Avec Idriss Aberkhane, essayiste, auteur de "Le Triomphe de votre intelligence" ed. Robert Laffont
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00:00Elon Musk en train de dire ça, ne me quitte pas, c'est pas vraiment le style d'Elon Musk,
00:05entre Elon Musk et Jacques Brel, merveilleuse chanson, mais c'est intéressant de voir
00:11vraiment ce qui se passe, en tout cas en France, entre autres, par cette espèce de formidable
00:18cri, n'est-ce pas Elon Musk, évidemment comme Trump et à la droite d'Adolf Hitler,
00:25et donc il faut quitter X, qui est devenu soudainement, c'est drôle, depuis deux ans,
00:30que Musk a acquis cette plateforme, est devenu un instrument d'oppression terrifiante.
00:36Et puis alors, voilà, qu'est-ce qui se passe ? Et bien, quelques personnes créent un mouvement
00:45« Hello, quitte X ». Et l'une des personnes se prétend, enfin dit qu'il est d'ailleurs
00:52membre du CNRS, et alors les gens de Sandrine Rousseau à Marie Tondelier, je quitte X ou
00:59pas, et c'est arrivé quand même qu'un éditeur, et pas n'importe lequel, Antoine
01:03Gallimard, le PDG des éditions qui porte son nom et suite son grand-père depuis toujours,
01:09dit « Ah non, non, c'est plus possible, on quitte X », et puis beaucoup d'autres, etc.
01:13Idriss Aberkhan, bonjour.
01:15Bonjour André Bercoff.
01:16Alors, vous êtes essayiste, on vous connaît, on vous reçoit avec plaisir toujours, vous
01:21êtes auteur notamment de « Triomphe de votre intelligence » aux éditions Robert
01:24Laffont.
01:25Alors, est-ce que c'est encore une preuve ce qui se passe actuellement avec cette polémique
01:29alors qu'il y a vraiment d'autres problèmes ? Enfin, cette polémique sur « Hello, quitte
01:34X », qui n'est pas seulement une polémique, mais qui est vraiment un mouvement, est-ce
01:37que franchement c'est encore un triomphe de l'intelligence, ça, Idriss ?
01:42Non, pas vraiment.
01:43Et en fait, c'est beaucoup plus qu'une polémique, c'est un scandale, c'est un scandale d'État
01:47au point qu'un député, le député Renaud, a préparé une interpellation à l'intention
01:54d'Élisabeth Borne, ministre de la Recherche, parce que ce qui s'est passé est scandaleux.
01:58On a donc la presse, à partir d'une dépêche AFP, qui a titré « Comment le CNRS vous
02:03aide à quitter X ».
02:04Surprise ! Bon, ça a été repris.
02:06Ah, ça a été pris comme ça, dépêche AFP, comment le CNRS vous aide à quitter X, d'accord.
02:11Absolument.
02:12Et c'était un mensonge, le CNRS n'avait jamais validé ce projet, c'était un projet
02:16personnel d'un directeur de recherche du CNRS qui s'appelle David Chabalarias et
02:20qui se trouve, renseignement pris, être proche de Rudi Reichstadt, de Tristan Mendes France
02:26et de Thierry Breton, qu'il a reçu hier dans l'enceinte des locaux du CNRS, dans
02:31son labo, où Thierry Breton a dit « Nous connaissons bien David, il nous a appelés,
02:35on est ravis d'être là ».
02:36Alors là, on a un premier problème.
02:38D'une part donc la presse ou s'est trompée ou a menti parce que cette personne lui a
02:43fait croire que c'était le CNRS qui était derrière tout ça.
02:45Non, pas du tout, c'était uniquement son laboratoire.
02:48Le CNRS a démenti d'ailleurs.
02:50Le CNRS a démenti, bien sûr, puisque c'est très encadré, il y a tout un tas de textes
02:55de loi qui encadrent la façon dont on a le droit de dire c'est le CNRS qui fait ça
02:59ou pas.
03:00Et pour commencer, on doit avoir un accord écrit, il faut une convention.
03:03Je vous donne un seul texte de loi, l'article L531-8 du code de la recherche, qui dispose
03:09clairement qu'il faut une convention écrite pour des collaborations dans ce domaine-là.
03:14Il y a un arrêté aussi du 30 mars 2012 qui précise bien qu'on n'a pas le droit
03:18d'utiliser le logo du CNRS sans autorisation écrite de la direction.
03:22Ce n'était pas le cas.
03:23Alors, quel est le problème ? Ça a été présenté comme une initiative de science
03:27citoyenne, comme une initiative neutre et apolitique.
03:30Problème ? On a Glucksmann qui a dit « j'ai planifié ça », « je planifie la sortie
03:37de… »
03:38– Le député européen Ravel Glucksmann que nous avions reçu sur Sud Radio, oui.
