4GOOD du 17 février 2025
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00:00Et Thomas, on ouvre le bal avec ton édito et tu nous dis que les entreprises perdent du terrain face au dérèglement climatique.
00:11Et oui Alex, car ces derniers mois, ces dernières années, on voit bien que les catastrophes climatiques, parfois qualifiées de naturelles,
00:18ont des impacts forts sur les rendements économiques des entreprises, qui parfois sont en chute libre, des prix aussi parfois qui s'envolent.
00:26Et donc finalement, est-ce que face à tout ça, on a vraiment le choix entre la fin du monde et la fin du mois, qui est une expression qui revient souvent.
00:34Est-ce que la fin du monde, ce ne serait pas à chaque fin de mois pour un nombre grandissant d'entreprises ?
00:39La formule est forte, mais les statistiques récentes montrent bien que le monde économique dans son ensemble se porte assez mal.
00:45Les redressements judiciaires, les faillites d'entreprises se multiplient.
00:48Prenons un exemple au niveau européen. 64% des entreprises ont subi des pertes financières liées au phénomène climatique en 2023.
00:56Et 15% d'entre elles seulement sont assurées contre de tels risques.
00:59Cela montre bien à quel point les années prochaines seront déterminantes et que toutes ces composantes nouvelles avec lesquelles les entreprises doivent prendre des décisions
01:09nous amènent à penser que finalement 2050, qui était l'échéance des prévisions climatiques, est déjà maintenant.
01:15Cela donne quoi concrètement ?
01:17Prenons quelques exemples sectoriels dans le transport.
01:20La SNCF, par exemple, qui se retrouve fortement impactée par des fortes chaleurs et doit investir davantage dans la maintenance de ses réseaux.
01:27Prenons EDF qui, au niveau de la production énergétique, voit des rendements baissés sur le volet, notamment hydroélectrique, qui compose quand même une partie importante du mix français.
01:35Des producteurs viticoles en Bourgogne, dans le Bordelais aussi, qui voient des rendements baissés de 30 à 50%, plus largement dans le monde agricole.
01:44L'actualité des dernières semaines est assez triste à cet égard, où les agriculteurs se manifestent.
01:50Mais d'ailleurs, ce n'est pas tant une crise des agriculteurs qu'une crise agricole au sens large, avec des rendements en chute libre ou des prix qui s'envolent.
01:58Prenons l'exemple de l'orange en 12 mois, qui a augmenté de 200% en termes de prix, ou le cacao qui a pris 400% sur à peine deux ans.
02:05Et qu'en est-il de la pression réglementaire ?
02:08En Europe en particulier, un nouveau cadre réglementaire émerge et énormément évoqué ces dernières semaines, la CSRD notamment.
02:15On pourrait aussi parler de la CSDDD, la taxonomie verte, qui sont d'ailleurs attaquées de toutes parts par certains pays de l'Union et pas n'importe lesquels,
02:24qui aimeraient voir une simplification, voire un allègement de la pression qui pourrait en découler.
02:28Mais globalement, la pression augmente.
02:31On se met même aussi à entendre parler d'ajustements carbone aux frontières qui viseraient à appliquer des taxes pour pénaliser les produits qui ont des émissions,
02:39notamment de carbone, trop importantes.
02:41Mais cela peut représenter aussi évidemment une opportunité pour les entreprises européennes et françaises.
02:45C'est ce dont on va notamment parler aujourd'hui, avec à la fois des avantages concurrentiels à aller chercher à moyen terme,
02:51mais aussi de nouvelles perspectives commerciales dès lors que l'on envisage le développement de nouvelles offres de produits ou de services,
02:57et Sonia notamment pourra l'évoquer.
02:59Ce que le dérèglement climatique nous enseigne aujourd'hui, c'est qu'on ne peut plus se satisfaire de le voir comme un défi à subir.
03:06Cela doit devenir le meilleur prétexte pour enfin rendre la société soutenable.
03:10S'adapter aujourd'hui, c'est anticiper demain et devenir un leader d'un monde plus sain.
03:14C'est ce dont on doit pouvoir travailler et discuter aujourd'hui avec nos invités.
03:19Marie, une question pour vous.
03:21Les investisseurs prennent-ils réellement en compte les risques climatiques dans leurs décisions ou est-ce que c'est encore marginal ?
03:28Je pense que c'est encore marginal.
03:29En tout cas, disons plutôt que la manière dont ils évaluent les risques n'est pas complètement holistique et souvent assez peu fiable.
03:39C'est-à-dire qu'en ce moment, on travaille beaucoup sur les océans, par exemple,
03:43et on se rend compte que la valeur à risque sur les océans représente des trillions d'euros,
03:48et elle touche un certain nombre d'entreprises qui n'ont pas conscience qu'elles sont potentiellement à risque sur ces sujets-là.
03:56Donc en réalité, ils ne savent pas suffisamment bien le mesurer, on va dire.
04:01Pascal, vous voulez réagir ?
04:03Oui, en écoutant Thomas, je me disais que dans mon métier, l'assurance, on est évidemment aux premières loges de ce que vous décrivez.
04:14Ça fait 15 ans que je constate une augmentation systématique chaque année et parfois extrêmement forte
04:22du coût des conséquences de ces événements climatiques.
04:26Et forcément, si l'assurance est impactée, derrière les clients de l'assurance, et notamment les entreprises,
04:32sont impactées également doublement, d'abord par une élévation des coûts, du prix de l'assurance.
04:38Forcément, si le sous-jacent, si les événements à couvrir sont plus coûteux, les tarifs de l'assurance augmentent structurellement.
04:48Puis, impactées presque surtout par le fait que progressivement, les réassureurs d'abord,
04:54c'est-à-dire les assureurs des assureurs, puis les assureurs ensuite,
04:58risquent de se retirer et de moins couvrir ces événements climatiques.
05:02Et donc là, c'est la double peine, on subit des événements plus nombreux et plus coûteux,
05:07et on est moins couvert pour se protéger.
05:10Sonia Darmot, avant qu'on passe à la prochaine séquence, vous voulez ajouter quelque chose ?
05:14Je pourrais parler aussi du contexte des entreprises industrielles,
05:18qui doivent elles aussi intégrer cette évaluation du risque au travers d'une cartographie des risques.
05:23Les grands groupes font ça, ça fait même partie de leur gouvernance.
05:27Il y a un domaine, à mon avis, où ils sont assez vigilants, c'est tout ce qui concerne l'approvisionnement en ressources, en eau, en énergie,
05:34parce que ça a des conséquences importantes sur leur production.
05:37Par contre, je pense qu'aujourd'hui, l'impact direct du dérèglement climatique,
05:42les catastrophes auxquelles ils peuvent être confrontés, n'est pas encore suffisamment pris en compte,
05:46et du coup n'intervient pas dans leur choix de décision d'investissement.
05:49On va pouvoir aborder ça un peu plus en profondeur, on passe tout de suite au top et flop.