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Quelle législation mettre en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire et favoriser les initiatives anti-gaspi ? C’est la question posée dans ce débat. Arash Derambarsh, adjoint au maire de Courbevoie et Daniel Sauvaget, PDG d’Écomiam, nous proposent des solutions.

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00:00Générique
00:06Le débat de ce Smart Impact, on parle lutte contre le gaspillage alimentaire avec Daniel Sauvaget, bonjour.
00:12Bonjour Thomas.
00:13Bienvenue, vous êtes le patron, le PDG des Comiam, Arrache de Rembarche, bonjour.
00:18Et bienvenue à vous aussi, adjoint au maire de Courbevoie.
00:21On commence par une question de présentation des Comiam, vous l'avez créée il y a...
00:25Quinze ans.
00:26Quinze ans, avec quelle idée ?
00:27Avec l'idée de valoriser le savoir-faire de la production agricole française
00:32de manière très compétitive pour le consommateur.
00:34C'est ça ma démarche initiale, je suis moi-même fils d'agriculteur et mon obsession c'est ça,
00:39c'est de trouver les moyens de vendre, de faire en sorte que les gens mangent français à un bon prix.
00:44Oui, avec quel type de produits ?
00:46Donc les produits que vous trouvez partout.
00:50Nous avons commencé avec une offre plus brute si vous voulez, des produits à cuisiner.
00:54Puis au fil du temps, nos clients nous ont demandé des plats à cuisiner, tout vite fait.
01:00Et donc pour rester dans cette logique, j'ai trouvé un partenaire qui cuisine les produits bruts
01:06que je commercialisais, que j'allotis en petites barquettes.
01:09Je vends ça sous le vocab Gamel Gourmand pour que les gens aient le sentiment de pouvoir consommer
01:13comme s'ils l'avaient préparé eux-mêmes à la maison.
01:15Avec une lutte contre le gaspillage alimentaire que vous avez intégré assez vite à votre procès ?
01:22Oui, dès le départ, si vous voulez, la notion RSE, c'est déjà un qu'on mange français le plus possible.
01:27Les importations sont en train de ruiner notre économie à vitesse grand V.
01:32On le voit avec différentes étapes.
01:34On a perdu quand même 100 000 à l'exploitation agricole entre 2010 et 2020, 25 par jour.
01:38C'est vaut dire quand même.
01:40Donc c'est une forme de résistance qu'on propose.
01:43Et puis le gaspillage alimentaire, c'est l'offre surgelée que nous faisons, portionnée,
01:48qui permet au consommateur de prélever dans les sachets ce dont il a absolument besoin et d'épargner ce dont il ne gaspille pas.
01:55Il peut réutiliser à sa guise après.
01:57Donc ça, c'est toute cette logique d'éviter tout le superflu.
02:00Donc toute notre offre est présentée très simplement dans des sachets très épurés.
02:04On présente et avec un avantage extraordinaire, c'est que le consommateur voit ce qu'il achète.
02:09Il n'y a pas de packaging avec des belles photos et puis des déceptions arrivées à la maison.
02:14Là, on voit ce qu'on achète.
02:16On est en confiance et on va même jusqu'à afficher le prix auquel nous nous achetons le produit.
02:21La marge que nous prenons sur les produits pour que les choses soient claires et que le consommateur soit en parfaite confiance avec nous.
02:27Arrache de Rembarche, que fait la ville de Courbevoie ?
02:29Le gaspillage alimentaire, c'est vraiment un objectif depuis un certain nombre d'années d'ailleurs.
02:36Absolument Thomas-Luc.
02:36D'abord, félicitations à Daniel Sauvaget qui fait honneur vraiment à notre pays sur le plan entrepreneurial.
02:42Donc vraiment un grand honneur d'être à vos côtés, Monsieur Sauvaget.
02:46Alors moi, en ce qui me concerne, tout d'abord, j'ai d'abord milité en tant qu'élu municipal en 2014 pour qu'une loi sur le gaspillage alimentaire soit votée.
02:57On a obtenu cette loi le 3 février 2016.
03:00En fait, les 9e années.
03:03Sur le plan national, c'est plus de 10 millions de repas qui sont sauvés et redistribués pour les associations caritatives.
03:09Une hausse de plus de 22% pour le don des associations.
03:13Mais on continue à jeter Thomas-Luc.
