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L'ancien commissaire européen au Marché Intérieur, Thierry Breton était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Thierry Breton, et bienvenue à la grande interview sur CNews Européen.
00:07Vous êtes ancien commissaire européen au marché intérieur.
00:09Vous avez aussi été ministre de l'économie et des finances.
00:13Tandis que les Européens se sont réunis hier, Thierry Breton à Paris,
00:16pour évoquer notamment la question essentielle de la sécurité européenne.
00:20De hauts responsables américains et russes vont se retrouver aujourd'hui à Riyad pour des premiers,
00:25pour parler d'abord, pour parler de la sécurité européenne plus largement et de l'Ukraine.
00:29Est-ce qu'on peut dire ce matin, malheureusement, que l'Europe est sortie de l'histoire ?
00:34Non, elle n'est pas sortie de l'histoire, mais vous avez raison d'interpeller l'histoire.
00:39Parce que nous sommes en train de vivre un moment, qui pour moi est un moment historique,
00:43peut-être aussi important que celui que nous avons connu lors de la chute du mur de Berlin.
00:48Pourquoi dit-on cela ?
00:50Parce que pour la première fois depuis très longtemps,
00:53les Européens, en tout cas 26 États membres sur 27,
00:58se rendent compte qu'on ne peut plus dépendre désormais des seuls États-Unis pour notre sécurité.
01:03Je mets le 27ème à part, la France, parce que nous sommes un pays doté,
01:08nous avons l'arme nucléaire, on est autonome pour notre défense,
01:11mais c'est vrai que désormais, il va falloir que tous les pays européens en tirent les conséquences.
01:16Il va falloir, il faut que, mais pour le faire, pardonnez-moi, quel leadership européen ?
01:20Qui hier ? Mme Ursula von der Leyen ? M. Olaf Scholz ? M. Emmanuel Macron ?
01:24Où voyez-vous le leadership européen ?
01:26Il faut toujours, dans ces moments historiques, en revenir d'abord à nos institutions.
01:30Nos institutions sont claires.
01:32Celui qui doit diriger la politique, je dirais, influencer la politique extérieure de l'Union,
01:38c'est évidemment le président du Conseil européen et la haute représentante.
01:42C'est donc vers eux qu'il faut se tourner, et c'est donc évidemment Antonio Costa,
01:46le président du Conseil européen, qui, le moment venu, lorsque, effectivement,
01:53nous le jugerons utile et Volodymyr Zelensky, le président de l'Ukraine, le jugera utile,
01:57devra être celui qui représente, pour moi, c'est mon point de vue,
02:00parce qu'encore une fois, je me réfère à nos institutions,
02:02soit celui qui représente les intérêts de l'Europe à la table de négociation.
02:06J'entends le côté, si je peux dire, légitimiste,
02:08mais est-ce que vous reconnaissez ce matin, Thierry Breton, que les Européens sont pris de vitesse,
02:12dos au mur, incapables de peser face aux Américains, et bien qu'ils vont discuter à la table des Russes ?
02:17On n'a ni strapentant, ni tabouret, même pas encore un petit extrait pour ce soir.
02:20Alors pour l'instant, il s'agit de discussions préliminaires, comme on dit en langage diplomatique.
02:27Mais oui, bien sûr, vous avez raison, Sinema-Brooke, les Européens sont pris de vitesse,
02:30et je le déplore, parce que depuis, quand même, maintenant, des mois,
02:35on a entendu ce que disait Donald Trump.
02:38C'était avant la campagne, ça a été ensuite pendant les 100 jours de transition,
02:42et puis depuis maintenant 25 jours où il est au pouvoir.
02:45Il le dit sans cesse, il veut être celui qui va régler ce conflit, mais voyez-vous...
02:50Alors pourquoi cette sidération européenne ?
02:52Eh bien voilà, c'est une très bonne question, il ne devrait pas y avoir de sidération européenne.
02:56Mieux vaut tard que jamais.
02:57Je trouve que la réunion d'hier était appropriée, elle était opportune.
03:01Il faut évidemment nous réunir, il faut commencer à discuter,
03:03et voyez-vous, il vaut mieux discuter sous les écrans radars, si je puis me permettre,
03:07parce qu'il s'agit évidemment de définir, à partir du moment où il y aurait un cessez-le-feu,
03:12il s'agit de définir évidemment quelles seraient les garanties de sécurité,
03:16et celle-là, on sait que l'Europe devra y être impliquée parce que c'est notre continent,
03:20mais il vaut mieux pas le mettre sur la place publique.
