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Jeudi 13 février 2025, ÉMISSIONS SPÉCIALES reçoit Florence Louppe (Directrice Générale, Diot-Siaci Corporate Solutions)

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00:00Bonjour à toutes et à tous, vous êtes sur Bsmart4Change pour une nouvelle édition de
00:09Safe Parlons Risques, votre émission consacrée aux enjeux du risque management et de l'assurance.
00:14Aujourd'hui, on parle d'un sujet ô combien d'actualité, le dérèglement climatique et
00:18ses risques systémiques pour les entreprises. On parle de risques systémiques, on parle donc
00:23de conséquences aussi en matière d'assurabilité. Je vous parle de sécheresse, d'inondations,
00:27de tempêtes, d'incendies tels qu'on peut le voir en ce moment à l'heure californienne. Comment
00:32l'entreprise peut-elle se protéger face à ces risques d'ampleur ? Quel recours assurantiel
00:36pour assurer sa pérennité ? Autant de questions que de points à aborder avec mon invité du jour
00:41que j'ai le plaisir d'accueillir en plateau, Florence Loupe, bonjour. Bonjour. Vous êtes
00:45directrice générale de Diosassi Corporate Solutions, merci d'être des nôtres ce jour.
00:48Ravi d'être avec vous pour aborder ce thème qui nous passionne et qui nous motive au quotidien
00:53dans l'accompagnement de nos clients. Et qui appelle effectivement à de la réaction sur des
00:57sujets d'ampleur. Avant ça, il faut s'y préparer aux risques climatiques. J'aimerais commencer par
01:01une première question qui est chère aux risques managers. Comment établir une bonne cartographie
01:06des risques climatiques et écologiques aujourd'hui ? Alors une cartographie des risques liés au
01:11changement climatique, pour une entreprise, je pense que ça doit répondre à trois objectifs.
01:16Le premier objectif, c'est vraiment de définir effectivement les zones particulières de son
01:22exposition à ce risque. Le second, c'est de définir finalement les scénarios d'adaptation
01:29pour elles face à ce risque de changement climatique. Et enfin le troisième, et pas des
01:33moindres, c'est celui d'alimenter le reporting. Qu'on parle de performance extra financière ou
01:39qu'on parle également pour les entreprises de se préparer aux obligations liées à la CSRD. Alors
01:45une cartographie des risques liés au changement climatique, j'irais en résumer, il y a un peu deux
01:50volets. Le premier volet, c'est le volet lié aux risques physiques. Le second volet, il va plutôt
01:56être lié à la projection des risques et opportunités liés à cette transition climatique. Alors sur le
02:03premier volet, les risques physiques, concrètement ce qu'on va faire, c'est qu'on va prendre la
02:08totalité des risques, enfin des actifs physiques de l'entreprise, et on va étudier l'évolution de
02:15leur exposition du fait du changement climatique. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire l'évolution de
02:21l'exposition du fait des risques, des périls graduels de changement climatique, l'élévation
02:26continue des températures, l'évolution du régime des précipitations par exemple, mais également
02:32leur exposition face aux risques plus extrêmes de changement climatique, la tempête, les grandes
02:38vagues de chaleur, les grandes vagues de froid. Et ça on va le faire en fonction des différents
02:43scénarios du GIEC, c'est-à-dire des perspectives d'élévation plus ou moins importantes de
02:48température à des horizons de temps différents. La seconde partie de l'établissement de cette
02:55cartographie de risques, elle consiste vraiment à travailler sur les risques, mais aussi les
02:59opportunités liées à la transition. Ça se passe plutôt en trois étapes. La première étape, c'est
03:05vraiment pour nos consultants, un travail de dialogue avec un certain nombre de parties
03:12prenantes dans les entreprises, qui vont permettre justement d'identifier tous ces risques et toutes
03:17ces opportunités en fonction d'une grille de lecture multifactorielle. Les risques liés à
03:22l'évolution du cadre réglementaire, les risques ou les opportunités liées à l'évolution de la
03:27demande des clients, des risques de réputation, d'image, etc. Donc on va faire tout ce listing-là,
