Quelques jours après la mort d'Elias, un adolescent de 14 ans lors d'une tentative de vol de son téléphone portable le 24 janvier, les deux mineurs suspectés de l'avoir poignardé ont été mis en examen lundi 27 janvier. Ils ont également été placés en détention provisoire.
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00:00Avec nous Nicolas Nordman, bonjour, vous êtes adjuvant à la maire de Paris en charge de la sécurité, de la prévention et de la police municipale.
00:08Reda Bellage, porte-parole du syndicat de police unité SGPF au Île-de-France est également là, bonjour et merci d'être avec nous.
00:15Et puis on sera dans un instant en direct de Londres avec la correspondante de BFM TV Laura Calmus.
00:19Vous savez que la Grande-Bretagne a interdit les couteaux zombies et a lancé un grand plan pour les éradiquer et Laura va nous expliquer comment.
00:26Si on parle de ce sujet ce matin, c'est parce qu'après la mort épouvantable d'Elias, 14 ans, à Paris samedi dernier, tué pour un téléphone portable que voulaient lui voler ses deux agresseurs.
00:37Eh bien François Bayrou a demandé hier aux députés de s'emparer du sujet, écoutez-le.
00:42Je pense que nous devrions nous saisir de cette question du port des armes blanches, que l'idée que des couteaux portés par des jeunes ne fassent l'objet d'aucune sanction, ça nourrit aussi le sentiment d'impunité.
01:00Je trouve que c'est de notre responsabilité collective et j'invite tous les députés de tous les groupes à travailler sur ce sujet.
01:08Nicolas Nordman, il n'y a vraiment aucune sanction lorsqu'un jeune est arrêté en possession d'un couteau ?
01:14Alors il y a bien sûr des sanctions dans le Code pénal, puisque le fait de porter un couteau est interdit.
01:20Mais c'est important de le rappeler.
01:21C'est interdit et le fait de porter un couteau est passif d'un an d'emprisonnement.
01:25C'est-à-dire qu'un mineur n'a pas le droit de porter un couteau.
01:27Un mineur n'a pas le droit de porter un couteau, cela peut même être une circonstance aggravante s'il pénètre dans un établissement scolaire avec un couteau.
01:34Donc il y a des sanctions. Il faut évidemment que ces sanctions soient appliquées.
01:38Alors les textes sont là.
01:39Tous les couteaux sont considérés comme des armes de catégorie D.
01:42Port interdit sauf motif légitime.
01:45Tolérance pour certains couteaux traditionnels.
01:48Opinel ou l'aïeul, c'est peut-être ça la difficulté.
01:52C'est que certains couteaux sont autorisés.
01:54Je crois qu'il y a un couteau qui est très souvent saisi par la police, et on va en parler avec Réda Bellaz dans un instant, c'est l'Opinel 13.
02:00Vous connaissez ça ?
02:01Alors moi je connais l'Opinel 13, mais en réalité c'est moins la nature du couteau qui importe que le fait même de porter un couteau.
02:08Il y a même des armes par destination.
02:10Dans certaines rixes par exemple, vous avez des jeunes qui se sont donné des coups de tournevis.
02:15Donc il y a ces armes aussi par destination.
02:18Ce qu'il faut c'est dissuader les jeunes de porter une arme parce qu'il y a une forme de banalisation qui est absolument inacceptable.
02:26Et donc nous devons nous mobiliser, et moi j'entends en effet le Premier ministre dire aux députés de se saisir de question.
02:32Nous nous en sommes saisis comme élus locaux parce que nous considérons qu'il faut à la fois mener des politiques de prévention,
02:38c'est l'objet du plan que nous avons lancé, mais également qu'il y ait des sanctions lorsque la prévention ne fonctionne pas.
02:44Et de ce point de vue là, c'est à la police et à la justice bien sûr de mener ces sanctions.
02:48Concrètement, est-ce que la police municipale peut fouiller un jeune et confisquer son couteau ?
02:52Alors concrètement, la police municipale ne peut pas d'initiative opérer des contrôles, ça c'est le cas pour toutes les polices municipales.
03:00C'est la police nationale qui peut le faire.
03:03Mais je dirais qu'il faut qu'il puisse y avoir aussi des contrôles effectués par la police nationale pour pouvoir saisir les couteaux.
03:12Et puis derrière, qu'il y ait des poursuites, que le parquet puisse déférer de manière systématique.
03:17Il n'y en a pas suffisamment ?
03:19Alors, je ne sais pas s'il n'y en a pas suffisamment. Je sais qu'à Paris, le parquet de Paris est très volontaire sur le sujet et défère de manière systématique.
