Comment décarboner le sport ?Comment modifier les pratiques sportives et adapter les compétitions au dérèglement climatique ? Quelques jours après la parution du rapport Shift Project sur le bilan carbone du foot et du rugby, Sport etc lance le débat. Moins de déplacements des joueurs, adaptation des compétitions à la hausse des températures, réutilisation des maillots… Anne-Laure Bonnet et ses invités explorent différentes pistes pour réduire l’empreinte carbone du sport.Faire mieux avec moins, c’est l’équation difficile que Marie-Amélie Le Fur, nouvelle présidente de l’Agence Nationale du Sport aura à résoudre. Avec un budget raboté de 80 millions d’euros, comment rester à la hauteur des ambitions nées de Paris 2024 et des enjeux de santé publique ?Enfin, Eric Bellion, Skipper tout juste débarqué de son deuxième Vendée Globe, visage marqué par 93 jours de mer, volontairement coupé (du bruit) du monde, nous raconte son retour sur terre.Voici quelques-uns des thèmes abordés dans ce nouveau numéro de Sport Etc sur Public Sénat Année de Production :
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Retrouvez Sport Etc. avec l'Agence Nationale du Sport.
00:07Générique
00:16Écologie, voile, budget, bienvenue pour votre heure sportive sur Public Sénat.
00:21C'est parti pour une heure de débat et d'analyse.
00:24Tout de suite le programme de ce nouveau numéro de Sport Etc.
00:27Hausse des températures pénuriant nos émissions de CO2, le sport face aux changements climatiques.
00:32Le gouvernement et les principales fédérations sportives présentent leurs propositions.
00:36Peut-on imaginer un sport propre et quelles pistes pourraient y parvenir sans sacrifier les compétitions ?
00:43On l'a connu, médaillée paralympique et présidente du Comité Paralympique Français.
00:49Aujourd'hui c'est la nouvelle présidente de l'Agence Nationale du Sport que nous recevons,
00:53Marie-Amélie Le Fur, à qui nous demanderons comment elle espère relever les défis qui attendent le sport français avec un budget contraint.
01:03Après 93 jours de mer dans le Vendée Globe, Éric Bélion a rejoint les Sables d'Olonne hors course.
01:08Comment revient-on d'une épreuve pareille ? Quels souvenirs en garde-t-on ? Il est notre invité.
01:15Pour m'accompagner sur la ligne de départ aujourd'hui, Pierre-Jean Verzelen, vous êtes sénateur de l'Aisne-Les Indépendants République et Territoire.
01:24Bonjour.
01:25Bonjour.
01:26Marie-Amélie Le Fur, vous êtes présidente de l'Agence Nationale du Sport, notre partenaire sur cette émission, et du Comité Paralympique et Sportif Français.
01:35Je rappelle que vous êtes double médaillée d'or paralympique en son longueur et sur 400 mètres. C'est bien ça ?
01:40C'est juste, c'est ça.
01:41Bonjour. Éric Bélion, vous êtes navigateur. Vous comptez deux participations au Vendée Globe. Nous vous avons suivi tout autour du monde cet hiver.
01:50Nous sommes vraiment ravis de vous avoir parmi nous sur la terre ferme. Bonjour.
01:54Bonjour. Je suis ravi d'être là aussi.
01:56Imanol Korkostegui, vous êtes rédacteur en chef adjoint à l'équipe, qui est également notre partenaire sur cette émission. Bonjour.
02:03Bonjour.
02:04Une image pour commencer cette émission, celle de la bagarre rangée entre les Canadiens et les Américains.
02:09C'était lors d'un match officiel de hockey sur glace, neuf ans que les deux équipes ne s'étaient pas affrontées, alors que les tensions sont vives.
02:17On le voit dans la politique entre les deux pays. Le match, lui, a tourné au Pugilat.
02:23Justin Trudeau, le Premier ministre canadien démissionnaire, était dans les tribunes, alors que l'hymne américain a été sifflé juste avant la rencontre.
02:31Et puis après, trois bagarres en neuf secondes. Oui, c'est possible parce qu'on arrête le temps.
02:35Trois bagarres en neuf secondes. Le hockey, ça reste un sport où on voit des gestes engagés, à la limite parfois de la violence.
02:43Mais ça vous inspire quoi, Pierre-Jean Verzelen, ce genre d'image où vraiment ils se sont battus ?
02:51Oui. Alors que le hockey sur glace, je ne suis pas le grand spécialiste, mais c'est un peu comme le rugby.
02:56On y va de manière assez virile et à la fin, c'est vraiment un truc où on tombe tous dans les bras l'un de l'autre.
03:00Vous l'avez dit, la chose importante, au départ, c'est l'hymne américain qui est sifflé par le public canadien,
03:07qui fait suite évidemment aux propos de Trump en disant qu'on va faire du Canada le 51e état, enfin c'est ce qu'on souhaiterait.
03:14Mais évidemment, des enceintes sportives, vous avez des spectateurs, ce n'est pas des lieux étanches à ce qui se passe dans la société.
03:21Il y a de la vie, il y a des réactions. Et évidemment que dans un monde où les tensions politiques, géopolitiques vont se développer,
03:30où les relations se durcissent, c'est évidemment malheureusement des événements qu'on risque de voir se répéter.
03:35Et après, il ne faut pas non plus, sur un exemple, tout retirer. Il y a l'autre volet de la pièce où le sport est aussi des fois,
03:41avec le public, le truc qui permet de transcender, le truc qui permet de se parler, d'avoir des belles réconciliations.
03:46Il y a ça aussi. Mais ce type d'image, malheureusement, je pense qu'on va en voir de plus en plus.
03:50Il y avait longtemps qu'on n'avait pas vu ça quand même. Peut-être parce qu'on n'a plus de matchs Etats-Unis-Russie en hockey sur glace,
03:58puisque les Russes sont exclus.
04:00Ce qui est intéressant, c'est que pour ceux qui voudraient la preuve que le sport est le miroir de la société, de la politique,
04:05et même son théâtre d'expression, le hockey sur glace a toujours été un...
04:08Vous pensez qu'il faut dépolitiser le sport ?
04:10Non, non, pas du tout. Ce que je veux dire, c'est que le hockey sur glace a toujours été un très bon exemple de l'expression des enjeux géopolitiques.
04:16La guerre froide a été marquée par ces duels entre les Etats-Unis et le Canada d'un côté, et l'URSS.
04:22On pense évidemment au miracle sur glace des Jeux Olympiques d'hiver en 1980,
04:27après l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS, qui avait été marquée par cette tension-là.
04:32Et là, je suis d'accord. Ce qui est assez marquant, c'est de se dire que les tensions géopolitiques sont énormes,
04:39que la politique de Trump va avoir des conséquences terribles,
04:42de voir les Etats-Unis se rapprocher de la Russie, et du coup, les Etats-Unis et le Canada se diviser même au sein...
04:51Enfin voilà, dans cet espace-là, je trouve ça assez révélateur, très symbolique de ce qui se passe,
04:56et effectivement un risque que dans les mois qui viennent, on voit beaucoup, beaucoup d'images comme ça.
05:01Marie-Amélie Le Fur, on est plutôt loin des images qu'on voit dans les Jeux Olympiques normalement.
05:07Là, c'était évidemment hors Jeux Olympiques, mais ça pourrait se reproduire dans un an à Milan-Cortina, ce genre de choses.
05:14Effectivement, je pense qu'on est loin d'être sur ce qu'on attend du sport.
05:17Il y a une forme d'exemplarité, et quand bien même on peut entendre effectivement que le sport est miroir de la société,
05:22que le sport ne peut pas totalement être hermétique à ce qu'il se passe dans la société,
05:26on a quand même envie que dans les enceintes sportives, sur les terrains de pratique,
05:30il y ait une forme d'exemplarité, qu'il y ait une forme de neutralité,
05:33et je pense que c'est aussi toute l'action qui est actuellement menée en France.
05:36On craint ça en France, ce genre d'image ?
05:38Je pense qu'on a déjà eu des choses autour de certains comportements dans les stades,
05:43certains spectateurs, ce qui se passe aussi au sein même de certaines équipes sportives,
05:47donc il y a vraiment aussi un enjeu de continuer à travailler sur cette exemplarité
05:51dans les terrains sportifs, de la part des fédérations sportives,
05:54et je crois que c'est une action qui est actuellement menée au sein du ministère des Sports.
05:58Vous avez passé 93 jours en mer, ça vous a manqué l'actualité ?
06:02Je suis atterré.
06:04Je me suis complètement déconnecté, c'était ma volonté, d'avoir aucune nouvelle.
06:09Je suis parti, je savais que Trump était élu, mais je ne voulais aucune nouvelle.
06:16On savait ce qu'il allait faire.
06:18Savoir qu'un groupe de personnes est capable d'avoir ces conséquences-là, ça m'atterd totalement.
06:22On va complètement changer de sujet et on va aller s'enivrer d'embrun.
06:26Nous l'avons suivi depuis son départ des Sables d'Olonne
06:29pour son deuxième Vendée Globe le 10 novembre dernier.
06:31Éric Bélion a fini son éprouvant tour du monde et il est le grand témoin de sport.
06:4293 jours de mer, je le disais, votre premier sentiment
06:46quand vous avez posé le pied sur les pontons aux Sables, c'était quoi ?
06:51J'étais fier, fier alors que j'arrive hors classement,
06:54puisque j'ai demandé assistance au Malouine,
06:57mais fier d'avoir amené l'aventure jusqu'au bout.