03:32et à partir de ça, nos consultants vont établir finalement des scénarios de risques d'une part,
03:38d'opportunités de l'autre, et au-delà de ça, en fonction de l'information disponible, ils vont
03:43s'attacher à les dimensionner, à leur donner une valeur à la fois en euros ou aussi en facilité ou
03:51difficulté à mener cette transition. Et finalement, le rendu final pour l'entreprise, c'est une
03:57matrice qui va permettre à l'entreprise d'avoir une cartographie qui va lui permettre justement
04:03de voir ses expositions sur les risques physiques et une matrice directionnelle sur les risques et
04:09opportunités que représente pour elle la transition climatique. Alors ce document,
04:13ce n'est évidemment pas la fin, mais c'est plutôt le point de départ, ça se veut vraiment un
04:17document de référence pour l'entreprise pour rétablir la collaboration entre les différents
04:23services. Il va souvent servir ce document à permettre de mettre en place un plan de gestion
04:29et d'adaptation des risques, et je pense qu'il constituera également dans le temps une ligne
04:36rouge de référence pour mesurer la progression et éventuellement adapter cette stratégie pour
04:42qu'elle demeure efficace. Elle permet effectivement de souligner aussi bien les expositions, vous l'évoquez,
04:48elle sert aussi d'un vecteur de sensibilisation aussi en interne. Sur le volet des expositions,
04:53elle dicte aussi justement quel type de contrat, quel type de garantie on va souscrire auprès
04:59des assureurs. A cet égard, je me mets du côté des assureurs, parce que là on parlait du risque
05:03maladien, on va parler des assureurs. Quel est l'appétit au risque de ces derniers vis-à-vis de
05:07la recrudescence, des risques climatiques et de transition ? Le défi du changement climatique
05:12pour les assureurs, il ne constitue pas seulement une évolution de leurs risques,
05:18c'est vraiment un changement de paradigme. Un changement de paradigme, pourquoi ? Parce que
05:22ça bouscule complètement leur modèle de risque. Ça le bouscule pour trois raisons. D'abord, ce
05:28changement climatique, il est à la fois évolutif mais inertiel. C'est-à-dire qu'il y a une
05:33évolution constante, l'augmentation des températures, mais inertiale. C'est-à-dire que,
05:37malheureusement, quelle que soit notre stratégie d'atténuation, certains effets sont déjà verrouillés,
05:43quoi qu'il se passe par ailleurs. Le second point de ce changement de paradigme, c'est que ce
05:48changement climatique, il est à la fois localisé mais systémique. Certains événements climatiques
05:53d'ampleur vont être très localisés, une tempête dans un lieu donné, mais on se rend bien compte
05:58que les impacts de cette tempête vont être potentiellement systémiques et se répercuter
06:03sur toute une région, voire dans le monde entier, du fait de l'interconnexion, de l'interdépendance
06:09des économies les unes par rapport aux autres. Et enfin, ce changement climatique, il n'est pas
06:14linéaire. C'est-à-dire qu'il y a des effets de seuil dans son déclenchement qui vont impliquer
06:19des basculements extrêmement brutaux. Et ça, les assureurs doivent intégrer toutes ces données
06:26dans l'évolution de leur modèle de gestion de risque. Alors évidemment, la vraie question,
06:32en particulier pour nos clients, comment nous les accompagnons au quotidien, c'est dans cet
06:37environnement, comment faire pour préserver l'appétit du risque des assureurs pour ces
06:43clients-là. Le premier sujet, c'est ce qu'on évoquait, c'est mieux comprendre, mieux analyser
06:48les risques. Donc, nous travaillons beaucoup avec nos clients à fournir aux assureurs toutes
06:53les données disponibles. C'est un vrai dialogue du quotidien pour bien comprendre les expositions,
06:59les risques, les plans de prévention, les plans d'adaptation, parce que ça, c'est une donnée
07:04extrêmement précieuse pour conforter les assureurs dans leur volonté de nous accompagner dans le
07:10temps. La deuxième chose, c'est d'être malin, agile, et c'est notre boulot au quotidien, face à
07:16la volonté des assureurs de mieux piloter leur mix portefeuille. Leur mix portefeuille, c'est quoi ?
