Tous les dimanches, Aymeric Pourbaix et ses invités abordent l’actualité d’un point de vue spirituel et philosophique dans #EQE
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Enquête d'Esprit sur CNews et Europe 1.
00:0440 jours après Noël, c'est la Chandleur, une fête qui reste très populaire parce qu'on y mange des crêpes.
00:10Mais au-delà, a-t-on perdu le sens de sa richesse spirituelle ?
00:14C'est également une célébration où on allume des cierges pour éclairer les cœurs et les âmes
00:20et donner un peu de la lumière céleste dans les ténèbres de l'hiver.
00:24Et ça vaut aussi pour les nations, semble-t-il.
00:26Pourquoi ont-elles besoin de la lumière du Christ, de tout cela ?
00:30Nous parlons aujourd'hui dans Enquête d'Esprit, dans cette émission qui est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
00:48Bonjour Éloi Rochebrine, les informations religieuses avec vous.
00:51On commence par la question, va-t-il y avoir un retour des pèlerins en terre sainte ?
00:56Bonjour Aymeric, bonjour à tous.
00:58Après la signature du cessez-le-feu entre le Hamas et Israël,
01:02les chefs religieux chrétiens appellent au retour des pèlerins à Jérusalem et à Bethléem,
01:06une nécessité spirituelle en cette année sainte,
01:09mais aussi économique pour les familles chrétiennes de Jérusalem.
01:12Reportage de Jérôme Rampenoux et Anaïs Bochet.
01:16De rares passants qui arpentent les rues, des magasins déserts.
01:20Depuis octobre 2023, l'activité du quartier chrétien de Jérusalem s'est effondrée,
01:25choquant les rares touristes qui s'y promènent.
01:28Cet endroit a été rempli de gens, de joie.
01:31Ça a tellement changé maintenant.
01:36On est à l'entrée du quartier chrétien et comme vous le voyez,
01:39il y a très peu de magasins ouverts et très peu d'activités.
01:43Les commerçants attendent désespérément le retour de la clientèle,
01:46comme Christo, propriétaire d'une boutique de souvenirs.
01:49Avant la guerre, il avait une centaine de clients.
01:52Aujourd'hui, un seul est passé dans sa boutique.
01:59On espère qu'en mars, il y aura des touristes parce qu'il y a Pâques,
02:02mais on ne sait pas si la guerre va reprendre.
02:08Les responsables de l'église encouragent le retour des pèlerins chrétiens à Jérusalem,
02:12une manière de rebooster l'économie locale.
02:14De nombreuses familles chrétiennes vivent essentiellement du tourisme religieux
02:17et sont actuellement sans revenus.
02:19Nous étions habitués à voir des pèlerins chaque jour, des autobus entiers.
02:23Vraiment, on attend le retour des pèlerins avec inquiétude, mais aussi avec espoir.
02:30Plusieurs compagnies aériennes comme Air France ou Lufthansa
02:32ont annoncé récemment la reprise de leur vol vers Israël,
02:35des liaisons qui pourraient faciliter le retour des pèlerins.
02:39Autre victime de la guerre au Proche-Orient, le Liban,
02:41où les catholiques ont organisé hier au sud de Beyrouth,
02:44au sanctuaire Notre-Dame de la Tente, un grand pèlerinage pour la paix.
02:48L'événement a été organisé à l'occasion du jubilé des cent ans
02:51des premiers samedis du mois de Fatima.
02:53La Sainte Vierge apparue en 1917 au Portugal a demandé que la messe
02:57de tous les premiers samedis du mois soit pratiquée dans toute l'église
03:01pour obtenir la paix.
03:03Un mot de la Syrie, car le préfet du Dicaster pour les églises orientales,
03:07le cardinal Claudio Guggerotti, a achevé mercredi une visite dans le pays.
03:13Un voyage effectué à la demande du pape François qui souhaite
03:16que les chrétiens puissent trouver leur place dans la Nouvelle-Syrie.
03:19Une tâche ardue dans une Syrie contrôlée par des islamistes.
03:22Écoutez Vince Angelo, chef d'émission de l'œuvre d'Orient en Syrie.
03:26Les chrétiens jouent un rôle vital en Syrie parce que cette communauté,
03:30elle a des écoles, des hôpitaux, des dispensaires, des associations
03:33qui travaillent pour toute la société.
03:35Donc en fait, à travers eux, c'est toute la population syrienne
03:39qui bénéficie de leur service, de leur présence, de leur ouverture.
03:42Ils apportent une liberté, les chrétiens, dans les pays où ils vivent,
03:46les chrétiens d'Orient.
03:47Et donc c'est une chance, pas seulement pour eux-mêmes,
03:49mais aussi pour leurs voisins.
03:51Et les chrétiens, encore une fois, peuvent faire ce rôle de pont,
03:53d'ouverture et donc jouer un rôle politique.
03:56Mais il faut qu'on leur en laisse la possibilité.
03:59Et c'est tout l'enjeu de ce qui va se dérouler
04:01durant les prochaines semaines et les prochains mois.
04:03Vince Angelo qui publie début janvier avec le dessinateur Edmond Baudouin
04:08une bande dessinée sur les chrétiens de Syrie.
04:10Objectif, donner une voix et un visage à une population oubliée.
04:15Au Nicaragua, la persécution contre les chrétiens continue.
04:18Cette fois-ci, ce sont les clarisses de deux couvents du pays
04:21qui ont été expulsés dans la nuit de mardi.
04:23On ne sait pas où elles se trouvent aujourd'hui.
04:26La personnalité juridique de cette congrégation avait été arbitrairement annulée
04:31en mai 2023, comme d'autres communautés religieuses.
04:35Autre bande dessinée qui fait l'actualité cette semaine,
04:38Nagasaki 1945.
04:41C'est l'histoire vraie et incroyable d'un couple de chrétiens japonais,
04:44Takashi et Midori Nagai, dans le cataclysme de la bombe atomique.
04:49L'album a reçu le prix de la BD chrétienne au Festival de la BD chrétienne à Angoulême.
04:53Une consécration pour son auteur, Nathalie Fourmy.
04:56Écoutez.
04:58Parmi tout ce que Takashi et Midori peuvent nous dire aujourd'hui,
05:01je pense que le message le plus urgent, c'est celui de l'espérance.
05:05L'espérance, c'est la lumière quand tout est noir, c'est la lumière dans le chaos.
05:10Et ce qui est incroyable, c'est que Takashi, après tout ce qu'il a traversé,
05:14la défaite de son pays, il aimait le Japon, il était japonais jusqu'au bout des ongles,
05:19la maladie qui l'a terrassé, la perte de ses proches, ce qu'il aimait le plus au monde,
05:26après tout ça, Takashi est capable de dire
05:30enfin j'ai retrouvé mon cœur d'enfant, enfin je suis heureux.
05:35Dimanche dernier, dans la commune de Chelles, en Seine-et-Marne,
05:38le diocèse de Moabénie a posé les premières pierres d'une nouvelle église.
05:41Sainte-Bathilde devrait pouvoir accueillir 900 fidèles.
05:44Le chantier accompagne la hausse du nombre d'habitants dans le département
05:48et donc un afflux de fidèles.
05:50L'ouverture de l'édifice est prévue pour Pâques 2026.
05:54C'est la fin de votre journal.
05:55Aymeric, c'est à vous pour la suite d'Enquête d'Esprit.
05:58Merci beaucoup Éloi Rochebrune pour ces informations.
06:01Dans Enquête d'Esprit, aujourd'hui, nous parlons de la Chandeleur,
06:04une fête très populaire où l'on mange des crêpes,
06:06mais qui a aussi une richesse spirituelle considérable.
06:09On va en parler avec nos invités, l'abbé Thierry Laurent.
06:11Bonjour monsieur l'abbé.
06:12Bonjour monsieur Pauvre.
06:13Merci d'être avec nous.
06:14Vous êtes curé de la paroisse Saint-Roch à Paris,
06:16également auteur de La liturgie de la messe,
06:18gestes après gestes publiés aux éditions du Laurier.
