Dans son édito du 01/02/2025, Jules Torres revient sur la profanation de la tombe de Jean-Marie Le Pen à la Trinité-sur-Mer.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00La barbarie est de retour et cette fois, elle ne s'arrête même plus à la porte des vivants.
00:04La tombe de Jean-Marie Le Pen, saccagée en pleine nuit à la trinité sur mer,
00:07marque un nouveau cap dans la descente aux enfers d'une époque qui ne sait plus où poser les limites.
00:12Avant, la mort imposait un silence, une trêve, même les pires ennemis savaient s'arrêter là.
00:16Mais aujourd'hui, c'est terminé, il ne s'agit plus de combattre les idées, il s'agit de les effacer.
00:21Et peu importe ce que l'on pense de Jean-Marie Le Pen, ça n'est même pas la question.
00:24Ce qui est en jeu ici, c'est que c'est ce qu'il reste d'un pays qui se disait civilisé
00:29hier on déboulonnait nos statues, aujourd'hui on fracasse des tombs
00:32et demain quoi ? On exhumera les morts qui dérangent.
00:36Dans une démocratie, on affronte ses adversaires, on conteste leur héritage, on débat
00:40mais s'acharner sur une pierre tombale, ça ne relève pas du combat politique.
00:44Alors, est-ce qu'il fallait s'attendre à autre chose ?
00:47Depuis la mort de Jean-Marie Le Pen, le 7 janvier, on savait qu'on avait vu des signes.
00:51Place de la République, champagne, feux d'artifice, danse macabre,
00:54une mise en scène grotesque, célébrant des décès comme une victoire politique.
00:58Rien, absolument rien, ne justifie qu'on danse sur un cadavre, disait Bruno Rotaillot.
01:02Et pourtant, ce qui hier n'était qu'un spectacle indécent, s'est transformé en un acte de destruction.
01:07Ceux qui jubilaient sur un cercueil ont trouvé leurs héritiers,
01:10ceux qui aujourd'hui brisent les pierres, et piètent-ils les morts ?
01:14On croyait la barbarie révolue cantonnée aux pages sombres de l'Histoire
01:17mais n'est-elle pas en train de refaire surface, cette fois sous nos propres yeux ?
01:20Eh bien si on en est là, Anthony, si même les morts ne sont plus à l'abri,
01:23c'est qu'une fièvre destructrice s'est emparée de l'Occident.
01:26Il révèle juste une société qui a atteint son ultime stade de décivilisation,
01:31car ce besoin d'éradication, on l'a connu, il a traversé les siècles.
01:35Sous la Révolution française, la profanation des tombes n'était pas un simple excès de foules,
01:39c'était une politique délibérée.
01:41En 1793, la Nécropole royale de Saint-Denis est saccagée, les cercueils éventrés,
01:46les ossements des rois et des reines de France jetés dans les fosses communes.
01:49Louis XIV, François Ier, Catherine de Médicis, balayés comme de vulgaires déchets.
01:53On ne se contente plus d'exécuter les vivants,
01:55il fallait aussi effacer les morts, les priver jusqu'à leur dernier repos.
01:59Ce saccage n'avait rien d'une révolte spontanée,
02:01il répondait à une logique politique,
02:03celui d'un effacement total du passé monarchique et religieux.
02:07On déboulonne nos rois, on profane leurs sépultures,
02:09on transforme les églises en temples de la raison,
02:12on croit faire table rase du passé alors qu'on ne fait qu'ouvrir la porte
02:15à une sauvagerie incontrôlable.
02:17De nos jours, ce genre de barbarie, on l'associait plutôt aux milices islamistes.
02:21Ce sont elles qui pulvérisaient des mausolées en Égypte,
02:23qui rasaient Palmyre, qui dynamitaient des tombeaux au nom d'une idéologie fanatique.
02:28Et maintenant, c'est en France qu'on fracasse des tombes.
02:31Et une société qui ne se prend pas à ses morts,
02:34finit toujours par ne plus respecter ses vivants.
02:37Et pourtant, où sont les condamnations, Jules ?
02:39Est-ce que ce silence révèle quelque chose sur l'état de notre société ?
02:44On aurait pu penser à une condamnation unanime,
02:47un sursaut, une réaction à la hauteur de cet acte indigne,
02:50mais non, un silence gêné, quelques phrases convenues
02:53et surtout beaucoup, beaucoup d'indifférence.
02:55Imaginez une seconde, si la tombe d'un intellectuel de gauche avait été saccagée,
02:59que se serait-il passé ?
03:00Les tribunes indignées se seraient multipliées,
03:02les discours solennels auraient fusé
03:05et les ministres auraient répondu et promis des sanctions exemplaires.
03:09Là, rien ou si peu, à part la réaction de Bruno Roteio,
03:12comme si, selon le nom gravé sur la pierre,
03:15la profanation n'avait pas la même gravité.
03:17Et c'est ça le plus dangereux, c'est ce deux poids deux mesures.
03:19C'est un poison lent.
03:21Il sait qu'il ne fait que banaliser la destruction
03:24et au contraire, il la justifie, il la légitime,
03:26il envoie un message limpide.
03:28Certains morts méritent le respect, d'autres peuvent être piétinés,
03:31mais une civilisation ne se construit pas en triant ses morts,
03:34elle tient ou s'effondre sur un principe simple,
03:36on ne touche pas aux tombes, un point c'est tout.
03:38L'histoire, ce n'est pas un terrain de chasse
03:40où l'on viendrait solder les comptes du passé,
03:42ce n'est pas comme ça qu'on avance, c'est comme ça qu'on se déchire.
03:45Profaner une tombe, ça ne fait pas disparaître un homme,
03:47ça ne corrige rien, ça n'efface rien et bien au contraire,
03:50ça ne prouve qu'une seule chose, la faillite de ceux
03:52qui, incapables de penser, préfèrent détruire,
03:55car comme le disait Jean-Marie Le Pen,
03:58mort, même l'ennemi a le droit au respect.