Émilie Laforge, maire de Branches, était l'invitée de la matinale d'ici Auxerre ce mercredi 19 février 2025.
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00:00C'est mercredi que l'on passe ensemble avec cette réunion importante aujourd'hui entre
00:03l'inspection académique à Auxerre et les syndicats enseignants.
00:06Des parents d'élèves et des élus sont venus de toute Lyon et ils ont prévu de se rassembler.
00:11Parmi les élus iconés qui se battent pour maintenir les classes dans leur commune, il y a la maire de Branche.
00:16Elle est ce matin notre invitée Léni.
00:18Bonjour Émilie Laforge.
00:19Bonjour, bonjour à tous.
00:20Vous faites partie des toutes premières communes à vous être mobilisées contre ce projet de carte scolaire.
00:28Vous risquez de perdre combien de classes d'après ce projet ?
00:32Alors ça fait effectivement trois semaines maintenant qu'on se bat suite à une réunion que j'ai eue avec ma collègue de Fleury-la-Vallée
00:40puisque Branche est en regroupement pédagogique intercommunal avec la commune de Fleury-la-Vallée.
00:46Et donc l'inspecteur de secteur nous a fait part il y a trois semaines de la décision du potentiel retrait d'un poste sur le RPI.
00:57Donc ça veut dire un poste, une classe, mais il y a une spécificité chez vous.
01:02Vous avez deux classes dans votre commune, ça veut dire que si une disparaît, la peur c'est qu'en fait ce soit l'école qui disparaît, c'est ça la grande peur ?
01:09Oui absolument. Ce sont, disons, les ambitions de l'éducation nationale de créer des pôles scolaires plus importants.
01:17Donc effectivement, si le retrait était sur ma commune, il n'y aurait plus qu'une seule classe sur Branche
01:24et l'objectif serait bien de rapatrier à terme la dernière classe sur Fleury-la-Vallée.
01:29Sur les murs de votre école, on peut voir des banderoles depuis plusieurs semaines,
01:34dont une sur laquelle c'est marqué « École fermée, village enterré »,
01:39c'est quoi ? C'est une perte d'attractivité dans un village comme Branche, la disparition potentielle d'une école ?
01:47Oui clairement, et on l'a ressenti pleinement lors de la première mobilisation du 3 février
01:53où toute ma population était invitée à se mobiliser et nous avons constaté qu'effectivement
01:59même les aînés du village étaient tous là, ils tiennent vraiment à leur école, c'est un lieu de vie,
02:06un lieu de dynamisme, un lieu de rassemblement, donc effectivement ils sont sensibles, je dirais,
02:13au maintien de cette école dans notre village.
02:15Mais elle vient d'où cette mobilisation ? Ce sont les parents qui se sont mobilisés ?
02:20C'est vous qui êtes allé les chercher ? Vous parlez des aînés du village aussi ?
02:24Comment ça s'est organisé depuis trois semaines ?
02:27Principalement à l'initiative du conseil municipal qui me soutient pleinement.
02:34Nous nous sommes réunis, nous avons même voté une motion au conseil municipal la semaine dernière
02:40pour bien rappeler que nous nous opposons fermement à ce retrait qui entacherait effectivement
02:46l'avenir de notre village. Nous n'avons plus aucun commerce, nous avons une machine à pain,
02:52effectivement elle pourrait être menacée également si les parents qui viennent chercher les enfants
02:57ne consomment plus non plus sur la machine. C'est tout un écosystème en fait,
03:02c'est pas que l'école, c'est vraiment tout ce qui gravite autour, le fait que les enfants
03:08participent au marché Noël, c'est important pour nous de maintenir absolument cette école au sein de Branche.
03:15Ici Auxerre, il est 8h16, on vous pose ce matin cette question.
03:18Est-ce que la mobilisation des enseignants, des parents d'élèves, des élus aussi, depuis plusieurs semaines,
03:23ça fait déjà plusieurs semaines que ça dure, peut faire bouger les choses selon vous ?
03:26On va recueillir dans quelques instants vos témoignages.
03:28Ce matin, Émilie Laforge, maire de la commune de Branche est notre invitée.
03:31Émilie Laforge, Claudine Delarue nous dit sur notre page Facebook, ici Auxerre,
03:38qu'il faut que l'éducation nationale abandonne la politique de la calculette.
03:43Est-ce que vous vous retrouvez dans ces mots ?
03:45Je partage pleinement ce commentaire.
03:49Effectivement, ils ne retiennent comme seul critère les effectifs.
03:54Donc, on connaît tous une baisse démographique dans nos villages, c'est une certitude.
04:01Le cas de Branche Fleury-Lavallée est un peu spécifique.
04:05Ces dernières années, nous avons, ma collègue et moi-même, signé énormément de dérogations.
04:11Pour que tout le monde comprenne, une dérogation, ce sont des enfants qui sont dans nos villages
04:16et qui demandent à partir à l'extérieur, communes périphériques,
04:19et peut-être rechercher pleinement les raisons qui les amènent à quitter, à déserter,
04:26je dirais, nos villages et principalement Branche.
04:29La colère, on a l'impression, dans Lyon, cette année, est particulièrement importante
04:35pour ce projet de carte scolaire.
04:38Contre ce projet, que ce soit le cas à Branche ou ailleurs,
04:42qu'est-ce qu'il y a de particulier cette année ?
04:45La communication avec l'éducation nationale dans Lyon est compliquée ?
04:49Elle n'est pas simple.
04:51L'inspecteur de secteur, pour ma part, est à l'écoute dans la communication.
04:58C'est une certitude.