06:21Avec nous également la sœur Thérèse Emmanuel.
06:23Bonjour ma sœur.
06:24Bonjour monsieur Pauvre.
06:25Vous êtes religieuse et vous appartenez à la congrégation
06:28des franciscaines réparatrices de Jésus Hostie.
06:30Et vous êtes également responsable des vocations féminines de religieuses,
06:34donc des femmes, à Paris.
06:36Vous nous parlerez aussi de cette...
06:38C'est aussi la fête de la vie consacrée, la Chandeleur.
06:40Et puis également avec nous son excellence Georges Habsbourg-Lorraine.
06:44Bonjour monseigneur.
06:45Vous êtes ambassadeur de Hongrie en France,
06:47archiduc d'Autriche, prince de Hongrie,
06:50c'est la raison pour laquelle aussi on vous appelle monseigneur.
06:53Et vous êtes le petit-fils de Charles de Habsbourg,
06:55c'est le dernier empereur d'Autriche-Hongrie,
06:57qui était catholique et qui a été béatifié par l'Église,
07:00c'est-à-dire vraiment la dernière étape avant la canonisation.
07:03Et puis Véronique Jacquet, bien sûr, est avec nous.
07:06Bonjour Véronique.
07:07Bonjour à tous.
07:08Alors Véronique, justement, je pense qu'il faut raconter
07:11à nos téléspectateurs ce qui s'est passé le jour
07:14de la présentation au Temple.
07:16C'est le véritable nom de cette fête de la Chandeleur,
07:19qui est populaire, mais qui raconte aussi
07:21un passage des Saintes Écritures. Expliquez-nous.
07:23Alors, c'est la fête de la présentation de Jésus au Temple,
07:26mais c'est aussi la fête de la purification de Marie,
07:28ou la fête de la lumière.
07:30Plusieurs appellations, effectivement,
07:32pour parler de la fête de la Chandeleur.
07:34Alors, l'Évangile de Luc raconte que Marie et Joseph
07:37viennent consacrer au Seigneur leur fils premier-né
07:39au Temple de Jérusalem, il s'agit de Jésus.
07:42Comme tout premier-né, il est offert au Seigneur
07:45selon la prescription donnée à Moïse.
07:47Et comme tout enfant juif, Jésus est présenté
07:5040 jours après sa naissance.
07:52On parle aussi de la purification de la Vierge.
07:54Pourquoi ? Parce que selon les prescriptions
07:56de l'Ancien Testament, une femme était impure
07:58après avoir donné naissance à un enfant pendant 40 jours.
08:01Alors, ce qui est intéressant, c'est que Marie
08:03n'a pas besoin d'être purifiée et Jésus n'a pas besoin
08:05d'être consacré, mais on voit qu'il respecte
08:08profondément et religieusement, si j'ose dire,
08:11la loi juive.
08:13L'Évangile raconte ensuite qu'il y avait dans le Temple
08:15deux vieillards, Siméon, un juif juste et pieux,
08:18qui avaient reçu la promesse de l'Esprit Saint
08:20qu'ils verraient le Christ avant de mourir.
08:22Et puis il y avait aussi Anne, une prophétesse
08:25qui servait le Seigneur dans le Temple.
08:27Et en fait, tous deux discernent intuitivement,
08:29grâce à l'Esprit Saint, le destin unique de Jésus
08:32parmi tous les enfants qui leur sont présentés au Temple.
08:35Parce que l'Évangile de Luc rapporte les magnifiques paroles
08:38du vieillard Siméon lorsqu'on lui met l'enfant
08:41dans les bras, le Christ dans les bras.
08:43Il dit « Maintenant Seigneur, tu peux laisser ton serviteur
08:46s'en aller en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu
08:49le salut que tu prépares à la face des peuples,
08:51lumière qui se révèle aux nations et donne gloire
08:54à ton peuple Israël. »
08:56Jésus est donc reconnu comme la lumière du monde
08:58qui doit éclairer les nations.
09:00Et puis Siméon s'adresse à Marie.
09:02« Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement
09:05de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
09:08et toi, ton âme sera traversée d'un glaive. »
09:12Alors Marie, évidemment, est bouleversée dans son cœur
09:15après ses paroles, elle repart avec Joseph et l'enfant Jésus
09:18en Galilée dans leur ville de Nazareth.
09:20Merci beaucoup Véronique.
09:22Alors, on va commenter les différentes étapes
09:24de ce passage de l'évangile.
09:26D'abord, monsieur l'abbé Thierry Laurent,
09:28« chandleur » ça vient de « candela » en latin.
09:31C'est le cierge qu'on allume pour cette fête
09:33mais qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
09:35Effectivement, « festa candelarum », on voit bien
09:37que ça vient de là, le chandleur.
09:39On est 40 jours après Noël, c'est très très important.
09:42Noël, c'est la lumière du monde, c'est le Christ.
09:45C'est pas ça qu'on le fête de nuit d'ailleurs.
09:47Il vient éclairer l'humanité, c'est le sommet de l'humanité.
09:50Il se révèle à nous.
09:52Et 40 jours après, c'est de nouveau la fête de la lumière.
09:56Alors, bien sûr, on met souvent en avant
09:58qu'il y avait une fête païenne, etc.
10:00Mais il ne faut pas croire qu'on ait remplacé
10:02des fêtes païennes par des fêtes chrétiennes.
10:04Les choses se sont faites tout naturellement.
10:06On est à la fois païen et chrétien.
10:08Quand on est chrétien, on est aussi dans le monde,
10:10on a aussi des affaires, etc.
10:12Et donc, très naturellement, on a refêté la lumière
10:1540 jours après, parce que 40, dans la Bible,
10:18c'est le temps où tout s'achève.
10:2040 jours au désert, Elie à l'Horeb,
10:23Moïse au Sinaï, 40 jours du déluge,
10:2640 ans dans le désert, 40 jours pour le Seigneur.
10:2940, on est complètement fait.
10:32Et donc, on va sortir, avec cette fête,
10:35du cycle de l'épiphanie,
10:38de Noël et de l'épiphanie,
10:40et on va passer à autre chose.
10:42Maintenant, on va suivre le Christ.
10:44C'est pour ça que cette lumière, qui est bien le Christ,
10:46et qui nous éclaire, on la représente
10:49à ce moment-là.
10:51Il est vrai aussi que la lumière revient maintenant
10:53de manière de plus en plus forte dans le temps,
10:55puisque les jours se rallongent très profondément.
10:58Et donc, la lumière, c'est la vie.
11:00C'est le début de la création du monde, la lumière.
11:02Et donc, cette fête de la lumière,
11:04c'est à la fois une fête profondément humaine
11:07et profondément, je n'ose pas dire païenne,
11:10si, profondément humaine, et profondément chrétienne.
11:13Parce que c'est le Christ qui éclaire notre réalité humaine.
11:15Alors, on va voir ce que ça change concrètement,
11:17pour tout un chacun.
11:18Monseigneur, en Hongrie, est-ce que c'est une fête
11:20qui est particulièrement célébrée ?
11:23Et puis même pour vous, personnellement, je dirais,
11:25est-ce que c'est une fête importante ?
11:27Absolument, c'est une fête qui est très importante,
11:29et je pense en vie des exemples.
11:32En vie des exemples qu'on peut suivre.
11:34Et naturellement, des fêtes jouent un rôle très important
11:36parce qu'on peut se connecter.
11:38Et là, on voit des exemples, on peut suivre les exemples.
11:42Et je dois dire, ça se passe avec les fêtes religieuses,
11:46mais ça se passe aussi dans les familles,
11:48très particulièrement, parce qu'on aime beaucoup
11:50de regarder qu'est-ce qu'ils ont fait les grands-parents,
11:53qu'est-ce qu'ils ont fait les parents,
11:55comment ils ont vit leur foi,
11:58qu'est-ce qu'ils ont fait comme exemple
12:01pour t'amener sur le chemin qui est le chemin correct.
