Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, était l’invité de Benjamin Duhamel ce dimanche 19 janvier. Il a été interrogé sur l'état des finances de la France.
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00:00Je vais parler comme républicain et comme responsable d'une institution, comme président d'une institution.
00:05La France a besoin d'un budget et la France a besoin d'un gouvernement.
00:09Et j'aurais même tendance à dire que, nonobstant le fait de savoir s'il y avait ou pas une négociation,
00:16un accord, un préaccord, il était important
00:19d'en finir, en tout cas pour un temps, avec cette instabilité.
00:22C'est pas normal d'avoir des gouvernements qui nous durent trois mois.
00:25La dernière fois qu'on a eu quatre gouvernements en une année, c'était en
00:28qui est quand même pas un cru fameux pour la démocratie française.
00:32Et donc, oui, il est important qu'on puisse continuer, qu'on puisse persister.
00:37Je crois aussi que dans la mesure où nous avons une assemblée qui est une assemblée
00:41fragmentée, sans majorité, avec un socle commun qui est au gouvernement,
00:46qui lui-même est très minoritaire.
00:48Dans ce contexte-là, il faut élargir forcément le jeu et essayer de trouver
00:53ce qu'on appelait des majorités d'idées.
00:54Ça fait partie aussi de la donne institutionnelle telle qu'elle est.
00:57Donc, vous voyez, on n'a même pas besoin de se prononcer comme homme de gauche
00:59pour dire...
01:00Non, mais homme de gauche aussi, parce qu'on entendait Jean-Luc Mélenchon tout à l'heure
01:02qui, là encore, disait c'est une traîtrise du Parti socialiste.
01:06Je n'entre pas dans ces jeux-là, parce qu'il y a là des postures.
01:11Après, une fois que le Parti socialiste sera considéré comme un partenaire
01:15ou pas du gouvernement, il faudra aussi redéfinir ce qu'est la gauche.
01:19Alors, pour le coup, j'ai quelques souvenirs.
01:20Depuis 1971 et le congrès d'Épinay, c'est plutôt une union de la gauche,
01:25une union des gauches, qui est la logique.
01:28Si là, on en vient à autre chose, c'est-à-dire une alliance avec le centre.
01:31C'est une remise en cause assez fondamentale.
01:32Ça, je parle pour la gauche.
01:33En attendant, pour le temps présent, pour le moment qui vient,
01:37je ne parle même pas de l'élection présidentielle de 2027,
01:39où ceci devra être posé devant les Français.
01:42Pour le moment qui vient, il faut qu'il y ait un budget
01:44et il faut qu'il y ait un budget vite.
01:45Vous avez vu que Mme Vautrin a dit ce matin...
01:48Ça coûte 12 milliards.
01:49Je ne prends pas ça pour moi, mais ce qui est assuré,
01:52c'est qu'en effet, l'instabilité politique,
01:54elle a un coût sur l'instabilité économique et sur l'instabilité financière.
01:59Le nœud de la crise française aujourd'hui, c'est ma vision.
02:02Il est politique.
02:03Et tant que nous sommes dans l'incertitude,
02:04à ce moment-là, les investisseurs n'investiront pas.
02:06Les consommateurs ne consommeront pas.
02:08Et les finances publiques ne se rétabliront pas.