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00:0013h-14h, Europe 1-13h. 13h47 sur Europe 1, Europe 1-13h, dernière partie, vous écoutez Céline Giraud et avec vous aujourd'hui Céline l'écrivain et philosophe Nathan Devers et le journaliste politique au journal du dimanche, Jules Teresse.
00:12Et j'avais envie de revenir avec vous sur ce sujet dont on a beaucoup parlé sur Europe 1, ce matin aussi notamment dans la matinale de Dimitri Pavlenko, la colère des forces de police dans l'affaire Nahel après les réquisitions d'un procès pour meurtre à l'encontre du policier auteur du tir mortel à Nanterre, c'était en 2023.
00:29Les forces de police se mobilisent aujourd'hui, il y a un rassemblement du côté de Nanterre, on y était tout à l'heure avec Jean-Baptiste Marty, écoutez Jean-François Copé, le maire de Meaux, il a critiqué les tweets d'élus d'extrême gauche sur le policier qui a tué Nahel et il était ce matin l'invité de Sonia Mabrouk sur Europe 1 et ses news.
00:45Je comprends évidemment l'émotion des policiers, comment ne pas partager cette inquiétude par rapport au risque d'instrumentalisation d'une décision du parquet, bon moi je ne commente jamais les procédures en cours et donc le fait que je sois avocat fait que je m'impose de ne jamais les commenter, en plus on ne connait pas le fond du dossier et on verra ce que dira le procès, mais vous avez raison de le rappeler.
01:09S'il y a procès.
01:10S'il y a procès, exactement, et vous avez raison de le rappeler, il y a la présomption d'innocence et donc les propos des députés d'extrême gauche sont comme d'habitude indignes, ce sont des gens qui ont une vision de l'état de droit qui est tout à fait à géométrie variable selon ce qui les arrange et c'est tout à fait condamnable.
01:25Jean-François Copé ce matin sur Europe 1, Jules Torres avec un peu de recul, c'est vrai qu'il y a une vague de colère qui est en train de monter du côté des forces de police qui sont sur la brèche, exaspérées quoi.
01:37Moi je le connais ce dossier, je le connais très bien, j'ai notamment lu ce qu'a écrit l'ami William Molinier et notamment les rapports d'experts sur cette affaire qui en réalité depuis le début elle est politique, depuis le 27 juin 2023, cette affaire elle est politique, elle est politique déjà parce que bien les vidéos qui ont fuité, les mots qui ont pu être employés par les policiers, shoot le, je vais te tirer une balle dans la tête, tous les rapports ont dit que
02:07ça n'était pas le cas et donc déjà le policier notamment Florian M a été condamné par le tribunal médiatique, il a été condamné par le président de la république lui-même, qui le jour même dit que c'est un drame inexcusable, inexplicable, vous avez raison de le dire fait 4 mois et demi de détention provisoire ce qui n'arrive jamais, la détention provisoire c'est pour se prémunir possiblement qu'il fasse un nouveau geste de ce type là,
02:33qu'il aille entraver les besoins de l'enquête, il n'y avait aucun risque sur ce sujet là, donc déjà on a voulu en faire un exemple et ensuite ces élus de gauche qui ont voulu faire le procès de la police en faisant de Naël un héros, une victime, un martyre face au racisme systémique, notamment véhiculé par, qui serait notamment véhiculé par la police,
02:59dans toute cette affaire depuis le début ce policier là est coupable, coupable pour les médias, coupable pour une bonne partie des politiques et ça jette l'opprobre sur toute une profession, d'autant plus que si on voulait vraiment on reviendrait sur ce dossier là, ce policier quand même il faut le dire a probablement sauvé des vies,
03:17parce que cette course poursuite qui a duré plusieurs minutes, et bien la voiture, y matriculée d'ailleurs en Pologne, une Mercedes, avait failli renverser un piéton, faisait des zigzags sur la route, roulait dans un passage où il roulait à contresens, dans toute cette histoire montre que si on avait respecté les policiers dès le début, il n'y aurait pas eu ce drame.