12:05Alors, je pense, j'ai la chance d'avoir
12:08beaucoup de bons exemples dans ma famille,
12:11naturellement, spécialement avec mon grand-père,
12:13mais naturellement aussi avec mes parents.
12:15Et ça, c'est aussi la chose que j'essaie de faire
12:18avec mes propres enfants.
12:19Il y a une tradition, effectivement, hongroise,
12:21catholique, qui est très riche.
12:23On en reparlera, bien sûr. Monsieur Labbé ?
12:25Je rebondis sur ce que vous dites, Excellence,
12:27parce qu'effectivement, quand on parle de liturgie,
12:30on a l'impression qu'on est enfermé dans l'Église.
12:32C'est-à-dire que ce qu'on vit dans la liturgie de l'Église
12:34va descendre, c'est le but,
12:37c'est que ce qu'on vit, notre rencontre avec Dieu au temple,
12:40eh bien, il rejaillit dans notre vie.
12:42Par exemple, au Luxembourg,
12:44moi, je suis le Rhin, alors, voilà, c'est pas très loin,
12:46au Luxembourg, il y a la Lichtmachtag,
12:48et donc, le jour de la chandeleur,
12:50on descend dans les rues avec des lumières,
12:53tôt le matin, voilà, et puis, en échange de sucreries,
12:55vous voyez, c'est pas une invention,
12:57il n'y a pas que les Américains qui ont inventé ça,
12:59et donc, nous aussi, on le faisait,
13:01et donc, ça descend,
13:03ce que j'appelle de la paraliturgie,
13:05ça descend, comme vous le disiez, dans les familles,
13:07dans l'exemple de nos familles,
13:09et après, ça doit donc illuminer le reste de notre vie.
13:11C'est-à-dire que si vous êtes allé rencontrer des gens
13:13avec la lumière, etc.,
13:15dans la rue... – Il faut être lumière soi-même.
13:17– Eh bien, voilà, il faut devenir soi-même lumière.
13:19– On ira, d'ailleurs, vous parliez de tradition populaire,
13:21on ira à Marseille, tout à l'heure, où, effectivement,
13:23il y a la fameuse tradition des navettes à l'occasion de la chandeleur.
13:25Sœur Thérèse Emmanuel, c'est aussi un jour
13:27très particulier pour les religieuses que vous êtes,
13:29puisque vous renouvelez
13:31vos vœux religieux ce jour-là, aujourd'hui,
13:33donc, le 2 février.
13:35Concrètement, comment cela se passe ?
13:37– Cela se passe au cours de la messe,
13:39puisque nous sommes là pour le Christ,
13:41donc l'Eucharistie est quand même
13:43le centre de nos vies consacrées.
13:45Et c'est après l'Omélie
13:47que nous rallumons nos cierges,
13:49et à genoux, nous renouvelons
13:51ces vœux que nous avons prononcés
13:53soit temporairement, soit définitivement,
13:55là où nous en sommes
13:57dans notre parcours de vie religieuse.
13:59Et nous renouvelons,
14:01c'est-à-dire, ces vœux sont déjà faits,
14:03mais ça nous redonne un dynamisme,
14:05ça nous réoriente vers le Christ,
14:07ça nous redonne le sens
14:09du pourquoi nous sommes là,
14:11et c'est avec cette vie,
14:13cette lumière
14:15que nous renouvelons nos vœux
14:17et que nous repartons
14:19à neuf pour une année
14:21et pour témoigner auprès du monde
14:23de notre vie consacrée.
14:25C'est une considération effectivement
14:27très particulière
14:29au cours de...
14:31Dans ce monde, finalement,
14:33c'est un signe de contradiction aussi.
14:35C'est ce que dit le vieillard Siméon,
14:37vous serez un signe de contradiction.
14:39Finalement, le christianisme,
14:41aujourd'hui, est devenu un signe de contradiction,
14:43M. Labbé ?
14:45Oui. Je voulais d'abord...
14:47Parce que là, ça s'appelle la consécration,
14:49et c'est important. Je crois que c'est Jean-Paul II
14:51qui a voulu que cette fête soit la consécration,
14:53et vous me rappeliez, M. Labbé, tout à l'heure,
14:55hors antenne, je vous livre un petit secret,
14:57que dans plusieurs congrégations, notamment la vôtre,
14:59c'était déjà un jour où on y pensait.
15:01Évidemment, à cause de ce vieillard Siméon et d'Anne,
15:03et surtout de la présentation de Jésus,
15:05c'est un jour de consécration particulier.
15:07Et ce que vivent les religieux,
15:09c'est une consécration totale.
15:11Est-ce que nous,
15:13on peut aussi se réjouir
15:15de la consécration ?
15:17Nous aussi, évidemment, on veut que quelque chose
15:19de saint descende en nous, le baptême,
15:21le mariage, l'ordre, etc.
15:23Mais dans la consécration religieuse,
15:25il y a quelque chose de spécial
15:27qui est fait pour nous, en fait.
15:29Tout le monde n'est pas appelé à être religieux,
15:31c'est une vocation particulière,
15:33mais c'est fait pour nous,
15:35pour qu'on se dise qu'on peut être totalement consacré à Dieu.
15:37Il y a un message qui concerne tout le monde, finalement.
15:39Oui, c'est pour ça que ça a réjoui l'Église.
15:41Sœur Thérèse Emmanuel.
15:43Cette consécration qui nous est finalement
15:45demandée par le Seigneur, nous répondons à un appel du Seigneur.
15:47Ce n'est pas un projet personnel.
15:49Cette consécration
15:51est là pour rappeler à l'Église
15:53sa mission,
15:55sa mission d'Église épouse du Christ.
15:57Et nous, nous sommes consacrés
15:59dans l'Église, nous sommes épouses
16:01dans l'Église épouse, et nous sommes là
16:03pour rappeler au monde, de par le don total
16:05que nous avons de nous-mêmes,
16:07en choisissant exclusivement le Christ
16:09comme unique amour de notre vie,
16:11nous resignifions
16:13à l'Église quel est son chemin,
16:15sa mission.
16:17Nous avons cette union au Seigneur
16:19et nous sommes là pour rappeler fréquemment
16:21aux uns et aux autres
16:23dans le monde la mission
16:25de tout un chacun sur cette terre.
16:27Mais il y a quand même quelque chose, je repose la question,
16:29aux yeux du monde qui est extrêmement
16:31étrange dans cet engagement. On pense bien sûr
16:33au vœu de célibat, l'obéissance
16:35à la pauvreté.
16:37Tout à l'heure, Véronique nous disait que
16:39cette fête de la Chandleur, c'est aussi la fête de la purification
16:41de Marie. Est-ce que justement
16:43cette dimension du renoncement
16:45est également présente, même si on l'oublie parfois
16:47dans la vie chrétienne ?
16:49Oui, c'est vrai.
16:51Le grand secret
16:53de la foi chrétienne, c'est l'incarnation.
16:55C'est que le Seigneur en venant
16:57dans la chair nous permet de tout purifier.
16:59On n'est plus en train de trier entre
17:01le pur et l'impur, etc.
17:03Tout peut devenir pur. Tout n'est pas bon en soi,
17:05mais tout peut être purifié.
17:07Cette consécration,
17:09c'est le désir
17:11qu'on a que tout devienne sain dans notre vie.
17:13Forcément, ça va être
17:15un peu dérangeant.
17:17Ça va forcément coincer là où les choses sont.
17:19Déjà dans ma propre vie.
17:21Quand vous parliez de renouveler,
17:23moi je trouve que c'est extraordinaire
17:25qu'on puisse renouveler. On ne recommence pas des vœux.
17:27Ce n'est pas un CDD
17:29qu'on refait tous les ans. C'est fait une fois pour toutes.
17:31Mais on veut le rendre
17:33nouveau. On veut le revivifier.
17:35Les prêtres, eux,
17:37refont leur promesse au jeudi saint.
17:39Les gens qui sont mariés
17:41peuvent le faire, à mon sens,
17:43au jour de leur anniversaire,
17:45par exemple de mariage.