07:23C'est que sur une exposition particulière, un péril particulier, une zone géographique
07:27particulière, ils vont avoir un appétit limité. Et donc, nous, notre objectif, c'est que notre
07:32client soit prioritaire dans l'accès à cette poche de risque que l'assureur va bien vouloir
07:37prendre. Donc, c'est vraiment un travail de défense des intérêts de nos clients, mais aussi de bonne
07:42compréhension des impératifs des assureurs pour pouvoir avoir la meilleure des négociations
07:49possibles. Le dernier point, évidemment, c'est que les assureurs, leur appétit au risque,
07:55il est fonction de capacité engagée, de tarif, de condition, de texte, de garantie. Et donc,
08:03c'est ce mix qu'il faut travailler de la façon la plus efficace possible. On voit bien la tendance
08:08des assureurs à mieux maîtriser leur risque par une réduction moyenne de leurs engagements. Ça
08:14veut dire pour nous une capacité à aller travailler avec d'autres partenaires de manière
08:19à préserver la palette financière de couverture de nos clients. Il y a aussi, évidemment, des
08:26augmentations tarifaires et on s'attachera à en avoir la version la plus juste et une version
08:32également qui soit soutenable par nos clients. On se rend bien compte qu'à certains endroits,
08:37que ce soit les dom-tom, que ce soit les collectivités locales ou certaines industries,
08:42on est aujourd'hui aux limites de la soutenabilité pour ces clients-là et les
08:48conditions de garantie que nous travaillons pied à pied pour assurer à nos clients qu'elles sont
08:53les meilleures possibles dans l'état du marché actuel. Évidemment, quand la question de la
09:00réalisation du risque, ce n'est pas s'il va se réaliser, mais juste quand et à quelle intensité,
09:05l'argent, le prix ne peut pas être la seule variable d'ajustement et donc nous mettons
09:13en œuvre aux côtés de nos clients tout le travail qu'ils réalisent. La cartographie que
09:18nous avons détaillée ensemble, le plan de prévention, le plan d'adaptation qui sont
09:23extrêmement clés pour continuer à convaincre les assureurs de nous accompagner dans le temps
09:28auprès de nos clients. Je pense qu'on ne peut pas non plus ne pas évoquer une tendance qu'on
09:33voit bien arriver qui est la nécessaire refondation du partenariat public-privé. On voit
09:40bien que partout dans le monde, la pression se fait plus forte pour repenser ce partenariat de
09:45manière à avoir des dispositifs 4NAT qui soient robustes, qui soient efficaces dans le temps. On
09:51voit également que dans des zones où ces dispositifs n'existaient pas, ils sont en train de se mettre
09:55en place. On peut citer l'Italie à titre d'exemple. Et on voit effectivement que le régime 4NAT
09:59aujourd'hui est à bout de souffle, notamment par la hausse des primes. Vous évoquez justement que
10:05le tarifaire ne peut être la seule variable d'ajustement. On voit aussi effectivement que dans
10:10les polices, il y a aujourd'hui des capacités plafonnes lorsqu'il s'agit de couvrir le risque
10:13climatique. On y voit également des exclusions à cet égard. Quelle place justement pour
10:18l'assurance paramétrique, les captives et autres solutions de réassurance concrètement ?
10:23Vu l'ampleur du défi, je pense que toutes les solutions doivent être vues de façon complémentaire.
