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Le fameux « équilibre régional », structure politique et culturelle sur laquelle des générations entières d’élites camerounaises ont construit ou tout simplement profité de leur époque est probablement menacé par l’accentuation des écarts dans l’accès à l’éducation entre les zones rurales et les urbaines, sur toute l’étendue du pays. Les Zones d'Education Prioritaire (ZEP) avaient pourtant été pensées comme mécanisme d’égalisation sociale, portant à résorber les disparités qui se creusent en matière d'éducation, dans trois Régions spécifiques : l'Adamaoua, le Nord, l’Est et l'Extrême-Nord. Situation aggravante : le refus de très nombreux fonctionnaires d’aller s’installer dans ces régions enclavées, du fait de la faible ou non disponibilité de biens publics de base, tels que les logements, l’eau courant ou l’électricité. Illustration ici dans les régions du Centre, de l’Est et du Nord.

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00:31L'image a de quoi laisser incrédule.
00:34Beaucoup auraient du mal à croire en effet que derrière ces pailles tissées qui servent autant de murs que de toiture,
00:40soumises à tous les vents et toutes les intempéries,
00:43s'abrite ce qui tient lieu de CES Bilingue de Jefatou dans l'arrondissement de Tchéboa,
00:4825 kilomètres environ de Garoua, capitale régionale du nord.
00:52Une école dont il vaut mieux laisser les concernés en parler jusqu'au bout.
01:23Nous sommes à 25 kilomètres de Garoua et 15 kilomètres de Ngon.
01:28Nous avons besoin que les enfants de ce village aillent loin.
01:34Ici, au CES de Jefatou, on n'a pas de bâtiment.
01:39Quand il pleut, nous caillons.
01:53Un établissement d'enseignement secondaire qui ressemble à tellement d'autres dans le pays profond.
01:59Entre les portes du primaire et secondaire,
02:02le Cameroun est réputé posséder une population scolarisée de près de 8 millions d'enfants,
02:07à raison de 5 dans le primaire et 3 dans le secondaire.
02:10Des chiffres dont la traduction sur le terrain épouse toutefois les réalités les plus sinueuses,
02:15comme il apparaît également dans ce second exemple éclairant dans le village Ouédadeu,
02:20arrondissement d'Onghelmedouka.
02:22Là également, des cris et des lamentations qui résonnent aux confins de la détresse des populations qui y vivent,
02:29les insérant par avance sur une trajectoire de vie sans qualification et quasiment sans revenus
02:34qui les installent dans une trappe à pauvreté sans issue.
02:40On a manqué de salles de classe.
02:43Et c'est ces deux-ci qu'on a conçus l'année 2024-2025.
02:52Et on a cumulé des enfants dans toutes ces salles.
02:56Et en manque d'enseignants, il n'y a que le directeur qui est un maître formé.
03:02Moi qui suis son adjoint, je suis non formé.
03:06Et nous qui sommes maîtres de parents, nous ne sommes pas soutenus.
03:12Par l'État.
03:14C'est malgré nos enfants que nous nous soutenons comme ça.
03:19Je ne sais pas, à la longue, est-ce que nous allons toujours supporter de les encadrer
03:26parce que nous laissons nos activités champêtres et on n'a pas de gants.
03:33Je suis vraiment déçu de l'école primaire et publique de Ouéda
03:38parce que mes enfants sont à tout le subir.
03:42Ce n'est pas pour l'argent.
03:44Je suis déçu par le directeur de l'école.
03:48Par les enseignants, je peux dire.
03:51Ce n'est pas l'argent qui me manque pour faire payer mes enfants.
03:54La scolarité, rien.
03:56Mais les enfants se trouvent maintenant à la maison.
03:59Les envoyer à tel qu'ils se trouvent encore.
04:02Ils ne peuvent pas les envoyer.
04:04Envoyer encore à l'autre, ils ne peuvent pas.
04:07Vraiment, que l'État voit cette histoire, ça ne donne pas.
04:10Il n'y a pas les enseignants.
04:13L'école est fermée.
04:15Le plat est ancré.
04:17Il n'y a pas le directeur.
04:22Il n'y a pas la maîtresse.
04:24Je lave les assiettes.
04:27Je n'ai pas à lire.
04:30Je suis pas au chien, je suis pas tout le bébé.
04:34Telle est donc la réalité de la vie éducative dans le pays profond.
04:38Où s'établit depuis de si longues années l'élacération qui condamne par avance pour demain
04:43une jeunesse active dont le pays ne pourra quasiment plus rien obtenir aussi peu.
04:52L'école que je gère à mon niveau a beaucoup de difficultés.
04:59On n'a pas assez de maîtres.
05:01On n'a pas assez de maîtres formés.
05:04Non seulement les maîtres formés, même une personne capable de venir donner un coup de main, c'est difficile.
05:10Je demande à l'État de regarder un peu partout dans les zones enclavées.
05:15Parce qu'il y a certaines zones qui ont assez d'enseignants, nous on n'en a pas.
05:19C'est toujours le même pays.
05:22Quand le directeur part déjà à La Réunion, l'école reste fermée.
05:25Est-ce que c'est normal
05:27que l'État regarde un peu les zones enclavées ?
05:31Au coeur de ce pays, 4 régions sont réputées appartenir à ce que l'on nomme les zones d'éducation prioritaires
05:37parmi lesquelles se trouvent l'Est et le Sud-Ouest,
05:40la Colombie-Britannique,
05:42la France,
05:44la France-Croatie,
05:46la France-Pays de l'Est,
05:48la France-Pays de l'Ouest,
05:50la France-Pays du Sud-Ouest,
05:52la France-Pays du Nord,
05:54la France-Pays du Nord,
05:56la France-Pays du Sud-Ouest,
05:58la France-Pays du Nord,
06:00nord en illustration ici.
06:01Deux régions oubliées qui auront donc autant de mal à obtenir une juste représentation
06:18de leurs filles et fils dans le système global de valorisation des compétences, de sélection
06:23et de promotion des élites et dont finalement, d'équilibre régional, fondement politique
06:28si cher aux yeux de tant de politiciens camerounais.

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