05:00Néanmoins, je pense que l'éducation nationale, à ses propres idées,
05:06n'est pas en adéquation avec la réalité du terrain.
05:11On essaie quand même d'être réaliste.
05:15Vous savez, Branche Fleury a connu déjà un retrait il y a deux ans.
05:18C'était pour une suppression sur l'école maternelle.
05:21Nous, on avait trois enseignantes pour chaque niveau de maternelle.
05:25Et quand le projet de retrait a été proposé,
05:30bien sûr, ma collègue et moi-même étions défavorables.
05:32Néanmoins, on ne s'est pas autant et fortement mobilisés
05:36puisqu'il y a une réalité d'avoir un double niveau en maternelle.
05:39Ça pouvait se concevoir et n'entraîner pas de dégradation de l'enseignement pour les plus petits.
05:46Aujourd'hui, le contexte est différent.
05:48Je me bats vraiment pour les conditions d'enseignement et d'accueil des enfants
05:53pour l'année prochaine et les années à venir,
05:55mais également pour l'ensemble de mon village.
05:57Ce matin, on pose une question à nos auditrices et auditeurs.
06:00Est-ce que la mobilisation des enseignants et des parents d'élèves peut faire bouger les choses ?
06:05Et nous avons quelqu'un en ligne, Julien.
06:07Effectivement, vous nous apportez vos témoignages ce matin, 0386 52 23 23.
06:12On salue Philippe qui nous appelle ce matin.
06:14Bonjour Philippe.
06:15Bonjour.
06:16Vous voulez y réagir autour de ce sujet ?
06:18Ah oui, oui, oui, oui.
06:20Comme dit votre invitée, oui, c'est la mort, c'est la mort, mais c'est la mort du village.
06:24Je suis chauffeur de car scolaire et ça, ça va nous en pâtir aussi.
06:30Après, comment vont faire les gens pour emmener leurs enfants à vos écoles ?
06:34Mais là, j'ai une question.
06:36Moi, si le député M. Odule écoute, qu'est-ce qu'il fait à cette heure-là ?
06:42C'est un appel justement aux politiques, à la mobilisation.
06:46Pour vous, est-ce que justement, je vous repose la question,
06:49mais est-ce que cette mobilisation des parents, d'élèves, des enseignants, des élus peut changer quelque chose ?
06:56Ah oui, oui, oui, ça peut bouger.
06:58Oui, ça peut bouger et ce n'est pas la première fois que ça se fait.
07:02M. Bayrou, le Premier ministre, avait dit que je ne toucherai pas aux écoles,
07:08mais c'est encore un mensonge.
07:10Merci Philippe pour votre témoignage ce matin.
07:16Vous êtes chauffeur de car scolaire, vous êtes donc en contact avec ces élèves
07:20et ce monde rural qui, d'après justement ce nouveau projet de car scolaire,
07:25peut potentiellement perdre des classes.
07:27Emilie Laforge, vous êtes maire de Branche.
07:29Dans un peu moins d'une heure, il va y avoir maintenant une mobilisation.
07:32Je vous pose à vous cette question.
07:33Est-ce que ça peut changer quelque chose justement, cette mobilisation ?
07:37Est-ce que ça peut faire une conscience auprès des services de l'éducation nationale ?
07:41Oui, je pense.
07:43Soit on est fataliste, on ne dit rien, on laisse les choses s'imposer à nous-mêmes.
07:47Soit on essaie effectivement d'argumenter, de faire entendre raison.
07:52Nous, c'est un village qui depuis cinq ans a énormément investi
07:56en dépenses de fonctionnement pur.
07:58Ce sont 203.520 euros.
08:00Donc nous sommes 428 ans.
08:02C'est lourd de conséquences.
08:05Je ne vous parle pas de la création d'une cantine depuis deux ans.
08:08Donc on a énormément investi pour nos enfants et on se dit que tout est anéanti.
08:15Et l'éducation nationale, ne prenant qu'un seul critère des effectifs,
08:20occulte complètement tous les efforts qui ont pu être faits.
08:24Et je pense que c'est l'avenir de nos enfants et la qualité de l'enseignement qui est clairement en jeu.
08:33Ça veut dire que cette carte scolaire, ce n'est pas que le nombre qui joue,
08:38ça va bien au-delà.
08:39Il faudrait pour vous revoir finalement tous les critères de définition de ces cartes.
08:44En tout cas, les élargir.
08:45Et avoir une vision plus globale et plus proche du terrain que celle de l'éducation nationale actuellement.
08:52Une dernière question, Émilie Laforge.
08:55Et si cette classe disparaît de votre école, qu'est-ce que vous allez faire ?
09:02Non, elle ne va pas disparaître.
09:06Je continuerai avec la dernière classe qui me resterait,
09:14en mettant le maximum à disposition des enfants,
09:19parce que c'est bien eux qui sont au cœur du sujet.
09:21Et puis, si un jour la réalité du terrain de rassembler des gros pôles scolaires s'impose à nous,
09:32sans que personne manifeste rien du tout, il y aura d'autres conséquences.
09:37Effectivement, le transporteur parlait justement de cette question de transporter les enfants.
09:43En tant que parent, je crois que moins les enfants sont sur la route, mieux on se sent.
09:48C'était bien une des raisons pour lesquelles nous avions créé une cantine sur place.
09:52Donc en fait, on essaie d'apporter des solutions.
09:56L'éducation nationale pense trouver des solutions.
09:58Et finalement, il y a d'autres difficultés qui s'imposent parallèlement.
10:02Merci, Émilie Laforge.
10:04Je le rappelle, vous êtes maire de Branche.
10:07Vous étiez notre invitée ce matin sur ICI au CERF.