17:47Tous les vœux qu'on a faits intérieurs,
17:49ou les vœux privés que chacun peut faire,
17:51mariés, célibataires, religieux,
17:53on peut leur donner
17:55une date particulière,
17:57une consécration à la Vierge,
17:59et le refaire à ce jour-là
18:01pour nous rendre nouveaux.
18:03Pour arrêter de vieillir. On va rajeunir.
18:05C'est ça, rendre nouveau.
18:07Même le vieillard
18:09Siméon est un gamin. D'ailleurs, on le voit.
18:11Il a la joie, la jeunesse d'esprit.
18:13Il dit, voilà, je suis très content.
18:15Ça se réalise. C'est ça, renouveler.
18:17Véronique Jaquet, avant la pub.
18:19Sœur Thérèse Emmanuel,
18:21vous parlez de consécration,
18:23de trouver la lumière dans votre vie.
18:25C'est ça, une vie intérieure
18:27qui est très riche, qui repose sur quoi ?
18:29Sur des heures de prière.
18:31Comment on la trouve, cette lumière ?
18:33Et comment on la garde, comment on la conserve
18:35pendant toute une vie de religieuse ?
18:37Cette lumière nous est donnée par le Seigneur.
18:39C'est un appel vraiment spécifique.
18:41Sans quoi nous n'y répondrions pas.
18:45Une fois que cet appel est entendu
18:47et discerné et mûri
18:49dans un lieu,
18:51il s'agit aussi pour nous les religieux
18:53de trouver une communauté.
18:55Lorsque nous mûrissons
18:57cet appel et que nous y répondons
18:59de manière concrète,
19:01il y a ensuite
19:03cette vie centrée
19:05autour du Seigneur,
19:07autour de l'Eucharistie quotidienne,
19:09avec les offices qui soutiennent aussi
19:11cette vie qui est en nous,
19:13cet amour qui est en nous.
19:15Et nous sommes appelés
19:19à transmettre cet amour.
19:21Alors nous, nous avons
19:23une vie missionnaire,
19:25en partie missionnaire,
19:27auprès des jeunes notamment,
19:29dans l'éducation des jeunes,
19:31l'éducation à la foi.
19:33Nous transmettons cette vie
19:35donc nous puisons aussi auprès des autres
19:37toute cette vie
19:39qui nous est donnée par le Christ
19:41et qui nous fait vivre et qui nous anime.
19:43Et nous la puisons aussi
19:45au pied du Saint-Sacrement puisque nous sommes
19:47adoratrices et c'est là notre grand
19:49ressourcement.
19:51Alors on va s'arrêter
19:53quelques instants pour la pub et se retrouver
19:55tout de suite après pour notamment
19:57commenter cette parole de l'écriture
19:59de la fête de la Présentation
20:01où le vieillard Siméon parle de la lumière
20:03qui est apportée aux nations avec aussi
20:05l'exemple de l'histoire
20:07de la Hongrie qui est très riche en la matière.
20:09Vous restez avec nous, on se retrouve
20:11dans un instant.
20:15Vous êtes bien sur CNews
20:17et Europe 1 pour Enquête d'Esprit.
20:19Nous parlons de la fête de la
20:21Chandleur avec nos invités,
20:23l'abbé Thierry Laurent, il est curé de la paroisse
20:25de Saint-Roch à Paris, la sœur Thérèse
20:27Emmanuelle des Franciscaines, réparatrice de
20:29Jésus Hostie également présent à Paris
20:31et puis de son excellence l'ambassadeur
20:33de Hongrie, Mgr Georges Habsbourg-Lorraine
20:35et Véronique Jacquet
20:37bien sûr qui est avec nous pour cette émission
20:39en partenariat avec France Catholique.
20:41Alors Mgr j'aimerais justement
20:43vous interroger parce que dans
20:45le texte de l'écriture qui raconte
20:47la fête de la Chandleur, de la
20:49Présentation de Jésus au Temple, il y a donc ce vieillard
20:51Siméon qui annonce une révélation
20:53aux nations, au monde
20:55entier et donc
20:57non plus seulement pour les juifs
20:59voici ce qu'il dit
21:07Quelle est l'importance de la foi dans la vie d'une
21:09nation parce que en Hongrie vous avez
21:11votre grand-père Charles de Habsbourg
21:13qui est le dernier empereur d'Autriche Hongrie
21:15qui est catholique, qui a été béatifié
21:17par l'église, sa femme Zita
21:19votre grand-mère donc est en cours
21:21en passe de lettres, qu'est-ce que ça
21:23change finalement et qu'elle était
21:25du point de vue donc de la politique
21:27en tant que chef d'état de votre grand-père
21:29l'importance de sa foi ?
21:31Premièrement je pense qu'il faut
21:33commencer un peu plus tôt parce qu'il faut commencer
21:35avec la fondation de l'état d'Hongrie
21:37d'Autriche Hongrie, d'Hongrie
21:39il y a dans l'année 1000
21:41et par son fondateur
21:43qui était aussi un saint, Saint-Étienne
21:45parce que Saint-Étienne il a décidé
21:47quand il a
21:49décidé de construire
21:51l'état, il a décidé d'avoir
21:53la couronne, la fameuse couronne de
21:55Saint-Étienne de Rome et pas de Byzance
21:57et quand on voit géographiquement où se trouve
21:59la Hongrie, c'était une décision très intéressante
22:01qu'il a décidé que la Hongrie
22:03fait partie du Ouest
22:05et pas de l'Est, alors il a déjà
22:07orienté le pays vers l'Ouest
22:09et vers Rome parce qu'il a reçu
22:11la couronne d'un
22:13français, d'un pape français
22:15absolument, d'un pape français qui a
22:17reçu la couronne et il était
22:19couronné avec cette couronne, alors il a pris une
22:21décision aussi spirituelle
22:23pour la Hongrie qui était
22:25très importante pendant tous les
22:27années et qui joue jusqu'à
22:29aujourd'hui un rôle très important parce que
22:31la couronne de Saint-Étienne a
22:33encore aujourd'hui une présence
22:35très importante. Naturellement
22:37la foi
22:39était le plus important dans
22:41la vie de mon grand-père parce que lui
22:43il a eu
22:45il est arrivé
22:47au pouvoir dans un moment
22:49extrêmement difficile, dans la moitié
22:51de la première guerre mondiale, il était très
22:53jeune, il n'était pas directement
22:55prévu pour être
22:57le successeur parce que c'était François
22:59Ferdinand qui était assassiné
23:01à Sarajevo, qui était
23:03le successeur de l'empereur François de Jeff
23:05qui était déjà très âgé et on pourrait
23:07attendre qu'il va mourir
23:09et François Ferdinand va
23:11lui suivre, il y avait l'assassinat
23:13et il est entré dans cette situation
23:15tellement difficile, qu'il a pu
23:17prendre des décisions tellement
23:19importantes pour toute l'Europe centrale
23:21qu'il a essayé toujours de faire la paix
23:23ça, il était seulement capable
23:25parce qu'il a eu une foi
23:27extrêmement forte. Parce que ça a été mal compris
23:29aussi cette politique de paix
23:31C'était mal compris
23:33mais je le trouve très
23:35fascinant quand on est en train
23:37de penser et de
23:39commémorer les 100 ans de la mort
23:41de lui dans un
23:43moment où il y a encore une fois une guerre
23:45en Europe centrale. Lui, il a
23:47toujours essayé de faire la paix et
23:49aujourd'hui, on a encore une fois une guerre
23:51et on est très intéressé d'avoir
23:53le plus vite possible la paix
23:55parce qu'on connait très bien qu'est-ce que c'est la
23:57catastrophe de cette guerre. Mais
23:59pour lui, c'était toujours
24:01sa foi qui était au centre
24:03la confiance qu'il a
24:05eue en Dieu et la confiance
24:07qu'il a eue
24:09dans la prière et dans la prière
24:11dans la famille. Parce que ma grand-mère
24:13elle a prié beaucoup avec lui
24:15et alors c'était toujours l'importance de la famille
24:17et pour la famille d'être ensemble
24:19et de prier ensemble. Et je pense
24:21c'est aussi dans les grandes
24:23difficultés qu'on a des révélations
24:25ça c'est dans les grandes difficultés
24:27où on a la possibilité d'apprendre quelque chose
24:29et aussi d'apprendre quelque chose de l'importance
24:31de la foi dans sa propre vie.