03:22Très bien, mais alors quelles garanties ?
03:23Emmanuel Macron dit garanties fortes et crédibles pour une paix durable.
03:27Très bien, ça sonne bien à toutes nos oreilles.
03:29Vous avez quand même, monsieur Thierry Breton, le Premier ministre britannique et la Suède
03:33qui veulent envoyer des troupes sur le sol ukrainien.
03:35Est-ce que vous vous félicitez ce matin, malgré tout, que le président américain dit fin de la partie ?
03:40Stoppe les vattes en guerre.
03:41Alors il faut être très précis, il faut être très précis.
03:44Il est hors de question, dans l'esprit de tous les chefs d'État et de gouvernement,
03:47je parle en leur nom, mais je lis, j'écoute, je sais ce qu'ils disent, d'envoyer des troupes maintenant.
03:53Il s'agit simplement, c'est très important, de discuter des garanties de sécurité
03:59qui devront être apportées en cas de cessez-le-feu.
04:02Donc il s'agit évidemment de discuter, déjà, comment on s'organiserait.
04:06C'est pour ça que je dis, il vaut mieux le faire à huis clos.
04:08Évidemment, comme on sait que les États-Unis, et ça ne date pas du reste de Donald Trump,
04:13Joe Biden l'avait dit, ne participeraient pas, en tout cas directement sur le terrain,
04:18à la sécurisation de la frontière en cas de cessez-le-feu.
04:22C'est les Européens et les Ukrainiens qui devront le faire.
04:25Vous y croyez vraiment ?
04:27Oui, bien sûr.
04:28C'est un vœu pieux.
04:29Non, ce n'est pas un vœu pieux, mais je crois qu'il faut être très clair.
04:30Il ne s'agit absolument pas d'envoyer des troupes maintenant,
04:33mais de préparer, et il y a ceux qui disent qu'ils sont prêts,
04:35d'autres qui ne le disent pas.
04:36Vous avez noté, du reste, que l'Allemagne est prudente.
04:39La Pologne aussi.
04:40Pourquoi, Sonia Mabrouk ?
04:41Parce que les deux pays sont en campagne électorale.
04:43On le sait, en Allemagne, c'est ce dimanche que se décidera les quatre prochaines années.
04:48Et puis, évidemment, aussi en Pologne, où il y a des élections présidentielles.
04:52Donc c'est comme ça qu'il faut lire les prudences, me semble-t-il,
04:54des deux, à la fois de Donald Tusk, le Premier ministre polonais,
04:59et d'Olaf Scholz, le chancelier sortant.
05:01Et comment lisez-vous la diatribe de J.D. Vance ?
05:05On vous a entendu sur ce sujet, Thierry Breton.
05:07Lorsque le vice-président américain alerte sur une Europe
05:09qui a laissé ses portes ouvertes à l'immigration
05:11et qu'il sonne l'alarme aussi sur le recul de la liberté d'expression sur notre continent,
05:15vous avez estimé que c'était une humiliation,
05:17que c'est une leçon donnée à l'Europe.
05:19Mais on ne vous a pas entendu sur le constat.
05:21Est-ce que vous estimez que c'est faux, comme constat ?
05:23Est-ce que c'est faux de dire que l'immigration,
05:25compte tenu des chiffres et de la submersion,
05:27telle que la définit François Bayrou, est en route ?
05:29Est-ce que c'est faux de dire que la liberté d'expression recule sur notre continent ?
05:32Il y a deux choses. Il y a d'abord celui de l'immigration, effectivement.
05:35Les Américains sont bien placés parce qu'ils vivent, effectivement.
05:39Je rappelle qu'il y a à peu près 3 millions à 3,5 millions de migrants
05:42qui franchissent illégalement la frontière,
05:44parce que c'est la frontière du Mexique.
05:45Il ne faut pas se raconter de l'histoire.
05:47Nous sommes, nous, en illégaux, à 330 000.
05:50C'est dix fois plus que du côté des États-Unis.
05:52Donc ils sont très sensibilisés, on le comprend.
05:54Toute proportion de la population n'est pas équivalente.
05:56Mais nous, c'est 500 000 par an.