06:59C'était pas facile de repartir hors compétition tout seul sur le bateau,
07:03retrouver la peur, retrouver la tension.
07:06J'étais content pour toute l'équipe qui avait travaillé,
07:10pour les partenaires, même pour le public.
07:12C'était vraiment une marque de respect que je voulais apporter à cette course que j'adore.
07:16C'était de la fierté d'avoir terminé sans avoir le sentiment d'avoir abandonné.
07:21Ça change quoi psychologiquement entre le fait d'être en course
07:26et le fait de rentrer pour juste rejoindre les Sables d'Olonne ?
07:31Est-ce que psychologiquement, il y a une différence ?
07:34Oui, c'est énorme.
07:36Imaginez, vous courez le marathon et au 30e kilomètre, vous êtes disqualifié.
07:41Vous êtes disqualifié, mais vous continuez.
07:43Sachant que les 12 derniers kilomètres, c'est les pires.
07:47Le bateau est fatigué, vous vous êtes crevé, etc.
07:50Il faut aller chercher en soi les vraies raisons pour lesquelles on fait ce sport-là.
07:56Parce que la compétition n'est plus là.
07:58Vous savez que vous ne pouvez pas gagner des places.
08:00Je suis allé chercher dans mon amour pour l'océan, mon amour pour mon bateau,
08:04l'amour que j'avais aussi pour les gens qui ont permis cette aventure d'être possible, de danser.
08:10J'ai beaucoup grandi personnellement.
08:13Ça a été un cadeau.
08:14Mais quand je suis parti de Malouine, j'ai vécu quatre jours d'enfer,
08:17puis des moments de solitude énormes.
08:19Parce qu'à quoi bon ?
08:21Il y a des moments où on se dit à quoi bon ?
08:23Quand je vois cette image-là, je me dis que c'est ce qu'il fallait faire.
08:26Justement, qu'est-ce qui explique cette folie ?
08:30On l'a vu, au Sable d'Olonne, il y avait 400 000 personnes pour le départ.
08:34Même au milieu de la nuit, quand il y avait un bateau qui arrivait,
08:37il y avait du monde, on le voit sur le chenal.
08:40Ça vient d'où ? Qu'est-ce qui explique cet engouement ?
08:44La fascination du public ?
08:46Déjà, il y a le terroir.
08:49Le Vendée Globe est né en Vendée, forcément.
08:52Ce n'est pas le vent des Globes.
08:55Il y a beaucoup de gens qui pensent ça.
08:57Déjà, il y a cet esprit vendéen.
08:59Avant, l'Internet n'existait pas.
09:01Ça se passait de bistrot en bistrot.
09:03Les gens savaient qu'un tel allait arriver à 2h du matin.
09:06Les gens s'attroupaient.
09:08Il y avait un troupement pour saluer.
09:10Je pense que c'est la fascination.
09:12La fascination, pas pour la vitesse, la technique,
09:15mais pour la solitude et la longueur.
09:18Avoir une femme ou un homme qui va partir aussi longtemps,
09:22aussi seul, dans des conditions aussi difficiles...
09:25L'océan, c'est l'environnement le plus hostile à l'homme.
09:29Ça, ça fascine.
09:32Les gens sont là pour ça.
09:35Est-ce qu'il y a eu un moment pendant votre course
09:38qui vous a particulièrement marqué ?
09:40J'en ai plein.
09:42Vous avez le droit à plusieurs.
09:44Il y a un moment très particulier.
09:47J'ai rencontré une baleine.
09:49C'est une vraie rencontre.
09:51Elle m'a dit que j'avais croisé une baleine.
09:53Je lui ai dit que non.
09:55Elle est venue me voir.
09:57Elle était très étonnée, très surprise par le bateau.
10:00Elle a dit qu'est-ce que c'est que ce truc qui vient chez moi ?
10:03Généralement, les baleines ne sont pas très curieuses.
10:06Mais là, elle était très curieuse.
10:08Il y a eu aussi des grosses tempêtes
10:10qui ont été des moments très beaux pour moi.
10:13Les moments les plus incroyables,
10:16et vous arrivez à la résoudre.
10:18C'est extraordinaire.
10:20Il y a un sentiment de fierté,
10:22d'accomplissement très fort
10:24quand j'ai réparé mes gouvernailles
10:26dans l'entrée de l'océan Indien.
10:28Quand j'ai réussi ma première réparation de mon étais,
10:31c'est-à-dire ce câble qui tient mon mât,
10:33qui malheureusement a lâché plus tard.
10:35Ce sont des moments de fierté géniales.
10:37C'est un sport mécanique.
10:39Nous, on est des pilotes de Formule 1.
10:41En plus, on répare notre voiture pendant qu'elle roule.
10:44Vous êtes des pilotes de Formule 1,
10:46des ingénieurs.
10:48Vous êtes en même temps les sportifs.
10:50Votre bateau n'avait pas de foils,
10:52ces appendices qui permettent de voler.
10:54Est-ce que vous aviez le sentiment
10:56d'être hors course
10:58ou de ne pas pouvoir participer
11:00complètement à la compétition ?
11:02C'était stratosphérique, les vainqueurs.
11:05Pas du tout.
11:07Il y avait de la compétition à tous les étages.
11:09Après, les premiers se sont envolés
11:11grâce à une dépression dans l'Atlantique.
11:14C'était un tapis volant.
11:16Nous, on n'a pas réussi à avoir.
11:18C'est sûr qu'on s'est dit
11:20que les premières places ne seraient pas pour nous.
11:22Maintenant, il y a eu de la baston à tout niveau.
11:24Je n'ai pas arrêté de me battre
11:26contre plein de skippers.
11:28La compétition a été vraiment à couteau tiré.
11:31C'était passionnant à suivre.
11:33Je vois que tout le monde vous regarde
11:35avec les mêmes yeux que les miens,
11:37chargés d'admiration.
11:39Pierre-Jean Verzelen, qu'est-ce que vous ressentez ?
11:42Qu'est-ce que ça vous inspire,
11:44ce genre d'exploit ?
11:46Évidemment, beaucoup de respect
11:48et d'admiration.
11:50J'ai découvert le Vendée Globe.
11:52À l'époque, il y avait une émission en européen
11:54qui s'appelait « Tout le sport ».
11:56À l'époque, il n'y avait pas d'image.
11:58Je crois que c'était Yves Parlier
12:00qui avait cassé son mât.
12:02Tout ça se faisait par téléphone.
12:04On vivait le truc le soir,
12:06en écoutant ce qui se passait.
12:08C'était très impressionnant.
12:10J'ai un copain qui s'appelle Thomas,
12:12qui est un fou de voile
12:14et un fou du Vendée Globe.
12:16Ça fait deux fois qu'il nous emmène au départ.
12:18Tous les quarts d'heure, il remet son bateau,
12:20il ressent pour repartir.
12:22Évidemment, nous sommes allés au départ
12:24il y a quatre ans.
12:26Je suis allé au départ cette année du Vendée Globe.
12:28Évidemment, c'est très impressionnant.
12:30Je suis le genre de type, au bout de deux heures,
12:32si je suis tout seul, une espèce de vide qui me prend.
12:34C'est ce que vous disiez.
12:36C'est très particulier d'être en face de soi-même.
12:38Même s'il y a un peu de réseaux sociaux.
12:40C'est une épreuve humaine incroyable.
12:42Marie-Amélie,
12:44vous, l'athlète ?
12:46Je trouve le discours absolument
12:48passionné et passionnant.
12:50C'est exactement ce qu'on attend du sport.
12:52Ce discours est porteur de valeurs.
12:54On a effectivement cette question
12:56de la solitude, de l'introspection.
12:58Vous nous avez parlé des bons moments,
13:00de ce moment magnifique, mais aussi de toutes les difficultés.
13:02Ce que je ressens dans ce discours,
13:04c'est toute l'école de la vie
13:06qu'est le sport.
13:08Au travers d'une aventure extrême qu'est le Vendée Globe,
13:10je pense qu'elle n'est pas à la portée de tout le monde,
13:12mais c'est finalement ce qu'on retrouve
13:14quasiment dans chaque pratique sportive.
13:16C'est une découverte de soi-même,
13:18des moments d'unité extraordinaire,
13:20des moments de ferveur exceptionnel.
13:22C'est vraiment ce qu'on aime dans le sport,
13:24quel que soit le niveau auquel il se pratique.
13:26Je suis passionnée du discours.
13:28Je reconnais tous l'idéal d'admiration.
13:30Il y a quand même une course à la technologie.
13:32Je parlais des foils.
13:34Est-ce que ça éloigne du côté aventure ?
13:36Ou est-ce que j'ai une vision trop romantique
13:38de ce que doit être la course au large ?
13:40C'est une vraie question.
13:42Avec Jean Le Cam,
13:44on a créé ces deux bateaux
13:46qui sont des bateaux très engagés,
13:48qui sont les seuls bateaux neufs
13:50cette année sans foils.
13:52Des bateaux qui sont
13:54beaucoup moins chers,
13:56qui émettent un tiers de moins de carbone
13:58parce qu'ils ont été mutualisés
14:00et que le design a été sur la légèreté
14:02et la simplicité.
14:04Nous pensons que c'est des bateaux d'avenir
14:06puisque l'avenir est à la légèreté
14:08et la simplicité,
14:10au moins cher,
14:12au moins impactant pour la nature.
14:14On est très à contre-courant.