24:33M. Labbé, un commentaire là-dessus parce que le lien
24:35entre la foi et le gouvernement des
24:37hommes, il n'est pas forcément évident
24:39aujourd'hui, notamment dans nos pays
24:41laïcisés, sécularisés en France
24:43ou en Europe plus largement
24:45et pour autant il faut continuer à tenir
24:47comme l'a dit ce vieillard Siméon
24:49dans l'évangile que le Christ
24:51doit régner également, c'est ce qu'on appelle
24:53le règne social du Christ, sur les réalités temporelles.
24:55Oui, alors le lien
24:57c'est le règne de mon cœur
24:59la saine laïcité c'est
25:01déjà de s'intégrer
25:03comme on est chrétien
25:05dans ce monde. Le vieillard Siméon
25:07il est très content, il dit voilà
25:09je suis en paix, et alors cette paix vient du Christ
25:11la paix c'est assez
25:13contradictoire parce que ça c'est vraiment un sujet
25:15complètement consensuel, tout le monde aimerait être en paix
25:17comme vous l'avez bien dit, on cherche
25:19on aimerait bien arrêter la folie des guerres
25:21tout le monde est d'accord que c'est fou, destructeur, etc.
25:23Sauf que la paix
25:25qui est la tranquillité de l'ordre, dit Saint-Augustin
25:27finalement je ne sais pas
25:29si elle est très naturelle, je ne suis pas
25:31sûr moi, c'est-à-dire qu'il faut
25:33aller chercher une raison surnaturelle
25:35parce que dans l'ordre naturel c'est la possession
25:37le pouvoir, etc.
25:39Et ça entraîne presque inéluctablement
25:41j'ai l'impression, en regardant l'histoire du monde
25:43il n'y a pas besoin d'être grand clair, ça entraîne
25:45la guerre. Alors cette paix qui
25:47vient du Christ, c'est d'abord une paix
25:49intérieure. De cette paix intérieure
25:51peut venir, comme vous l'avez dit,
25:53je crois que c'est le plus important, la paix des familles
25:55de la paix des familles, et à tout prix
25:57c'est-à-dire que l'Empereur
25:59Charles, puisqu'on
26:01lui a reproché finalement
26:03d'avoir mis en péril son trône pour la paix
26:05il est allé jusqu'au bout parce que c'est
26:07un plus grand bien
26:09et c'est le bien commun. Donc cette paix
26:11si on continue
26:13de la chercher simplement en s'entendant bien
26:15en se disputant pas trop, je pense qu'on la trouvera
26:17pas. Et donc c'est ça
26:19notre message. Pas que l'absence de guerre.
26:21La paix n'est pas que l'absence de guerre
26:23c'est une tranquillité de l'ordre, c'est-à-dire que tout doit
26:25être dans l'ordre. C'est-à-dire que si
26:27vraiment mon désir c'est d'abord
26:29d'être avec Dieu, et bien toutes
26:31les réalités terrestres vont
26:33s'ordonner plus calmement et plus
26:35simplement. Dans l'ordre, c'est-à-dire le Christ
26:37au-dessus. Dieu premier servi
26:39et puis ensuite
26:41et donc c'est pas du tout contraire
26:43au fait que l'Etat puisse être laïque
26:45etc. C'est pas la question. C'est que
26:47cette paix surnaturelle
26:49il va falloir aller la chercher dans un
26:51secours surnaturel.
26:53Sœur Thérèse Emmanuel, dans la vie d'une
26:55religieuse, la paix c'est aussi un combat
26:57intérieur ? C'est un combat
26:59intérieur, c'est un combat aussi dans la
27:01vie fraternelle. Et justement, c'est
27:03là qu'on voit que la paix se construit. Elle
27:05n'est absolument pas naturelle.
27:07Dans une communauté, quand nous entrons, nous avons
27:09des cultures différentes, des âges différents, des
27:11milieux différents. Il va bien falloir
27:13que nous vivions ensemble
27:15dans la fraternité. Donc
27:17la fraternité c'est au-delà du fait
27:19d'être les unes à côté des autres.
27:21C'est vraiment vouloir construire
27:23ensemble
27:25une vie dans une même direction
27:27qui est le Christ.
27:29Et pouvoir s'appuyer aussi les unes
27:31sur les autres pour pouvoir avancer ensemble.
27:33Et en cela, la vie consacrée
27:35a tout à fait sa place
27:37de témoignage dans la mission
27:39de l'Église qui est
27:41de promouvoir la construction de la
27:43paix et de la
27:45proposer aux nations. Ce n'est pas toujours facile, c'est même peut-être
27:47le plus difficile dans une vie
27:49de religieuse. Ce n'est pas facile.
27:51Ce n'est pas facile du tout. Voyons réaliste.
27:53Mais il y a des beaux moments
27:55quand même, des moments de joie sur lesquels
27:57nous appuyons. Mais effectivement,
27:59il y a forcément des difficultés. Mais comme dans toute vie,
28:01dans une vie de famille,
28:03je pense qu'il y a les mêmes difficultés.
28:05Justement, la famille, Monseigneur, parce que
28:07vous le disiez en préambule,
28:09la Hongrie possède dans son histoire
28:11un nombre incalculable de figures de sainteté.
28:13Saint-Étienne, bien sûr,
28:15le fondateur, mais aussi
28:17Saint-Gisèle, son épouse. Et puis il y a eu
28:19Saint-Emerick, Sainte-Marguerite, Saint-Élisabeth
28:21de Hongrie. Enfin, c'est quand même impressionnant.
28:23Il n'y a pas beaucoup, il me semble en tout cas, de pays
28:25qui peuvent se targuer
28:27de ce fait. Est-ce que ça
28:29rejaillit encore aujourd'hui ? Et de quelle manière ?
28:31Je pense notamment au fait que
28:33votre gouvernement a lancé une politique
28:35familiale, ce qui suppose aussi
28:37de croire en l'avenir et une certaine
28:39espérance.
28:41C'est une question qui est très importante
28:43en Hongrie,
28:45disons, l'aide aux familles.
28:47Parce que ça a commencé,
28:49parce qu'on voit, si on détruit la famille,
28:51on détruit toute la société.
28:53Et alors, notre premier ministre, il a dit
28:55une fois, si on n'a pas une définition pour la
28:57famille, la famille n'existe
28:59plus. Et pour ça,
29:01aussi aujourd'hui, dans la constitution
29:03hongroise, on a la définition de la
29:05famille, que c'est père, mère
29:07et enfant. Et le père est un homme,
29:09la mère est une femme, et les enfants,
29:11c'est tout à fait clair qui sont les enfants.
29:13Alors, de donner, de renforcer
29:15la famille, ça donne une
29:17très très bonne structure à la société.
29:19On a eu une natalité qui
29:21a été catastrophique. En 2010,
29:23il y avait une famille
29:25qui a eu seulement
29:271,2 enfants,
29:29ce qui est une catastrophe, parce qu'il faut avoir au moins
29:312,2 enfants pour maintenir
29:33la société. Aujourd'hui,
29:35avec tous les programmes que le gouvernement hongrois
29:37a fait pour aider aux jeunes familles,
29:39pour donner aux jeunes familles la possibilité
29:41d'avoir des enfants, et de vraiment
29:43que ça, c'est aussi une question financière
29:45pour ces familles,
29:47on a 1,64
29:49enfants par famille,
29:51ce qui n'est pas encore beaucoup,
29:53mais on a beaucoup moins de divorces,
29:55et en ce qui est encore plus
29:57important, beaucoup moins d'abortements.