05:58Oui, c'est ça, à peu près, un peu moins.
06:00Et on est une fois et demie plus important qu'eux.
06:02Donc effectivement, ils sont 330 millions, 340 millions d'habitants.
06:06On est 450 millions.
06:07Je ne dis pas que ce n'est pas bien. Il faut évidemment le traiter.
06:09Mais il a raison ?
06:10Mais c'est un sujet, évidemment.
06:11Est-ce qu'il a raison ?
06:12Mais c'est un sujet. Mais la façon dont il le dit, c'est une autre question.
06:15Et en particulier, puisque c'est le deuxième volet sur la liberté d'expression,
06:19la liberté d'expression, c'est une valeur, c'est cardinal chez nous.
06:25On est chez nous, c'est absolument essentiel.
06:27Du reste, vous parlez à celui qui a été le régulateur,
06:30donc qui a mis en place, vous le savez...
06:32Qui a été le régulateur ou vous êtes le censeur, Thierry Breton ?
06:35Qui a été le régulateur, certainement pas le censeur.
06:37Et avec moi, tous ceux qui ont voté, je le rappelle, Sonia Mabrouk,
06:39ces lois qui protègent maintenant nos enfants dans l'espace numérique,
06:43je pense en particulier au DSA,
06:45ces lois qui protègent nos artistes compositeurs sur leurs droits,
06:49nos entreprises, nos concitoyens,
06:50elles ont été votées, Sonia Mabrouk, à 90 %.
06:5390 % des députés européens,
06:55y compris ceux qui maintenant estiment que c'est de la censure,
06:59alors qu'est-ce qu'ils ont fait ?
07:00Ils n'avaient pas voté contre, et pourquoi ?
07:0190 % et 100 % des États membres.
07:05Donc ces lois de notre démocratie...
07:07Vous dites que c'est nous qui protégeons la liberté d'expression.
07:10Et vous savez pourquoi elles ont été votées avec autant de majorité ?
07:13Parce que précisément, elles ne censurent pas.
07:15Vous avez vivement réagi lorsque Elon Musk a parlé de l'AFD allemand.
07:18Si Musk continue de parler du futur scrutin allemand,
07:21est-ce qu'il pourrait y avoir, ce que pouvez-vous nous le dire clairement,
07:23une annulation du scrutin allemand, tout comme il y a eu
07:26une annulation du scrutin en Roumanie ?
07:28Mais jamais, et encore une fois, là, c'est une fake news qui est propagée.
07:31Vous ne l'avez jamais dit ?
07:32Non, jamais, jamais. J'ai été très précis.
07:34J'ai dit qu'en Roumanie, il y a d'abord eu le Conseil constitutionnel
07:38qui a invalidé l'élection, et qu'ensuite, le DSA, donc,
07:42a été activé pour voir si jamais il y avait eu
07:45une accélération algorithmique sur les algorithmes,
07:48notamment de TikTok, qui n'étaient pas conformes à nos lois.
07:51Un point, c'est tout.
07:52Du reste, le DSA ne permet absolument pas d'invalider les élections.
07:56Les seules sanctions, c'est 6% du chiffre d'affaires,
07:59et éventuellement, si jamais on ne corrige pas les erreurs,
08:01saisine d'un juge, pour interrompre momentanément
08:04la capacité d'émettre sur le territoire,
08:07jusqu'à ce que les erreurs soient corrigées.
08:08Un point, c'est tout.
08:09Donc, jamais, ceci n'a été dit, mais c'est une fake news, voilà.
08:13Et je vous pose la question à l'inverse.
08:14Si Elon Musk avait apporté son soutien à un parti progressiste en Allemagne,
08:18est-ce que vous auriez réagi de la même manière ?
08:19Mais qu'est-ce que j'ai dit uniquement ?
08:21J'ai dit qu'à partir du moment où Elon Musk utilise une plateforme,
08:26c'est-à-dire un réseau, qui lui-même est régulé en Europe
08:31pour précisément garantir la sécurité à nos concitoyens,
08:35c'est-à-dire un réseau qui a plus de 45 millions d'utilisateurs,
08:38alors il doit veiller à ce que les critères,
08:41qui sont les critères de fonctionnement,
08:43c'est-à-dire que les algorithmes ne soient pas perturbés, modifiés, truqués,
08:48eh bien, soient bien garantis.
08:49Un point, c'est tout.
