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Dans son édito du 01/12/2024, Jules Torres revient sur le budget de l'Etat.

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Transcription
00:00Allez, c'est l'heure de l'édito politique de Jules Torres qui nous accompagne ce matin.
00:03Jules, alors que les tensions explosent autour du vote du budget pour 2025
00:08et que le spectre d'une motion de censure hante les couloirs de l'Assemblée,
00:11l'avenir politique français semble incertain, dites-nous.
00:14Il est incertain, il est trouble, parce que d'un côté il y a un ultimatum,
00:18un sans détour qui est lancé par l'ERN à Michel Barnier,
00:21pas de concession, pas de budget, et de l'autre on a un nouveau front populaire
00:25déterminé à contrer un gouvernement à la moindre invocation du 49-3
00:29et honnêtement, le scénario se resserre dangereusement.
00:32C'est-à-dire que dès demain, on pourrait avoir un 49-3 sur le projet de loi
00:36de budget de la Sécurité sociale, et donc un dépôt d'une motion de censure
00:40et 48 heures plus tard, donc mercredi, une première motion de censure.
00:44Alors à Matignon, évidemment, on serre les rangs et on dramatise.
00:48Une censure, c'est le chaos, avertissent les conseillers de Michel Barnier.
00:52Côté Bercy, c'est le branle-bas de combat.
00:54Ce dimanche, les deux ministres en charge des cordons de la Bourse
00:57montent sur le front médiatique.
00:59On a dans le JDD Antoine Armand, le ministre de l'économie,
01:02qui tire à boulets rouges sur Marine Le Pen et qui l'appelle à la responsabilité.
01:06Un appel qui honnêtement, sonne un petit peu comme un cri de détresse.
01:10Et de son côté, il y a Laurence Saint-Martin, ministre du budget,
01:13qui choisit le parisien pour marteler une autre ligne rouge.
01:16Pas question de toucher au budget de la Sécurité sociale,
01:19et ce malgré les pressions toujours plus fortes du RN.
01:21Alors oui, honnêtement, on peut le dire Anthony, la censure n'a jamais été si proche.
01:25Je crois que le RN a été très clair là-dessus.
01:27Si nos lignes rouges sont franchies, disent-ils, nous censurerons.
01:30Oui, et depuis plusieurs jours, on a bien vu que Marine Le Pen avait fait monter la température,
01:34avait fait monter la pression face à Michel Barnier,
01:37qui multiplie pourtant les gestes d'ouverture,
01:40notamment sur la ME, sur la proportionnelle.
01:43Bien, la chef du Rassemblement national, elle reste inflexible.
01:46Marine Le Pen, elle a fixé un ultimatum jusqu'à demain lundi.
01:50Elle est un petit peu, finalement, experte dans l'art du link-sheet.
01:54Vous savez, c'est ce supplice chinois aux mille coupures.
01:58Elle fragilise Michel Barnier un petit peu plus chaque jour.
02:01Je ne connaissais pas, j'apprends le link-sheet.
02:03Donc, avec sa méthode, elle avance un petit peu ses pions,
02:06en sachant pertinemment que la menace de censure pourrait en porter bien plus que le gouvernement.
02:11Mais attention, parce que Marine Le Pen et le RN ne sont pas les seuls à souffler sur les braises.
02:16Dans la majorité déchue, certains anciens ministres jouent un jeu tout aussi dangereux.
02:22On pense notamment à Hervé Berville, Thomas Cazenave, Roland Lescure.
02:25Des figures déclassées qui implorent presque que Marine Le Pen censure Michel Barnier,
02:30dans l'espoir d'un retour en grâce.
02:32Roland Lescure, notamment, il rêve à voix haute d'un poste de vice-premier ministre
02:36dans un hypothétique gouvernement de coalition.
02:39Un gouvernement d'où Laurent Wauquiez scellerait un pacte de non-censure avec la gauche.
02:43En somme, on voit bien que chacun calcule, intrigue et manipule,
02:47quitte à précipiter la chute du gouvernement.
02:49Et si le gouvernement tombe, quelles sont les options sur la table ?
02:52En cas de motion de censure et donc de démission du gouvernement,
02:55Emmanuel Macron serait obligé de revenir sur la politique nationale.
03:00Mais alors pourquoi faire ?
03:01Il y a évidemment plein d'options qui sont conférées par la Constitution.
03:05Alors déjà, la première des choses, c'est qu'il pourrait renommer Michel Barnier et ses ministres.
03:09Un autre scénario, il pourrait faire un gouvernement Barnier II
03:13ou un nouveau premier ministre issu du socle commun.
03:16Il pourrait aussi opter pour un gouvernement technique,
03:18on en parle beaucoup ces derniers jours.
03:20Sinon Emmanuel Macron, il pourrait laisser traîner un gouvernement démissionnaire pendant des semaines.
03:24C'est ce qu'il avait fait après les élections législatives.
03:26Et enfin, il y a l'option NFP avec la nomination de Lucie Castex.
03:30Bon, autant vous dire que tout cela ne semble pas très crédible à ce stade.
03:34C'est d'ailleurs face à cette impasse politique et législative
03:38que les appels à la démission d'Emmanuel Macron se multiplient ces derniers jours.
03:42Une perspective que le Président, évidemment, rejette avec fermeté,
03:46mais qui gagne du terrain dans l'opinion publique.
03:4862% des Français sont favorables en cas de chute de Michel Barnier,
03:52selon un sondage CSA.
03:54On a donc ce spectre de la double chute, celle de Michel Barnier et d'Emmanuel Macron,
03:58qui hante désormais la République.
04:00Car ici, il ne s'agit pas simplement de sauver un gouvernement en sursis.
04:04L'enjeu pour le chef de l'État, c'est sa propre survie politique
04:07et la trace qu'il laissera dans l'histoire.
04:09Michel Barnier, comme Emmanuel Macron,
04:11joue leur avenir politique dans les 72 prochaines heures.
04:14Et la moindre erreur pourrait tout faire basculer.
04:16Ce n'est plus donc seulement une bataille judiciaire,
04:18c'est une épreuve de vérité.

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