14:16Je trouve,
14:18mais c'est une conviction que je ne partage pas
14:20avec tout le monde, chacun a son avis,
14:22qu'aujourd'hui, il y a de plus en plus
14:24d'argent dans la course au large
14:26et ça fait une sorte de ségrégation à l'argent.
14:28Plus on a d'argent, plus on est performant.
14:30Je trouve que la course au large,
14:32avant que la nature
14:34et notre société
14:36nous imposent des changements,
14:38devrait se transformer.
14:40C'est la fameuse phrase du guépard,
14:42pour que rien ne change, il faut que tout change.
14:44Nous, c'est notre proposition en disant
14:46qu'on peut avoir une course au large raisonnable,
14:48continuer à s'amuser.
14:50Pour le grand public, ça ne fait pas beaucoup de différence.
14:52Pour nous, les marins,
14:54on peut plus naviguer parce qu'on a des bateaux
14:56moins compliqués, plus faciles.
14:58C'est la proposition qu'on a emmenée
15:00et que je veux continuer d'emmener
15:02parce qu'il y a des convictions à porter très fortes.
15:04Le sport, c'est l'exemplarité
15:06et l'exemplarité à tout niveau.
15:08Demain, notre société doit se révolutionner,
15:10devenir plus raisonnable
15:12et le sport doit montrer l'exemple.
15:14Justement, on va y venir dans quelques instants
15:16mais avant ça, un mot sur la coqueluche,
15:18la chouchoute, vous voyez bien
15:20de qui je veux parler, la benjamine de l'épreuve,
15:22Violette d'Orange.
15:24Elle est devenue un véritable phénomène médiatique
15:26sur les réseaux sociaux.
15:28C'est dû à son jeune âge,
15:30à son enthousiasme,
15:32à sa façon de communiquer, c'est dû à quoi ?
15:34Je pense que c'est déjà dû
15:36au fait que c'est un super bon marin.
15:38Elle a beau être jeune,
15:40moi je l'appelle la teigne
15:42parce que je navigue souvent contre elle
15:44et elle lâche rien.
15:46Déjà, c'est un super bon marin
15:48et tout l'engouement, c'est super mérité.
15:50Effectivement, c'est une jeune femme
15:52de sa génération,
15:54qui a parfaitement maîtrisé les réseaux sociaux.
15:56Elle s'est racontée aussi tout avec beaucoup de sincérité
15:58et sans sincérité, ça n'aurait pas marché non plus.
16:00Oui, ça se voit.
16:02Non, c'est top.
16:04Moi, j'ai une petite fille de 3 ans
16:06et je suis super content qu'elle connaisse très bien Violette
16:08parce qu'elle va lui montrer qu'elle peut tout faire.
16:10Et Violette, c'est pour ça aussi,
16:12ça montre aux jeunes filles que tout est possible,
16:14que le Vendée Globe, c'est pas pour des marins
16:16bourrus,
16:18c'est pour des jeunes femmes aussi.
16:20Et la voile montre
16:22l'exemple aussi, je pense,
16:24où on est hommes et femmes, on se bat à armes égales
16:26et il y a de plus en plus
16:28de femmes qui arrivent.
16:30Et c'est mixte.
16:32C'est génial.
16:34Elle a vraiment gagné la course
16:36de la médiatisation, vous l'avez vue ?
16:38Vous, en suivant
16:40le Vendée Globe, même si vous le suivez
16:42parfois de loin ?
16:44On l'a même mise à la une de l'équipe.
16:46C'est révélateur de quelque chose.
16:48Pour un marin
16:50et pour une femme.
16:52J'étais étonné
16:54et agréablement surpris de voir
16:56des gens de 20-25 ans
16:58très loin
17:00de l'univers de l'océan, très loin du Vendée Globe
17:02qui ne suivait pas du tout la compétition
17:04s'intéresser à elle
17:06et s'intéresser à la compétition
17:08via sa manière de communiquer.
17:10C'est très bien qu'Éric dise
17:12et rappelle à quel point ça n'est pas qu'un objet de com,
17:14mais effectivement cette façon-là
17:16d'avoir utilisé les réseaux sociaux,
17:18d'avoir utilisé sa spontanéité
17:20de cette fraîcheur-là,
17:22elle a
17:24attiré un public neuf,
17:26jeune, autour de cette
17:28compétition qui, par moments, était en manque
17:30aussi de figures. Je pense qu'effectivement,
17:32on pense à ces vieux marins
17:34avec de la personnalité, etc.
17:36Ensuite, on a eu parfois l'impression d'avoir
17:38des profils d'ingénieurs
17:40un peu plus cliniques
17:42dans leur approche de la compétition.
17:44Du coup, avoir un personnage
17:46comme Violette d'Orange,
17:48j'ai trouvé ça super.
17:50C'est bon pour tout le monde, ça, c'est sûr.
17:52Marie-Amélie Le Fur,
17:54c'est aussi un vrai message, comme Éric Bélian
17:56le disait, pour les jeunes filles
17:58et les moins jeunes filles, parce que j'ai une amie
18:00de 50 ans qui rêve d'être
18:02Violette d'Orange aussi.
18:04Éric le disait, c'est un message très fort
18:06pour les femmes, pour les jeunes filles.
18:08On sait, on a besoin de nouveaux rôles
18:10modèles pour incarner
18:12cette ouverture du champ des possibles
18:14que les femmes doivent prendre dans le sport.
18:16Autant en tant que compétitrice
18:18que de dirigeante sportive,
18:20que d'éducatrice, c'est vraiment un enjeu.
18:22Je trouve qu'à la sortie de Paris 2024,
18:24où on a eu des Jeux qui étaient
18:26paritaires, où on a voulu pousser
18:28la place des femmes,
18:30d'avoir ce relais par Violette lors du Vendée Globe,
18:32ça nous donne le chemin à suivre
18:34et j'espère que ça ouvrira
18:36des voies dans la voile,
18:38mais finalement dans la globalité du système sportif.
18:40Un petit mot sur
18:42la communication, on a beaucoup échangé
18:44avec vous ici à Sport, etc.
18:46Vous l'avez fait largement
18:48également sur vos réseaux sociaux.
18:50Ce lien, quelque part, il nous rapproche de vous,
18:52mais est-ce que vous,
18:54il vous éloigne de l'aventure ?
18:56Vous parlez beaucoup de solitude, d'introspection.
18:58Est-ce que quand on a ce lien qui est
19:00quotidien ou quasi quotidien,
19:02est-ce que ça change quelque chose ?
19:04C'est sûr que ça...
19:06C'est du temps qu'on prend sur
19:08notre performance
19:10ou sur l'introspection.
19:12C'est sûr que c'est quelque chose
19:14qu'on tisse d'une façon assez artificielle
19:16pour recréer le lien
19:18avec la Terre. C'est des liens
19:20qu'on coupe au départ avec beaucoup de difficultés
19:22et donc les retisser,
19:24c'est toujours un effort. Maintenant,
19:26tu ne fais pas le Vendée Globe si tu n'as pas
19:28cette envie de communiquer.
19:30Il y a des tas de façons de faire le tour du monde
19:32à la voile sans communiquer.
19:34On a une chance d'avoir
19:36une course au large largement
19:38médiatisée, qui est extraordinairement
19:40médiatisée. Si tu viens et que tu ne racontes rien,
19:42quel dommage.
19:44Moi, je le fais sans effort.
19:46J'étais ravi
19:48de nos rendez-vous.
19:50C'était vraiment génial.
19:52Pour nous, c'était magnifique. L'appel du large,
19:54à peine arrivé, on va revenir avec Violette d'Orange.
19:56Elle pense déjà à repartir.
19:58On l'écoute.
20:00Il y a plein de courses entre
20:02plusieurs Vendée Globe et bien sûr, il y a la Route du Rhum,
20:04il y a le Jacques Vabre, il y a plein d'autres courses.
20:06Bien sûr, là, je vais
20:08prendre le temps de savourer
20:10cette course qui est tellement magique.
20:12Il faut que tout ça redescende.
20:14Mais bien sûr,
20:16j'ai envie de continuer.
20:18Ça, c'est sûr.
20:20Et vous, Éric Bélion ?
20:22Moi aussi,
20:24j'ai envie de continuer.
20:26Mon premier Vendée Globe, je n'avais dit plus jamais.
20:28Et puis là,
20:30c'est génial, je suis revenu avec une frustration.
20:32La frustration
20:34du sportif.
20:36J'ai un bateau extraordinaire.
20:38J'ai une conviction forte à porter.
20:40J'ai encore plein de choses à affûter
20:42pour être encore meilleur et je vois exactement
20:44les cases que j'ai à cocher.
20:46Donc oui, j'ai très envie de revenir.
20:48Rendez-vous dans 4 ans.
20:50Vous le disiez, vous avez
20:52été très attentif à ce qui se passait
20:54autour de vous. Vous avez traversé les océans
20:56pendant 93 jours. Elle est dans quel état,
20:58notre planète ?
21:00Bon,
21:02il y a quelque chose, moi,
21:04qui m'a profondément choqué
21:06parce que j'ai vu ça depuis que je navigue
21:08et ça n'existait pas avant,
21:10c'est les sargasses.
21:12C'est lié à la déforestation
21:14de toute l'Afrique
21:16de l'Ouest et donc
21:18qui créent des algues qui traversent
21:20l'océan, qui vont s'échouer
21:22aux Antilles, notamment.