29:59Et alors, ça c'est un
30:01développement qui est
30:03très positif, et qui est un peu
30:05unique en Angleterre, qu'on a
30:07réussi de faire avec une politique
30:09familiale, de réussir de faire avec une
30:11politique familiale, et de produire
30:13ces résultats. Et
30:15je pense
30:17aussi que
30:19la vie
30:21de l'église en Angleterre,
30:23c'est une chose qui reçoit aussi
30:25une grande visibilité dans la vie quotidienne.
30:27Et ça, c'est un souhait des autorités ?
30:29Ça passe
30:31avec l'aide de l'autorité, aussi.
30:33Naturellement, on a la séparation
30:35de l'État et
30:37l'Église, mais disons
30:39la visibilité que l'Église a en Angleterre,
30:41ça joue encore un rôle assez important.
30:43Véronique Jacquier. Est-ce que les jeunes générations
30:45sont vraiment sensibles à ces racines
30:47chrétiennes, et à ce qui est mis en
30:49place, parce que, justement, on pense
30:51au règne social du Christ ?
30:55On a les mêmes problèmes aussi que les autres
30:57pays. C'est pas tellement facile.
30:59Aussi, la participation dans la
31:01messe n'est pas très
31:03très forte. Malheureusement, ça c'est aussi
31:05une réalité. Mais
31:07on voit, avec une politique
31:09qu'on fait, une politique familiale,
31:11une politique un peu plus
31:13conservateur que les autres pays
31:15de l'Union européenne, que cette
31:17politique peut avoir un succès.
31:19Et ça, c'est le premier pas.
31:21Et alors, si cette politique a un succès,
31:23on a quelque chose
31:25sur laquelle on peut construire
31:27un peu plus.
31:29Malheureusement, on n'a pas beaucoup de vocation,
31:31c'est une chose qui est très triste,
31:33qu'on note aussi en Angleterre, que ça c'est
31:35un problème. Mais, d'être
31:37un peu plus conservateur que les
31:39autres, ça c'est une chose qui est déjà
31:41dans une
31:43direction positive.
31:45Alors, on va
31:47à présent revenir en France,
31:49après la Hongrie, pour aller
31:51à Marseille, où justement,
31:53à l'occasion de la Chandeleur, il y a une belle
31:55tradition populaire, culturelle
31:57et spirituelle.
31:59Regardez ce reportage signé Stéphanie
32:01Rouquier.
32:03À Marseille, la Chandeleur,
32:05c'est une tradition incontournable.
32:07Tous les ans, une grande procession
32:09traverse la ville, pour arriver
32:11à l'abbaye Saint-Victor.
32:13Le père Lucchese encadre
32:15l'événement. C'est l'attachement
32:17à la Vierge Marie et à Jésus.
32:19Il y a une triple dimension,
32:21une dimension religieuse,
32:23pour les fervents catholiques,
32:25une dimension, du coup, spirituelle,
32:27pour ceux qui ne partagent pas forcément
32:29la foi catholique, mais
32:31qui ont une ferveur intérieure,
32:33profonde, et puis
32:35une dimension culturelle, c'est-à-dire
32:37on est marseillais, on est à Marseille,
32:39on ne peut pas ne pas s'intéresser
32:41aux traditions culturelles de Marseille.
32:43Une procession qui emmène aussi
32:45les fidèles, devant la boutique,
32:47le four des navettes, une institution
32:49dans la cité phocéenne,
32:51là où a été créé ce biscuit
32:53en 1781.
32:55C'est la Madeleine de Proust de beaucoup.
32:57C'est un biscuit que nous mangeons à la Chandeleur,
32:59nous ne mangeons pas de crêpes à Marseille.
33:01C'est un biscuit qui représente les barques
33:03qui ont amené les saints en Provence.
33:05C'est une grande tradition, et le jour de la Chandeleur,
33:07plusieurs milliers de personnes viennent communier
33:09avec nous autour de cet événement.
33:11Et pour de nombreux Marseillais,
33:13la navette, c'est bien plus qu'un biscuit.
33:15C'est vraiment à la fois la tradition,
33:17l'enfance, le respect des valeurs.
33:19C'est Marseille, voilà.
33:21Tous les ans, à la Chandeleur,
33:23des centaines de navettes
33:25sont bénites, puis distribuées
33:27aux Marseillais, et la tradition
33:29ne s'arrête pas là.
33:31Comme la navette se conserve un an, vous prenez un cierge de
33:33Victor, vous prenez une navette qui a été bénie
33:35par le cardinal, vous mettez tout ça, hop,
33:37dans le placard, et à la fin
33:39de l'année, vous pouvez manger la navette et brûler le cierge,
33:41et ça vous apporte la protection sur votre famille
33:43pendant toute l'année.
33:45Thierry Laurent, c'est important, ces traditions
33:47culturelles, historiques,
33:49spirituelles, liées à un territoire donné,
33:51comme on l'a vu à Marseille, on a parlé de la Hongrie juste avant,
33:53c'est important pour que la foi
33:55puisse se transmettre, parce que
33:57certains pourraient considérer que finalement,
33:59toutes ces coutumes, c'est du paganisme.
34:01Alors, voilà, il n'y a plus de paganisme
34:03avec le christianisme, puisque
34:05tout est saint, tout peut
34:07le devenir, tout peut être offert, c'est ce que je vous ai
34:09dit tout à l'heure, et donc
34:11il est évident que nous avons
34:13besoin de, comme on a besoin
34:15d'avoir la photo de ses parents, de ses
34:17grands-parents, de ses arrières, comme on est
34:19content d'avoir la montre de son grand-père, etc.,
34:21on a besoin de se rattacher
34:23à des événements qui vont nous lier les uns
34:25aux autres dans une action, tout simplement.
34:27Donc, des rites
34:29de l'église aux rites familiaux,
34:31aux rites de la société,
34:33nous sommes faits de choses
34:35qui peuvent nous rassembler. Si on n'a jamais appelé
34:37le rite de serrer la main,
34:39on ne sait pas comment se saluer, etc.
34:41C'est un rite tout simple, mais qui lie les hommes,
34:43parce que même si vous n'avez jamais vu quelqu'un,
34:45vous savez que vous pouvez lui tendre la main,
34:47en tout cas dans notre pays, il y a d'autres pays
34:49où il y a d'autres rites sociaux,
34:51donc voilà, c'est extrêmement important.
34:53Et tout ce qui est humain est nôtre,
34:55donc tout ce qui est bon peut être sanctifié,
34:57béni, et donc c'est important
34:59qu'on inscrive dans une tradition.
35:01J'entendais ce monsieur à Marseille
35:03qui parlait des cierges,
35:05mais c'est aussi une tradition,
35:07des cierges que vous allez recevoir
35:09à la chandeleur, la dimanche,
35:11vous pouvez le garder.
35:13Et traditionnellement,
35:15en tout cas dans les pays que je connais,
35:17dans l'Est de la France,
35:19on le gardait notamment pour les mourants.
35:21Si dans l'année on connaissait un mourant,
35:23on lui portait le cierge de la chandeleur
35:25et on l'allumait près de son lit.
35:27Ou dans les dangers,
35:29on peut le rallumer.
35:31Donc voilà, c'est pas magique,
35:33c'est pas parce que vous allumez un cierge que ça y est.
35:35Mais ça veut dire que
35:37vous savez en qui vous avez mis
35:39votre espérance, c'est le Christ qui vient.
35:41Et quand c'est un coup difficile,
35:43c'est bon de s'en ressouvenir.
35:45Et si vous avez un cierge pour vous y faire penser,
35:47c'est pas mal.
35:49– Sir Thérèse Emmanuel, vous êtes au contact de jeunes.
35:51Justement, est-ce que ces jeunes,
35:53aujourd'hui, dans une société qui est bouleversée,
35:55ils ont besoin de ces signes,
35:57de ces traditions aussi,
35:59de se raccrocher à quelque chose
36:01qui a une épaisseur historique, culturelle, spirituelle ?
36:03– Oui, tout à fait.
36:05On voit bien aujourd'hui l'importance
36:07de la piété populaire qui gagne du terrain.
