:36C'est vrai, c'est sûr.
05:38C'est un fléau.