Aujourd'hui, dans « Les 4 V »,Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Éric Coquerel, député LFI et président de la commission des finances.
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00:00Bonjour à tous, bonjour Éric Coquerel, merci d'être avec nous ce matin.
00:04Le premier sujet dont on va parler, c'était dans le journal de 7h30,
00:07c'est cette adoption par l'Assemblée de cette proposition de loi sur le droit du sol,
00:11qui est restreint à Mayotte.
00:13Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, veut que le débat s'ouvre sur le plan national,
00:17que l'on parle du droit du sol sur toute la France,
00:20peut-être dans un référendum, peut-être à l'élection présidentielle, qu'en dites-vous ?
00:23On vient de vivre depuis 24 heures un épisode de l'extrême droitisation,
00:28plutôt de la trompisation accélérée de la coalition gouvernementale du centre-droite.
00:32C'est à ça qu'on a assisté.
00:33Je vous résume ce qui s'est passé hier.
00:35Donc, vous l'avez dit, proposition de loi des Républicains
00:39pour restreindre le droit du sol à Mayotte.
00:41Dangereuse et inutile.
00:42Inutile parce que, vous le savez comme moi, en réalité depuis 2018,
00:46le nombre de naturalisations à Mayotte est passé de 2 000 à 1 000.
00:50Par contre, les migrations, elles, ont continué.
00:52Cela montre qu'il n'y a pas de lien.
00:54Il y a une question économique qui est posée,
00:56c'est-à-dire, en gros, les habitants des Comores,
00:59qui ont un PIB par habitant trois fois moins,
01:01viennent pour des raisons économiques.
01:02Pourquoi vous dites extrême droitisation ?
01:04Parce que tout simplement...
01:05Les élus maorais veulent cette disposition.
01:07Non, mais ce qui importe, c'est que certains élus maorais
01:09sont aussi frappés par cette trompisation et cette extrême droitisation.
01:12Ce qui s'est passé dans l'Assemblée, c'est que, sous le couvert de cette loi,
01:16Mme Le Pen a expliqué, c'est elle qui a apporté la majorité,
01:19parce que sans le RN, il n'y avait pas de majorité.
01:21Elle explique que ce qui est fait là vaut généralisation par la suite,
01:25parce qu'elle est contre le droit du sol.
01:27Que font les ministres de la République ?
01:29Est-ce qu'ils réagissent face à cette remise en question ?
01:31Ils disent qu'il faut ouvrir le débat.
01:33Et M. Retailleau, hier soir, explique,
01:35ministre également de l'Intérieur,
01:37qu'il faut carrément le faire, l'appliquer.
01:39Donc, on voit la suite.
01:41Il y aura un vote.
01:43Par exemple, les macronistes n'ont pas dit
01:45qu'ils étaient favorables à cette disposition.
01:47Juste pour qu'on comprenne bien ce qui est en train de se passer.
01:49Le droit du sol, en France, c'est un héritage très ancestral,
01:52parce qu'au moment même de la royalité,
01:54on disait que qui touche la terre du roi de France est libre.
01:58Renforcé avec la Révolution française,
02:01qui estime que notre conception est une conception politique.
02:04Au XIXe siècle, qui s'affronte ?
02:06D'un côté Renan, de l'autre côté Maurras.
02:08Maurras, antisémite, raciste, monarchiste,
02:10qui va terminer décoré par la Francisque.
02:14Et le seul régime qui a mis en place le droit du sol,
02:17vous le savez comme moi, c'est Vichy.
02:19Voilà ce dont il s'agit aujourd'hui.
02:21Et donc, on a cette extrême droitisation,
02:23et quelque part, ça nous dit un peu ce qui va se passer,
02:26Eric Coquerel, dans les mois à venir.
02:28Avec un Premier ministre qui parle de submersion,
02:30c'est l'extrême droite qui dit que son tempo,
02:32et la droite et le centre qui appliquent son programme.
02:34Voilà aujourd'hui ce qui arrive.
02:36C'est ce que vous dites ce matin, on va parler aussi du budget.
02:39Est-ce que vous êtes satisfait de ce qu'a dit Eric Lombard
02:42hier soir sur France 2, à savoir que le gouvernement,
02:45finalement, revient sur ce qui devait se passer
02:47pour la TVA des plus petits auto-entrepreneurs,
02:50on explique ce dont il s'agit,
02:52ils sont 250 000, et ceux qui faisaient
02:5425 000 euros de chiffre d'affaires par an
02:56allaient être assujettis à la TVA.
02:58Finalement, vous l'aviez dénoncé,
03:00ce ne sera pas le cas. Est-ce que vous êtes satisfait ?
03:02Heureusement qu'on a réagi. Comme quoi, quand on se mobilise,
03:04on peut faire bouger ce gouvernement.
