Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00Générique
00:02...
00:05Bonjour, Sébastien Boussois.
00:07Vous êtes docteur en sciences politiques,
00:10spécialiste des relations internationales.
00:12Vous venez de publier
00:14Donald Trump, retour vers le futur.
00:16Dès le début de votre ouvrage, vous dites que Donald Trump
00:19n'est jamais vraiment parti et que, malgré sa défaite,
00:23c'était en 2020, il a préparé son retour.
00:27Il n'a jamais cessé de préparer son retour.
00:29Vous y avez cru ?
00:30J'y crois depuis des années.
00:32Il n'y a pas besoin d'être un grand spécialiste des Etats-Unis
00:36pour voir la manière dont, petit à petit,
00:39comme le petit pousset, il mettait ses petits cailloux
00:42pour construire son retour.
00:44Il avait quand même des sacrés casseroles.
00:46Mais de la phase de 2020 et cette idée de revanche
00:49plutôt nihiliste ou négative,
00:51jusqu'à la construction d'un nouveau projet pour revenir,
00:55je pense, et je voyais bien au fur et à mesure,
00:58qu'il y avait un certain nombre d'éléments
01:00qui annonçaient ce retour.
01:02Il a toujours occupé l'espace.
01:04Il a toujours occupé l'espace...
01:06Sur le plan marketing, sur le plan...
01:08Oui, peut-être.
01:10Mais avec tout ce qui l'attendait, comme procès,
01:13on peut se dire qu'il ne va peut-être pas y arriver.
01:16Je ne crois pas parce qu'en réalité,
01:18même s'il avait été condamné,
01:20même s'il avait été en prison,
01:21il aurait fallu le sortir de prison
01:23pour qu'il devienne président.
01:25La Constitution américaine peut nous paraître
01:28tout à fait artistique ou tout à fait particulière.
01:31Il y a une sorte d'immunité qui fait que,
01:33même si la justice s'acharne, comme il le disait,
01:36si elle le condamne à juste titre,
01:38il aurait été blanchi d'une grande partie de ses affaires.
01:41Et ça a été le cas.
01:43Puis il a mis en place une politique de trumpisation
01:46du Parti républicain qui fait qu'aucune tête n'a émergé,
01:49aucune tête n'a dépassé.
01:50Petit à petit, il est devenu un personnage incontournable.
01:54C'est de l'intelligence ou de la manipulation pure ?
01:57C'est de l'intelligence.
01:58Je m'oppose à cette idée que souvent,
02:00on véhicule en Europe, en prenant ce personnage
02:03pour quelqu'un de limité ou d'imbécile ou quoi, etc.
02:06Je pense que c'est pas le cas.
02:08Pour manipuler, il faut être intelligent.
02:11Il faut être intelligent, mais il faut pas non plus voir
02:14tout un tas de choses complotistes
02:16qui fait qu'il ne pourrait que manipuler.
02:18Vous êtes d'accord, pourtant,
02:20qu'il y avait pas mal d'observateurs,
02:22européens, notamment, français,
02:24qui croyaient pas à son retour.
02:26Ou alors, ils voulaient pas y croire, à son retour.
02:29C'est exactement ce que je développe dans le livre.
02:32Je remercie mon éditeur, les éditions mareuilles,
02:35car beaucoup d'éditeurs ont déjà signé des contrats
02:38pour sortir des livres sur Kamala Harris.
02:40C'était plus compliqué d'arriver à défendre...
02:43Vous l'auriez présenté à certains éditeurs.
02:45Ils m'ont dit, les Etats-Unis,
02:47Donald Trump, etc.
02:48C'est intéressant de voir tout le chemin de croix
02:51qu'il a dû faire pour revenir et pour gagner.
02:53Dans les opinions, c'est plus compliqué.
02:56On va parler des Français et des Européens.
02:58Les Européens, les Français en particulier,
03:00n'allaient pas tenir tête,
03:02pas en position de négocier avec un tel bulldozer.
03:05On n'est pas prêts parce qu'on n'a pas voulu voir.
03:08Il suffit de prendre l'exemple de la Commission européenne
03:11qui aurait dû anticiper depuis des mois
03:13l'idée qu'il puisse potentiellement revenir
03:16et qui a mis en place, tranquillement,
03:18une forme de task force,
03:19une équipe pour commencer à réfléchir
03:21avec les équipes de transition
03:23et celle de Donald Trump en novembre.
03:25Les équipes de Trump sont venues chaque semaine à Bruxelles
03:28pour négocier contre les barrières douanières.
03:31Les Européens se sont rendus compte
03:33qu'ils auraient dû préparer le terrain.
03:35Mais ce déni, ce refus, cette haine de Trump
03:37nous a fait perdre énormément.
03:39Le Premier ministre, M. Bayrou, a dit qu'il fallait faire attention.
03:43Avec l'arrivée de cet homme-là, on va se faire absorber.
03:46Il a dit qu'on va être tout petits.
03:48Intéressant et déconnecté de la réalité.
03:51On est déjà complètement...
03:53On est vraiment en orbite, un peu comme Elon Musk.
03:55On est largué.
03:57L'Europe est contre la Chine, la Russie,
03:59pour les raisons qui sont celles-là.
04:01L'Europe est contre Trump.
04:02On a été une grande ère économique,
04:04mais maintenant, on va souffrir.
04:06On a toujours été un nain politique.
