10 juin 2004, Jeux Olympiques de Paris. Althéa Laurin rentre dans le Grand Palais avec l'ambition de devenir la première championne olympique du taekwondo français.
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00:00Au fur et à mesure que j'ai vu les Jeux olympiques à la télé, que ce soit en 2008, en 2012,
00:29plus je les voyais, plus je me disais qu'il faut vraiment que je fasse les Jeux olympiques,
00:32c'est de ça que je rêve.
00:33À chaque édition des Jeux que je regardais à la télé, on me disait qu'il n'y avait
00:41pas encore de titre olympique, qu'il n'y en avait jamais eu dans le taekwondo français.
00:46Je me sentais comme si c'était ma mission et qu'il fallait absolument que je le fasse.
00:50Je ne sais pas du tout pourquoi, je ne pourrais pas expliquer, mais je me disais qu'il
00:53faut que je décroche ce premier titre olympique.
01:00Dans cette olympiade, sur chaque championnat que j'ai fait, ça a été une médaille d'or.
01:05C'est vrai que ça a été une sacrée pression à porter à Paris.
01:09Quand on a ce genre de résultat-là, il faut s'attendre à ce que tout le monde veuille
01:13nous couper la tête.
01:14On t'attend avec une médaille d'or.
01:19Il faut pouvoir assumer ce statut après.
01:22Ce jour-là, tout ce qu'il faut faire, c'est embrasser la pression, se l'approprier et
01:29se dire « j'ai toujours rêvé de ce moment-là, de cette journée, je me suis entraînée
01:34dure pour ça, autant donner mon maximum, faire tout ce qui est possible et être forte
01:39dans ma tête pour que ça se passe au mieux possible.
01:41Parce que l'or olympique, ça fait des années que j'en rêvais et pourquoi pas le décrocher
01:46ce jour-là.
01:52Une règle que je m'étais mise pendant tous mes premiers tours, c'était de ne pas regarder
01:55vers le haut, de ne pas lever la tête et de regarder droit devant moi et d'aller vraiment
01:58au combat.
02:05Si on commence à lever les yeux et à regarder, ça peut être très vite impressionnant.
02:09Et même en étant calme, on sent que ça nous prend aux tripes, c'est incroyable.
02:15Ce jour-là, j'ai eu dans un premier temps une adversaire qui avait gagné le tournoi
02:21de qualification Asie, je ne la connaissais pas du tout et du coup, j'ai découvert son
02:25style de combat sur des analyses vidéo avant et ça s'est plutôt bien déroulé.
02:33Ensuite, j'ai affronté une Allemande que j'avais déjà rencontrée, souvent on fait
02:39une fois c'est elle qui gagne et une autre fois c'est moi qui gagne.
02:41Le début de combat était assez difficile mais au fur et à mesure que le combat se
02:45déroulait, je trouvais des touches à la tête et c'est vrai que c'est une adversaire qui
02:49est réputée pour être particulièrement lourde donc des fois, c'est très difficile
02:53de défendre contre elle, il faut pouvoir garder ses distances.
03:02Après, j'arrive en demi-finale face à la Turque, Nafi Akos, championne du monde en titre.
03:06On a un combat qui est très fermé comme d'habitude où il n'y a pas tant d'échanges que ça
03:11mais sur les phases où elle m'attaque, je défends très bien que ce soit en doublé,
03:15ou en coup de pied simple et j'arrive à faire la différence avec deux points d'écart sur chaque ronde.
03:21Le combat le plus difficile de la journée c'est la finale, forcément on ne se connaissait
03:47pas tant que ça, on ne s'était jamais affronté avant mais je la connaissais sur le papier,
03:51je savais un peu comment elle combattait et ce jour-là, cette fille avait complètement
03:54changé sa manière de combattre.
03:56On est passé d'une fille qui défendait tout le temps à une fille qui attaque et ça m'a
03:59fait un petit choc.
04:00Du coup, pendant les heures avant le combat, j'étais en train d'analyser ses combats
04:04de la journée parce que visiblement, les vidéos d'avant, on pouvait les mettre à
04:09la poubelle, ça ne servait plus à rien.
04:11Pendant la finale, quand je mets le dernier coup de pied à la tête, il reste une seule
04:18seconde et j'arrive vraiment au moment où il fait le geste, donc ça a fait un peu
04:22débat, c'est pour ça qu'on a demandé la vidéo replay.
04:25Elle me met un coup à la tête, donc elle prend l'avantage et du coup, je remets un
04:30coup derrière qui ne marche pas, le second que je mets, il marche et c'est là où on
04:35demande le vidéo replay et ça passe.
04:37On joue une médaille d'or olympique à ça, quoi, c'est…
04:47J'ai juste explosé de joie, il y a eu tout le public avec moi qui a explosé, on a été
04:57juste trop contents, ça y est, c'était fait, on a marqué l'histoire ce jour-là.