03:06Vous parliez d'extrême droitisation.
03:08J'entends bien que vous pointez le fait que le RN aussi a réagi.
03:11Mais enfin, les premiers qui ont réagi,
03:13y compris en déposant une proposition de loi pour la Bourget,
03:16c'est nous. Et nous avons bien fait,
03:18comme vous le savez, ça touchait les auto-entrepreneurs,
03:20ça touchait les micro-entreprises qui se retrouvaient
03:22dans des galères administratives et leur prix montait.
03:24Mais c'est suspendu.
03:26Moi, je veux que ça soit abrogé. Je veux que le ministre
03:28de l'économie dise que c'est abrogé,
03:30parce que je n'ai aucune confiance dans ce gouvernement.
03:32Quand il annonce que c'est suspendu,
03:34en général, ça n'a pas de suite.
03:36Alors, le budget, lui, il n'est pas abrogé,
03:38il est voté. Est-ce que vous êtes quand même
03:40satisfait, en tant qu'élu de la République,
03:42que grâce à l'adoption du budget,
03:45certaines aides, c'est ce que disent par exemple
03:47les socialistes, pour justifier le fait qu'il n'ait pas
03:49voté la censure, les aides aux agriculteurs,
03:51les services civiques, les emplois aidés,
03:53eh bien, vont pouvoir être budgétés,
03:55financés ?
03:56Mais c'était tout à fait possible de le faire.
03:58Alors, les socialistes, par exemple...
03:59Oui, mais les socialistes ont trouvé le prétexte,
04:01parce qu'ils ne voulaient pas voter la censure. Je vais y revenir là-dessus.
04:03Donc, c'est faux. Lorsque, par exemple,
04:05M. Brun a expliqué aux socialistes.
04:07Laissez-moi vous expliquer. Il y a une loi spéciale.
04:09Vous vous rappelez qu'au moment où la première censure...
04:11Laissez-moi finir.
04:13La première censure, M. Barnier disait
04:15qu'on ne pourra plus payer les fonctionnaires si il y a la censure.
04:17Mme Barne disait
04:19que la carte vitale ne fonctionnera plus. Tout ça a continué à fonctionner.
04:21La loi spéciale permet
04:23de dupliquer le budget de l'année
04:25précédente sur cette année.
04:27Tout ça a été possible.
04:29Simplement, c'est ce gouvernement qui a décidé
04:31de l'appliquer de manière restrictive. Pourquoi ?
04:33Pour faire pression, pour essayer d'adopter un budget
04:35qui est pire
04:37que le budget 2024. Donc, j'annonce aux Français
04:39qu'avec le budget qui a été adopté,
04:41en réalité, il y a tout un tas d'aides.
04:43Il y a des budgets
04:45de ministères qui vont être sabrés comme jamais
04:47et ils vont subir les conséquences
04:49très rapidement. C'est un mauvais budget.
04:51C'est pour ça qu'il fallait s'y opposer.
04:53Par exemple, on aurait pu recruter des services civiques avec le budget maintenu.
04:55Bien sûr, absolument.
04:57Il n'y a rien qui l'empêchait.
04:59Et la ministre du budget
05:01qui a dit l'inverse a menti devant
05:03la représentation nationale.
05:05On disait dans le journal de 7h30 qu'il y aura une nouvelle motion
05:07de censure sur le projet de loi de financement
05:09de la Sécurité Sociale la semaine prochaine
05:11que vous allez présenter. Est-ce que vous attendez
05:13un autre résultat ?
05:15Les socialistes ne l'ont pas voté.
05:17Ça a un lien avec la discussion qu'on a eue au début.
05:19Parce que là, les socialistes,
05:21tous nos partenaires de gauche savent maintenant
05:23ce qui va se passer. Si ce gouvernement
05:25ne tombe pas, la suite c'est M. Retailleau,
05:27c'est la remise en question de droits de seuls.
05:29On ne pourra pas faire comme si on n'était pas au courant.
05:31Donc, il y a une chance de faire en sorte
05:33que ça ne soit pas le cas. C'est lundi,
05:35avec le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale.
05:37En plus, il est très mauvais.
05:39Il s'attaque en réalité à la fausse assurée sociale.
05:41Il ne met vraiment pas suffisamment d'argent
05:43sur les hôpitaux. Donc, il y a une raison
05:45sociale pour le censurer.
05:47Mais en plus, il y a une raison politique.
05:49Sinon, la suite c'est M. Retailleau.
05:51Est-ce que les socialistes veulent ça ? S'ils ne le veulent pas,
05:53il faut qu'ils votent la censure lundi.
05:55C'est lundi où ça se passe.
05:57Pour l'instant, les socialistes n'ont pas voté avec vous.