03:27Mais il faut que ça soit fait.
03:29Mais encore une fois, l'objectif que nous devons poursuivre collectivement, c'est d'issuader les jeunes de porter ces armes blanches.
03:36Il faut lutter contre cette banalisation.
03:38Le copain a un couteau dans son cartable ou dans son sac de sport, alors moi je vais prendre un couteau.
03:44Et quand on leur pose la question, c'est pour me défendre.
03:46Il faut leur dire que c'est dangereux.
03:48C'est dangereux pour eux-mêmes et pour les autres.
03:50On l'a vu d'ailleurs dans les affrontements aujourd'hui qui sont de plus en plus graves avec les couteaux.
03:55Et puis c'est interdit.
03:5774 agressions aux couteaux dans les collèges parisiens l'an dernier.
04:0038 dans les lycées et même 18 à l'école primaire.
04:04Est-ce que vous en arrêtez beaucoup, Réda Beyelage, des gamins qui ont des couteaux sur eux ?
04:08Oui, on en arrête beaucoup.
04:10Et puis vous savez, à peine on a fini de rédiger la procédure pour le contrôle et l'interpellation,
04:15ils sont déjà dehors.
04:17Donc c'est ça le problème aussi.
04:18Parce que j'entendais parler tout à l'heure de dissuasion,
04:20mais en France il n'y a absolument aucune dissuasion.
04:23La prévention, je pense que ça marchait il y a 25 ans quand il y avait la police de proximité,
04:28qu'il y avait une volonté aussi des parents, parce qu'il y a une responsabilité des parents,
04:31une volonté des jeunes, une volonté politique aussi pour qu'il y ait une vraie prévention.
04:36Mais aujourd'hui, malheureusement, on est arrivé à un degré de violence qui est tellement important
04:40que je pense qu'il faut d'abord réprimer avant de prévenir.
04:43Si on avait contrôlé les jeunes, je vous donne un exemple,
04:46si on avait contrôlé un des auteurs présumés porteurs du couteau jeudi soir sur Paris,
04:52il serait reparti, il aurait été racheté un couteau le vendredi et il n'aurait pas été condamné.
04:59Comme l'a dit l'adjoint au maire, normalement c'est puni d'une peine d'un an de prison.
05:03Donc pourquoi on n'applique pas ces peines, ou des peines courtes,
05:07lorsqu'un individu, comme c'est le cas des deux auteurs présumés,
05:11qui est ultra connu du service de police et qui a même une procédure et qui attend une condamnation,
05:15pourquoi ces gens-là, on les laisse en liberté sur notre terrain et on les laisse attaquer à nos enfants ?
05:22Je ne comprends pas.
05:23Globalement, vous saisissez quel genre de couteau dans le cadre de ces arrestations ?
05:28Écoutez, c'est exactement ce que vous avez dit. Il y a eu une vraie évolution.
05:33Je sais qu'à une époque, quand vous interpelliez quelqu'un avec un opinel,
05:36il fallait qu'il y ait un cran d'arrêt. C'était un protocole qui existait avec les parquets.
05:41Il fallait qu'il y ait un cran d'arrêt, sinon on ne pouvait pas interpeller l'individu et l'emmener au commissariat.
05:49Maintenant, saisir sans écrire, sans faire un rapport, sans faire un procès verbal,
05:55ça veut dire qu'après, c'est nous qui allons être remis en cause parce que ça veut dire qu'on prend pour nous.
06:00La destruction administrative, c'est très compliqué, c'est très complexe.
06:05Mais oui, en général, ce sont des opinels. Ils ne se baladent pas avec des couteaux de cuisine.
06:13Parce que 13 cm pour la lame, c'est bien ça ?
06:17Exactement. Et c'est pratique parce que c'est difficile à trouver.
06:20Vous pouvez le dissimuler dans les membres inférieurs, vous pouvez le dissimuler dans une poche.
06:24Ce n'est pas facile et évident à trouver. Et au niveau pénal, ce n'est quasiment pas réprimandé.
06:30Vous leur demandez, quand vous les arrêtez, comment ils se les sont procurés ?
06:33Ils les ont piqués aux parents ? Ils les ont achetés ?
06:35Parce que c'est interdit normalement de vendre des couteaux à des mineurs.
06:39En général, vous savez, ce n'est pas très compliqué.
06:42Maintenant, à l'époque, ça n'existait pas.
06:44Mais maintenant, vous pouvez tout acheter sur les réseaux sociaux.
06:47Sur les réseaux sociaux, sur les sites d'occasion, tout le monde peut acheter tout.