10:29Vous avez raison, il y a un certain nombre de nouvelles solutions qui commencent à se mettre
10:33en oeuvre. L'assurance paramétrique, c'est une assurance qui est bâtie sur le déclenchement
10:40d'une indemnité en fonction de la réalisation d'un indice. Cet indice peut être la vitesse du vent,
10:47la hauteur d'ornégement. Ces solutions sont très utiles pour certains clients pour répondre à des
10:54besoins spécifiques. Elles offrent également l'avantage d'être rapides. On est sur de
11:00l'indemnisation immédiate en cas de réalisation de cet indicateur. Je pense qu'à contrario,
11:06leur limite, c'est qu'effectivement, elles vont répondre à un besoin spécifique plutôt que la
11:10couverture globale du risque climatique et que leurs coûts et leur disponibilité sont quand
11:17même limités plutôt à des couches basses du portefeuille de risque de nos clients. Nous
11:23le mettons en oeuvre à côté d'autres solutions. Dans le même ordre d'idées, on pourrait parler
11:29des solutions de captive, d'assurance, mais surtout de réassurance. De quoi parle-t-on ? On
11:34parle de véhicules qui sont mis en place par les clients pour autofinancer une partie de leurs
11:41risques. Là encore, les avantages que l'on peut voir à ces véhicules, c'est une certaine
11:47flexibilité, adaptation aux besoins spécifiques du client, flexibilité économique, mais aussi
11:55flexibilité en termes d'étendue des garanties. On va travailler avec certains clients à mettre
12:00dans ces captives-là des risques qu'ils ne trouvent pas preneurs sur le marché classique de
12:05l'assurance. Par exemple ? Par exemple, la perte d'exploitation sans dommage. Là encore, la capacité
12:12financière de l'entreprise à autofinancer ses risques va être limitée et donc ce véhicule
12:17captif est une partie de la solution, mais une partie importante qui va être finalement la couche
12:24de base qui va permettre de venir asseoir le reste du programme d'assurance en un programme
12:30qui soit robuste et plus holistique pour le client. En ce sens, est-ce qu'on parle que d'assurance
12:35aujourd'hui lorsqu'on a envie de se prémunir du risque climatique ? Je suppose qu'en tant que
12:40courtier, vous avez aussi une vision globale sur l'ensemble des mesures applicables et recommandées
12:44pour y faire face ? On l'a vu, c'est vraiment quelque chose qu'il faut regarder à 360 degrés.
12:49Le premier élément, c'est avoir conscience de ce dont on parle, des menaces et des opportunités
12:56liées à cette transition climatique et cette connaissance fine, c'est le premier élément pour
13:01être gagnant dans cette transition-là. Le second élément, on l'a également évoqué, c'est tout le
13:06travail de prévention, tout le travail d'adaptation des entreprises qui va être clé pour leur
13:11capacité à survivre et à se réinventer demain. Alors bien sûr, la partie assurancielle, la
13:16protection financière qu'on vient d'évoquer, elle est très importante et nous y travaillons au
13:21quotidien avec nos clients, mais elle ne saurait répondre à tous les enjeux. Mais je pense qu'à
13:27côté de ça, on voit émerger, et je pense que c'est très positif, il faut être optimiste sur demain,
13:31énormément de technologies qui vont nous aider à gagner le défi du changement climatique. On peut
13:38citer les systèmes d'alerting, on a de plus en plus de bases de données extrêmement puissantes
13:42qui permettent finalement de mieux anticiper les événements climatiques extrêmes, de prévenir les
13:49populations, les entreprises, pour qu'elles se protègent, mais également pour limiter l'intensité
13:55des dégâts. On peut également citer la construction, on voit bien que la construction sera une des clés
14:01sur la transition climatique. Chez Diociasi, nous sommes un courtier important dans le monde de la
14:07construction, nous accompagnons nos clients dans le fait de repenser les techniques de construction,
14:13qui posent eux-mêmes le sujet de l'assurabilité de toutes ces nouvelles techniques, mais nous pensons
14:19que c'est un levier fort pour adapter notre trajectoire. On peut également, tout bêtement,
14:25repenser à remettre la nature au cœur de cette stratégie d'adaptation. On peut penser à la
14:32reconstitution des mangroves, qui sont un élément clé dans certaines zones géographiques pour lutter
14:37contre les tempêtes et l'érosion des bords de mer. On peut penser également, dans l'agriculture, à la
14:44réintroduction de semences qui vont permettre d'être moins gourmand dans l'eau, de mieux résister aux
14:51vagues de chaleur par exemple. Un cercle vertueux est encore possible, merci beaucoup Florence pour
14:56ces éclaircissements et ces échanges qui permettent d'apporter des éléments de réponse, des clés de
15:00compréhension sur ce sujet au combien d'actualité. Merci à toutes et tous pour votre fidélité, vous
15:05restez avec nous sur BeSmart for Change.

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