03:16Donc il fallait ne pas être simplement dans le rapport de force avec la grande distribution et cette chaîne alimentaire qui était effectivement déséquilibrée et malade.
03:27Le rapport de force n'était pas très constructif.
03:29Donc du coup, j'ai demandé au maire de Courbevoie, Jacques Ossowski, qu'on puisse créer un laboratoire sur le plan local pour revenir ensuite vers le parlementaire et obtenir gain de cause et avoir des bénéfices concrètement.
03:42Alors justement, concrètement, ce laboratoire, qu'est-ce que vous avez mis en place dans la ville ?
03:45La loi de 2016 impose au supermarché de plus de 400 mètres carrés de redonner leurs invendus alimentaires aux associations de leur choix.
03:53Nous, à Courbevoie, on a voulu ne pas aller sur un seuil quelconque.
03:59Donc tous les commerces sont confirmés.
04:02On est ensuite allé vers la restauration hospitalière, puis la restauration scolaire, puis les commerces de bouche, c'est-à-dire les marchés, les restaurants, les supermarchés,
04:13qui sont, on va dire, pas des supermarchés ou des super-rettes, mais des supermarchés qui produisent directement.
04:20Et puis nous sommes allés vers les EHPAD et les maisons de retraite.
04:23Les résultats ont été immédiats.
04:26On a sauvé plus de 500 000 repas en 5 ans.
04:30On a obtenu le soutien des Nations Unies, de la FAO.
04:34Courbevoie est devenue en 5 années une ville Green City.
04:37C'est la première fois qu'une ville française obtient ce label.
04:40Et l'objectif pour nous, c'est de pouvoir étendre ce projet à toutes les autres communes.
04:45Paris-Ouest, La Défense, La Fête.
04:47On reviendra sur l'aspect réglementaire et sur ce qu'on peut faire évoluer encore dans la loi.
04:55Vous lancez, Daniel Sauvaget, une initiative qui s'appelle Zéro Gaspi.
04:58Zéro Gaspi est engagé. C'est quoi ?
05:00Quand on a des produits, c'est assez rare.
05:05On évite d'avoir des produits en date limite de consommation.
05:08Surgelés, on a beaucoup plus de temps qu'en frais.
05:10Mais quand ça se produit, ou des produits qui n'ont pas rencontré le succès auprès des consommateurs,
05:15on fait des efforts sur le prix.
05:17On propose aux consommateurs soit de prendre le bénéfice pour lui-même de la totalité de l'effort tarifaire que nous faisons,
05:22soit de la partager.
05:24Et nous, on flèche cet argent-là pour aller au soutien d'initiatives qui sont des associations autour de la FNSEA,
05:31les agriculteurs, pour financer des projets d'une meilleure gestion carbone,
05:35par exemple dans les exploitations agricoles,
05:37où nous avons créé par exemple un oasis de biodiversité aussi à Quimper.
05:41Et pour aller dans le sens de M. Adja Romère,
05:45qui est fascinant ce que vous avez entrepris,
05:49nous avons passé un accord avec Finiterrest,
05:52qui est une initiative assez remarquable dans le Finistère,
05:55et nous avons sauvé 70 000 paniers de fruits et légumes frais.
05:59Donc là, on joue avec nos magasins, nous sommes partenaires de cette initiative
06:04pour que les gens puissent commander sur le net ces paniers,
06:07qui seraient des légumes ou des fruits qui disparaîtraient autrement,
06:11qui seraient perdus, qui sont donc recyclés grâce à cette initiative,
06:15et ils viennent les récupérer dans nos magasins.
06:17Pourquoi ils seraient perdus ?
06:18Parce qu'ils arrivent en disant, là on est en frais,
06:21je suis partenaire d'une association qui sauve les légumes
06:25qui n'ont pas trouvé preneur dans la grande distribution ou dans les circuits classiques,
06:29et donc ils font des paniers, des petits cajots comme ça,
06:32et ils les vendent sur le net, et nous on propose,
06:35on est partenaire quand même dans tous nos magasins, les 65 magasins,
06:39et les consommateurs viennent récupérer leurs cajots-là
06:42et compléter leur offre avec bien sûr nos produits surgelés.
06:45Ça me fait penser à une absurdité dont on a déjà parlé ici,
06:48enfin en même temps on en est tous responsables en tant que consommateurs,
06:50c'est ce qu'on appelle les légumes ou les fruits moches,
06:52qui ne sont pas moches d'ailleurs, 9 fois sur 10,
06:55mais qui ne rentrent pas dans les cases,
06:56ils sont un peu trop petits, un peu comme ci, un peu comme ça.