21:24Et là, j'en ai vu jusqu'à la hauteur des Açores,
21:26donc quasiment aux portes de l'Europe.
21:28Et c'est un drame.
21:30Et on voit que c'est vraiment l'impact de l'homme
21:32et en 20 ans, ça devient un drame.
21:34Donc, il y a beaucoup de changements.
21:36J'ai noté aussi qu'en 2016,
21:38j'avais croisé énormément de cétacés,
21:40notamment de dauphins.
21:42Et là, j'en ai pas vu beaucoup.
21:44Mais vous avez croisé un morceau d'iceberg.
21:46Et j'ai croisé un iceberg qui n'aurait pas dû être là.
21:48Et là aussi, c'est un signe
21:50que les glaces montent.
21:52Et on sait que
21:54quand on fait le Vendée Globe, là,
21:56le record est tombé, mais c'est possible
21:58que dans quelques années, on ne puisse plus battre de record
22:00parce que les icebergs remontent de plus en plus.
22:02Alors, on va justement parler
22:04de l'empreinte carbone du sport
22:06et des pistes pour la réduire.
22:08C'est le contre-la-montre de sport, etc.
22:16Un rapport de l'association The Shift Project,
22:18commandée par les fédérations de football
22:20et de rugby, fait le bilan
22:22de l'empreinte carbone de ces sports.
22:24Pas de surprise, l'addition est salée.
22:26Le football émet 1,8 million de tonnes
22:28équivalent CO2.
22:30Si comme ça, ça ne vous dit rien,
22:32sachez que c'est l'équivalent des émissions
22:34d'une ville comme Saint-Etienne sur une année.
22:36Le sportif est-il un pollueur
22:38comme les autres ?
22:40Moi, je fais partie de ceux
22:42qui ne renonceraient pas à un événement sportif
22:44pour des questions liées
22:46à l'environnement.
22:48En vrai, c'est un débat qu'on a eu
22:50au moment des JO de Paris.
22:52Des adjoints qui ont dit
22:54les jeux, c'est polluant,
22:56il ne faut pas les faire ici.
22:58Est-ce qu'il fallait les faire ou pas ?
23:00Moi, je milite.
23:02Évidemment qu'il fallait les faire, ces jeux.
23:04Après, c'est comment on les fait ?
23:06Est-ce qu'on fait des investissements
23:08qui vont durer dans le temps ?
23:10Est-ce qu'on fait des investissements
23:12intelligents ? Est-ce qu'on fait des investissements
23:14avec des matériaux qui vont bien ?
23:16En vérité, les grandes entreprises françaises savent le faire.
23:18Est-ce qu'on essaie de faire en sorte qu'il y ait
23:20des déplacements quand même ?
23:22Genre une coupe du monde de foot.
23:24Je dirais qu'il ne faut pas la faire.
23:26La faire sur trois pays, déjà, symboliquement,
23:28ce n'est pas génial, et sur un continent entier.
23:30J'avoue que si on le faisait sur un seul pays,
23:32peut-être que ce serait plus intelligent.
23:34Mais je fais partie de ceux raisonnés
23:36qui ne voudraient pas renoncer
23:38aux événements sportifs,
23:40mais qui essaieraient de les réfléchir
23:42de manière la plus intelligente possible.
23:44Pour revenir sur le rapport du Shift Project,
23:46la différence la plus importante à faire
23:48entre les sportifs amateurs et les professionnels,
23:50là, nous avons parlé du sport professionnel,
23:52entre les équipements, les déplacements,
23:54les déplacements des sportifs
23:56et ceux des supporters, et les infrastructures,
23:58un joueur de foot professionnel émet
24:0030 tonnes de CO2 par an
24:02contre 0,7 pour un joueur amateur.
24:04Pas de surprise, encore une fois,
24:06ce sont les déplacements en avion
24:08qui pèsent le plus lourd dans la balance.
24:10Mais c'est intrinsèquement
24:12ce qu'est une compétition internationale
24:14de se déplacer et rencontrer
24:16le monde entier.
24:18Oui, parce que, comme on vient de le dire,
24:20effectivement,
24:22l'enseignement le plus fort de ce rapport,
24:24c'est que, ce qu'on savait déjà,
24:2680% de l'empreinte carbone
24:28globalement du monde du sport,
24:30ce sont les déplacements.
24:32Et l'attitude de certaines institutions
24:34à la tête du sport,
24:36je pense à la FIFA notamment,
24:38qui ne prennent pas du tout la mesure
24:40de cette gravité-là,
24:42pose des problèmes fondamentaux
24:44et me rendent très inquiet.
24:46Cette Coupe du monde 2030, effectivement,
24:48trois continents,
24:50une compétition qui passe de 30 équipes
24:52à 40 équipes...
24:54Pourquoi ce n'est pas un sujet ?
24:56Il faut croire que pas vraiment.
24:58Il peut y avoir du greenwashing,
25:00il peut y avoir des mesures par-ci par-là.
25:02Je ne dis pas que certaines institutions
25:04ne le font pas.
25:06Oui, mais je n'ai pas l'impression
25:08que le principal partenaire de la FIFA
25:10désormais, c'est l'industrie pétrolière saoudienne.
25:12Le monde du sport a toujours été
25:14plutôt un mauvais élève en la matière
25:16et je n'ai pas l'impression que ça s'arrange.
25:18J'ai l'impression que la logique
25:20court-termiste, économique
25:22de l'industrie sportive
25:24au niveau mondial continue de primer
25:26et c'est très inquiétant.
25:28Il y a évidemment des initiatives,
25:30de bonnes initiatives par-ci par-là,
25:32mais tant que les géants du sport
25:34ne montreront pas l'exemple,
25:36il y a des raisons d'être très inquiets.
25:38Vous acquiescez, Marie-Amélie Le Fur.
25:40Je ne sais pas si vous découvrez
25:42ces chiffres du foot et du rugby.
25:44Toutes les fédérations sont en train de le faire.
25:46Je ne découvre pas la situation.
25:48Maintenant, elle est concrètement chiffrée.
25:50Je pense qu'il y a deux enjeux
25:52et ça a été rappelé.
25:54Une fois qu'on a dit que le spectacle sportif
25:56est essentiel parce que ça fait partie
25:58de nos sociétés et encore une fois,
26:00on l'a vu cet été, on le voit dans les rythmiques,
26:02on a besoin aussi de ça
26:04pour différents sujets, différents enjeux.
26:06L'enjeu, c'est comment on rationalise
26:08ces compétitions sportives
26:10et aussi comment on en fait
26:12des laboratoires d'innovation.
26:14C'est ce que j'ai trouvé assez fascinant
26:16avec les Jeux de Paris 2024,
26:18de voir dans la façon dont ils ont abordé
26:20le développement durable
26:22et l'empreinte carbone de ces Jeux,
26:24de voir comment on renouvelait les pratiques
26:26et comment cette volonté collective
26:28de réussir les Jeux
26:30avait amené une intelligence collective
26:32à produire de nouvelles solutions,
26:34des solutions énergétiques.
26:36Donc je pense qu'il y a aussi cette réflexion-là,
26:38c'est comment les événements sportifs
26:40deviennent moteur de cette transition
26:42et comment ils sont aussi source d'innovation
26:44pour un sport plus durable.
26:46Parce que là, on parle effectivement du bilan,
26:48il va falloir penser à des solutions.
26:50Est-ce qu'on peut contraindre des équipes,
26:52je pense notamment des équipes de football professionnelles,
26:54à arrêter de faire Lyon-Marseille
26:56ou Paris-Lille en avion privé ?
26:58Est-ce que c'est possible de contraindre
27:00de dire en dessous de, je ne sais pas,
27:02une demi-heure de voyage en avion ?
27:04Moi, je ne fais pas partie de ceux
27:06qui veulent légiférer sur tout.
27:08Je fais confiance à l'intelligence collective,
27:10à la responsabilité qu'ont les uns et les autres.
27:12Les chiffres que vous donnez sur le footballeur professionnel,
27:14je ne parle pas pour défendre le footballeur professionnel,
27:16il est évident, vous avez comme un type qui est routier,
27:18il va plus polluer et plus se polluer que celui qui travaille à côté de chez lui.
27:20C'est inhérent quasiment à ce qu'il est.
27:22Mais dans ce sujet,
27:24il n'y a pas de bonne solution.
27:26On ne manie que des éléments contradictoires.
27:28D'ouvrir la Coupe du Monde
27:30à 48 pays, d'un côté c'est bien,
27:32il y a plein de pays qui ne sont jamais allés,
27:34ça va mobiliser les peuples et tout le monde va se voir,
27:36et d'un côté, effectivement,
27:38ça crée de la pollution.
27:40Donc on est vraiment toujours dans des forces contradictoires sur ce sujet-là.
27:42Une fois le bilan dressé,
27:44Jean-Marc Jancovici,
27:46président du Shift Project
27:48et le créateur du bilan carbone a émis des propositions.
27:50Encourager les déplacements
27:52en vélo, en transport,
27:54pour les footballeurs professionnels
27:56imposer aux équipementiers
27:58de décarboner la production des maillots
28:00et pour les amateurs,
28:02le recyclage, la récupération et le réemploi.
28:04J'imagine après avoir lavé
28:06les maillots et les chaussettes, si possible.
28:08Est-ce qu'on est en train
28:10de vider l'océan avec une petite cuillère
28:12ou tous les gestes comptent ?