36:09Les jeunes ont besoin de signes concrets,
36:11ont besoin aussi
36:13de moments partagés ensemble.
36:15Les temps forts qui marquent,
36:17comme cette fête de la chandeleur,
36:19comme d'autres temps forts dans l'année,
36:21sont très prisés aujourd'hui.
36:23Il y a besoin de se rassembler,
36:25de se sentir aussi sur une même longueur d'onde ensemble
36:27et de pouvoir partager notre foi
36:29avec des signes concrets.
36:31Nous sommes incarnés,
36:33nous avons besoin de matériel.
36:35On dématérialise un petit peu
36:37beaucoup de choses,
36:39mais on a besoin de passer par le matériel,
36:41par ce cierge,
36:43par des foules, par des mouvements,
36:45pour pouvoir grandir dans sa foi
36:47et se sentir accompagnée.
36:49Monseigneur,
36:51en Hongrie,
36:53cette tradition culturelle,
36:55spirituelle liée au christianisme,
36:57elle est très importante encore aujourd'hui ?
36:59Elle est vécue ?
37:01Elle est vivante ?
37:03Elle joue un rôle très important encore.
37:05Malheureusement,
37:07je pense que tous les pays
37:09ont un peu le problème
37:11de maintenir la visibilité
37:13de l'église,
37:15de convaincre les gens de l'importance de l'église,
37:17de la foi,
37:19de prier ensemble.
37:21Vous avez dit que pour les jeunes,
37:23c'est très important d'être ensemble.
37:25Je vois là une similarité entre la Hongrie
37:27et la France. Ici, les scouts jouent un rôle
37:29très important. Il y a les jeunes qui,
37:31déjà avec de très jeunes âges,
37:33commencent à faire des choses ensemble.
37:35Le mouvement scouts est aussi assez fort
37:37en Hongrie. Ça joue un rôle
37:39très important parce qu'ils sont toujours
37:41très visibles dans leurs uniformes.
37:43On voit qu'ils font quelque chose ensemble.
37:45Ça crée
37:47d'intérêt.
37:49Naturellement, si on a
37:51aussi un
37:53État ou un gouvernement qui est
37:55en faveur de ces développements...
37:57Oui, parce qu'aujourd'hui en Europe,
37:59on a plutôt tendance
38:01à vouloir le cacher, le camoufler, le renier.
38:03Malheureusement,
38:05dans beaucoup des pays, on a
38:07ce qu'on appelle le political correctness
38:09où il y a beaucoup de sujets sur lesquels on ne peut pas parler.
38:11Alors,
38:13en Hongrie, on peut parler sur les différents sujets
38:15et ça aide beaucoup
38:17que ça reste dans la discussion.
38:19Si on a les exemples,
38:21on a la possibilité de parler et on a
38:23vraiment une politique qui est
38:25en faveur d'une vie
38:27aussi spirituelle, qui est aussi
38:29en train d'aider des différents projets.
38:31C'est très important.
38:33Véronique Jacquet, une question ?
38:35Thierry Laurent, on a quand même un monde,
38:37et notamment des jeunes qui sont désespérés,
38:39qui sont abrutis par les réseaux sociaux,
38:41comment on leur présente le Christ
38:43comme une lumière ? Comment on peut leur parler
38:45d'un Christ de lumière ?
38:47Alors, vous savez,
38:49bien sûr, il y a toujours des désespérés,
38:51mais surtout,
38:53la jeunesse porte en elle-même
38:55l'espérance, et donc, elle cherche aussi.
38:57Moi, je suis toujours impressionné de voir le nombre
38:59de personnes
39:01très jeunes,
39:03entre 20 et 25 ans, qui viennent à nous
39:05dans nos églises,
39:07etc., et ils ont fait un chemin.
39:09Alors, parfois, effectivement, ils viennent d'endroits
39:11complètement déchristianisés,
39:13dans leur famille, etc.,
39:15et ils ont trouvé, ils cherchent,
39:17ils se disent, tiens, là, j'ai l'impression que c'est intéressant,
39:19et ils viennent à nous,
39:21et alors, après, c'est à nous.
39:23On n'a pas à essayer
39:25de faire une espèce de politique
39:27avec un discours spécial pour les jeunes,
39:29etc., il faut juste s'en occuper quand ils viennent,
39:31et il faut leur dire la foi chrétienne.
39:33Moi, ce que j'ai à transmettre, c'est
39:35l'évangile, la parole du Christ,
39:37qui est vivante,
39:39et puis, dans l'église vivante,
39:41et puis, je leur dis ça, donc,
39:43je célèbre la messe, je fais des cours de catéchisme,
39:45je baptise,
39:47je marie,
39:49j'accompagne au séminaire ou dans les ordres religieux,
39:51ouais, c'est mon travail.
39:53On parlait de laïcité, chacun son travail.
39:55Moi, mon travail, c'est ça.
39:57Et puis, ça marche.
39:59Ça marche.
40:01Si l'on en croit le nombre de jeunes qui, effectivement,
40:03demandent le baptême aujourd'hui à l'âge adulte.
40:05Ce qui est, quand même, un phénomène très intéressant.
40:07Alors, j'aimerais qu'on en vienne
40:09à la dernière partie
40:11de cette fête de la présentation au temple,
40:13avec, justement, la question du temple,
40:15de Jésus, donc,
40:17qui est Dieu, Marie,
40:19qui n'a pas besoin d'être purifiée,
40:21qui vienne, malgré tout, au temple pour se soumettre
40:23à la loi juive.
40:25Monsieur l'abbé, quelles leçons on peut en tirer,
40:27en matière de liturgie, notamment,
40:29la messe, donc, que vous célébrez chaque jour,
40:31vous nous l'avez dit, pour aujourd'hui ?
40:33Alors, oui,
40:35il y a deux choses importantes, un petit point de théologie,
40:37c'est le Christ
40:39et le temple véritable.
40:41Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que c'est en lui
40:43qu'habite la divinité.
40:45Et le temple de Jérusalem, on était la figure.
40:47Et il est venu le sanctifier.
40:49Il ne s'est pas dit, bon, allez, on le jette, et voilà.
40:51Il est venu le sanctifier, c'est pour ça qu'il le nettoiera,
40:53d'ailleurs, à la fin. Il chassera les marchands, aussi.
40:55Et donc, il est venu purifier
40:57son propre corps, dont c'était la véritable
40:59figure, et
41:01il est venu, donc,
41:03se soumettre lui-même, c'est-à-dire
41:05recevoir ce dont il est
41:07à l'origine. Il est venu
41:09recevoir la loi et il est venu recevoir
41:11la liturgie qui est prévue.
41:13Parce que la liturgie, ça se reçoit.
41:15Pour moi, c'est la définition...
41:17La liturgie, c'est un acte
41:19public, sacré,
41:21mais une de ses caractéristiques
41:23principales, c'est qu'elle se reçoit.
41:25C'est-à-dire que,
41:27eh bien, il faut pouvoir la suivre.
41:29Quand je suis à l'hôtel, j'ai un cérémoniaire
41:31si tout se passe bien, et
41:33si j'oubliais, si je voulais
41:35changer une prière, si j'avais pas
41:37tellement d'amitié pour celle-ci,
41:39eh bien, il me rappellerait que c'est là, et qu'il faut
41:41lire. — Donc pas de créativité, c'est ça ?
41:43— Eh bien oui, c'est ce que redit le Concile Vatican II,
41:45dans Sacrosanctum Concilium.
41:47Personne ne peut changer la liturgie, pas même les prêtres.
41:49C'est-à-dire que, déjà, les pères du Concile
41:51avaient conscience que
41:53c'était déjà un peu une tentation
41:55de bricoler, de changer, etc.
41:57Eh bien, elle nous est donnée, la liturgie.
41:59Et c'est dans cette fidélité,
42:01dans cette obéissance... Obéissance,
42:03ça veut dire écouter.
42:05Au bas, vous direz, c'est écouter d'en bas.