04:09Pas une seule fois, hier, il a prononcé le mot Europe.
04:12C'est sûr.
04:13À quoi doit-on s'attendre pour ces prochaines années ?
04:16Qui sont ses alliés, s'il en a, en dehors de l'Europe ?
04:20Qui sont ses amis et qui sont ses vrais ennemis ?
04:23Ses amis, c'est sa famille.
04:25Il le dit, d'ailleurs.
04:27On voit ce rapport à la famille,
04:28toute la clique qui déboule, systématiquement,
04:31et puis, il a placé sa fille, sa belle-fille,
04:34et ses fils, de manière stratégique, dans le paysage.
04:37Pour lui, c'est véritablement sa coque de protection.
04:41Il y a les géants de la tech qui jouent un rôle important,
04:44que ce soit Elon Musk ou Peter Thiel.
04:47Les alliés des Américains...
04:48Ils étaient juste derrière, hier.
04:50Il y avait les anciens présidents,
04:52et ces milliardaires qui ont réussi dans la tech.
04:55Il a réussi le coup de génie d'inviter, sur l'estrade,
04:58le patron de TikTok, souvenez-vous du drame.
05:01Qui est rejeté par tout le monde.
05:04TikTok.
05:05Il a failli l'interdire aux Etats-Unis.
05:07Il a proposé un coup de génie, de racheter à 50 % les parts de TikTok
05:11pour qu'il puisse y avoir la main dessus.
05:14Les alliés des Américains sont ses vassaux.
05:16Le partenaire des Américains se soumet à la bonne volonté
05:19des Américains.
05:20Le Canada va rentrer dans le rang.
05:23Certains pays ont des intérêts géopolitiques.
05:25C'est la 1re fois qu'il invite autant de leaders du monde.
05:29C'est ça, ses alliés.
05:30Les ennemis, c'est la Chine et l'Europe.
05:32Nous, on est ses ennemis. La France...
05:35Il a une détestation profonde de la régulation,
05:38de la législation sans fin que l'Europe met en place,
05:41cadenassant l'économie.
05:43Tous ces Etats forts qui essayent de tout réguler,
05:46ça l'insupporte fondamentalement pour son business,
05:49ses affaires et la politique.
05:51Il dit clairement que l'Etat...
05:53Il veut être à la tête de l'Etat pour qu'il ait moins d'Etats.
05:56Il va peut-être avoir du mal à dompter la Chine.
05:59Alors, je ne suis pas sûr que ce soit juste une histoire
06:04de dompter ou pas dompter.
06:06Les barrières douanières feront mal aux produits chinois.
06:09La priorité est de protéger l'économie.
06:11Il fera la même chose avec l'Europe, le Canada et tous ceux
06:15qui ne seront pas d'accord avec lui.
06:17La Chine est le grand rival.
06:19Le problème des brevets, des copies, de tout ça,
06:21il peut freiner une partie du développement de la Chine,
06:25mais ça sera l'éthérique.
06:26Est-ce qu'il a raison ? C'est ça, la question.
06:29On a tous peur de lui, mais est-ce qu'il a raison d'agir comme ça ?
06:33Pour lui, pour son pays ?
06:34On réfléchit en tant qu'Européens,
06:36mais il a raison d'agir pour les Américains et ceux qui ont voté.
06:40Vous avez un président qui fait des promesses
06:43et qui annonce tout ce qu'il va mettre en pratique.
06:45Il a 4 ans de vendu pour satisfaire tous ces gens
06:48qui ont voté pour lui.
06:50C'est d'abord eux.
06:51Il a proposé un programme de 20 ans,
06:53comme ses amis autoritaires.
06:55Est-ce que l'arrivée de Donald Trump
06:57va permettre à l'extrême droite en France
07:01de se sentir plus forte ?
07:02Je sais pas.
07:03On voit des affinités.
07:05Il a invité un certain nombre de gens
07:08qui proviennent de cette mouvance.
07:10Le problème, c'est qu'en fait,
07:11je pense qu'aux Etats-Unis,
07:13le patriotisme n'est pas un gros mot.
07:15Il est positif.
07:16Aujourd'hui, le patriotisme est considéré
07:19comme une sorte de gros mot très associé,
07:21très estampillé.
07:22Il y a des courants qui se rapprochent.
07:25Il est fan de Georgia Melloni, qu'on l'aime ou pas.
07:28Aujourd'hui, la femme puissante en Europe
07:30devient un personnage incontournable.
07:32Il mise sur ces personnes.
07:34Elles défendent les valeurs traditionnelles,
07:36le patriotisme.
07:37Aujourd'hui, c'est plutôt incarné
07:39par l'extrême droite.
07:41Aux Etats-Unis, j'ai pas souvent vu
07:43Donald Trump taxé d'extrême droite.
07:45C'est pas une expression qui existe là-bas.
07:47Georgia Melloni était invitée hier.
07:50Et Orban aussi.
07:51Mais l'Orban, sa priorité,
07:52c'est de faire venir Donald Trump à Budapest,
07:55ce qu'il projette pour le mois de février.
07:57Vous vous intéressez, ça.
07:59Merci.
08:00Sébastien Boussois,
08:01Donald Trump, retour vers le futur.
08:03C'est un ouvrage publié aux éditions marocaines.
08:06Bien joué, les éditions marocaines.
08:08A bientôt, donc.
08:09A bientôt.