08:50Donc, il a le droit de dire ce qu'il veut,
08:52il a le droit de dire absolument ce qu'il veut,
08:54mais s'il utilise comme moyen d'expression
08:56un réseau qui lui-même est désormais régulé
08:59pour protéger nos enfants, nos concitoyens, nos démocraties en Europe,
09:01il doit juste respecter précisément ce droit.
09:04Il doit dire ce qu'il veut,
09:05c'est-à-dire que quand d'autres grands dirigeants se sont exprimés il y a quelques années,
09:08notamment, je pense à Barack Obama,
09:10pour saluer ou en tout cas encourager Mme Merkel ou encore
09:14pour soutenir M. Emmanuel Macron,
09:16dans ce cas-là, il ne dit rien.
09:18Mais je l'ai toujours dit,
09:19il a tout à fait le droit de dire ce qu'il veut.
09:21S'il utilise maintenant un moyen qui est régulé,
09:24encore une fois, sur l'aspect algorithmique,
09:26il doit juste le respecter.
09:27Il y a du reste des interrogations,
09:29beaucoup s'interrogent sur précisément ces algorithmes,
09:31c'est la raison pour laquelle la Commission,
09:33et me semble-t-il elle a eu raison,
09:34a lancé une enquête précisément sur cette question.
09:37Maintenant, encore une fois, on est libre.
09:39Et si M. Vance décide aussi de faire ce qu'il a fait,
09:43c'est-à-dire lorsqu'il vient pour la première fois en Europe
09:46et accueilli par un pays qui est l'Allemagne,
09:48et décide de ne pas voir le chancelier
09:50mais de voir Mme Reydel,
09:52c'est son choix.
09:53Maintenant, on en tire les conséquences
09:55et les conclusions qu'on veut en tirer.
09:56Vous avez dit humiliation sur le discours de M. Vance.
09:59M. Thierry Breton, quand on lit dans son intégralité
10:01le discours de G. Davens,
10:02le message est troublant quand même.
10:04Il décrit un dédain du petit peuple
10:06via des restrictions excessives de la liberté d'expression,
10:09dit-il, et le contournement de cette volonté populaire
10:11par des élites convaincues qu'elles font le bien
10:14à la place du peuple.
10:15Vous voyez de quoi il parle ?
10:16Non, pas du tout, et je crois que là, encore une fois...
10:18Ça n'existe pas ?
10:19Non, pas du tout.
10:20Pourtant, c'est décrit par des intellectuels
10:21et pas seulement de droit dans notre pays,
10:23de Marcel Gaucher, le néo-démocratique,
10:24à Christophe Guy, le géographe.
10:26Mais chacun a le droit de dire ce qu'il veut,
10:26on est vraiment un continent libre.
10:29Pourquoi est-ce une humiliation, alors ?
10:30Parce que c'est la façon dont il a dit.
10:33Il vient pour parler précisément de l'Ukraine
10:35et il nous fait juste un peu une leçon démocratique
10:39et en disant aussi, il est absolument scandaleux
10:42qu'il y ait, vous savez, ce fameux cordon sanitaire.
10:44Moi, je n'aime pas du tout cette expression
10:46parce que je ne le reconnais pas.
10:47Mais enfin, il le dit.
10:49À quoi fait-il allusion ?
10:51À quoi fait-il allusion quand il parle de cordon sanitaire ?
10:53Bien, en tout cas, je sais que le cordon sanitaire,
10:56au Parlement européen, il existe
10:57parce que le groupe des Patriotes,
10:59dans lequel figure, par exemple, le Rassemblement national,
11:02il a mis un cordon sanitaire avec l'AFD.
11:04Donc, demandez-lui pourquoi.
11:06Quand il dit sur l'immigration, j'y reviens,
11:08est-ce que vous estimez que les peuples,
11:09vous avez été ministre aussi, M. Breton,
11:10sont entendus quand ils disent
11:12moins d'immigration et sur la liberté d'expression ?
11:14Est-ce que, par exemple, vous êtes à l'aise ?
11:15En France, il y a une chaîne de télévision qui va fermer.
11:18Il y a des comptes sur les réseaux sociaux qui sont fermés.
11:20Est-ce que vous dites, malgré tout,
11:21que la liberté d'expression est sanctuarisée ?
