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Transcription
00:00La décrue est amorcée après les inondations de la semaine dernière en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan.
00:05Mais ces intempéries vont laisser des traces dans les zones touchées, mais aussi dans les esprits.
00:10Quel impact psychologique peuvent avoir ces événements climatiques ?
00:13On en parle avec notre invité psychiatre au CHU de Rennes et coordinateur de la cellule d'urgence médico-psychologique de la zone ouest.
00:21Bonjour docteur David Travert.
00:23Bonjour.
00:23Alors est-ce que déjà il y a forcément un impact psychologique quand on est touché par des intempéries ?
00:28Alors au sens commun bien sûr, au sens psychologique et surtout psychiatrique beaucoup moins, ça arrive mais ça n'est pas la règle.
00:36Et est-ce que l'eau, là les inondations, puisque c'est ce qui est arrivé la semaine dernière en Ille-et-Vilaine et une partie du Morbihan,
00:42ça peut toucher plus par exemple qu'un incendie dans sa maison ? Est-ce que ça au niveau psychologique, psychiatrique ça s'évalue ?
00:50Tout dépend d'abord de l'événement, de son ampleur, de la catastrophe qui l'entraîne, des décès éventuels et Dieu merci il n'y en a pas eu ici.
00:58Mais ça dépend en fait aussi beaucoup, comme tous les problèmes de santé psychologiques, psychiatriques, des vulnérabilités sous-jacentes qui sont biologiques, qui sont psychologiques, qui sont aussi sociales.
01:07Et qu'est-ce qui arrive alors aux sinistrés ? Qu'est-ce qui se passe dans leur tête ? Il y a différents moments j'imagine qui peuvent être traumatisants,
01:14partir de chez soi, être secouru parfois la nuit, et puis après quand on revient et qu'on constate les dégâts, c'est ça, il y a un peu deux parties ?
01:21Oui tout à fait, on peut dire qu'il y a la partie aiguë de l'instant et de la catastrophe qui arrive,
01:26et puis ensuite évidemment il y a le constat des dégâts, des choses que l'on a à revoir, des deuils éventuels quand il y en a,
01:32mais il y a des deuils cela dit sur la maison que l'on avait avant, l'appartement que l'on avait avant, la vie que l'on avait avant,
01:37mais tout ça finalement c'est quelque chose qui est de l'ordre du physiologique, c'est-à-dire que l'être humain depuis toujours doit s'adapter aux événements de vie négative,
01:45et la plupart du temps les réactions qui sont douloureuses, attention, elles sont vraiment douloureuses, des pleurs, de l'émotion, d'influctuations de morale, etc.
01:53Elles sont a priori de l'ordre du physiologique.
01:57Alors il y a, docteur David Travert, vous qui êtes psychiatre au CHU de Rennes, des signes qui doivent alerter les proches ou peut-être les bénévoles qui sont auprès des sinistrés aujourd'hui en Bretagne ?
02:07Tout à fait, et c'est d'ailleurs un peu le travail qui doit être fait en amont, et lorsque se crée la situation de catastrophe,
02:13on peut dire que pour faire très simple, alors que je le disais il est physiologique d'être ému, d'être en difficulté psychologiquement et de ressentir de la douleur fluctuante,
02:24être sidéré, plus de son, plus d'image, être désorganisé, ne plus arriver à penser, à faire les choses et à s'exprimer,
02:31ce sont pour le coup des réactions absolument non physiologiques pour lesquelles une intervention sanitaire est plutôt utile.
02:38Et qu'est-ce qu'on peut faire alors si on constate ça chez un de nos proches ou dans notre entourage ? Il faut appeler, consulter, comment ça se passe ?
02:47Exactement, il faut reprendre des réflexes que l'on perd d'ailleurs quand on est dans cet état-là, c'est-à-dire penser à son circuit de sein, son médecin traitant,
02:53quand on a ou que l'on a eu un suivi psychologique avec un psychiatre, un psychologue, penser à l'utiliser ou à le réactiver,
03:00et bien sûr quoi qu'il arrive, en cas d'urgence, appeler le 15 qui, rappelons-le, depuis maintenant plusieurs années, dispose dans mon service d'une compétence psychiatrique.
03:08Docteur David Travert, vous êtes psychiatre au CHU de Rennes, aussi coordinateur de cette cellule d'urgence médico-psychologique de la zone ouest.
03:14Elle est intervenue cette cellule ces derniers jours et elle va le faire encore ? Comment vous travaillez ?
03:19Alors en fait, elle intervient dans l'organisation, elle fait partie de l'ensemble des structures de soins qui sont dans le conseil de la préfecture, qui pilote absolument l'ensemble.
03:29Donc ça veut dire que dès la semaine dernière, quand la préfecture a lancé sa procédure d'urgence, inondation, vous étiez aussi, enfin vous faisiez partie de ce dispositif ?
03:39Je faisais partie avec d'autres du dispositif sanitaire, donc piloté par l'ARS, sur commande de la préfecture, comme tous les autres dispositifs, oui tout à fait.
03:47Et nous avons pu discuter des choses à faire et à ne pas faire. On ne remplace pas un besoin de cohésion sociale, un besoin de réponse sur l'état de sa maison par du soin et du sanitaire, donc ça n'est pas à notre juste place.
03:59En revanche, nous avons évidemment donné des éléments et surtout nous avons aussi proposé aux maires de toutes les communes sinistrées, justement tout ce que je viens d'expliquer de manière plus détaillée, mais aussi des brochures et puis des réflexions pour l'après.
04:13Et l'après, vous y serez aussi dans les prochains jours, prochaines semaines, si besoin ?
04:18Bien sûr, avec le circuit de soins normal, référent pardon, mais aussi dès cet après-midi d'ailleurs, dans une nouvelle visio avec les maires qui le souhaitent, pour refaire un point sur cette phase que vous évoquiez parfaitement, qui est la décrue, et puis une autre phase psychologiquement dans le constat de tout ce que ça a créé.
04:36Est-ce que, docteur, il peut y avoir aussi un choc psychologique pour les gens qui n'ont pas été inondés, qui n'ont pas eu d'eau chez eux, mais qui ont entendu parler de ces intempéries ou qui ont travaillé, comme nous ici à Hermorique, une semaine très intense pour toutes les équipes ou dans les communes, justement, les gens qui ont aidé les sinistrés, il y a aussi pour ces gens-là une attention particulière à avoir ?
04:57C'est une très bonne question. C'est tout le concept qu'on appelle désormais des impliqués. Alors, à mon sens, personnellement, tout le monde n'est pas impliqué. Avoir entendu parler de la situation n'est pas à potentiel traumatique, et je rappelle d'ailleurs que les situations ne sont pas traumatiques, mais à potentiel traumatique.
05:11En revanche, pour des gens, par exemple, comme vous, ou plus précisément encore comme des gens qui sont sur le terrain et qui accompagnent des gens sans être eux-mêmes touchés, bien sûr que le constat réel, brut, dur de la chose, plus l'éventuelle répétition par le fait que l'on passe son temps à voir des choses de ce type-là, peuvent avoir, parce que ça va croiser encore une fois des vulnérabilités chez eux, un impact fort réel.
05:35Et donc, il ne faut pas le négliger. Merci beaucoup, docteur David Travers, d'avoir été notre invité ce matin sur l'antenne de ICI Armoury, que vous êtes psychiatre au CHU de Rennes et coordinateur de la Cellule d'urgence médico-psychologique pour la zone ouest.
05:48Merci.

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