05:59C'est très tendu. C'est le moins qu'on puisse dire entre vous.
06:01Olivier Faure vous demande des excuses.
06:03Après la publication,
06:05que vous avez d'ailleurs retirée d'une image,
06:07le mettant sur le même plan
06:09que Marine Le Pen.
06:11Avec cette légende, les Nouvelles Alliances.
06:13Est-ce que ce matin, pardon M. Coquerel,
06:15vous présentez les excuses
06:17de votre parti à M. Olivier Faure ?
06:19Nous, nous avons dit que ce visuel
06:21était un visuel absolument pas assumé.
06:23Nous l'avons retiré partout. Il ne continue à être véhiculé
06:25que sur les réseaux sociaux parce que les socialistes
06:27pour, j'allais dire, se dédouaner
06:29de la non-censure, le relaient.
06:31Donc, nous, on n'assume pas.
06:33Mais par contre, ce que j'ai constaté,
06:35c'est que j'ai cru comprendre que M. Faure
06:37assume, lui, le fait de ne pas avoir voté la censure.
06:39Alors, excusez-moi,
06:41dans la journée d'hier,
06:43est-ce que le plus grave, c'est un visuel
06:45que nous avons regretté et dont nous avons dit
06:47que nous ne l'assumons pas ou est-ce que c'est le fait
06:49de ne pas avoir voté la motion de censure
06:51qui a permis dès le lendemain à M. Darmanin et M. Retailleau
06:53d'expliquer que le droit du sol
06:55allait être remis en question dans le pays ?
06:57Dans la gravité des choses,
06:59quel est le plus grave ? Moi, je pense que c'est
07:01le fait de ne pas avoir voté la motion de censure.
07:03Je le dis aux socialistes.
07:05Est-ce que vous présentez des regrets ou des excuses ?
07:07Est-ce qu'ils ont présenté des excuses
07:09pour le fait d'avoir laissé ce gouvernement sévir
07:11avec un mauvais budget,
07:13d'avoir même retenu le même discours
07:15que le gouvernement pour faire une espèce de chantage
07:17en disant qu'il n'y avait pas de budget et en plus
07:19pour permettre dès le lendemain à M. Retailleau
07:21de dire qu'il va remettre en question le droit du sol ?
07:23Est-ce que c'est excuses ?
07:25J'attends leurs excuses.
07:27Mais moi, je vais vous dire, leurs excuses, en réalité,
07:29ce n'est pas ce que j'attends.
07:31Ce que j'attends, c'est qu'ils reviennent à la raison
07:33et que lundi, avec nous, ils votent le projet de loi de finances
07:35sur la situation sociale.
07:37Et s'ils ne le font pas, ce qui est possible,
07:39il n'y a plus de nouveau Front Populaire, M. Coquerel.
07:41Ceux qui ne le feront pas, définitivement, en tout cas,
07:43sortent de toute alliance avec nous, tout simplement
07:45parce qu'en réalité, ils sont du côté du soutien au gouvernement.
07:47Vous ne pouvez pas soutenir le macronisme
07:49et penser que vous respectez
07:51le programme du nouveau Front Populaire
07:53qui s'est donné pour objectif
07:55d'en finir avec le macronisme.
07:57Le PS et les Verts et les communistes
07:59disent que ce n'est pas à vous de décider
08:01qui fait partie ou pas du nouveau Front Populaire.
08:03Le problème n'est pas de savoir qui décide ou pas.
08:05Le problème, c'est que nous avons un programme.
08:07Ce programme s'oppose au macronisme.
08:09Si vous faites en sorte que votre vote
08:11permet au macronisme de continuer à sévir
08:13avec ses projets antisociaux, autoritaires
08:15et maintenant même discriminatoires
08:17et potentiellement racistes,
08:19je vois mal comment vous pouvez expliquer
08:21que vous faites partie d'une alliance et que vous respectez
08:23l'engagement devant vos électeurs.
08:25Je le dis très clairement aussi, les socialistes,
08:27j'espère qu'ils vont le voter.
08:29J'espère aujourd'hui qu'ils se rendent compte
08:31de leurs erreurs après la séance qu'on a eue hier à l'Assemblée.
08:33Vous voyez, une séance de rattrapage,
08:35mais c'est le rattrapage pour le pays.
08:37Ce n'est pas tellement pour les questions d'alliance.
08:39De gauche, pour moi, ce n'est pas ça aujourd'hui qui est fondamental.
08:41Aujourd'hui, c'est le bien du pays.
08:43Le bien du pays recommande que lundi, la motion de censure soit adoptée.
08:45On verra lundi. Merci beaucoup.
08:47Éric Coquerel, président de la Commission des finances,
08:49député de la France insoumise de la Seine-Saint-Denis.
08:51Merci.