28:14Il y a des choses intéressantes dans le rapport
28:16et ce que vous avez dit sur l'industrie du textile,
28:18je trouve ça intéressant parce que je ne pense pas
28:20que le grand public prenne la mesure
28:22de à quel point, dans l'impact
28:24carbone du sport,
28:26l'industrie du textile a une importance énorme.
28:28Et j'adore collectionner
28:30les maillots de foot,
28:32on adore les maillots de foot,
28:34c'est des très beaux objets.
28:36Mais je pense qu'il y a plein de choses à faire là-dedans
28:38et on voit des initiatives par-ci par-là.
28:40Le Betty Savy, par exemple, qui vient de sortir
28:42un maillot en matière 100% recyclée.
28:44Le club de l'Automntown,
28:46qui était en première ligue l'an dernier,
28:48a décidé cette année de garder le même kit de maillots
28:50plutôt que de le renouveler sans cesse
28:52pour éviter cette obsolescence
28:54systématique des maillots de foot.
28:56On en a 4 maillots par équipe.
28:58Je pense qu'il y a beaucoup à faire.
29:00Je pense même que les clubs, les institutions sportives
29:02devraient s'emparer de ça, parce que même d'un point de vue
29:04marketing, d'un point de vue consommation,
29:06il y a des choses très intéressantes à créer qui plairaient
29:08au grand public là-dessus.
29:10Donc l'industrie du textile,
29:12ce n'est pas un aspect à négliger du tout
29:14de cet univers-là.
29:16Il y a l'empreinte aussi des spectateurs.
29:18Je le disais, 400 000 personnes au sable d'Olonne,
29:20il n'y a pas 400 000 personnes qui vivent au sable d'Olonne.
29:22Quelque part, on a l'impression
29:24qu'il y a beaucoup à faire pour pouvoir partager.
29:26Mais c'est inhérent à l'activité humaine.
29:28Pour pouvoir partager, il faut se déplacer.
29:30Comment on fait ?
29:32Il faut surtout continuer à se rencontrer.
29:34Il faut continuer à avoir ces moments-là.
29:36C'est sûr qu'on ne peut pas les arrêter.
29:38On l'a vu pendant le Covid.
29:40On est des animaux sociaux.
29:42On a besoin de se voir, on a besoin de ces moments-là.
29:44Vous, un peu moins que nous, parce que vous aimez
29:46être trois mois en mer.
29:48Non, moi j'aime justement être seul
29:50et j'aime être aussi accompagné.
29:52Marie-Amélie de Fur, est-ce que c'est quelque chose
29:54à l'Agence nationale du sport
29:56qui est tout en haut de la liste
29:58des attentions ?
30:00Quand vous financez des projets,
30:02est-ce que c'est lié à l'empreinte carbone ?
30:04Côté agence, on a plusieurs leviers
30:06qui sont entre deux mains.
30:08Il y a dans le financement des équipements.
30:10Que ce soit le financement des équipements nouveaux,
30:12avoir une valance particulière
30:14dans le cahier des charges pour des équipements
30:16qui embarquent cette nouvelle technologie,
30:18qui ont un impact environnemental plus fort.
30:20Bien évidemment, on a aussi des fonds de rénovation.
30:22Parce qu'on a tout un parc,
30:24on le sait, qui est un peu vieillissant.
30:26La considération thermique
30:28des années 70
30:30n'est pas la même que celle des années 2020.
30:32Il y a eu un choc considérable.
30:34Gymnase, piscine, patinoire, tout ça.
30:36Donc on a aussi, effectivement,
30:38dans ces rénovations, à conduire
30:40un accent thermique et écologique
30:42très fort, et les fonds de l'Agence sont orientés
30:44en ce sens. Mais il y a aussi un enjeu
30:46de la transformation de notre pratique sportive
30:48en tant que telle.
30:50Et c'est là où l'Agence a aussi un levier complémentaire.
30:52Nous sommes des financeurs
30:54du sport, auprès des associations,
30:56auprès des collectivités,
30:58sur les plans sportifs territoriaux,
31:00et dans la façon dont nous orientons les crédits,
31:02on a aussi envie de voir,
31:04dans les contrats de développement liés par exemple
31:06avec les fédérations, d'avoir cette valance
31:08environnement, développement durable,
31:10et marché du sport.
31:12Il y a certaines pratiques qu'on ne peut plus avoir en fonction des régions ?
31:14C'est de conditionner
31:16certaines subventions
31:18à une sorte de label un peu écologique.
31:20Alors on ne mettra pas un label en tant que tel,
31:22mais en tout cas une incitation
31:24à avoir soit des événements plus verts,
31:26soit avoir des pratiques
31:28qui s'intègrent dans un enjeu
31:30de développement durable un peu plus marqué
31:32que ce qui était le cas il y a quelque temps.
31:34Vous parliez des patinoires,
31:36les prochains jeux d'hiver, pas les prochains,
31:38ceux d'après 2030, ils auront lieu dans les Alpes
31:40françaises, et de ce que
31:42j'ai cru comprendre dans le projet
31:44actuel, il a été choisi de
31:46climatiser le stade de foot
31:48de Nice pour en faire une patinoire ?
31:50Il y a plusieurs
31:52sujets. En fait, dans un événement
31:54comme celui de 2030, c'est
31:56de trouver le bon ratio effectivement
31:58entre
32:00ce que vous êtes en train de dire, on va climatiser
32:02et là on peut se dire, oh là là, mais l'impact
32:04environnemental va être considérable,
32:06mais il y a aussi l'enjeu de ne pas construire des infrastructures
32:08qui derrière vont
32:10amener des fonctionnements, seraient des infrastructures...
32:12Est-ce qu'on l'avait dit pour les stades au Qatar ? Ils sont
32:14climatisés, là on va climatiser...
32:16Mais en tout cas, il y a plusieurs
32:18réflexions qui sont actuellement en cours,
32:20vous le savez, Edgar Gropiron
32:22vient tout juste d'être nommé président de ce
32:24comité des Jeux
32:26olympiques et paralympiques de 2030,
32:28le plan de directeur des sites, il est
32:30encore en discussion, et il y a effectivement
32:32quelques variables d'ajustement, à date
32:34la glace est 100% centrée
32:36à Nice, mais
32:38il y a encore effectivement des études qui doivent être menées,
32:40notamment à l'assoidéo,
32:42qui vient tout juste d'être créée elle également,
32:44et l'organisme qui gère
32:46les infrastructures, la livraison des ouvrages,
32:48et il faudra effectivement trouver
32:50le bon équilibre entre l'impact
32:52écologique, la durabilité
32:54et le fait de ne pas construire des infrastructures
32:56qui seraient, on le rappelle,
32:58des éléphants blancs et qui n'auraient pas une cohérence
33:00territoriale. De toute façon,
33:02tout le monde est très attentif à ces Alpes
33:042030, un petit mot sur Edgar
33:06Gropiron,
33:08je ne sais pas si vous avez les mêmes souvenirs de moi
33:10qu'Albert Ville, mais
33:12c'était un personnage, je dirais
33:14haut en couleur, et qui en tout cas avait
33:16un sens de la fête et de
33:18profiter de la vie qui était très clair, et surtout
33:20un grand franc parlé, est-ce que ça
33:22peut marcher avec les deux présidents
33:24ou ex-présidents de région que sont
33:26Laurent Wauquiez et Renaud Muselier ?
33:28Juste avant, ce que vient d'expliquer
33:30Madame Le Fur, il faut bien voir qu'aujourd'hui
33:32tout ça, ça imbibe quand même toute la société,
33:34moi je ne connais pas un projet d'investissement qui est porté
33:36par une commune, une interco, où cette
33:38notion-là n'existe pas. Tout le monde essaie
33:40de trouver le bon endroit, les matériaux
33:42qui vont tenir le plus longtemps,
33:44de voir si on fait du photovoltaïque pour de l'autoconsommation,
33:46enfin aujourd'hui c'est quasiment partout et tout le temps,
33:48la mécanique, elle commence quand même à être prise,
33:50je ne dis pas que c'est parfait, mais ça avance.
33:52Edgar Gropiron, alors oui je me souviens de sa tenue très
33:54colorée, j'avais 8 ans, mais je me souviens
33:56quand je revois les images,
33:58alors je n'ai pas trop suivi l'histoire du
34:00comité de pilotage qui visiblement a posé quelques difficultés,
34:02j'ai eu l'occasion de l'écouter cette semaine,
34:04j'ai été à BFM, il m'a paru plein de bonne humeur,
34:06plein de bon sens, plein de charisme,
34:08enfin instinctivement, on a plutôt envie
34:10de lui faire confiance dans le projet.
34:12On lui fait confiance
34:14et on l'attend sur ce plateau pour qu'il nous raconte
34:16comment ça va être les Alpes 2030.
34:18Et ne faisons pas comme Gio Paris
34:20pendant des mois et des mois de dire ça ne va pas aller,
34:22ça va être horrible.
34:24La seule question c'est de savoir s'il y aura de la neige, mais on ne peut pas le savoir
34:26aujourd'hui, donc on attendra
34:282030 pour le savoir.
34:30On va rester sur
34:32des questions rapides et des réponses
34:34courtes pour faire le tour de l'actu sport,
34:36c'est le chrono de sport, etc.
34:44Trois images, trois sujets qui ont retenu notre attention
34:46et on commence avec le patinage.
34:48La française Gabriela Papadakis
34:50et l'américaine Madison Hubel ont
34:52patiné en duo
34:54en danse sur glace lors d'un gala en Suisse.
34:56Un couple féminin, c'est une première.