11:23Vous savez, on l'a rappelé,
11:25j'ai été effectivement celui qui a porté ces lois
11:27et cette régulation.
11:29Et je viens de vous le dire,
11:31c'est vraiment ma conviction.
11:32Je suis fermement attaché à la liberté d'expression.
11:35Et ces lois, encore une fois,
11:36elles portent la liberté d'expression.
11:38Pour moi, c'est cardinal.
11:39Maintenant, en tant qu'ancien régulateur,
11:41je n'ai pas porté de jugement
11:42sur ce que fait un autre régulateur,
11:44mais je le redis à votre micro.
11:45Pour moi, la liberté d'expression est absolument cardinale.
11:48Vous vous êtes dit attristé récemment,
11:50Thierry Breton, par le chemin pris par les États-Unis.
11:52Vous l'avez même qualifié d'autocratie.
11:54Vous dénoncez donc l'attaque d'Elon Musk
11:57contre ce qui est appelé l'État profond,
11:59le démantèlement, il faut bien le dire,
12:00d'une partie des fonctionnaires.
12:02Vous avez même dit,
12:03vous vous êtes interrogé s'il avait un mandat
12:05et le fait qu'il ne soit pas élu.
12:07Certains vous ont rétorqué.
12:08Et vous ?
12:09Vous n'êtes pas élu, vous n'avez pas de mandat.
12:11Je suis passé devant notre congrès, moi.
12:13Notre congrès ?
12:14Notre congrès, c'est-à-dire le Parlement européen.
12:16Et croyez-moi, Seigneur Mamrouk...
12:17Ça donne une légitimité aujourd'hui ?
12:19Ah oui, parce que ça donne la légitimité...
12:21Pas du peuple.
12:22...que beaucoup de commissaires, finalement, ont été rejetés.
12:24Mais pas celles du peuple.
12:26Mais ils sont dépositaires, ils ont un mandat du peuple
12:28pour précisément décider, en vous entendant,
12:30si vous êtes apte ou pas.
12:31J'aimerais, peut-être, mais encore une fois,
12:34chacun est libre et je ne veux pas, moi,
12:36faire d'ingérence dans la démocratie américaine.
12:38On peut s'interroger, pourquoi M. Elon Musk
12:40n'a pas fait ce que...
12:41Puisque vous me comparez à lui,
12:42j'en suis très honoré.
12:44Je pose la question.
12:44Très honoré.
12:45Pourquoi il n'a pas passé comme ses autres collègues
12:48et comme moi, je suis passé devant notre congrès ?
12:51Croyez-moi, c'est un exercice qui n'est pas facile
12:53et quand on y rentre, on n'est pas sûr d'en sortir.
12:55Mais je note qu'on peut dire que M. Vance a donné une leçon
12:58et c'est une humiliation,
12:59mais que quand vous, vous dites que les Etats-Unis
13:00se dirigent vers une autocratie, ce n'est pas une leçon.
13:02Je ne crois pas avoir dit que les Etats-Unis
13:04se dirigeaient vers une autocratie,
13:05je ne sais pas si vous avez trouvé ça.
13:06Je ne crois pas, je ne crois pas ça.
13:08Vous êtes inquiété de l'attaque contre l'Etat profond ?
13:10Non, je ne me suis pas inquiété.
13:11Je dis simplement, encore une fois,
13:12que lorsqu'on a des femmes et des hommes
13:16qui sont, comme on dit aux Etats-Unis,
13:17des civil servants,
13:18c'est-à-dire dans civil servants, il y a servants,
13:20c'est-à-dire des personnes qui servent l'Etat,
13:23qui servent l'Etat et qui servent l'Etat fédéral.
13:25Du jour au lendemain, les renvoyer par un email,
13:30c'est des dizaines et des dizaines et des dizaines de milliers de personnes.
13:33Il faut aussi respecter, peut-être, les personnes
13:36et les méthodes, les méthodes.
13:37Je le dis sincèrement, j'aime les Etats-Unis.
13:40J'ai vécu aux Etats-Unis, j'ai travaillé aux Etats-Unis,
13:42j'ai enseigné aux Etats-Unis.
13:44J'aime ce pays par ce qu'il représente,
13:45sa liberté, sa façon de pouvoir progresser, d'innover.
13:50Mais croyez-moi, la brutalité,
13:52et la brutalité pour celles et ceux qui ont servi,
13:55qui ont choisi de leur vie de servir l'Etat fédéral,
13:58oui, ça me heurte, ça me choque.
