Un homme a attaqué plusieurs personnes au couteau ce samedi à Mulhouse, causant la mort d'un sexagénaire et blessant trois autres policiers municipaux. Le suspect, qui a pu être interpellé, était fiché pour prévention du terrorisme et avait "un profil schizophrène". Emmanuel Macron a parlé d'"un acte de terrorisme islamiste" qui "ne fait pas de doute".
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00:00Bruno Retailleau avec l'Algérie, Mathieu Croissando, après l'attaque au coucou de Mulhouse qui met en cause un Algérien qui était sous OQTF,
00:09que la France a essayé d'envoyer dix fois en Algérie, qui est revenu dix fois en France parce que l'Algérie n'en a pas voulu.
00:14Le ministre de l'Intérieur veut changer de braquet, c'est ce qu'il a dit ce week-end. Il veut instaurer un rapport de force avec l'Algérie.
00:21Mais pardon, c'est des mots tout ça. Quelle marge de manœuvre a le ministre ?
00:25Elle est mince. Il ne peut pas faire grand-chose. Non pas qu'il n'y ait pas grand-chose à faire, mais d'abord parce que la politique étrangère en général
00:32et la question des relations avec l'Algérie en particulier, ça n'est pas de son ressort. Bruno Retailleau, c'est un domaine réservé du président de la République
00:39et surtout de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud, d'ailleurs, qui ne partage pas la même vision que Bruno Retailleau.
00:47La diplomatie, c'est toute une palette d'outils, a dit hier le ministre des Affaires étrangères sur Europe 1.
00:52Ce qui nous intéresse, c'est la sécurité des Français, ce n'est pas le rapport de force pour le rapport de force.
00:56Après, Bruno Retailleau, comme tout le monde, a le droit de donner son avis, ses préconisations, mais sur ce dossier-là, il n'est pas décisionnaire.
01:04Et Bruno Retailleau qui évoquait plus précisément la question des OQTF, les obligations de quitter le territoire français.
01:09Oui, parce qu'on rappelle que les autorités françaises en prononcent beaucoup, plus de 130 000 par an, que celles-ci peuvent faire l'objet de recours,
01:15elles peuvent parfois même être annulées et que même lorsqu'elles sont validées, il faut ensuite les faire exécuter.
01:20C'est un débat qu'on a de façon récurrente sur ce plateau notamment.
01:24Pour les faire exécuter, non seulement il faut qu'on en ait les moyens, je disais qu'il y en a un peu plus de 135 000.
01:28À titre de comparaison, on a 250 000 policiers et gendarmes.
01:31Vous imaginez s'il fallait tous les faire exécuter par la police, ce que ça donnerait.
01:35Puis il faut enfin, ensuite, et surtout, et j'y viens, que le pays d'origine accepte de reprendre ses ressortissants.
01:41Or, oui, l'Algérie, en la matière, fait preuve de très mauvaise volonté.
01:46Le suspect de l'attaque de Mulhouse, vous le disiez tout à l'heure, Adeline, avait été refusé dix fois par les autorités algériennes alors même qu'il était algérien.
01:53D'où la volonté de Bruno Retailleau d'engager ce rapport de force.
01:57Le problème, c'est que la méthode forte, un peu façon Trump, c'est pas si simple et c'est même parfois simpliste.
02:03C'est surtout pas la solution la plus efficace.
02:06On l'a fait, on l'a testé, la méthode forte, vous vous souvenez, en réduisant drastiquement le nombre de visas pour les Algériens entre 2020 et 2021.
02:13Ces années-là, on a eu 800 reconduites à la frontière, disait hier Jean-Noël Barrault, le ministre des Affaires étrangères.
02:20Et puis en 2022, on a changé d'approche avec un accord de coopération.
02:24Et qu'est-ce que ça a donné ? On a triplé le nombre d'expulsions.
02:28Donc ça montre que quand on se met d'accord, c'est quand même mieux que quand on engage un rapport de force.
02:31D'un mot, Mathieu, parce que dans un instant, on va rejoindre le ministre Benjamin Haddad à Kiev.
02:34Dans le viseur de Bruno Retailleau, il y a aussi un accord entre la France et l'Algérie qui remonte à 1968.
02:39Oui, mais alors là, ça n'a rien à voir avec les OQTF.
02:41C'est un document de huit pages, je l'ai là, qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens par rapport aux étrangers des autres pays,
02:47notamment en matière de circulation, de séjour ou d'emploi.
02:50Par exemple, une entrée en France et un accès accéléré à la délivrance d'un titre de séjour de 10 ans, par exemple.
02:54Cet accord, c'est le fruit de l'histoire et de l'imbrication entre les deux pays.
02:58Il a déjà été révisé trois fois.
03:00Alors Bruno Retailleau, il n'est pas tout seul.
03:01Il y a le Rassemblement national, il y a aussi Édouard Philippe, il y a aussi Gabriel Attal.
03:04Un rapport sénatorial qui vient de le réclamer.
03:06Il demande à le dénoncer, mais l'Elysée n'est pas chaude.
03:09Là encore, c'est un sujet épineux.
03:11Il y a quand même 900 000 Algériens et binationaux qui vivent en France.
03:14Tout ça, ça relativise les petites phrases de Bruno Retailleau, qui est un peu coincé en ce moment,
03:17parce qu'entre sa posture de fermeté qu'il adopte place Beauvau et les résultats qui tardent à venir, il se fait tenser.
03:23Notamment, on l'a entendu ce week-end par Jordan Bardella.
03:26C'est le problème de la politique de coup de menton.
03:28Ça n'a jamais fait pousser la barbe à personne.