34:58Je cite l'américaine
35:00Avec ce projet, nous rêvons d'un avenir
35:02où chacun peut trouver sa place sur la glace
35:04indépendamment de sa vision
35:06ou de son identité.
35:08C'est une bonne chose de faire évoluer
35:10un petit peu les mentalités.
35:12J'avoue qu'il y a eu
35:14un emballement médiatique
35:16autour de ce couple
35:18de danse sur glace qui était composé de deux femmes.
35:20J'avais l'impression
35:22qu'on avait déjà dépassé ça.
35:24Non, c'est super,
35:26parce qu'il y a plein de choses intéressantes
35:28dans cette démarche-là.
35:30Il y a évidemment la question de la représentation,
35:32la question du genre,
35:34mais il y a aussi des questions très pratiques
35:36dans ce sport-là qu'est le patinage.
35:38C'est qu'il y a effectivement
35:40des difficultés très concrètes à pratiquer cette discipline
35:42parce qu'il y a beaucoup plus de filles
35:44qui veulent le faire que de garçons
35:46et qu'en fait ces deux athlètes
35:48expliquent aussi
35:50à quel point
35:52certaines patineuses posent des difficultés
35:54de devoir trouver un partenaire,
35:56de ne pas pouvoir évoluer
35:58comme il le faut, de ne pas pouvoir progresser
36:00comme elles le voudraient.
36:02Je trouve qu'il y a vraiment plein de trucs intéressants
36:04dans cette belle démarche.
36:06Et puis je voudrais rappeler
36:08Gabriela Papadakis, je la cite,
36:10elle dit « Depuis toute jeune, j'ai appris que le garçon
36:12est le leader, la femme la suiveuse. »
36:16C'était peut-être évident
36:18pour un couple de danse sur glace,
36:20mais c'est vrai que d'entendre encore ce genre
36:22de phrases, c'est surprenant
36:24et ça ne peut que nous enthousiasmer
36:26de l'avoir cassé les codes.
36:28Il faut que la réglementation évolue,
36:30elle a évolué au Canada.
36:32Je pense en tout cas que le message qui est porté
36:34il est fort et notamment effectivement
36:36quand on a l'explication de texte derrière
36:38et après on prend un peu de recul, on lâche prise
36:40et c'est vrai que le porté est toujours réalisé
36:42par l'homme, enfin voilà.
36:44Il y avait une codification effectivement
36:46qui mettait une différence
36:48sur la glace entre l'homme et la femme.
36:50Je pense qu'il est temps de faire tomber les barrières
36:52et si on peut aller les faire tomber
36:54jusqu'à l'enjeu réglementaire,
36:56ça ne sera que positif pour la discipline
36:58et encore une fois pour la place des femmes
37:00dans la diversité des sports.
37:02Autre image, Donald Trump dans son bureau
37:04de la Maison Blanche, vous allez me dire
37:06celle-ci elle est classique, mais non,
37:08si j'en parle, c'est parce qu'il y a un trophée
37:10qui est posé juste derrière lui.
37:12Il s'agit d'une réplique
37:14de la Coupe du Monde, évidemment
37:16en vue de l'organisation en 2026
37:18de la compétition avec le Mexique et le Canada.
37:20Pour rappel, les Etats-Unis
37:22n'ont jamais gagné la Coupe du Monde masculine
37:24parce qu'évidemment, cette Coupe du Monde
37:26représente la Coupe du Monde masculine.
37:28Je parle sous votre contrôle,
37:30Emmanuel Corkostegui, ils ne la gagneront pas
37:32tout de suite de toute façon.
37:34Qu'est-ce que c'est comme message
37:36de poser sa Coupe du Monde comme ça ?
37:38Ça dit, je crois que le sport
37:40est un grand vecteur de communication
37:42de Donald Trump en général.
37:44Depuis le début de son mandat,
37:46on a vu qu'il en parlait beaucoup,
37:48qu'il y a eu des choses terribles
37:50comme l'interdiction des transgenres
37:52de participer aux compétitions féminines
37:54et qu'effectivement, ça va être,
37:56on en a parlé en début d'émission
37:58avec la place du hockey sur glace,
38:00c'est un vecteur de communication
38:02pour lui, le sport.
38:04La Coupe du Monde, c'est quelque chose
38:06qui est partagé par le plus grand nombre,
38:08par beaucoup de pays avec qui
38:10il n'a pas de très bonne relation
38:12et c'est le deuxième plus gros événement
38:14du monde dans le sport,
38:16étant les Jeux olympiques, qu'il aura en 2028.
38:18Oui, c'est sûr.
38:20Et quand on voit, on en a parlé tout à l'heure,
38:22les sifflets de l'hymne américain
38:24qui a eu lieu dans le hockey
38:26mais aussi en NBA, par exemple,
38:28en fonction des événements géopolitiques
38:30des mois prochains,
38:32on peut se poser des questions sur l'ambiance qu'il y aura.
38:34Mais sportivement, en tout cas,
38:36l'équipe des États-Unis est quand même intéressante à suivre
38:38parce qu'il y a pas mal de jeunes footballeurs américains.
38:40Vous êtes plus optimiste que moi.
38:42Ça peut être une équipe qui est sympa à voir jouer
38:44mais la gagner, je ne pense pas, non.
38:46Pour terminer, les championnats du monde de ski alpin
38:48se sont déroulés la semaine dernière
38:50à Salbar, en Autriche.
38:52Bilan français, zéro médaille.
38:54Alors certes, les Français comptaient
38:56beaucoup de blessés, mais à un an
38:58des Jeux de Milan-Cortina, des Jeux d'hiver,
39:00on est un petit peu inquiets
39:02pour le ski français, Marie-Amélie Le Fur,
39:04féminin et masculin.
39:06Moi, de ce que j'ai vu, la fédération,
39:08les acteurs sont quand même bien au fait
39:10de la situation. Il y a différents
39:12leviers qui pourront être activés
39:14à un an des Jeux.
39:16En tout cas, sur nous,
39:18les missions qui nous concernent au niveau de l'agence,
39:20on sera bien évidemment en proximité
39:22de ces fédérations. On va
39:24d'ailleurs profiter du budget qui est
39:26le nôtre pour réorienter des crédits sur
39:28la haute performance et notamment sur
39:30la valance hiver. 2026,
39:322030, ça va être vraiment une de nos
39:34priorités. Pour donner
39:36les moyens à ces fédérations.
39:38Vous sentez l'urgence ?
39:40En tout cas, il faut prendre la situation.
39:42Il ne faut pas se dire, c'est pas grave,
39:44c'est rien passé, c'est juste un accident.
39:46Non, il faut que chacun prenne le
39:48pas de ce qui s'est passé, que ce soit analysé,
39:50mais sans en faire non plus quelque chose de
39:52dramatique. Ça ne présage pas
39:54totalement de ce qui se passera aux Jeux. Je pense qu'il y a
39:56des éléments d'explications factuelles.
39:58Moi, de ce que je vois, c'est que les acteurs sont
40:00au travail, bien évidemment, pour réorienter
40:02la situation. Je reviens sur ce que vous disiez.
40:04C'est vrai qu'un an avant les Jeux, on disait que
40:06jamais les Français n'auraient beaucoup de médailles
40:08aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Et ce n'était pas
40:10vrai. Mais je vais rester sur votre rôle
40:12justement avec l'Agence nationale
40:14du sport que vous dirigez,
40:16Marie-Amélie Le Fur. Nous allons parler de ces
40:18nouveaux objectifs
40:20avec un budget réduit. C'est la
40:22prolongation de sport, etc.
40:28Vous avez pris la présidence
40:30de l'ANS, de l'Agence nationale
40:32du sport, le 28 novembre dernier.
40:34Elle s'occupe de quoi concrètement,
40:36rapidement ?
40:38J'ai commencé à l'évoquer un petit
40:40peu. On est vraiment concernés par
40:42le financement du sport,
40:44tant sur le volet de la haute performance,
40:46puisqu'on a toute une dimension de l'Agence
40:48qui est sur l'accompagnement des fédérations
40:50au travers du projet olympique,
40:52paralympique, mais également
40:54sur les disciplines de haut niveau.
40:56C'est le champ haute performance.
40:58Mais on a tout un champ également qui a trait
41:00au développement de la pratique et au financement
41:02des équipements sportifs.
41:04Tout ça impulsé par une gouvernance
41:06partagée. Et c'est ça la grande nouveauté
41:08de l'Agence. C'est qu'autour de la table,
41:10vous avez l'État, qui est le principal
41:12financeur de l'Agence nationale
41:14du sport. Vous avez le mouvement
41:16sportif, vous avez les collectivités
41:18et vous avez également le secteur
41:20privé. Et c'est par la vision
41:22concertée, partagée
41:24de ces quatre collèges d'acteurs
41:26qu'on va définir l'orientation
41:28des crédits qui nous sont donnés.
41:30Au niveau des priorités, c'est de vraiment
41:32conserver l'action sur le champ du haut
41:34niveau, du développement de la pratique
41:36et d'aller aussi chercher
41:38dans le secteur privé plus de financement
41:40pour le sport. Justement, Marie Barsak,
41:42la nouvelle ministre des Sports, a souligné
41:44que le sport allait devoir faire appel
41:46plus au financement privé.
41:48Vous avez un rôle central
41:50à jouer. Oui, on a un rôle central
41:52à jouer. Un rôle dans lequel l'Agence est engagée
41:54depuis sa création en 2019.