06:51Il suffit d'envoyer un majeur malveillant pour aller acheter pour un mineur.
06:55Vous savez, c'est quasiment incontrôlable.
06:58Et puis de toute façon, il n'y a pas de sanctions.
07:00Donc, partant de ce principe-là, ils ne prennent pas beaucoup de risques.
07:02La Grande-Bretagne a légiféré.
07:04C'est pour ça qu'on a demandé à Laura Calmus, notre correspondante à Londres, d'être là ce matin.
07:07Depuis le mois de septembre, il y a eu une loi qui interdit la détention de machettes et de couteaux.
07:12Pas tous les couteaux, mais de couteaux dits zombies.
07:15C'est quoi les couteaux zombies ?
07:20Alors, les couteaux zombies, ce sont des armes parfois à double tranchant,
07:25avec la lame incurvée, parfois crantée également.
07:29Donc, ce sont des couteaux beaucoup plus dangereux.
07:33Et comme vous l'avez dit, le gouvernement de Keir Starmer a décidé d'interdire ce genre de couteaux.
07:39Mais c'est un peu comme en France, évidemment.
07:42C'est plutôt facile, toujours facile de s'en procurer sur le Dark Web
07:47ou alors, bien sûr, quand on connaît une personne qui en vend.
07:52Et en fait, on se rend compte que pour l'instant, oui, il y a eu cette interdiction en septembre.
07:57Mais pour le moment, il y a encore ce genre de couteaux,
08:01donc ces couteaux zombies qui circulent ici au Royaume-Uni.
08:04Les gens devaient remettre leurs armes, ce type d'armes, pendant plusieurs semaines, plusieurs mois.
08:09Est-ce que ça a marché ?
08:13Exactement. Comme vous l'avez dit, il y a eu des poubelles qui ont été installées un peu partout dans le pays,
08:20un peu comme une poubelle normale.
08:22Il y avait donc une benne à ordures et juste à côté, ce genre de benne à couteaux.
08:27C'était pour inciter les jeunes à le jeter sans le remettre à la police.
08:31Il y a eu aussi énormément et toujours encore des campagnes de sensibilisation
08:36parce qu'ici, peut-être sûrement comme en France, c'est un statut,
08:41voire un moyen de défense d'avoir son couteau sur soi.
08:45Pour le moment, on voit qu'il y a encore des attaques au couteau.
08:49Encore la semaine dernière, un jeune, Kylian Bokossa, de 14 ans,
08:53qui a été tué en pleine journée dans le bus.
08:57Sa mère explique qu'il était sous l'emprise des gangs,
09:01mais on le voit encore régulièrement, il y a ce genre d'attaque au couteau.
09:05Il y a eu l'an dernier 50 000 attaques au couteau.
09:08C'est énorme, ça fait 140 par jour et à l'origine de 250 morts ici au Royaume-Uni.
09:14Merci beaucoup Laura Calmus.
09:16Je voudrais qu'on revienne d'un mot avec vous sur le petit Elias.
09:20Marie-Claire Carergé, élue de l'opposition, a dénoncé après le crime
09:25la gaiotisation de certains secteurs du 14e arrondissement.
09:29Qu'est-ce que vous avez à répondre à ça ?
09:32Je crois qu'il y a une réalité, et d'ailleurs les faits qui se sont produits
09:37montrent qu'il y a des comportements qui sont inacceptables.
09:41Pour cela, il faut agir, il faut de la police, il faut des contrôles,
09:45il faut une présence renforcée.
09:48Je voudrais faire une nuance par rapport à ce qui a été dit tout à l'heure
09:52quand on a dit que la prévention c'était pour il y a 25 ans.
09:55Je pense qu'il faut de la sanction, mais il faut aussi de la prévention
09:59parce que certains jeunes peuvent encore, et heureusement je crois,
10:02être sensibles aux messages qui sont déployés.
10:05C'est le sens aussi de ce que nous avons fait.
10:08Nous voulons mobiliser tous les acteurs, les acteurs de prévention aussi,
10:11pour pouvoir aller à la rencontre des jeunes, pour les dissuader
10:14de porter ce type d'arme blanche.
10:17L'idée vraiment c'est de lutter contre cette banalisation.
10:20Et pour lutter contre cette banalisation, il faut bien évidemment aussi
10:23cette phase de prévention absolument nécessaire, mais évidemment
10:26qui n'épuise pas la sanction. Pour certains jeunes en effet,
10:29il faut qu'ils soient sanctionnés.
10:32Merci beaucoup à tous les trois d'être venus ce matin
10:35sur le plateau de première édition.