13:59Je pense aussi à eux.
14:01Monsieur Trump a été élu pour cela.
14:03Oui, il a été élu certainement.
14:04Ça n'a pas la volonté populaire.
14:06Mais après ça, il y a aussi les « check and balances »,
14:08comme on dit aux Etats-Unis.
14:09C'est-à-dire qu'il a été élu, mais derrière...
14:11En bon français, ça donne quoi ?
14:12Ça veut dire qu'on est dans un Etat de droit
14:14et qu'il faut respecter précisément les règles des Etats de droit.
14:17C'est tout ce que je dis.
14:18Après ça, je n'ai pas à moi-même m'assiner
14:21dans la démocratie américaine.
14:23On a une raison de le faire à celles et ceux à qui on s'adresse.
14:27Ne voyez pas dans ma question un manque de respect, monsieur Breton.
14:30Est-ce qu'il vaut mieux avoir un Elon Musk aujourd'hui
14:32ou un Thierry Breton ?
14:33Je ne vois pas du tout à quoi vous faites référence.
14:36Qu'est-ce qu'en termes d'apport, de valeur,
14:40qu'est-ce qui vaut mieux aujourd'hui ?
14:42Ça ne vous choque cette question ?
14:43Non, ça ne me choque pas.
14:44Mais j'étais en interface avec Elon Musk,
14:47comme j'étais en interface avec le patron de Google,
14:49comme j'étais en interface avec Mark Zuckerberg,
14:51le patron de Meta,
14:52dans mes qualités, dans ma capacité de régulateur.
14:55Un point, c'est tout.
14:56Je ne suis pas autre chose.
14:57Je ne me mets pas à la hauteur de ce que je ne suis pas.
15:00En réalité, je pensais que vous alliez dire les deux.
15:01Et ma question, c'est est-ce qu'il faut un Elon Musk français
15:04et donc européen, en rappelant que pour communiquer
15:07aujourd'hui à chaque catastrophe naturelle de Mayotte à Los Angeles,
15:09nous avons eu besoin de Starlink, de monsieur Elon Musk,
15:13SpaceX qui développe des mégafusées, etc.
15:16Et puis la dernière innovation, c'est l'intelligence artificielle,
15:20sujet qui vous intéresse, avec le GROC 3.
15:21D'abord, je le dis parce que j'ai été chef d'entreprise,
15:24j'ai été ministre, j'ai été commissaire européen,
15:26Sonia Mabrouk, avoir la responsabilité d'une collectivité humaine
15:30lorsque l'on est à la tête d'une administration d'un grand pays,
15:34ça n'a rien à voir avec diriger une entreprise, rien à voir.
15:37Croyez-moi, il faut avoir d'autres qualités.
15:39C'est bien d'avoir les deux, mais ça ne s'improvise pas.
15:42Quant au reste, c'est vrai que l'Europe a pris un peu de retard
15:47sur ses constellations, mais c'est une constellation,
15:49on s'est battu, on a maintenant une constellation
15:51qui s'appelle Iris Square, Iris au carré,
15:54qui va être lancée d'ici 2027,
15:57qui est extraordinairement performante, en avance technologique.
16:01Vous savez, on avait un peu de retard,
16:04mais j'ai confiance en notre capacité à le rattraper.
16:06En tout cas, je continuerai à me battre pour cela de là où je suis.
16:09De là où vous êtes ?
16:10C'est-à-dire ?
16:11Aujourd'hui, en face de vous.
16:12Et demain ?
16:13Et demain, on verra.
16:14Certains voient une appétit, une ambition,
16:17une volonté d'occuper un leadership européen, à quand ?
16:20Vous savez, j'ai porté le Fonds européen de défense
16:23qui nous a permis de financer la défense européenne
16:25avant même que je ne sois commissaire.
16:26On peut faire des choses, y compris en dehors de l'Europe,
16:29pour l'Europe.
16:30Merci. Et pour la France ?
16:31Bien entendu, la France étant un très grand pays d'Europe
16:34qui est appelé à jouer un rôle, je l'espère,
16:36encore plus important au sein de nos institutions.
16:38Merci Thierry Breton.
16:39C'était votre grande interview.
16:40Je vous souhaite une bonne journée et à bientôt.
16:42Merci à vous.

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