06:58Les supermarchés maintenant ont l'obligation,
06:59c'était une des choses sur lesquelles nous avons milité,
07:03pour que les supermarchés aujourd'hui puissent intégrer dans leurs rayons
07:06des endroits qui puissent à bas prix vendre ces produits
07:12en intégrant le label fruits moches,
07:14je suis toujours consommable et toujours aussi bon.
07:17C'est vraiment fantastique parce que vous contribuez,
07:20c'est ce que je dis toujours, la green economy, l'économie verte,
07:23permet non seulement de créer des emplois
07:25et de pouvoir s'investir sur l'intérêt général,
07:29c'est exactement sur lesquels nous nous battons
07:31pour que ce genre de société puisse prospérer.
07:33Vous nous parliez de la loi de 2016,
07:35elle est appliquée, bien appliquée, qu'est-ce qu'on peut en dire ?
07:39La loi n'est pas appliquée, pourquoi ?
07:41Parce qu'il y a un problème, clairement,
07:44on a sur cette chaîne alimentaire 80% de la distribution
07:48qui est tenue par la grande distribution.
07:51Le problème dans cette grande distribution,
07:53c'est qu'un tiers dépend des sièges sociaux,
07:55deux tiers sont des franchisés.
07:57La loi permettait d'encadrer ceci,
08:00donc il fallait que le politique vienne et remette un peu d'ordre
08:02dans cet imbroglio.
08:04On voyait le Javel jeter sur les invendus alimentaires,
08:06ça c'est un vrai scandale.
08:07Mais ça, ça n'existe plus.
08:08Ça existe encore.
08:09Mais oui, mais ce n'est pas légal,
08:10donc il risque une amende, c'est ça ?
08:12Il risque une amende, c'est 10 000 euros
08:14pour les supermarchés de plus de 400 m².
08:16Dorénavant, avec la proposition de loi de Marie-Edouard Schliemann
08:18que j'ai sollicité l'année dernière,
08:20qui a été déposée le 20 janvier 2025,
08:22les supermarchés, non plus de 400 m²,
08:24mais de 200 m²
08:26seront dans l'obligation de redonner leurs invendus alimentaires.
08:29Et la pénalité ne sera plus de 10 000 euros,
08:31mais de 0,1 à 0,5% du chiffre d'affaires.
08:36Pourquoi ?
08:37Il y a eu un appel, M. Thomas Hugues,
08:39sur la baisse des dons.
08:43C'est-à-dire que les Restos du Coeur et la Banque Alimentaire
08:46ont lancé un appel pour dire
08:48nous avons une baisse de nos dons alimentaires.
08:50D'un côté, la loi sur le gaspillage alimentaire
08:52n'était pas très bien appliquée.
08:54De l'autre côté, il fallait toucher beaucoup plus d'invendus.
08:56En allant vers ces supermarchés de 200 m²,
08:59ça nous permet de toucher 5 à 6 000 nouveaux supermarchés.
09:03Donc on va avoir une augmentation des dons alimentaires
09:06avec une incitation.
09:09L'incitation, sinon, en cas de manquement, il y aura une pénalité.
09:13C'est à la fois la carotte et le bâton quand même.
09:15Toujours, bien sûr.
09:17Mais pourquoi ? Parce que le politique doit reprendre la main sur ces sujets-là.
09:20Parce que la réalité, c'est que si vous laissez simplement
09:23un système économique biaisé,
09:25les vraies victimes sont les agriculteurs et les consommateurs.
09:28Alors justement, Daniel Sauvaget,
09:30si on parle de grandes distributions,
09:32souvent, quand on se balade dans les rayons,
09:35les produits français semblent vraiment, véritablement mis en valeur.
09:40Est-ce qu'entre ce qui est affiché et la réalité de ce qu'ils vendent,
09:44il y a un décalage important pour vous ?
09:46Oui, de plus en plus.
09:47L'origine française, c'est la Libye.
09:49Tout le monde aujourd'hui, surtout là, pendant le salon de l'agriculture,
09:52tout le monde se part de belles vertus.
09:55Tout ça, c'est quand on regarde,
09:57on voit quand même que l'émergence,
09:59notamment des centrales d'achat européennes,
10:01favorise l'achat, au contraire, international.