42:07Les petits-enfants sont obéissants. — Ça concerne aussi
42:09les prêtres, non ? — Eh bien, ça concerne aussi les prêtres,
42:11ça concerne le pape, ça concerne les évêques,
42:13ça concerne les religieux, ça concerne les religieuses,
42:15ça concerne les fidèles. Cette obéissance,
42:17elle est libératrice parce qu'elle nous apporte
42:19quelque chose qui n'est pas de nous.
42:21Et ça nous permet de nous sortir de nous-mêmes,
42:23parce qu'on a toujours plein de tous
42:25des bonnes idées. Moi, le premier.
42:27Mais elles sont pas toujours, finalement,
42:29si extraordinaires que ça. Et je peux recevoir
42:31de l'Église,
42:33eh bien, cette louange de Dieu
42:35qui est ordonnée dans l'Église
42:37depuis des siècles. — Sœur Thérèse Emmanuel,
42:39vous portez le nom de Franciscaine
42:41réparatrice de Jésus Hostie, donc vous avez
42:43un rapport très particulier, privilégié,
42:45peut-être, avec, justement, l'Hostie,
42:47donc le saint sacrement, la présence réelle du Christ
42:49dans l'Hostie,
42:51notamment à travers l'adoration,
42:53la prière station prolongée devant
42:55l'Hostie. Pourquoi c'est important
42:57pour vous ? Et qu'est-ce que vous y trouvez ?
42:59— Cette prière
43:01devant le saint sacrement nous remet
43:03sans cesse devant
43:05ce qu'on appelle le tridium pascal,
43:07donc devant ce moment
43:09où Jésus, depuis le jeudi saint,
43:11se donne dans l'Eucharistie,
43:15puis se donne sur la croix
43:17jusqu'à sa résurrection
43:19le dimanche. Donc nous sommes
43:21sans cesse face à ce mystère du Christ
43:23mort et ressuscité pour nous, qui se donne
43:25totalement pour nous,
43:27pour notre salut,
43:29et nous, nous sommes là pour...
43:31Enfin, cette adoration
43:33vient comme réactiver en nous
43:35ce mystère profond du Christ
43:37pour le transmettre ensuite
43:39aux hommes. Alors cette adoration,
43:41nous la vivons d'une manière réparatrice,
43:43c'est-à-dire avec
43:45ce souci
43:47qu'il y a urgence à prier
43:49pour nous pêcheurs,
43:51pour nos frères aussi pêcheurs.
43:53Il y a urgence
43:55à rendre un culte à Dieu,
43:57comme le Christ l'a si bien rendu
43:59en venant sur cette terre,
44:01et il y a urgence à intercéder
44:03pour tous nos frères.
44:05— Parce que votre fondateur,
44:07Louis de Bretagne, le père Louis de Bretagne,
44:09était obnubilé
44:11toute sa vie par le fait que l'amour de Dieu
44:13n'était pas accepté,
44:15voire méconnu, rejeté.
44:17Il a été marqué
44:19par les événements de la commune de Paris
44:21qui avait vu des prêtres martyrisés.
44:23Mais c'est vrai que c'est assez mystérieux aujourd'hui
44:25et ça rejoint aussi la fête
44:27de la Présentation au Temple où, effectivement, on parlait
44:29d'un signe de contradiction.
44:31Est-ce que, finalement, aujourd'hui, les chrétiens
44:33en sont réduits,
44:35peut-être, ou est-ce qu'il faut
44:37s'en satisfaire ou se limiter
44:39à être des signes de contradiction
44:41à contre-courant sans cesse dans ce monde ?
44:43Monsieur l'abbé.
44:45Je crois que ce n'est pas toujours la position la plus confortable
44:47mais les chrétiens ne sont pas réduits
44:49à être un signe de contradiction, c'est leur mission.
44:51C'est le Christ
44:53qui est un signe de contradiction.
44:55Et ce signe de contradiction qui va, justement, contre
44:57la tendance naturelle, la tendance à l'arrangement,
44:59à la possession, au pouvoir,
45:01à écraser, etc. Eh bien non.
45:03C'est un signe de contradiction à laquelle
45:05on doit revenir. Et donc,
45:07ce n'est pas du tout une réduction.
45:09Au contraire, c'est une libération.
45:11C'est-à-dire qu'on est libre,
45:13en suivant le Christ, d'informer
45:15le monde. Et c'est notre mission.
45:17Parce qu'on veut l'aimer passionnément
45:19de ce dont on peut vivre.
45:21Véronique Jacquier, il nous reste deux minutes.
45:23Qu'est-ce que ça signifie quand le vieillard Siméon
45:25dit à la Vierge Marie « Et toi, un glaive,
45:27te transpercera l'âme ? »
45:29Une question très disputée.
45:31Que vous me posez là, juste comme ça, à la fin.
45:33Mais c'est une question très importante.
45:35À mon sens, d'abord,
45:37quand elle va voir mourir son fils sur la croix,
45:39je crois que là, toute mère peut comprendre que c'est assez simple.
45:41Quand on voit mourir son fils,
45:43quand on voit mourir son fils,
45:45c'est forcément
45:47quelque chose qui vous transperce le cœur.
45:49La question, est-ce que ça l'associe d'une manière particulière
45:51à ce mystère du Christ ? Moi, je le crois.
45:53Et Jean-Paul II, d'ailleurs,
45:55dans « Rosarium Maria Virginae »,
45:57l'a dit, elle est associée d'une manière
45:59incomparable à l'œuvre de rédemption du Christ.
46:01Voilà. À part voulu employer
46:03un autre mot plus déterminatif
46:05que celui de co-rédemption.
46:07C'est la question, comment on peut s'associer ?
46:09C'est important, en fait, parce que que la Vierge puisse
46:11s'associer au mystère que le Christ
46:13remplit, pour nous,
46:15c'est une expérience folle, c'est-à-dire que moi aussi.
46:17Parce que, bon, le Christ,
46:19c'est le Christ, mais la Vierge, c'est une femme.
46:21Et moi, je viens aussi d'une femme et d'un homme.
46:23Et alors, moi aussi,
46:25je vais pouvoir m'associer,
46:27réparer, je vais pouvoir faire quelque chose.
46:29Un dernier mot, Sœur Thérèse Emmanuel.
46:31C'est là toute notre mission, justement,
46:33de nous associer au Christ réparateur,
46:35pour réparer, c'est-à-dire pour porter ce monde,
46:37pour l'offrir au Seigneur,
46:39et que ce monde puisse en recevoir
46:41toutes les grâces dont il a besoin.
46:43Monsieur l'Ambassadeur,
46:45peut-être un dernier mot ?
46:47Est-ce que vous le faites dans votre vie, propre de chrétien,
46:49de souffrir ?
46:51Je vais vous dire, naturellement, quand on souffre,
46:53on apprend beaucoup,
46:55parce qu'on s'en concentre beaucoup plus.
46:57Quand j'ai beaucoup de travail, je cherche
46:59beaucoup plus de l'aide d'en haut.
47:01Voilà, ce sera le dernier mot. Merci à tous.
47:03Monsieur l'abbé, je rappelle le titre de votre ouvrage,
47:05la liturgie de la messe, geste après geste,
47:07aux éditions du Laurier.
47:09Merci à Véronique Jacquet, à Tara Souvé,
47:11aux équipes techniques de CNews,
47:13à vous d'avoir regardé cette émission.
47:15La semaine prochaine, dans Enquête d'Esprit,
47:17nous parlerons de l'art, l'art sacré,
47:19à l'occasion de journée Fra Angelico,
47:21qui se déroule dans votre paroisse, monsieur l'abbé,
47:23à Saint-Roch. On parlera de la beauté
47:25qui fait tant débat à Notre-Dame et ailleurs.
47:27Et puis, Véronique, dans France Catholique
47:29de cette semaine...
47:31La sainteté des enfants,
47:33et quand dit l'Eglise, bien entendu,
47:35qui prend le sujet très au sérieux.
47:37C'est sur abonnement et sur france-catholique.fr.
47:39Voilà, c'est la fin de cette émission.
47:41Merci de l'avoir suivie et à la semaine prochaine.