41:56C'est-à-dire qu'on n'a pas attendu...
41:58Vous appelez les entreprises, vous leur demandez
42:00des sous ? Oui, en tout cas,
42:02on le fait un peu plus subtilement que ça.
42:04J'imagine. Ce qu'aiment les entreprises,
42:06c'est de financer des projets concrets.
42:08Et c'est vraiment le travail dans lequel
42:10mes prédécesseurs ont été engagés.
42:12Frédéric Sanor, en tant que directeur
42:14général de l'Agence.
42:16Après, c'est une Agence qui est nouvelle.
42:18Ça fait cinq ans que l'Agence a été créée.
42:20Elle avait besoin de trouver sa place
42:22dans le paysage. Vous avez eu peur qu'elle disparaisse
42:24parce qu'il en a été beaucoup question.
42:26Elle a été beaucoup challengée et elle l'est toujours
42:28et on n'a pas encore eu la copie
42:30de l'État concernant les Agences
42:32et lesquelles vont avoir leur périmètre réduit.
42:34En tout cas, quand moi,
42:36je prends la présidence
42:38en novembre 2024,
42:40je dis qu'il faut garder
42:42une cohérence pour l'Agence,
42:44d'agir autant sur le haut niveau que sur le développement
42:46de la pratique. On ne peut pas, en fait,
42:48ne pas lier les deux parce que ce sont
42:50des prérogatives qui sont liées,
42:52parce que ce sont des enjeux qui sont liés
42:54et parce que le sport avec un grand S,
42:56il se construit sur ces deux entités-là.
42:58Après, bien évidemment, il faut qu'on rationalise
43:00le fonctionnement de l'Agence.
43:02Il faut qu'on en simplifie des process.
43:04Il faut aussi qu'on donne à cette Agence
43:06cette capacité à aller chercher plus de fonds privés.
43:08Voilà. Donc ça, c'est vraiment un des enjeux.
43:10Ça fait partie de notre feuille de route
43:12mais on va le faire au travers de projets très concrets.
43:14La pratique sportive féminine,
43:16la pratique sportive des personnes en soins de handicap,
43:18la question des équipements,
43:20de l'emploi, ça va être des thématiques prioritaires.
43:22Très concrète.
43:24M. Verzelen, il a été beaucoup question
43:26au moment de la négociation sur le budget
43:28d'éliminer certaines agences
43:30en disant que c'est redondant,
43:32qu'elles ne servent à rien.
43:34J'ai beaucoup entendu que l'ADEME ne servait à rien.
43:36Il en est question aussi pour le sport.
43:38Est-ce que le rôle qui est tenu
43:40par l'Agence nationale du sport,
43:42il doit rester dans l'Agence nationale du sport ?
43:44Il peut être ramené un petit peu au ministère ?
43:46Pour avoir suivi les débats
43:48au moment du sport, il ne me semble pas
43:50que ça ait fait l'objet de débats,
43:52c'est la responsabilité de l'Agence.
43:54Je suis passé à côté, mais ça n'a pas été le cas.
43:56Après, sur le sport,
43:58est-ce que le message du budget de cette année
44:00est compréhensible ? Non.
44:02Il y a les JO,
44:04il faut qu'on prenne appui dessus
44:06pour se lancer, il faut qu'on développe,
44:08démocratise la pratique sportive,
44:10il faut des installations dans des territoires ruraux,
44:12etc. Le message est inverse.
44:14Ce n'est pas le message attendu.
44:16Et moi, je fais partie de ceux,
44:18je ne dis pas ça parce que je suis là,
44:20mais je suis convaincu que le sport, c'est capital
44:22dans une société.
44:24Si vous n'en étiez pas convaincu, vous ne seriez peut-être pas là.
44:26J'ai vu dans d'autres pays la pratique du sport
44:28qui se fait l'après-midi ou la fin de journée,
44:30dans les universités.
44:32Le sport, c'est quelque chose qui peut donner confiance en soi.
44:34Quelqu'un qui est à l'école ne se réalise pas,
44:36le sport peut être une porte pour avoir cette notion de confiance.
44:38Le sport, ça transforme tout.
44:40Ça transforme les différences, les âges, ce que vous voulez.
44:42C'est un sujet capital
44:44dans la construction d'une société
44:46et on en parle bien trop peu.
44:48Vous vous sentez un exemple, parfois, Éric Bélion.
44:50Vous avez le sentiment que vous donnez envie
44:52à d'autres de faire ce que vous faites.
44:54Oui, oui.
44:56Il y a des jeunes qui viennent vous voir
44:58en disant...
45:00Je serais grand, je serais Éric Bélion.
45:02Oui, oui.
45:04Il y en a qui disent
45:06j'étais toi pendant la course.
45:08Dans les classes, ils choisissent leur skipper.
45:10Il y a énormément de classes qui suivent le Vendée Globe.
45:12Et oui, oui.
45:14Il y a beaucoup de gens
45:16qui rêvent
45:18à travers les skippers du Vendée Globe
45:20comme à travers d'autres sportifs.
45:22Pendant que vous étiez en maire,
45:24le budget du sport a été largement réduit.
45:26C'est quelque chose
45:28qui vous choque.
45:30Vous êtes attaché au fait
45:32que l'État et que tout le monde
45:34fassent un effort pour développer la pratique du sport.
45:36C'est évident.
45:38Ce qui a été dit, le sport est très important
45:40pour notre société.
45:42Je pense que c'est bon aussi pour le trou de la Sécu.
45:44Il faut pratiquer du sport.
45:46On retrouvera les sous quelque part.
45:48Ça, c'est sûr.
45:50Et on sait très bien que les gens qui pratiquent le sport
45:52se sentent mieux
45:54dans les sports collectifs comme dans les sports
45:56persos.
45:58Il faut investir dans le sport.
46:00C'est vrai que quand on voit les nations
46:02qui sont tout proches de nous, l'Allemagne ou l'Italie
46:04ou l'Angleterre, où ils pratiquent
46:06beaucoup plus le sport que nous,
46:08où le sport a une place aussi dans la société
46:10qui est bien plus en avant,
46:12ça fait rêver.
46:14Et on a du retard. Il faut continuer.
46:16Heureusement que la chance est là. Il y a du travail.
46:18Mais ils ont eu moins de médailles que nous.
46:20C'est vrai.
46:22Mais je pense que
46:24dans la base de la société,
46:26il y a plus de sportifs en Italie et en Allemagne.
46:28Oui, dans le sport,
46:30notamment le sport amateur.
46:32Un petit mot sur le
46:34Conseil des athlètes que vous avez
46:36lancé avec certains de nos plus grands champions.
46:38Je pense à Maréchal Perret qui avait
46:40parlé de la COVID.
46:42Frédéric Méchalac,
46:44Stéphane Diagana.
46:46Vous êtes tourné vers les JO
46:482026, 2028, 2030
46:50à fond, en vous appuyant sur
46:52nos sportifs, nos athlètes,
46:54nos champions.
46:56Juste avant de réagir sur les propos précédents
46:58et de dire que l'agrande du sport est légitime.
47:00Peut-être donner un chiffre.
47:02Parce que c'est important.
47:04Quand on parle du sport, le sport n'est pas une dépense.
47:06Eric l'a très justement dit.
47:08C'est un investissement.
47:10Et on parle côté santé.
47:12Mais on oublie que le sport est aussi un outil éducatif,
47:14un outil d'inclusion,
47:16un outil qui lutte contre les discriminations,
47:18la radicalisation.
47:20Il y a une étude qui démontre que quand vous investissez
47:22un euro dans le sport,
47:24vous économisez 13 euros dans les autres politiques publiques.
47:26C'est vraiment des acteurs
47:28qui veulent agir en responsabilité.
47:30Et je pense qu'à un moment donné,
47:32où on était en train d'installer un changement de paradigme
47:34par les JO 2024,
47:36c'est à dire aux Français
47:38organiser vos temps de vie parce que le sport est essentiel.
47:40Derrière, on a cette goupe budgétaire qui arrive.
47:42Et donc là, c'est un non-sens total.
47:44Et pas uniquement pour nos champions.
47:46C'est pour une société entière.
47:48J'ai l'impression que tous les Français
47:50ont considéré que c'était surprenant.
47:52Les Français et les sénateurs
47:54nous ont très bien écoutés.
47:56Je tiens vraiment à saluer
47:58l'amendement qui a été porté
48:00par le sénateur Savin
48:02qui a permis de donner des crédits supplémentaires
48:04au sport par rapport au budget
48:06qui était prévu par le gouvernement.
48:08On n'est pas sur le budget de 2024.
48:10Mais en tout cas, on est sur une feuille de route
48:12un petit peu meilleure que celle
48:14qu'on envisageait à la fin
48:16de l'année 2024.
48:18Par rapport à votre question, oui, effectivement.
48:20Il y a eu un premier conseil des athlètes
48:22qui a été réuni sous l'impulsion de Yann Cuchera
48:24qui est le nouveau manager de la haute performance
48:26à l'agence. Dans une volonté
48:28qui est vraiment impulsée par Yann,
48:30c'est de se dire, on a opéré
48:32un changement de paradigme sur la haute performance
48:34qui était la méthode Honesta.
48:36On va continuer sur les grands programmes Honesta,
48:38le sportif au cœur, son encadrement,
48:40mais d'être beaucoup plus dans la co-construction
48:42avec les acteurs, les fédérations
48:44et donc les anciens champions.
48:46Pourquoi les anciens ?