10:04Et j'ai rencontré, je suis sur le salon en ce moment,
10:07je m'y promène, je côtoie des collègues PME,
10:11industriels, agroalimentaires,
10:13qui me disent, pour nous, c'est dramatique
10:15parce qu'on n'a pas la capacité de pouvoir négocier
10:18au niveau des centrales européennes.
10:20Nos entreprises ne sont pas structurées pour répondre à ce type d'appel d'offres
10:24en termes de volume, en termes d'exigence logistique.
10:27Et donc, ils s'écartent.
10:28Et le gâteau qui était accessible aux PME françaises
10:31se réduit petit à petit au profit.
10:34Et plus ça se passe comme ça,
10:36plus on affiche des belles initiatives vertueuses.
10:40Plus vous trouvez une célèbre animatrice de télévision
10:44qui lance une initiative au soutien du monde agricole,
10:48ce qui est très bien, attention,
10:50je ne veux surtout pas dénigrer sa démarche.
10:51Et comme par hasard, vous voyez,
10:52tous les grands patrons de la distribution
10:54qui viennent dire qu'on soutient...
10:55C'est pas très logique si à côté de ça,
10:56on est sur des centrales d'achat européennes
10:58qui empêchent les PME de grandir.
11:00On peut le dire qu'en parallèle,
11:01ils achètent de plus en plus à l'étranger.
11:03Vous, vous êtes dans un objectif aussi
11:05de rémunération juste des agriculteurs.
11:08Ça veut dire quoi ?
11:09Ça veut dire que vous avez les partenariats
11:10avec un certain nombre de fermes que vous avez choisies ?
11:12Avec tous nos fournisseurs,
11:13nous avons un cahier des charges bien strict
11:15qui définit les modalités.
11:17Je prends un exemple,
11:18alors c'est pas le cas actuellement,
11:19le port se porte bien, ils vont très bien,
11:21mais il y a des époques où c'est particulièrement douloureux.
11:24Je ne baisse pas mes prix d'achat
11:26au moment des crises,
11:27parce que je ne veux pas être complice
11:29à l'opérisation du monde agricole.
11:31Donc on a défini des règles du jeu,
11:33des temps longs sur les accords de prix
11:35et surtout la particularité chez Comium,
11:37comme j'affiche mes prix d'achat,
11:39je m'interdis d'aller demander des restos en arrière
11:42ou des budgets sur des opérations,
11:44parce que ça, ça dénature complètement le commerce.
11:47C'est-à-dire qu'on impose un prix au producteur,
11:49on impose un prix au consommateur
11:51et entre les deux, il y a une nébuleuse
11:53avec un rapport de force qui est de plus en plus
11:55du côté de la distribution
11:57et donc des industriels qui mettent la pression
11:59sur leur amont pour avoir les moyens
12:01de répondre aux exigences de la distribution.
12:03Tiens, il nous reste une minute,
12:04une petite question de curieux sur les marchés.
12:06Les marchés de Courbevoie,
12:07parce que là, ce n'est pas des commerçants locaux,
12:09ils viennent d'un peu partout.
12:10Vous leur faites signer une charte,
12:11comment ça se passe ?
12:12Oui, absolument.
12:13La charte a été signée par tous les commerçants.
12:15C'est une délégation de services publics.
12:17Donc on a trois marchés à Courbevoie,
12:18Bécon, Centre et au Foubourg de l'Arche,
12:21parce qu'on a la moitié du quartier d'affaires
12:23de la Défense chez nous.
12:24C'est très difficile à mettre en place,
12:26mais c'est une volonté politique.
12:28Je le répète et je l'envoie le message
12:30à tous mes collègues élus.
12:31C'est une volonté politique.
12:32Ça coûte zéro euro pour le contribuable.
12:34Et l'objectif, c'est de faire émerger aussi
12:36des nouvelles structures de la green economy
12:39comme cette belle société qu'on a.
12:42On a également d'autres comme Full Soon,
12:44comme Phoenix, par exemple, ou Linky.
12:47Les start-up françaises et les entreprises françaises
12:50ont un sens de l'intérêt général.
12:52C'est pour ça que je dis à M. Sevagé
12:54vraiment tout mon respect.
12:55Merci beaucoup à tous les deux
12:56et à bientôt sur Be Smart For Change.
12:58On passe tout de suite à notre rubrique
13:00Prêt pour l'impact.

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