03:41– Il a dit ça, il a dit ça sur votre antenne, donc c'est très bien que vous l'ayez fait.
03:44Vous avez fait un très bon travail de journaliste, vous lui avez fait faire une déclaration.
03:47Le problème, c'est que cette déclaration contredise ce qui est écrit sur HelloKittX,
03:51où HelloKittX dit « nous sommes apolitiques, apartisans, etc. »
03:54Alors, c'est apolitique, c'est apartisan, sauf que ce logiciel qui déclare être en
03:59copyright du CNRS, quand vous allez sur le site qui l'héberge, qui s'appelle GitHub,
04:04c'est normal, sur GitHub on met le logiciel, vous voyez des trucs du genre « bisous les
04:08fachos » sur le bureau du CNRS.
04:11Bon, très bien, copyright CNRS, bisous les fachos, très très bien, pas de problème,
04:14vous allez nous donner quelques explications.
04:16Et puis, la vidéo qui fait la promotion de ça, elle s'ouvre sur Benoît Hamon et elle
04:23se termine sur Rokhaya Diallo, moi j'ai pas de problème, c'est de la politique,
04:27c'est pas de la recherche.
04:28– Ah oui.
04:29– Ils ont le droit de faire de la politique, c'est des politiciens, Glucksmann, il a le
04:31droit de faire de la politique, c'est un politicien, il faut pas nous dire que c'est
04:34pas politique.
04:35Venez certainement pas nous dire que c'est de la recherche et que c'est quelque chose
04:38d'apolitique.
04:39Mais de toute façon, à quel moment faire une application qui facilite la migration
04:43de X vers Blue Sky, entreprise privée, est un travail de recherche scientifique ?
04:47Réponse O.
04:48Et puis, pour vous donner une métaphore toute simple, quand le nom du CNRS qui a été utilisé
04:53partout.
04:54Si on a un capitaine de l'armée de terre qui crée un club de boules à Saint-Tropez,
04:59est-ce qu'il a le droit de dire que ce club de boules a été créé par l'armée de
05:02terre ?
05:03Mais bien sûr que non.
05:04Évidemment pas.
05:05Donc là, on a ce David Chavalarias qui, avec son unité de recherche, crée une application
05:11politique.
05:12La déclare scientifique, mais elle est politique, elle est entourée de politiques, elle reçoit
05:17des politiques, elle est citée par des politiques et elle a un but politique et il dit que c'est
05:21de la recherche.
05:22Et il fait ça avec le CNRS, dans l'enceinte du CNRS, avec les moyens du CNRS.
05:26Donc c'est pour ça qu'un député a préparé une interpellation parlementaire, parce que
05:29vous imaginez bien que ça pose quelques légers problèmes déontologiques mais aussi
05:33légaux.
05:34Et après, je ne vous parle même pas des problèmes purement d'origine pénale ou
05:37commerciale.
05:38Parce que là, quand vous utilisez cette application, vous faites une archive de votre compte X
05:45que vous transmettez au CNRS.
05:46C'est ça que fait cette application.
05:49Vous faites une archive de toute votre vie sur X que vous transmettez au CNRS.
05:53Problème, ce collectif allocutix n'a aucune personnalité juridique.
05:57C'est une association non reconnue en droit français, c'est-à-dire qu'en gros, ce
06:01sont X personnes qui se sont réunies et qui n'ont pas de statut, pas de président.
06:06Ce n'est même pas une association loi 1901 ou etc.
06:09Même pas.
06:10Même pas.
06:11Et ça, le CNRS n'a pas le droit de s'associer à des machins comme ça.
06:16Le CNRS, c'est très strict.
06:18Il ne peut s'associer qu'à des machins qui peuvent signer des contrats.
06:21Or, HelloKitX ne peut pas signer de contrat.
06:24Donc, c'est une initiative complètement personnelle d'un directeur de la recherche,
06:29de recherche du CNRS en roue libre qui, en plus, quand on lui a demandé, on lui a dit
06:33mais vous avez un permis pour ça ? On l'a interpellé sur X.
06:36On lui a dit mais quel est votre permis ? Vous roulez sur l'A86, contrôle, permis, carte
06:40grise, assurance.
06:41C'est normal.
06:42Et bien là, il nous dit, oulala, outrage à agent.
06:45Oui.
06:46Et d'ailleurs, Idriss, juste un mot, il a dit d'ailleurs l'outrage à l'égard d'un agent,
06:50David Chabalarias, il a tweeté sur X d'ailleurs, chargé d'une mission de service public et
06:55puni de 7500 euros d'amende s'il est commis par un auteur unique, 6 mois d'emprisonnement
07:00et 5500 euros s'il est commis par plusieurs auteurs.
07:04Nous sommes dans le deuxième cas.