48:48Parce qu'ils ne sont pas partis-pris de nos programmes
48:50et de nos décisions et parce qu'ils ont une lecture éclairée.
48:52Et des sportifs qui sont éclairés,
48:54c'est aussi des sportifs qui parlent mieux des dispositifs,
48:56qui peuvent aussi mieux comprendre et connaître l'agence.
48:58Donc il y avait un double enjeu
49:00dans ce Conseil des athlètes.
49:02Eh bien, on suivra ce qui sort
49:04de ce Conseil des athlètes et en tout cas,
49:06on suivra avec attention toutes les actions
49:08que vous allez pouvoir mettre en œuvre
49:10avec l'Agence nationale du sport.
49:12Tout autre sujet. À présent, on va revenir
49:14sur l'histoire du football au travers
49:16de cette superbe BD,
49:18Une histoire populaire du football,
49:20c'est la belle histoire de sport, etc.
49:26Si vous ne voyez dans le foot
49:28que le sport business et les sommes
49:30d'argent faramineuses qu'il charrie,
49:32vos clichés vont être déconstruits
49:34par ce très bel ouvrage,
49:36Une histoire populaire du football, aux éditions La Découverte.
49:38Dès le cours, les textes sont signés
49:40Michael Correa et Jean-Christophe
49:42devenaient les dessins
49:44Lélio Bonaccorso. Pour nous en dire plus,
49:46nous avons le plaisir d'accueillir
49:48Michael Correa. Vous êtes
49:50journaliste à Mediapart, spécialiste
49:52des classes populaires et de leur culture,
49:54ainsi que des questions climatiques. Bonjour.
49:56Bonjour.
49:58Vous avez écrit en 2018
50:00Une histoire populaire du football.
50:02Voici maintenant cette histoire populaire
50:04sous une autre forme, en bande dessinée.
50:06Pourquoi est-ce que vous êtes intéressé
50:08à cet aspect populaire
50:10et historique du football ?
50:12Je pense qu'on connaît un peu tous
50:14le grand récit officiel
50:16du football, qui est plutôt un récit
50:18qui est rédigé en fait, ou en tout cas édité
50:20par les grandes fédérations de football.
50:22Mais je pense que tous les amoureux du balleron
50:24pensent aussi d'autres histoires qui sont beaucoup plus
50:26orales, ou en tout cas qui sont l'ordre de la culture populaire.
50:28Donc le but du livre, en tout cas
50:30le geste, c'est de vraiment raconter
50:32une histoire, on va dire, par en bas du football.
50:34Pas forcément l'histoire des légendes
50:36dorées ou des grands matchs, mais
50:38plutôt de raconter comment, en fait,
50:40à travers l'histoire, tous les groupes
50:42sociaux, que ce soit les femmes, les ouvriers,
50:44la jeunesse des quartiers populaires,
50:46les peuples colonisés aussi, ont
50:48à un moment utilisé le football
50:50comme un instrument
50:52d'émancipation. C'est vraiment une autre histoire.
50:54Plutôt une histoire des dominés, non pas une histoire
50:56des dominants que je raconte dans l'album.
50:58C'est aussi
51:00une histoire vraiment politique
51:02du football. Vous donnez l'exemple
51:04de l'Egypte en 2011, avec
51:06les supporters du club Alali
51:08au premier rang des manifestations sur la
51:10place Tahrir.
51:12On oublie souvent, et je l'ai vraiment
51:14vu en reportage, c'était même un des
51:16points de départ de l'envie de faire le bouquin,
51:18c'est effectivement les supporters de foot,
51:20notamment les supporters ultra,
51:22qui sont souvent très sous les ailes
51:24de la répression de pas mal d'institutions
51:26footballistiques, qui étaient au fait des acteurs
51:28à part entière des printemps arabes
51:30de 2011. Ça a commencé à Tunis,
51:32on l'a vu à Istanbul ensuite
51:34en 2013, durant le mouvement de la place
51:36Taksim, mais effectivement au
51:38Caire, lors de la
51:40chute de Montbarac, on a vu
51:42que les supporters ultra de Alali
51:44s'étaient coalisés
51:46avec d'autres supporters, notamment Zamalek,
51:48qui est vraiment la grande autre équipe du Caire,
51:50qui sont vraiment les deux rivaux,
51:52c'est un des derbies les plus violents au monde,
51:54les deux groupes de supporters ont mis
51:56deux côtés leur rivalité sportive
51:58pour s'unir, pour participer
52:00au branlement social, pour mettre fin
52:02à la dictature égyptienne.
52:04– Vous revenez sur l'idée que
52:06ce football, les règles ont été
52:08édictées par des aristocrates,
52:10des aristocrates anglais, mais en fait
52:12ce sont les classes populaires
52:14qui en ont rendu cette pratique
52:16mondiale, qui ont rendu cette pratique
52:18tout à fait populaire.
52:20– Des complices dans l'histoire du foot,
52:22on voit que si effectivement
52:24c'est, on va dire, plutôt la bourgeoisie
52:26victorienne qui a codifié
52:28le sport moderne qu'est aujourd'hui le football,
52:30en fait, quand
52:32cette bourgeoisie-là devient le patronat
52:34industriel au milieu du 19ème siècle
52:36dans l'Angleterre, en pleine
52:38explosion industrielle, ils veulent plutôt
52:40inculquer le football à leurs ouvriers
52:42comme un outil de contrôle social,
52:44ils ont un peu peur que les ouvriers se syndiquent
52:46mais ça va se retourner contre eux,
52:48les ouvriers à l'époque ont besoin de
52:50se recréer des repères sociaux
52:52parce qu'ils sont issus d'un exode rural assez massif
52:54et en fait dans ces communautés ouvrières
52:56le football va servir
52:58de terreau à créer une nouvelle
53:00identité culturelle, une nouvelle
53:02identité de classe,
53:04disons-le, et très vite en fait les ouvriers
53:06vont s'approprier ce jeu-là, c'est même eux
53:08qui vont inventer le jeu de passe, c'est-à-dire que
53:10le jeu de passe comme on le connaît aujourd'hui
53:12c'était à la base plutôt des ouvriers du nord
53:14de l'Angleterre qui ont retranscrit
53:16sur le terrain la solidarité
53:18propre aux mondes
53:20ouvriers qui avaient à la fois
53:22cette entraide pour trouver à la fois dans les communautés
53:24ouvrières et sur les
53:26chaînes à l'usine. Et le dribble
53:28il est plutôt brésilien,
53:30ce geste qui fait lever
53:32des foules dans les stades.
53:34Alors le dribble effectivement,
53:36là la passe je vous l'expliquais
53:38comme il y a une dimension déjà sociale
53:40le dribble aussi, il faut savoir qu'on remonte un peu
53:42l'histoire du dribble, c'est-à-dire qu'au Brésil
53:44jusque dans les années 20
53:46les joueurs afro-brésiliens noirs
53:48n'avaient pas l'autorisation de jouer au football
53:50certains d'entre eux
53:52se mettaient même de la poudre de riz
53:54sur le visage pour paraître plus blanc
53:56et d'ailleurs c'est pour ça que, si vous connaissez
53:58un peu le football, il y a un grand club à Rio qui s'appelle
54:00le Fluminense, et les supporters
54:02du Fluminense à chaque début de stade
54:04balancent en l'air de la
54:06poudre de riz en hommage à ces joueurs,
54:08à ces premiers joueurs noirs. Et en tout cas
54:10comme à l'époque ils ne pouvaient pas
54:12jouer, l'arbitre était contre eux
54:14tous les défenseurs étaient contre ces joueurs-là
54:16le public aussi, en fait ces joueurs
54:18noirs-là, ces joueurs afro-brésiliens
54:20ont vraiment inventé le dribble comme
54:22l'art de l'esquive pour éviter
54:24justement cette violence-là qu'on leur imposait
54:26et le fait que de toute façon l'arbitre n'allait pas
54:28siffler la peau de quoi.
54:30Donc ce que je raconte un peu dans la BD, ce qui fait que c'est
54:32excellent, encore une fois, il y a une dimension
54:34politique parce qu'il raconte comment
54:36les joueurs noirs, pour se faire
54:38la violence du colon, en fait, devaient l'éviter
54:40à travers ce geste-là
54:42à se bénéficier de l'esquive.
54:44Merci beaucoup.
54:46Imanol, on oublie
54:48cette partie de l'histoire
54:50du football quand aujourd'hui on ne parle
54:52que de sport business.
54:54Oui mais il y a encore des clubs un peu partout
54:56en Europe et dans le monde qui le font vivre
54:58il y a des clubs qui ont des spécificités
55:00il y a des clubs qui sont des communautés. En général
55:02les supporters de
55:04foot aiment leur club pour des raisons
55:06qui sont aussi pures que ça
55:08et il ne faut pas négliger non plus
55:10le rôle de
55:12beaucoup de clubs de foot dans la constitution d'une communauté sociale
55:14dans un
55:16travail social sur le terrain.
55:18Ce n'est pas ce foot-là qu'on médiatise le plus
55:20hélas, mais c'est aussi ça
55:22qui explique l'amour du foot.
55:24Merci beaucoup. Merci Michael Correa.
55:26Je renvoie cette lecture aux antipodes
55:28du football business. Merci beaucoup
55:30à tous les quatre d'avoir participé à cette émission.
55:32Merci à vous de nous avoir suivis.
55:34On se retrouve très rapidement pour un nouveau numéro
55:36de Sport etc.