LFI vous dira que le PS a changé de camp en choisissant de sauver la tête du Premier ministre. Les socialistes rétorquent que la situation ne pouvait plus durer, qu’il fallait un budget à la France. Et que mieux vaut un mauvais budget que pas de budget du tout.
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, les socialistes accordent donc un sursis à François Bayrou.
00:05LFI vous dira que le PS a changé de camp en choisissant de sauver la tête du Premier
00:09Ministre, les socialistes rétorquent que la situation ne pouvait plus durer, qu'il
00:13fallait un budget à la France et que mieux vaut un mauvais budget que pas de budget du
00:18tout.
00:19Cette décision est tout sauf une surprise, en insistant depuis trois jours sur les concessions
00:22arrachées, les souffrances épargnées par un budget un peu moins nocif qu'il n'était
00:27au départ, les négociateurs socialistes avaient largement pavé la voie d'un vote
00:30contre assorti d'une non-censure.
00:32Mais par cette rupture attendue, avec la stratégie insoumise du tout ou rien et le choix résolu
00:37de celle du compromis, le PS s'engage dans un chemin où il est difficile d'enclencher
00:43la marche arrière.
00:44La loi de finances étant l'acte de gouvernement le plus important, puisque tout peut se discuter
00:48et que l'exécutif y est disposé, on ne voit pas bien avec quel argument le PS pourrait
00:53justifier son retour dans le camp de la censure et de la crise.
00:57Se faire traiter de traître, subir les menaces et excommunications mélenchonistes pour venir
01:02ensuite se replacer dans l'orbite de LFI n'aurait pas de sens, redonner la main au
01:06Rassemblement National en faisant à nouveau dépendre de Marine Le Pen le sort du gouvernement
01:10serait une erreur politique.
01:12Et donc, bien qu'il s'en défende, la direction du PS vient d'opérer un choix qu'il engage
01:17au-delà des considérations tactiques et du souci de coller à une partie de ses électeurs
01:22et sympathisant, un choix qui par ailleurs dégage l'horizon de François Bayrou.
01:26Et pour combien de temps ? Sans doute, je ne devrais pas spéculer auprès de dire l'avenir,
01:31mais sans doute, disons jusqu'au terme de la négociation sur les retraites.
01:35Voilà la prochaine échéance majeure qui attend le gouvernement, sans doute vers la
01:38fin du printemps.
01:39Un échec des partenaires sociaux ou un manquement à la parole donnée de laisser le dernier
01:44mot au Parlement pourrait ressouder la gauche sur une revendication jusqu'ici largement
01:49partagée.
01:50Et d'ici là, une fois passées les écueils budgétaires et puis aussi la motion du PS
01:54sur les valeurs, 4 ou 5 mois de stabilité politique ne font de mal à personne.
01:58Et à gauche, Patrick, le NFP est-il condamné par la non-censure du PS ?
02:03Le NFP réduit d'un « parti réagissait hier Jean-Luc Mélenchon », mais en réalité,
02:08le NFP n'existe pas.
02:09Ou plus précisément, il n'existe que par ses accords électoraux, pas de scrutin,
02:13pas d'alliance.
02:14De ce point de vue, il y a deux façons de lire le résultat de Villeneuve-Saint-Georges
02:18à la municipale partielle, dimanche.
02:20Si vous ne regardez que le second tour, c'est l'échec de la stratégie solitaire et sectaire
02:25de LFI, puisque Louis Boyard avait d'emblée récusé ses partenaires de gauche, il affirmait
02:29même qu'il pourrait gagner dès le premier tour.
02:32Mais au premier, justement, Boyard est arrivé en tête, ce qui fait dire que la gauche ne
02:36peut plus gagner sans les insoumis, LFI, Pilier, Ouboulet.
02:40Pendant que le PS s'éloigne et cherche sa voie, la question Mélenchon à gauche est
02:45toujours pendante.
02:46Patrick Cohen !