03:43Donc j'espère que la justice fera son travail, en tout cas les réquisitions du parquet sont très dures, parce que le qualificatif de meurtre c'est évidemment très compliqué, et moi il y a surtout un passage qui m'a beaucoup marqué dans le communiqué du parquet, c'est qu'il dit, si l'objectif était d'empêcher le conducteur de la Mercedes de redémarrer, il lui était possible de tirer sur le capot qui aurait permis d'éviter toute atteinte à l'intégrité physique.
04:06Discuter une seule fois avec un policier, et demander lui-ci, à l'école d'instruction, quand on lui apprend à tirer, on lui apprend à tirer sur le capot d'une voiture pour l'arrêter, je vais même vous dire, si le policier avait tiré sur le capot, il aurait été devant l'IGPN parce qu'on lui aurait dit qu'il n'a pas à tirer sur le capot, et c'est là où en fait il y a une déconnexion avec la réalité.
04:24Le matin où il y a Mollinier sur Europe 1 qui expliquait qu'ils n'ont pas la consigne de tirer dans les pneus, parce que justement il peut y avoir après des accidents, des dommages collatéraux.
04:32Donc en réalité, cette affaire, elle dit aux 150 000 policiers de France, aux 250 000 policiers et gendarmes, que quand il arrive ce genre de choses, vous laissez partir et vous ne tirez pas, puisque ce sera vous le coupable.
04:45Nathan Devers.
04:47Je crois qu'il faut rappeler une chose sur l'affaire Nael, c'est que l'importance qu'elle a prise dans le débat public et dans la conscience collective est due aussi au fait que tout de suite, le jour même, il y a une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, vidéo où on voyait en grand angle les faits en direct.
05:05En cela, il y a une comparaison qu'on peut faire, mutatis mutandis, j'arrête là la comparaison, mais avec l'affaire Floyd, où dans les deux cas, vous avez une affaire judiciaire qui commence, le temps de la justice, il est long, il est complexe.
05:17Une vérité judiciaire, tout le monde le sait, ce n'est pas exactement la même chose que la vérité factuelle, parce que c'est une vérité qu'on construit selon des procédures d'enquête, d'audition, de preuves, etc., et avec évidemment aussi un principe qui est la présomption d'innocence.
05:30Or, évidemment là, quand il y a eu ces images qui ont été diffusées, que toute la France a vu en 24 heures, le Président de la République lui-même a eu ses propos que vous avez cités sur un geste inexcusable et inexplicable, tout le monde, si vous voulez, a eu une émotion, parce qu'évidemment c'est dramatique, il y a eu les émeutes, il y a eu des députés LFI, moi c'est à ce moment là que j'ai estimé vraiment qu'il y avait une dimension anti-républicaine à la France Insoumise, c'est quand il y a eu les émeutes,
06:00et que certains députés, dans les médias, disaient, nous refusons d'appeler au calme tant qu'il n'y a pas la justice, alors qu'évidemment la justice, elle prend son temps, ça ne se fait pas en deux jours la justice, on ne fait pas des procès d'exception, donc la justice avait commencé...
06:13C'est les héritiers de la Révolution !
06:14Bien sûr, mais normalement quand on est de gauche, ça pouvait se faire en quelques heures, en quelques minutes même, mais donc la justice était déjà en train de commencer à faire son travail, et c'était très grave de ne pas vouloir appeler au calme, et donc il y avait eu toute cette logique, si vous voulez, de déferlement d'une société qui est incapable d'avoir à la fois de l'émotion, mais de prendre son temps sur l'analyse,
06:37je crois qu'il est extrêmement important de dire, la justice fait un travail qui est long, qui est complexe, avec des revirements, ensuite il y a des audiences, il y a des procès, chacun s'exprime, il y a des appels, donc si vous voulez, tout ça est très complexe, et il faut pouvoir séparer l'immédiateté de l'émotion que tout le monde a ressenti, la mort de Nahel, l'émotion unanime que ça a suscité dans le pays, ensuite l'analyse judiciaire des choses, je crois qu'il faut avoir l'humilité,
07:01moi je n'ai pas travaillé sur le dossier comme Jules en plus, mais l'humilité de dire, attendons de voir ce qui en sortira, le fin mot judiciaire de cette affaire, peut-être dans très longtemps.