07:05Voilà ce qu'il dit.
07:06Et je voudrais juste ajouter un commentaire toujours historique de l'essayiste que nous
07:11connaissons bien, Florence Bergeau-Blaquer.
07:14Elle dit, je suis fonctionnaire du CNRS, votre victimisation est absurde.
07:19Elle répond à David Chabalarias, aucun agent n'est harcelé par ceux que vous appelez les
07:24conspifachos qui a bon droit à vous demander compte sur ce boycott organisé au nom du
07:29premier centre de recherche publique français.
07:31C'est exactement ça.
07:33C'est à dire que là, si on suivait les délires de ce directeur de recherche, on aurait la
07:37jurisprudence Chabalarias, elle mérite bien de porter son nom, qui disposerait en gros
07:41que n'importe quel fonctionnaire de catégorie C, B ou A, s'il se prend un contrôle de police
07:46sur l'autoroute, il peut dire outrage, mais pas du tout.
07:49Et Régis De Castelnau, qui est avocat et qui lui a d'ailleurs opposé son livre, il a écrit
07:53un livre, Régis De Castelnau, le fonctionnaire face au juge pénal, très marrant, et il
07:57lui a dit, bon, voilà, va falloir faire votre éducation, monsieur Chabalarias, parce qu'en
08:00fait, l'outrage à agents, c'est dans une mission de service public et ça reconnaît
08:05pas la personne, ça reconnaît la mission.
08:07Or, en quoi HelloKittX est une mission de service public ? Expliquez-moi, en quoi HelloKittX,
08:14en quoi une application qui n'a pas de personnalité juridique, qui est un groupe de potes, concrètement,
08:19qui n'a aucune lettre signée du CNRS lui donnant cette autorisation et même le droit
08:22d'utiliser son logo à cette fin, qui s'entoure de politique et qui fait du militantisme,
08:27voire du prosélytisme, ce sera de déterminer.
08:30Pourquoi ça, c'est un service public ? Réponse, en rien.
08:33Mais alors, Idriss Aberkhan, juste un mot, le CNRS, d'accord, mais il n'a pas désavoué,
08:39Chabalarias, c'est intéressant, on les sent un tout petit peu, je ne sais pas, un peu
08:44embarrassés, un peu dans l'ambiguïté quand même, non ?
08:47Et vous connaissez tout à fait la réponse à cela, c'est que Thierry Breton est quelqu'un
08:51de puissant.
08:52Quand on est le président directeur général du CNRS, on ne veut pas s'aliéner à un directeur
08:58de recherche qui connaît personnellement Thierry Breton.
09:01Si n'importe quel autre directeur de recherche avait fait ça, et l'essayiste que vous avez
09:05citée est directrice de recherche, elle est fonctionnaire au CNRS, elle s'est pris des
09:09sanctions disciplinaires par le CNRS, elle n'a pas la chance de connaître personnellement
09:13Thierry Breton.
09:14Elle n'a pas la chance de recevoir Thierry Breton dans ses locaux, dans les locaux de
09:17son laboratoire, et que Thierry Breton dise dans un direct sur YouTube, hier, nous connaissons
09:22bien David.
09:23Mais oui, David, first name, bien entendu, aucun conflit d'intérêt, elle n'a pas cette
09:27chance-là.
09:28Mais si vous êtes un directeur de recherche qui a Thierry Breton, qui dit je connais bien
09:31David, et qui intervient d'ailleurs en commission sénatoriale, c'est le cas de ce monsieur
09:35Chabalarias, et bien le président directeur général du CNRS va prendre quelques pincettes,
09:40parce qu'il sait que sa carrière peut en pâtir.
09:42Il a n'empêche été convoqué, parce qu'on lui a demandé d'où ça sort ce truc, quelles
09:46sont les autorisations, quel est le cadre légal, à quel moment vous avez signé l'autorisation
09:50de faire ce machin HelloKittX avec un repo GitHub qui dit bisous les fachos avec un copyright
09:55CNRS.
09:56À quel moment on a fini en roues libres comme ça, à faire du prosélytisme politique,
10:02à faire du favoritisme politique, à faire une campagne politique en appelant ça de
10:06la science et un service public ? Et bien nous, les citoyens, nous demandons des réponses
10:10et nous les aurons.
10:12C'est intéressant Idrissa Berkane, parce que juste avant vous, il y avait donc Didier
10:15Raoult qui disait comment au nom de la science, on commet très souvent n'importe quoi, sous
10:21le couvert de la science, et on voit qu'il le disait, la science c'est pas du tout ça.
10:25En l'occurrence ici, on verra ce que fera la justice, mais c'est intéressant de voir
10:30comment on mélange les genres et comment on confond les étiquettes.
10:33Merci Idrissa Berkane.