07:09Jules Torres, en attendant, on verra si ce procès a lieu véritablement, si le parquet est suivi, en tout cas la réquisition est sévère.
07:17Mais là aussi, la complexité dans cette affaire, c'est les nombreux rapports d'experts, il y a des rapports d'experts qui sont commandés par la défense, il y a des rapports d'experts qui sont commandés par les partis civils, et parfois, et bien, il varie.
07:28Moi, la question que je me pose, en réalité, c'est que j'ai malheureusement peur que ce policier soit le symbole de ce tribunal médiatique, de ce tribunal politique qui a eu lieu, et que finalement, on en fasse un exemple, je ne veux pas accabler le parquet de Nanterre, c'est l'un des parquets les plus à gauche qu'on connaît en France, c'est celui qui a mis ce qualificatif de meurtre, ils n'ont pas de domicile involontaire.
07:54Donc, je ne sais pas comment ça va se dérouler, mais j'ai bien peur...
07:57Mais sa vie est brisée, de toute façon, à ce policier, et le message qu'on envoie aux forces de police, il est terrible, ils sont sur la brèche.
08:04C'est que les policiers, quand ils font usage de leur arme, et bien, ils ne se disent pas, en fait, je vais être accusé de meurtre, je ne suis pas un tueur.
08:11Un policier, s'il y a une seule chose qui peut réussir dans toute sa carrière de policier, et bien, c'est de jamais utiliser son arme, c'est de jamais sortir son arme.
08:20Quand on sort son arme, moi j'ai discuté avec des dizaines et des dizaines de policiers, ils ont la crainte de l'IGPN, ils ont la crainte de leur propre vie, ils ont la crainte de la vie de la personne en face.
08:31Il n'y a aucun policier qui vous dira qu'ils avaient envie de tuer.
08:33Ils ne se lèvent pas le matin en se disant aujourd'hui, voilà, je vais me sortir de mon arme, bien sûr.
08:37Depuis ce 27 juin 2023, j'ai discuté avec beaucoup de policiers, et ils ont ce même sentiment que, bien, on les accable, qu'on les désarme finalement, désarme idéologiquement, qu'on les désarme même matériellement.
08:50Et donc, on se remettra, à mon avis, enfin, les policiers et la profession se remettra, à mon avis, jamais de ce procès.
08:56Nathan Devers, vous êtes d'accord ?
08:58Je crois qu'il y a une folie collective dans la manière dont le débat public pose la question de la police.
09:03La police est une institution.
09:05Comme toutes les institutions, on peut la critiquer.
09:07Dire que l'hôpital public, aujourd'hui, va très mal, je suis en train de le voir quasiment en direct, ce n'est pas insulter les soignants, ce n'est pas insulter les infirmiers, ce n'est pas insulter le personnel qui y travaille.
09:17C'est juste dire qu'il y a un problème de budget, d'organisation, de doctrine.
09:21Dire que dans toutes les institutions, il y a aussi des mauvais éléments, il y a des mauvais profs, il y a des mauvais soignants, il y a des mauvais journalistes, il y a des mauvais policiers ici ou là, c'est une chose.
09:30En revanche, ce qui est en jeu, c'est que souvent quand on parle de la police, on passe de la critique républicaine d'une institution à l'insulte ad hominem contre des personnes.
09:42Quand on dit à cab, tous les policiers sont des bâtards, on insulte des gens et on fait un essentialisme.
09:47J'aimerais juste te rappeler une chose, c'est que sur la question de quand la police poursuit quelqu'un, il y a cette loi de 2017 qui est problématique.
09:55Il faut aussi rappeler que c'est un problème de doctrine.
09:58Avant même l'action individuelle d'un policier, comment il fait dans l'instant, est-ce qu'il tire, est-ce qu'il ne tire pas, où ça ?
10:03Il y a une loi qui a été votée en 2017 et qui est dénoncée par beaucoup de policiers comme problématique parce qu'elle n'est pas claire sur les conditions d'utilisation d'une arme.
10:12Merci beaucoup Gilles Torres, Nathan Devers, c'était trop court et c'était passionnant une fois encore. On se retrouve demain bien sûr pour de nouvelles aventures.

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